Cher Paul Verlaine,
Voici un an maintenant,
je me suis rendu sur votre tombe ici même, il pleuvait, j’avais chaud d’avoir
marché si longuement pour trouver le cimetière. En poche, une lettre qui vous
était adressée, une lettre où, je confiais mon projet, mes craintes, mes
ambitions, ma louange envers votre poésie, cette aura émanant de votre plume…
Je suis de ceux, cher
poète, qui croient en l’âme comme je vous l’écrivais dans ma première
lettre. Je suis de ces écrivains qui rêvent et croient en leurs rêves. Je suis
de ceux qui vont au cimetière pour rencontrer une âme, se rapprocher
physiquement d’un corps inerte voire en poussière, car il leur est alors plus
facile de confier certaines choses, d’épancher leurs plaintes et leurs demandes…
Dans ma première lettre,
cher Paul, cher Verlaine, je vous confiais avoir pour projet d’écrire à votre
sujet, mais pas que. Je tenais à rendre hommage à votre épouse en parlant d’elle,
à votre fils Georges, qui est là avec vous, et à Rimbaud, votre amour de
jeunesse parmi tant d’autres vous en conviendrez. Mais quel amour, quelle
passion que la vôtre à son égard. Une passion non partagée certes, une passion
pour la littérature, la poésie assurément… Cette passion vous a conduit en
prison, vous à ruiné l’esprit et pour longtemps, tandis que lui jeune éphèbe,
est parti asservir quelques hommes, autrement, sur le continent africain. Il
est demeuré fidèle à lui-même : Opportuniste.
Cependant, il est aussi
un génie, sa poésie vous a séduit et tant d’autres après vous. Dans le roman
que j’étais occupé à écrire quand je suis venu ici la dernière fois, je disais
et je maintiens, que ce jeune homme, Rimbaud, est lui aussi à sa façon tombé
amoureux de vos mots, de votre gentillesse. Il est tombé dans le piège de la
tendresse quand vous Verlaine, étiez follement amoureux, au point de tenter de
le tuer pour mieux le retenir.
Merci cher Lélian d’avoir
entendu ma requête quand je vous ai écrit la première fois. Merci parce que
tout comme vous j’ai écrit au début du roman cette phrase — va mon livre, où le hasard te mène —
sauf que je ne crois pas au hasard… Je crois au destin. Je crois aux âmes
sincères, animées d’une volonté de perdurer ici-bas, je sais que vous m’avez
lu, d’une façon qui m’échappe et qui, pour la nuit des temps échappera aux plus
grands scientifiques. Je vous ai demandé de donner du souffle à mon livre, de
lui donner une direction, celle de la réussite ou du dédain. J’ai réussi cher
Verlaine.
Mon livre est lu, aimé,
commenté, édité… Votre histoire d’avec Rimbaud est relayée encore aujourd’hui
par son biais, vous vivez encore, Rimbaud vit toujours, parce que ma plume avec
votre souffle et votre inspiration a donné un autre regard sur votre aventure.
Ensemble, cher Paul nous avons vécu un petit moment magique, j’ai voyagé avec
vous, marché dans vos pas, visité les lieux que vous avez tant aimé ou détesté.
Ensemble, nous avons marché à la suite de Rimbaud, ensemble nous avons couru
derrière lui, je suis si heureux et comblé de l’avoir fait… Vous étiez là, il
était devant… Parfois, j’ai dû ralentir pour mieux le retenir, comme vous, un
peu comme si vous aviez posé votre main sur mon épaule en me disant : « Attends, il va ralentir, il a besoin de
nous… » .
Souvent, mon livre à voulu s’en aller avant l’heure, mais ce n’était
pas son heure et on a continué le chemin n’est-ce pas, on a fait durer l’aventure.
On a continué de marcher, de courir, de visiter, de s’extasier, de rompre le
cou à ceux qui nous disaient de ne pas continuer que c’était du réchauffé. Nous
avons continué Paul, nous avons persévéré Verlaine ! Persévérer ! Ce n’est pas
moi qui ai écrit c’est vous, votre confession, votre passion, votre chagrin,
votre amour…
L’absinthe à conduit
beaucoup de vos poèmes, on a tous besoin d’un moteur parfois, le mien cher poète,
mon moteur à moi pour écrire votre confession, ce fut vous, uniquement vous
Paul. Je me suis fondu en vous, vous avez guidé mes mots, parlé au travers d’eux…
Je suis fier, si fier d’avoir été votre plume et Rimbaud son encre…
Avec toute ma reconnaissance,
mon amour, ma passion, je vous dédie ce livre, je vous envoie à nouveau ces
quelques mots issus de mon cœur, de mon âme peut-être…
Vive la poésie, les
petites musiques qui en émanent…
Vincent Vallée