jeudi 16 décembre 2021

Tout pour être heureux de Raymond Choquet par Vincent Vallée

 




Avec ce recueil intitulé « Tout pour être heureux » je suis en admiration de l’histoire qui en découle en premier lieu. Quand j’ai appris que Stefan Thibeau, féru de lettres, entre autres, avait découvert ce recueil je fus de suite intrigué. C’est avec une générosité naturelle que ce dernier m’a envoyé le PDF de sa trouvaille mise en forme et éditée par AUDACE.

Il faut savoir que le poète Raymond Choquet fut un ami du grand Marcel Moreau. Et Moreau avait pour lui une grande affection et une admiration pour ses écrits. Il dit de lui : « Jadis j’avais un ami de la race des Rimbaud, vivant comme Van Gogh ». Pour celles et ceux qui me connaissent je fus happé par cette citation. Plus loin il écrit : « Ne supportait pas ce monde cupide et cynique »… 

Marcel Moreau décrira les mots de Choquet comme étant brulants, révoltés, prophétiques… Rien que ça. À l’heure où j’écris ces mots j’ai des questions qui demeurent sans réponses concernant Choquet. Son parcours scolaire, ses ambitions, ses maîtres littéraires, ce qui le rebutait pour que Moreau décrive sa vision du monde comme cupide et cynique… 

Depuis toujours je suis fasciné par ce qu’écrit un écorché vif, un jeune auteur empli, et de testostérone et de fougue littéraire, avec cette envie maladroite d’écrire ce qui ne l’a pas encore été… Le résultat est souvent fascinant. Choquet mettra fin à ses jours en 1966 à Bruxelles dans un appartement qu’il venait d’emménager grâce à ses parents qui voulaient prouver par-là, que leur fils avait « Tout pour être heureux »…

C’est à Moreau que les parents du jeune suicidé confieront des textes et autres papiers ayant appartenu à leur fils. Moreau était de Boussu et Choquet… de Dour. Il y a des parallèles qui parfois donnent le vertige… J’ai aussi aimé la comparaison avec ce que disait et pensait Céline au sujet d’un auteur. Entre autres qu’il fallait payer, coucher sa peau sur la table. Ci-gît l’auteur…

Écrire n’est pas anodin, écrire avec ses tripes, avec cœur ce qu’on pense être la vérité demande de savoir s’oublier, de ne rien cacher. C’est pour cette raison que Moreau a des mots, des formulations parfois si dure, la plume incisive. Choquet était de sa trempe. 

La découverte qui en réalité était celle de Marcel Moreau, enfin révélée par le biais de Stefan Thibeau, ami des dernières années de Moreau est une bénédiction pour nous. Le petit recueil est bien construit, mis en éclairage par Daniel Charneux, auteur de Dour lui aussi et préfacé par Stefan qui sera le pont entre Choquet, Moreau et nous.

J’ai bien entendu relevé quelques passages :

 

Je t’aime comme l’aile de l’aigle

Aime l’air qui le porte à travers les surfaces

Le bec cinglant les gouffres, en sa fierté dément

Sa gloire lui tient lieu.

 

Ceci me parle particulièrement :

Je suis malade en permanence

Quand crient toutes ces fibres déchirées


 

Mais ceci est génial :

 

J’irai voir les filles le lundi

J’irai jouer le mardi

Je dormirai le mercredi

Je rêverai le jeudi

Je chanterai le vendredi

J’aimerai le samedi

Leur répondit-il simplement

Jugeant que cet horaire suffisait amplement

Mais que feras-tu le dimanche ?

Il n’y avait pas pensé

 

En résumé cette découverte et l’histoire qui y est rattachée est très intéressante et ce recueil mérite d’exister. Non seulement pour rester fidèle à la mémoire de Raymond Choquet mais aussi pour poursuivre ce que désirait plus que tout Marcel Moreau l’ami de Choquet.

Le recueil est disponible aux Éditions Audace et c’est très réussi. Vous pouvez le commander chez eux en cliquant ici :  http://www.editions-audace.be/




dimanche 5 décembre 2021

L'eau de là de Nicole Nisol par Vincent Vallée

 



Je viens de terminer ce recueil de nouvelles au titre bien trouvé, évocateur. Le thème ou plutôt, le fil conducteur est l'eau, sa présence, sa proximité, son influence...

L'auteure, Nicole Nisol, nous emmène au fil de l'eau tel un bateau de papier posé sur le courant. La cocote de papier va tantôt voguer paisiblement, tantôt sera embourbée dans les marais, puis valdinguera dans les flots houleux, puissants. Trois nouvelles à l'image de ce petit bateau de papier et une mise en danger de l'auteure puisqu'elle sort de son thème de prédilection qu'est le roman narrant les histoires de familles, les destins tragiques et humant la Provence.

Là, nous partons vers d'autres destinées, plus sombres, plus tragiques, plus machiavéliques parfois mais c'est un plaisir de naviguer sur ces thèmes nouveaux, ce style inhabituel de l'auteure. Il y a toujours autant de passage empreints de sensibilité, de douceur et d'honnêteté au fil des pages. Et c'est comme au fil de l'eau, nous avançons dans le recueil afin  d'en savoir d'avantage, pour apercevoir l'horizon et la fin du voyage.

Le ruissèlement d'un ruisseau aura un dénouement inattendu, les marécages seront fidèles à leur réputation et l'océan aura trouvé une histoire à la hauteur de son immensité. Trois thèmes, un seul fil conducteur, une belle plume et un recueil de nouvelles que l'on referme, satisfait.

Je vous invite à faire comme moi et à commander celui-ci en cliquant sur ce lien :


Le recueil de nouvelles : L'eau de là

Les Willoughby de Lois Lowry par Vincent Vallée

 


Je ne lis pas souvent de romans jeunesse, mais j'essaie de le faire quelque fois sur l'année. Enfant, je lisais beaucoup de BD, peu de romans, donc je tente de rattraper le temps.

Mais, force est de constater que là aussi il y a des navets comme au cinéma. Forcément, j'ai évolué, je n'ai plus l'état d'esprit de la personne qui aurait dû lire ce petit roman. L'histoire en elle-même est cependant intéressante.

Cette famille digne de la famille Adams, qui espère se débarrasser de l'autre, ces parents qui vont fuir leurs responsabilités et voyager, abandonnant ainsi leurs enfants à une nounou, la seule personne normale de cette histoire par ailleurs. Mais les enfants, tout aussi cruels que leurs parents qui espèrent sans cesse qu'il arrive malheur à ceux-ci, ne sont pas en reste...

Étrange histoire, petite satire, mais là où je suis agacé, outre la niaiserie de l'histoire qui n'est due qu'à mon âge peu adapté à ce genre de lectures, je suis énervé par la façon dont le livre est vendu. 
L'éditeur vise les amateurs de beaux livres, tels qu'on les concevaient autrefois et avec en plus, une couverture attirante, à l'ancienne. C'est une duperie.

Mais voilà, le récit est adapté au plus de 10 ans je dirais jusque maximum 16-17 ans et je suis généreux.

mardi 9 novembre 2021

À propos de Pre de Daniel Charneux par Vincent Vallée

 



C’est lors d’une présentation littéraire que Daniel Charneux a exposé le roman que je viens de terminer. Il l’a présenté comme étant un de ceux pour lequel il a pris le plus de plaisir lors de sa rédaction. Et pour cause, il s’agit de la seconde passion de l’auteur : le jogging.

Je sais que tout auteur, pour écrire quelque chose de profond et sincère et afin de cueillir ses lecteurs, a besoin de puiser au fond de lui du vécu et c’est le cas ici. Et une présentation littéraire vous revient en mémoire lorsque vous lisez le roman en question. Des anecdotes, quelques passages ont soulevé chez moi, la mine de mon crayon. Je vais vous les partager.

Il s’agit donc de narrer sous forme d’un journal intime, ce que fut Steve Prefontaine pour le narrateur, Pete Miller. J’ai cru de prime abord, lire une biographie, mais dans ce cas le roman ne serait consacré qu’à Pre, c’était son surnom. Or, ici, il est question surtout, à mon sens, de Pete Miller. En effet, il fait souvent référence à son vieil ami Prefontaine certes, mais c'est son histoire à lui qu'on découvre, celle de Miller, Prefontaine fut un exemple et pour lui et pour tant d’autres, mais moi j’ai beaucoup plus été touché par l’envie de Pete. L’envie de courir encore, ne rien lâcher malgré les années. Et le narrateur de s’interroger par exemple en écrivant ceci : « … Pareil à ces jeunes de plus en plus nombreux qui refusent de donner la vie, car ils disent que c’est aussi donner la mort, à quoi je ne peux qu’acquiescer. »

Une des particularités de ce roman est le voyage au travers de quelques décennies américaines, ce qui nous vaut quelques jeux de mots sympathiques comme : « Amère histoire indienne » (Amérindiennes). Nous avons aussi l’opportunité d’apprécier ou non quelques morceaux de musiques des années cinquante, toute une époque avec des sons de qualité que vous aurez le loisir de découvrir lors de la lecture. Il y a aussi quelques passages encourageants (n’est-ce pas un moteur pour le joggeur les encouragements ?) comme celui-ci : « Un jour tu vas trouver quelque chose pour quoi tu es doué et ce sera ton cadeau ».

On est aussi peu surpris de se rendre compte que Pete est un auteur et d’ainsi nous donner par le biais de l’auteur (Miller/Charneux) un conseil ou plutôt une constatation qui dit : «  Tu poses ton derrière sur une chaise, tu prends la plume, tu notes en trois mots ton idée du jour, celle qui te trotte dans la tête depuis le matin, ou la nuit, ou la veille, et tu te presses le cerveau comme un citron jusqu’à ce que les trois mots soient devenus trois lignes, ou trente, ou trois pages. C’est ça, l’inspiration. »

Pete raconte un de ses récents défis, un relais entre amis vers le pied du Mount Hood, c’est ce qui m’a le plus séduis, intéressé. Cet homme qui ne baisse pas les bras se souvenant de façon redondante ce que fut Pre, ce qui fit de lui un homme hors pair, un sportif avec des convictions, une ligne de conduite. Une inspiration pour Pete en somme, comme lorsqu’il se souvient des mots de son défunt ami : « Et comment la vois-tu la course, toi, Plouc, avait demandé Bowerman ? – Comme un œuvre d’art, coach ! Une œuvre d’art ! »

Je ne peux m’empêcher de retranscrire pour moi-même un passage qui m’a replongé dans un souvenir personnel alors que je travaillais sur les toits en plein hiver, quand Pete Miller raconte : «  Nous sillonnons le quadrillage des rues avec nos gilets jaunes, nos lampes frontales, parmi les odeurs des cuisines qui sortent par bouffées du conduit des hottes aspirantes » un souvenir mitigé pour moi, qui avait faim depuis quelques heures et qui commençais à peine à me salir les mains dans le monde du travail, j’aurais tout donné pour le confort de l’attente d’un bon repas bien au chaud, à la maison.

Pour revenir à la trame du roman qu’est le sport, la philosophie autour du jogging, chaque lecteur peut transposer l’expérience de Miller/Charneux pour lui-même, comme lors de ce passage pour moi qui me suis remis au Vélo de route, sport que je pratiquais assidûment autrefois : « On n’arrête pas de jouer parce qu’on vieillit, on vieillit parce qu’on arrête de jouer » il suffirait de remplacer le verbe « jouer » par le verbe « courir ». (rouler pour moi). Mais aussi la sagesse de l’auteur (je laisse chacun juger s’il s’agit de Miller ou de Charneux) lorsqu’il écrit : « Prendre le temps me répétais-je. Profiter de chaque foulée ».

Il y a d’autres similitudes avec Daniel Charneux pour celles et ceux qui le connaissent un peu lorsqu’on lit ce passage : « Je me suis dit que mon État était beau, et que je reviendrais un jour ici, que cette fois, je quitterais la Highway, que je me lancerais dans la forêt, que j’irais tremper mes mains dans la rivière où je ramasserais des cailloux plats que j’enverrais ricocher sur l’eau vive pour les voir y plonger, s’y perdre. » Le tout au conditionnel, symbole de l'espoir et de l'envie de Pete Miller.

Ce récit au travers de ce que fut la trop courte vie de Pre est un exemple de camaraderie, de fraternité aussi, entre Pete et ses compagnons de sport. On le constate en lisant cette phrase : « Chacun y est allé de ses souvenirs. L’être humain est aussi une machine à nostalgie.

Voilà donc le récit de ce que fut pour moi cette lecture avec pour préambule, une présentation littéraire simple et décontractée. Comme je les aime. Si j’avais un seul bémol à émettre, c’est de ne pas en savoir beaucoup plus sur Prefontaine surnommé Pre. Plus d’anecdotes le concernant lui avec Miller par exemple. Mais ce roman est une réussite lorsqu’on comprend qu’il s’agit là de se souvenir de l’athlète que fut Pre, sa philosophie mise en parallèle avec son ami d’autrefois, devenu âgé, mais pas résigné. Se nourrissant ainsi de la philosophie de son sport plus que de médailles et autres lauriers. Ce qui manqua à Pre, mais après tout je n’en tire qu’une conclusion :

 

Ce qui importe ce n’est pas l’issue de la route, mais ce que fut la route et ce qu’elle nous a apporté.

vendredi 5 novembre 2021

Pourquoi écrire ? Par Vincent Vallée

 


Pourquoi écrire ?

Souvent on me pose cette question… Et j’avoue qu’au tout début je me le suis demandé, longtemps même avant de me lancer dans la publication.

Ecrire… C’est avant tout ce qui m’a toujours motivé, habité. Malgré les lacunes du début et encore celles d’aujourd’hui, que j’avoue sans rougir. Écrire est le résultat d’observations, de ressentis, de sentiments multiples. Depuis l’enfance j’en ai besoin. Louis Ferdinand Céline disait : “Quand on a pas d'imagination, mourir c'est peu de choses, quand on en a, mourir c'est trop.”

J’ai lu énormément de choses à propos des prix littéraires et j’avoue, que souvent j’ai été d’accord. Souvent, j’ai trouvé qu’il y avait là un « entre soi » malsain. La consanguinité littéraire m’exaspère au plus haut point. J’ai vu, constaté, que parfois dans les milieux modestes et humbles, tout se joue entre quelques-uns(es), au détriment de quelques talents gavés d’envie et d’ambitions qui produisent quelques pépites littéraires. Et je ne me compte pas dedans soyez rassurés, je laisse d'autres en juger. Un jour peut-être...

Mais j’ai aussi à contrario, constaté des scribouillards, ils molestent l’orthographe, la grammaire et ainsi, crachent dans la soupe. Je ne sais pas vraiment ce qu’ils recherchent, ce qu’ils tendent à obtenir si ce n’est le sentiment illusoire d’être un écrivain. Un piètre soufflet qui retombe souvent aussi rapidement. Bon Dieu, pourquoi écrire si tu n'as rien à dire, rien à sortir de tes tripes?

Je crois au fond de moi même, qu’un écrivain est une personne qui est à la hauteur d’une œuvre maintenue, continue, qui dure dans le temps. Attention, je ne dis pas une œuvre récompensée ou populaire. Je suis persuadé que si quelqu’un ne peut s’empêcher d’écrire, que c’est vital pour cette personne, et que cet auteur se donne les moyens pour travailler ses écrits, les améliorer, comprendre les règles de conjugaison, grammaire, typographie. Alors c’est un écrivain. Je préfère de loin une œuvre constante et sincère qu’une œuvre populaire et commerciale.

L’auteur qui jalouse les lauréats de divers prix littéraires avec pour arguments que c’est parce que ces auteurs sont populaires et que cela va leur faire gagner encore plus d’argent, n’ont rien compris à l’acte d’écrire. Écrire est un besoin, rien d’autre. Un écrivain écrit parce que c’est ainsi qu’il s’exprime le mieux, qu’il exprime le mieux son chagrin, sa colère ou son amour de l’autre. Là encore je vais citer Céline qui écrivait : “L'amour c'est l'infini mis à la portée des caniches.”

Je n’oublie pas un détail qui pour moi n’en est pas un : Lire. Un auteur ou un écrivain qui ne lit pas est un imposteur. Comment ne pas avoir envie de se nourrir de ce qui nous passionne et le partager. Ou encore nous motive depuis toujours ? Lire est essentiel, primordial même. J’ai parfois lu que lorsqu’un auteur écrit, il ne sait pas lire. Il fait soit l'un soit l'autre. Foutaise ! C’est essentiel de lire. C’est comme prétendre rouler en voiture sans carburant. 

Je terminerai mon propos en écrivant qu’avoir cette envie d’écrire, d’être auteur par la force des choses ne veut pas dire que vous devez être un romancier ou un nouvelliste. J’ai lu une foule de textes courts magnifiques, de courts textes à propos, riches. Après tout, pour ces gens-là, écrire c’est vivre tout simplement.

dimanche 24 octobre 2021

Colorado Kid de Stephen King par Vincent Vallée


Colorado Kid par le maître, Stephen King. Maître de l'horreur et du suspens, qui cette fois, s'essaie au genre policier, énigmatique. Ce n'est qu'à la fin du roman que l'on obtient l'explication du King concernant ce choix.
Comme il l'explique, il arrive très souvent que des amis journalistes lui apporte des articles de presse qui pourraient faire l'objet de romans. Seulement, une caractéristique parmi ces faits inquiète un peu, travaille l'auteur. Je ne dirai rien ici, il vous faudra le découvrir.
Une chose est certaine, il sait nous tenir en haleine y compris avec un policier. 

Nous allons plonger dans le monde du journalisme à l'ancienne puisqu'il s'agit de deux vieux briscards,  Dave Bowie et Vince Teague, qui sont à la manœuvre avec une jeune stagiaire Stéphanie McCann. 

Le décor est planté, il reste l'intrigue, sauf que celle-ci est aussi vieille que l'expérience de nos deux journalistes avérés. 
Une plage, un mort appuyé contre une poubelle, sauf que ce mort demeure plus de 25 années plus tard, un mystère pour nos deux journalistes. Et Stéphanie Mc Cann de s'imprégner de cette histoire non élucidée, elle qui est cantonnée à la rubrique des vieilles choses à vendre pour le journal.

C'est ainsi que tout du long de ce récit nous allons revivre la découverte et l'enquête au sujet de ce mort mystérieux. Que cherchent ainsi nos deux vieux journalistes ? Ont-ils les réponses ? Ont-ils résolus l'énigme ?

Lire Stephen King avec ce genre policier vous apportera la réponse. Personnellement j'ai aimé, parce que si l'horreur et l'effroi sont de côté, le King arrive malgré tout à nous tenir accrochés aux pages et puis la Postface en dit long sur son expérience, devrais-je dire, tentative, pour un si grand écrivain ?

À vous de juger.

 

mercredi 20 octobre 2021

Promenades de Nicolas Sarkozy par Vincent Vallée

 


Il est rare que je lise des ouvrages d'hommes politiques ou tout simplement médiatiques. Mais je n'ai jamais eu honte de mes convictions et encore moins de mon attachement à certaines idées que portent quelques uns de ceux-ci. Nicolas Sarkozy en fait partie.

Pour évoquer brièvement les contradictions ou autres critiques dont on l'affuble, je suis de ceux qui pensent que tant d'acharnement prouve que le doute est permis. Je me souviens de son propos lorsqu'il évoquait notre patrimoine historique et chrétien en imageant son propos par son réconfort lorsqu'il survolait la France, voyant le toit des églises approcher. Son avis concernant les frontières, le travail et ses idées et puis la lettre de Guy Moquet. Jamais je n'oublierai cette lettre dont il a imposé, à juste titre, la lecture dans les classes françaises. C'est là que j'ai senti un attachement à la culture, à l'histoire, quand d'autres y voyaient des pirouettes politiques ou un dirigeant enfilant un costume non à sa taille. Il y aurait bien d'autres exemples à citer concernant mes points d'accord avec le président Sarkozy, mais cette chronique est dédiée à son dernier ouvrage.

Et quel ouvrage ! Justement, le président Sarkozy y évoque pour la première fois, son goût pour la culture, son attachement à celle-ci et son rôle dans la vie politique et quotidienne. J'avais déjà beaucoup apprécié l'émission littéraire où il n'était là que pour parler de littérature, la sienne, celle qu'il aime, celle qui le porte et qu'il transmettait alors. Je remarque que Nicolas Sarkozy aura attendu la fin de tout enjeu politique pour parler de culture sans tabous et c'est tout à son honneur. 

Je me retrouve beaucoup en lui pour ses prises de position et pour la sagesse naissante dont il est habité aujourd'hui. Dans cet ouvrage donc, il évoque la culture qui l'a accompagnée tout au long de sa vie. Que ce soit la littérature, la peinture, la chanson, le cinéma, la photographie, etc. J'ai ainsi pu  découvrir certaines œuvres d'art, en découvrir d'autres à nouveau, avec un regard de partage, le sien, pour nous, lecteurs.

Je fus bien entendu séduit quand il évoque Van GoghRimbaudMonetHugo, mais étonné dans le bon sens du terme par d'autres comme Jacques Majorelle qu'il cite :

"Il faut beaucoup chercher avant de trouver les belles choses, elles se cachent minutieusement et on passe à côté d'elles sans les soupçonner"

Il me fait découvrir les dessins de Victor Hugo, des dessins sombres et si beaux comme "Le burg dans l'orage", un talent que je ne connaissais pas à l'écrivain si remarquable déjà... Sarkozy nous explique aussi ses prises de positions et autres actes présidentielles en faveur de la culture alors que le pays et l'Europe en général vivaient une crise financière considérable. Lorsqu'on critique son mandat, on a tendance à oublier cette complexité pour diriger un pays selon le programme présidentiel imaginé et proposé… J'ai bien entendu été touché par l'évocation de son grand-père qui sema en lui la graine culturelle en collectionnant les timbres ornés des plus belles œuvres d'art mettant en valeur entre autres, les plus grands tableaux de la peinture française.

Nicolas Sarkozy a aussi touché un point qui m'a énormément parlé à moi petit auteur. Ce qu'il nomme l’"Entre soi "En ces mots :

"...Une nouvelle bourgeoisie qui pratique l'entre-soi, la bien-pensance et la détestation de tout ce qui n'est pas elle-même."

Comme ça me parle "l'Entre-soi" et il ne faut pas être une star ou un grand écrivain pour le pratiquer au détriment des autres qui eux, œuvrent au partage de leur art, non, même à un niveau bien plus modeste on le constate et c'est si triste, voire pathétique. La culture, comme la confiture, a besoin d'être étalée, mise en avant et si elle est encore gauche et non affirmée il faut l'encourager avec quelques mises en lumière; non pas par le déni, le mépris parfois ou pire, la méchanceté... Il ne s'agit là que de mon opinion, voilà pourquoi je me suis retrouvé dans cette réflexion de Nicolas Sarkozy.

Mais encore, le président évoque Arthur Rimbaud avec une lettre écrite depuis Aden, imaginez, vous qui me connaissez, comme je fus touché ! En effet, j'ai écrit un dernier roman intitulé "Une expédition en enfer L'autre Rimbaud" au sujet de la vie d'Arthur, le Rimbe, sa vie après Verlaine, après la poésie jusqu'à sa triste fin. Mais il y a aussi le partage d'une toile de Van Gogh "Champ de blé sous un ciel orageux" peint à Auvers-sur-Oise, dernière demeure du peintre écorché. Je fus, là aussi, touché puisque Van Gogh fut l'objet de deux ans de travail pour mon roman "Vincent Van Gogh, sa vie dépeinte".

Mais enfin, il y aurait une foule d'autres choses à mettre en avant au sujet de ce bouquin, un livre coupé en deux, la première partie est le récit de Nicolas Sarkozy au sujet de son approche culturelle, son partage devrais-je dire, la seconde partie sont des clichés des œuvres d'art dont il parle dans la première partie. Je laisse à chacun le soin de découvrir et d'apprécier cet exercice auquel se prête un homme fort de ses convictions, sage de par son expérience, fier de ne pas changer de point de vue sur bien des sujets et humble pour admettre s'être trompé parfois. Somme toute, au-delà de ses différentes fonctions dont la plus prestigieuse, un homme avec ses forces et ses faiblesses. Personnellement, je suis plus que convaincu et satisfait par cet ouvrage bien écrit et riche de par ce qu'il partage.

Quelques œuvres partagées par Nicolas Sarkozy qui me touchent aussi :