jeudi 23 juin 2016

Il s'appelait Rimbaud.




Il s'appelait Rimbaud, c'était un adolescent.
Il apportait un renouveau, et moi j'avais seize ans.

Sa pauvre mère, pour calmer ses élans.
Avait tenté pour ce faire, de l'enfermer dans des combles inspirants.

Il avait dans la tête, des poèmes virevoltants.
Qu'il rédigeait sans qu'on les lui prête, il écrivait avec une plume de déraison, de dément.

Il croyait à sa chance, il rêvait d'horizons.
Partout, il déambulait, parcourant les chemins.

Sans cesse, il rêvait de créer, il avait faim.
Mais, après les galères...

Rimbaud est tombé.
Quand au bout du calvaire, son genou le fit succomber.

Aujourd'hui, je pleure mon poète, ses semelles s'en souviennent toutefois.

Il s'appelait Rimbaud, c'était un esthète, il est mon idole, je lui écris parfois.   



mercredi 22 juin 2016

L’espace muséal de Roisin consacré à Emile Verhaeren

  L'espace muséal consacré à Emile Verhaeren.




Je l'ai découvert alors que j'étais un enfant, à l'époque c'était un musée où se trouvaient des effets ayant appartenu au poète.
Des effets qui sont précieux, uniques et qui étaient mal sécurisés, pas protégé contre les effets du temps...

De ce fait ils ont été enlevés du musée de Roisin pour.... Etre enfermés dans des lieux non visitables, et ressortis à de rares occasions, quel dommage.
Mais alors une question me vient...

Pourquoi n'a-t-on pas sécurisé le bâtiment et adapté pour la protection des œuvres et effets de Verhaeren?
La réponse est l'argent, le manque de courage politique aussi certainement.

Mais alors que reste-t-il?

Après quelques années et une bataille menée par les amis et passionnés du poète, la province du Hainaut à recréé un espace muséal où sont exposées des répliques, des copies mettant en avant Emile Verhaeren et son épouse ainsi que d'autres artistes l'ayant connu et aimé.





L'espace Emile Verhaeren, créé en mars 2010, abrite sur environ 60m², de nombreux extraits de l’œuvre du poète, des textes explicatifs bilingues (Fr-Nl - fardes en braille) , une série de reproductions de 25 documents historiques et de 13 toiles témoignant des contacts privilégiés qu’entretenait Verhaeren avec les représentants de l’art et de la littérature avant-gardistes de son époque, avec les peintres néo-impressionnistes et les grands écrivains des XIXème et XXème siècles. Au départ de ce site, les visiteurs peuvent marcher dans les pas du poète et emprunter le Circuit des Pierres : une balade de 4 kilomètres qui passe par le célèbre Caillou-qui-bique. La visite et le circuit sont animés sur demande par les membres passionnés de l’ASBL Mémoire d’Emile Verhaeren à Roisin. La visite et le circuit sont animés sur demande par les membres de l'ASBL Mémoire d'Emile Verhaeren à Roisin. Le musée est une invitation à découvrir ou redécouvrir l’un des plus importants écrivains belges. Entre 1899 et 1914, le poète Emile Verhaeren séjourna à Roisin, dans les Hauts-Pays. Il venait dans une ferme-auberge proche du Caillou qui bique pour y chercher calme et inspiration. Aujourd’hui, ces bâtiments subsistent sur le site provincial du Caillou et abritent l’Espace muséal Emile Verhaeren. Exposition conçue par la Fédération du Tourisme de la Province de Hainaut avec le concours documentaire de l’ASBL Archives du Musée de la Littérature.









Emile Verhaeren c'est ce poète qui n'a pas voulu devenir avocat, son métier. La poésie, l'écriture sont ses passions, sa vocation. Il a été néanmoins un chroniqueur auprès de journaux de son époque. C'est grâce à Edmond Picard, grand avocat et homme critiqué, qu'il fréquentera un salon où Verhaeren rencontrera des écrivains des gens de bonnes relation.

Emile Verhaeren est né à Sint Amand, près d'Anvers, il était flamand mais n'écrivait qu'en français. En 1891 il épouse Marthe Massin artiste peintre qui délaissera sa vocation pour suivre son époux et ses écrits.

Il travailla à rendre dans ses poèmes l'atmosphère de la grande ville et son opposé, la vie à la campagne. Il exprima ses visions d'un temps nouveau dans des recueils comme Les Campagnes hallucinées, Les Villes tentaculaires, Les Villages illusoires et dans sa pièce de théâtre Les Aubes. Ces poèmes le rendirent célèbre, et son œuvre fut traduite et commentée dans le monde entier. Il voyagea pour faire des lectures et des conférences dans une grande partie de l'Europe. Beaucoup d'artistes, de poètes et d'écrivains comme Antonio de La Gandara, Georges Seurat, Paul Signac, Auguste Rodin, Edgar Degas, August Vermeylen, Léon Bazalgette, Henry van de Velde, Maurice Maeterlinck, Stéphane Mallarmé, André Gide, Rainer Maria Rilke, Gostan Zarian et Stefan Zweig admiraient, correspondaient avec lui, cherchaient à le fréquenter et le traduisaient. Les artistes liés au futurisme subissaient son influence. Émile Verhaeren était aussi un ami personnel du roi Albert et de la reine Élisabeth ; il fréquentait régulièrement toutes les demeures de la famille royale.




En 1914 la Première Guerre mondiale éclata et, malgré sa neutralité, la Belgique fut occupée presque entièrement par les troupes allemandes. Verhaeren se réfugia en Angleterre. Il écrivit des poèmes pacifistes et lutta contre la folie de la guerre dans les anthologies lyriques : La Belgique sanglante, Parmi les Cendres et Les Ailes rouges de la Guerre. Sa foi en un avenir meilleur se teinta pendant le conflit d'une résignation croissante. Il n'en publia pas moins dans des revues de propagande anti-allemande et tenta dans ses conférences de renforcer l'amitié entre la France, la Belgique et le Royaume-Uni. Le 27 novembre 1916, il alla visiter les ruines de l'abbaye de Jumièges. Le soir, après avoir donné une nouvelle conférence à Rouen, il mourut accidentellement, ayant été poussé par la foule, nombreuse, sous les roues d'un train qui partait.

Depuis, des passionnés je le disais plus haut tentent de faire vivre Verhaeren à Roisin, lieu de repos pour lui et de sources culturelles pour nous. Une ASBL, des amis, et des auteurs comme Daniel Charneux et moi-même lui rendent hommage par des écrits, des nouvelles. Mais aussi des artistes peintres et sculpteurs qui s'inspirent du poète pour créer.






L'espace muséal est libre à la visite chaque weekend et en semaine sur rendez-vous.


De 15 à 17h30 le weekend.

23 Rue Emile Verhaeren7387 Roisin







Plaisirs solitaires.





Le bruit de mon cœur, le fort du silence.
L’âpre odeur de la nuit… Ma belle de nuit…
Ce désir, cette envie, dans mon corps dans mes sens.
Allongé, étourdi parmi mes cris endormis… minuit.

Ils étaient assoupis en moi, sur mon cœur.
Ces amours égarés, peut-être les ai-je imaginé …
Enfouir, je le crois, cette douleur, qui chante en chœur.
Et tour à tour ne rien faire, m’égarer dans cette volupté.

Je sens monter en moi cette chaleur, ce sentiment enjôleur.
Ho désir espéré, nous voici fiancé, sentiments romancés...
Je ne puis, je crois, encore renoncer, avoir peur … Relents trompeurs.

Rien ne peux me retenir, je sombre, les yeux égarés … Regards couleur moirés …

Présentation.

Présentation de mes deux ouvrages au salon des artistes de Dour ce 03 octobre 2015.







Emile Verhaeren.

Il y a des auteurs qu'on découvre au travers d'un bouquin, en discutant entre nous ou bien ici sur des blogs.  Nous sommes en période estivale donc on voyage, on se ballade et moi, j'ai découvert ou plutôt re découvert Emile Verhaeren en me baladant dans un coin de chez moi qu'on appelle " le caillou qui bique ".
Pour la petite histoire le " Caillou qui bique " se trouve à Roisin à quelques kilomètres de la frontière française en plein bois. Il s'agit d'un morceau de roche qui supplante le chemin qui le borde tout simplement.

http://www.cmpb.net/images/sorties/cailloukibic/caillouquibique.jpg

La légende s'y rapportant raconte qu'autrefois le Diable en personne aurait eu vent de la construction d'une cathédrale et se serait mis en tête de la détruire avec une énorme rocher. Un saint ayant eu écho de ce projet l'aurait dissuadé en lui assurant que le chemin était horriblement long, pour preuve un tas de chaussures élimées avec lui, preuve de son périple. Le diable convaincu aurait jeté son rocher à proximité de la Honnelle ( rivière à Roisin ) le rocher tombé là, serait le fameux caillou qui bique.

C'est donc dans ce contexte que je situe mon auteur : Emile Verhaeren.
Belge, né en Flandre en 1855 et décédé en 1916 dans un bien triste accident, poussé par la foule sur les rails, alors qu'il venait de donner un discours. Comme quoi, la vie peut être riche et finir bêtement.
Il fut l'auteur de bien des poèmes d'avant-garde pour l'époque et fut vite connu pour rendre l'atmosphère de la ville comparée à la campagne dans ses écrits. Verhaeren fut aussi un ami proche de la famille royale belge et donc du roi de l'époque Albert 1er et son épouse, il fréquentait les maisons royales de Belgique régulièrement. Mais moi, ce qui m'intéresse, c'est son passage près de chez moi, à Roisin, au caillou qui bique.
C'est en 1898 que Verhaeren viendra séjourner à Roisin sortant d'un souci de santé qui l'avait bien affaibli. Il y séjournait de mars à fin mai, parfois bien plus longtemps, car il souffrait du rhume des foins et rentrait alors à Paris ou Ostende. Au départ ils étaient lui et son épouse, hébergé dans une crèmerie chez des amis, mais vite dérangé par les badauds, il lui fut aménagé un bureau et ainsi petit à petit au fil des ans il devinrent locataire de tout une partie du bâtiment.
Il fut très vite apprécié dans le petit village pour sa générosité et sa bonhomie, il était généreux et faisait parfois distribuer de la viande aux plus démunis. Il aimait écrire tôt le matin, jusque 11 heures, puis s'en allait à travers bois où il trouva l'inspiration pour bien des écrits, il lui arrivait de rentrer pour coucher sur le papier des idées, des inspirations. Il s'enfermait dans son bureau où personne n'osait le déranger. Il palabrait avec le paysan du coin comme avec le maréchal ferrant. Certains l'appelait " L'homme du Bo " ( L'homme du bois ).
De tout son passage à Roisin il ne reste que des souvenirs lui ayant appartenu et son bureau reconstitué à l'aide de son épouse entre autres, la crèmerie fut détruite durant la guerre. Depuis une stèle est érigée en son honneur et un musée fut ouvert et l'est toujours aujourd'hui. A travers le bois lors de promenades on découvre des pierres, installées où figure des extraits de ses écrits. Les promeneurs déjà charmés par la poésie du bois s'arrêtent alors pour lire et sont alors envahis par la plénitude de l'instant, loin du bruit et du tumulte, ce fut mon cas.

http://static.skynetblogs.be/media/172451/1976499939.jpg

  Je vais vous glisser ici avec le lien du texte complet un extrait de son plus joli poème en ce qui me concerne, lisez-donc :

" Le chant de l'eau Emile Verhaeren."

L'entendez-vous, l'entendez-vous
Le menu flot sur les cailloux ?  Il passe et court et glisse  Et doucement dédie aux branches,  Qui sur son cours se penchent,  Sa chanson lisse.
(http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/mile_verhaeren/le_chant_de_l_eau.htmlhttp://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/mile_verhaeren/le_chant_de_l_eau.html )

Voici donc, je voulais vous partager cet auteur et surtout son passage près de chez moi qui a apporté un peu de poésie à un milieu parfois défavorisé socialement et ça fait un bien fou de se replonger dans une ambiance poétique en se baladant à travers bois.
Pour ceux qui voudraient connaître un peu le " Caillou qui bique " :

http://www.rtbf.be/video/detail_sophie-en-balade-le-caillou-qui-bique?id=1740373
http://users.skynet.be/cbou/roisin/caillou.htm


Source: http://users.skynet.be/cbou/roisin/verhaeren.html

Écrire sans sujet précis.

Écrire sans sujet précis.

Écrire sans sujet précis sans citer d’événements, uniquement écrire les mots qui me viennent à l’esprit, me moquer des imperfections…
Écrire pour te dire à toi combien je t’aime, pour te dire à toi aussi combien je te hais.
Écrire pour ne pas pleurer, écrire pour rigoler, écrire tout simplement, écrire avec mon cœur.
Ne cherchez pas un message dans ce texte ou du vécu, il n’y en a pas, j’écris parce que j’aime ça, peu m’importe ce qu’on en pense ou ce qu’on en déduit, ce sera un leurre.
Mais oui, je sais qui je suis, bien sûr, j’ai comme tout un chacun ma part de larmes dans ce bref passage qu’on appelle « la vie »…

Mais qui a dit qu’aimer était impossible ?
Qui a dit qu’être fidèle était de l’utopie ?
Qui m’a dit que je ne valais rien que j’étais incapable d’aimer… Peut-être est-ce moi tout bonnement…

 Dans ce cas, je dois avoir changé, évolué, voire progressé même…
Je sais qui j’ai été, je sais aussi et surtout qui je suis à ce jour et je dis à qui veux l’entendre, qu’en moi comme en chacun il y a du bon et du mauvais…
Je me refuse à beugler dans ce pâturage qu’on appelle « le monde », ce que je fais, je le fais pour moi et les miens, je ne dois rien à personne, mais je dois tout à la vie que j’ai choisie et à ceux qui en font partie.

Ecrire avec la lumière (Texte participant au concours de La Francité).

                                                       Ecrire avec la lumière

  J'aime partir le matin tôt, dès l'aube… Pour me balader et ainsi parcourir les rues de Paris ma charmante ville. Elle est un sujet très intéressant pour moi. Je descends là, dans cette petite rue. C'est janvier, il fait froid, je descends les marches glissantes, j'y suis… Mine de rien, ça pèse sur l'épaule un appareil photo ! Et pourtant, c'est si léger une fois son résultat accroché mur. On y est, le soleil se lève enfin, un beau et clair soleil d'hiver. Il est un peu trop lumineux. C'est aveuglant, mais c'est la saison qui veut cela ; néanmoins, il me réchauffe le visage. C'est triste, me dis-je, de devoir souvent lui tourner le dos en cette saison. C'est une si belle lumière parfois, tamisée, dissimulée par les branches d'arbres qui se réchauffent, s'illuminent sous son rayonnement. Se laissant transpercer pour créer une clarté obscure. J'observe de petites taches qui dansent sur le sol, une lumineuse communion du soleil levant avec la nature.
J'aime les lueurs matinales : Paris qui s'éclaire lentement, qui s'éveille. Les volets qui s'ouvrent un peu partout, un peu nulle part. J'entends le pépiement des oiseaux, heureux de se réchauffer au-dessus des reflets lumineux de la Seine que je longe à petits pas. L'eau m'éblouit, mais me ravit, elle m'offre un joli paysage. Une brume fine et claire monte du fleuve et pourtant semble figée, formant ainsi une couverture blanchâtre aux racines fluviales de Paris. Quelques péniches somnolentes et bien emmitouflées dans cette couverture cotonneuse, me donnent des idées de pose à prendre, d'angles à tenter…
  Je m'agenouille, je retente, en voilà quelques-unes… Je les regarde, c'est pas mal, elles me plaisent. À quelques mètres de là, assis sur un petit tabouret de bois, j'aperçois un homme figé qui semble regarder l'eau qui scintille sur ses jambes. Il est vêtu d'un gros manteau brun, une casquette visée sur la tête. Il a froid, dirait-on et pourtant, il est calme. Rien ne l'oblige à demeurer là, mais il est assis et en m'approchant, je le vois les yeux fermés. Il murmure, non, il chantonne.
  - Bonjour monsieur, je ne vous dérange pas ?
  - Oh bonjour ! Non tu ne me déranges pas, jeune homme, j'attends…
  - Ah bon ? Justement, je me demandais si vous aviez besoin d'aide, je me balade aussi très tôt et je vous voyais là, seul…
  - Oui, j'aime ces petits moments parfois, assis comme ça, je ferme les yeux, j'écoute Paris qui dort encore, je me laisse envelopper par la chaleur des rayons du soleil, et puis voilà…
  - C'est joli ce que vous dites, monsieur, j'aimerais prendre le temps comme ça moi aussi, on devrait tous le faire, ma foi.
  Le vieil homme tourna la tête et me regarda avec son regard clair.
  Il avait un regard si lumineux et en même temps  doux, comme apaisé. Il remonta son col puis, se frottant les mains, regarda droit devant lui au-dessus de la brume qui commençait à s'en aller, et il dit :
  - Oui, tu as raison, on devrait s'arrêter… Stopper nos vies qui souvent nous dépassent. Alors on court derrière elles, vois-tu, on ne maîtrise plus rien. La vie continue et nous on traîne dans son ombre. On ne sait plus la rattraper, c'est fini.
  - Comme c'est joliment dit, monsieur, vous êtes un peu poète, non ? Philosophe ?
  - Oh, j'écris un petit peu, oui. Tu es perspicace, dis-moi. Philosophe… Bah, faut bien l'être un peu, j'essaie de vivre l'instant présent, je n'aime pas la nuit, vois-tu ? Alors venir ici le matin et sentir la lumière se poser sur moi, écouter l'éveil de la nature qu'elle provoque, ça oblige ma vie à m'attendre. Mais dis moi, tu es bien équipé là, tu es aussi artiste à ce que je vois et matinal en plus, c'est magnifique.
  Je demeurais bouche bée devant les propos tenus par ce vieil homme, une tranquillité et un bon sens à toute épreuve : quelle sagesse, me dis-je.
  - Ah moi ? Oui matinal, eh bien, je ne le fais pas chaque matin. Je n'habite pas très loin et j'ai vu hier soir que la météo s'annonçait bonne pour aujourd'hui. Alors je suis venu voir si je pouvais trouver quelques paysages intéressants. Je ne suis pas déçu.
  L'homme sourit, puis fixant le fleuve qui brillait de mille feux sous les rayons matinaux, il dit :
  - Comme c'est intelligent ça, tu fais bien. Il faut en profiter ce n'est pas tous les jours qu'on peut se faire du bien à l'âme et au corps. Moi, vois-tu, après ça, je peux rentrer en sifflant et boire un café chez moi. J'ouvre alors la fenêtre pour laisser le matin chanter dans la maison. J'ouvre tous les rideaux, je veux que ce soit bien lumineux, sinon je déprime vite. J'ai besoin de ces moments pour me ressourcer.
  - Je vous comprends bien. Vous savez, la lumière c'est la vie, vous ne me contredirez pas, je crois… Et pour moi, c'est essentiel les rayons du soleil, la lumière. La clarté lunaire, la nuit, est aussi très belle à sa manière. Le reflet de l'eau, les matins d' hiver, c'est aveuglant mais si beau. Alors j'en profite.
  - En tout cas, petit, tu as un bien bel appareillage-là, c'est du haut niveau je me trompe ?
  - Oh, vous savez c'est un appareil photo banal par rapport à ce qu'on fait aujourd'hui, mais il me donne de belles photos, euh… Je ne sais pas si je peux ? lui dis-je en redressant mon appareil vers lui.
  - Tu veux me photographier ? Oh, je n'ai rien contre, tu es sympathique alors vas-y, je t'en prie.
  Quelle chance j'avais de rencontrer ce vieil homme, poète en plus. Il m'inspira beaucoup, la lumière, elle, était encore meilleure, car elle était plus vieille que tantôt déjà. Les taches continuaient de danser à ses pieds, je pris un peu de recul et m'agenouillai. Quelle belle prise de vue j'avais là. Ce vieillard assis sur un petit tabouret en bois, bien au chaud dans son manteau, l'air pensif et le visage éclairé de mille feux. Je pris des photos de profil, pour capturer le reflet de la Seine qui ondulait. Quelques oiseaux se risquaient au ras de l'eau, c'était magnifique à observer. L'homme regardait au loin, les yeux mi-clos, éblouis par la clarté du jour qui se lève. Plus loin, la tour Eiffel laissait penser à une jolie carte postale. Le ciel était bleu, l'homme était vêtu de sombre, il me semblait si lumineux dans la lumière du jour…
  Après une dizaine de prises de vue, je le remerciai :
  - Vous me faites un honneur, monsieur, vraiment ces photos seront magnifiques, je vous en donnerai si je vous revois un de ces matins ?
  - Oh, ne te tracasse pas, petit, si j'ai pu te rendre service en ne faisant rien, c'est un plaisir. Tu vois la clarté matinale, cette belle lumière, elle me fait du bien au corps, à mes vieux os…
Toi ça te donne des idées, de belles prises de vue, de jolis paysages à photographier. Finalement, la lumière, c'est indispensable, n'est-ce pas ? Même la nuit, tu le disais tantôt.
  J'étais heureux de cette rencontre, ravi de mes photos. J'écoutai mon nouvel ami et je ne pouvais qu'être d'accord avec lui. J'ai toujours pensé que la lumière n'était pas que le fait d'éclairer, d'éblouir. Je suis parfois fasciné par la lumière qu'éveillent en moi un air d'opéra, une chanson, un poème, un livre…
Nos âmes peuvent être éclairées, nos cœurs illuminés, nos journées éblouissantes, comme celle-ci, grâce à cette belle rencontre matinale.
  Je répondis alors :

- Vous avez tellement raison, monsieur. Vous disiez tout à l'heure que vous écrivez parfois, vous savez cet appareil, c'est un peu mon stylo à moi. Après tout, photographier, c'est écrire avec la lumière…