jeudi 25 mars 2021

Sukkwan Island de David Vann par Vincent Vallée

 Sukkwan Island de David Vann




Ce roman de David Vann est une surprise pour moi. Je note que l'auteur aime, se concentre même, sur la relation parent/enfant, il y a donc là quelque chose de personnel à écrire, exorciser de la part de l'auteur et ce roman nous laisse imaginer le pire dès les premières pages...

En effet, cet ouvrage se découpe selon moi en deux partie, la première étant intrigante et presqu'en huis clos car nous découvrons deux personnages : Roy et Jim son père, qui débarque sur une île au sud de l'Alaska. Ils y arrivent pour une année à passer ensemble dans une cabane aménagée et achetée par Jim le père. Jusque là on se dit que l'amorce est sympa, mais on ressent de suite un malaise, quelque chose qui cloche chez le père. Il est étrange, pleure la nuit et est tout à fait normal le jour. Roy lui, est un jeune garçon de treize ans, la puberté du jeune garçon est souvent évoquée, un peu trop dans la seconde partie du livre. Pour le dire cash, je ne comprends pas cette persévérance de l'auteur à indiquer que le jeune homme se masturbe... Je cherche encore la raison mais rien...
Sans dévoiler le récit, je peux dire que la fin de la première partie m'a scotché, choqué même. Je ne comprends pas ce qui se passe et c'est pourtant clair, mais dans le déroulement du récit, ça ne colle pas, rien ne peut laisser imaginer une telle chose, un tel déroulement.

Dans la deuxième partie du roman que je ne détaillerai pas ici car ce serait risquer d'en dire trop, j'ai été plus déçu par le déroulement de l'histoire. Je reste troublé et ennuyé par les détails insistants de l'auteur à revenir sur un même sujet concernant Roy. Quand vous aurez lu le livre, vous comprendrez que je parle du sac de couchage et ce qui s'y trouve. Non pas que je trouve ces passages anormaux mais les détailler avec insistance, c'est inutile. 

L'exercice est difficile, vous dire mon ressenti sans dévoiler le roman afin que vous aussi le lisiez. J'espère y être arrivé tout de même.
C'est un roman psychologique sans nul doute, mais un peu trop appuyé, trop insistant. Et l'issue aurait pu être bien mieux déroulée, ficelée. (J'ai mon idée concernant une fin bien choquante pour demeurer sur le thème).
J'ai lu ce roman en alternance avec le livre papier et ma liseuse, ce qui me permet de lire bien plus vite et de vous donner mon avis plus souvent.
Bonne découverte !

David Vann :






mardi 16 mars 2021

Le dernier enfant de Philippe Besson par Vincent Vallée

 

Le dernier enfant de Philippe Besson




 

Je viens de terminer cette lecture, courte, un peu à la façon d’Amélie Nothomb, mais efficace.

Besson nous plonge à nouveau au cœur de l’intime, du sentiment pudique, personnel. Cette fois il s’agissait pour lui d’imaginer, car l’auteur n’est pas parent. Et c’est là qu’entre en compte le talent d’un auteur qui est de se mettre dans la peau de… Besson y arrive fort bien. 

C’est dans la peau d’Anne-Marie que nous allons plonger avec lui dans une histoire que nous avons, ou allons un jour connaître, personnellement ou de loin d’ailleurs. Le départ du dernier enfant. 

Quand on passe une partie de sa vie à éduquer des enfants on a des habitudes, des routines, des repères qui une fois qu’ils s’en vont, disparaissent de manière brutale. Anne-Marie voit partir Théo pour un kot dans une grande ville, loin du petit pavillon familial qu’ils ont durement aménagé, rempli, payé… 

Un pavillon emménagé par des réprimandes maternelles, des leçons de vie, un pavillon qu’elle et son mari Patrick ont empli de savoir-vivre et d’amour aussi, même si chez eux l’amour est souvent silencieux… Et quand elle y songe, Anne-Marie trouve que la départ de Théo, son petit dernier, est une note bien plus salée que l’emprunt contracté pour payer des briques…

Pour cette lecture, que j’ai dévorée, je suis partagé entre l’histoire qui me parle, le talent de son auteur pour s’être glissé dans une peau totalement inconnue et un manque d’ouverture à celle-ci. J’aurais bien aimé avoir le point de vue du père, Patrick, mais aussi de Théo, le fils. Aussi, pour la première fois avec Besson, j’ai noté des maladresses éditoriales, ça c’est dommage…

Néanmoins, un frisson m’a parcouru à la lecture de la dernière ligne, tant cette histoire est émouvante. Elle touche d’autant plus, si on est papa ou maman d’enfants qui sont partis ou sont sur le point de s’en aller pour voler de leurs propres ailes.

J’ai relevé quelques passages :

« Elle joue les mères : « Vous n’avez pas trop bu, j’espère. » Et aussitôt, elle s’en veut d’avoir prononcé cette phrase, qui fait d’elle quelqu’un de démodé et d’assommant, et qui est tellement machinale, tellement automatique mais précisément, le réflexe l’a emporté, la phrase est sortie, désormais c’est trop tard. »

 

« On va t’aider à dépaqueter, c’est mieux. » Personne n’objecte. On ne va pas contre le chagrin inavouable d’une mère. »

 

« La vérité, c’est qu’elle pense à tout ce qui se joue en dehors d’elle, tout ce dont elle est exclue, tout ce que son fils ne lui confie pas, parce qu’un garçon de cet âge parle avec ses amis, pas avec ses parents, elle songe que son fils cloisonne naturellement son existence et que désormais elle se tient du mauvais côté de la cloison, elle songe que, jusqu’à une période récente, elle savait tout et que désormais elle ne sait plus grand-chose, elle partageait l’essentiel et désormais elle n’a plus droit qu’à l’accessoire, elle n’en est pas jalouse, ce n’est pas ça le sujet, elle en est chagrinée… »

 

« … avait quoi ? vingt ans ? quand sont apparues les Game Boy. Trop tard pour elle, en tout cas. Elle avait déjà quitté l’adolescence, elle ne s’était pas sentie concernée, et puis c’était un truc de garçon. »

 « Mais « elle n’a pas oublié la folie qui entourait ces nouveaux engins. Elle avait compris alors que le jeu, la distraction, ça ne se ferait plus à plusieurs, ni même à deux, que se dessinait quelque chose qui avait à voir avec la solitude. »

 

« les saisons qui passent et qui reviennent, les années qui passent et ne reviennent pas, et voilà qu’elle a cinquante ans. »

 

« y a forcément des trucs qu’elle a oubliés, d’autres qu’elle a ratés, elle ne lui a pas fourni toutes les armes, parce que, des armes, on en a besoin quand on entre dans la vie, c’est une bataille hein, il ne faut pas croire, une sacrée bataille, si elle avait disposé de plus de temps elle aurait… »

dimanche 7 mars 2021

"Vingt mille lieues sous les mers" de Jules Verne par Vincent Vallée.

 

Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne


 

Ils sont rares ces ouvrages, précieux, uniques et loin des esprits esseulés qui de nos jours, ne cherchent que l’incompréhensible dans la littérature, le mot tordu feignant une explication qu’eux seuls font mine de comprendre.


Jules Verne, voilà un écrivain, un véritable écrivain qui non seulement vivait les histoires en les écrivant mais savait nous les rétribuer. Ce roman que je vous chronique est une véritable pépite, un roman écrit avec toute la grandeur de la langue française. Vingt mille lieues sous les mers est né d’une « commande » si je puis m’exprimer ainsi. Je l’ai découvert en lisant ce roman et en m’y intéressant de plus près. En effet, c’est Georges Sand qui, fascinée par « Voyage au centre de la terre » et « Cinq semaines en ballon » écrivit à Jules Verne pour lui dire n’avoir qu’un regret, celui de ne pas avoir d’autres ouvrages de la plume de Verne à lire, et de poursuivre dans sa lettre à l’écrivain : « Pourquoi après avoir exploré le cœur de la terre, les airs, ne pas visiter les profondeurs de la mer ? » Jules Verne s’y attela. C’est le professeur Aronnax et son serviteur fidèle qui va, à la suite des témoignages concernant un cétacé énorme rapporté par bon nombres de navires de par le monde, se mettre en chasse du supposé monstre marin.


C’est à bord d’un navire que le professeur Aronnax et son serviteur prénommé Fidèle, vont faire connaissance du bien connu harponneur Ned Land. Le but :

Dénicher le monstre et en finir avec la terreur qu’il fait courir sur et sous les eaux à travers les nations. Après quelques semaines de recherches et presque résolu à abandonner, le monstre va enfin se laisser apercevoir mais il ne s’arrêtera pas là. Malgré les efforts afin de le détruire il coulera le navire abritant les trois amis et son équipage. Mais par providence, ils arriveront tous trois à ne pas se noyer et à s’accrocher à celui qu’il pourchassait. Le croyant monstre marin il s’agissait en réalité d’un navire, mais pas n’importe lequel, un navire sous-marin.


C’est alors que le professeur Aronnax et ses compagnons vont faire la connaissance d’un équipage parlant une langue inconnue et de son capitaine, le prénommé Némo. C’est alors que Jules Verne va nous plonger dans une découverte aquatique sans nom, unique de par les découvertes de la faune et la flore sous-marine. Je vous en livre une :


« Il était alors dix heures du matin. Les rayons du soleil frappaient la surface des flots sous un angle assez oblique, et au contact de leur lumière décomposée par la réfraction comme à travers un prisme, fleurs, rochers, plantules, coquillages, polypes, se nuançaient sur leurs bords des sept couleurs du spectre solaire. C’était une merveille, une fête des yeux, que cet enchevêtrement de tons colorés, une véritable kaléidoscopie de vert, de jaune, d’orange, de violet, d’indigo, de bleu, en un mot, toute la palette d’un coloriste enragé ! »


Va alors débuter une exploration sous-marine donc, mais tant d’autres aventures… Le monstre marin était un véritable navire pourvu d’une grande baie vitrée se fermant et s’ouvrant au commandement du capitaine Némo. En effet, cet homme était le seul maître à bord avec une quinzaine d’hommes sous ses ordres. Un homme étrange, savant, parlant très bien français mais qui avait décidé de garder nos trois amis enfermés et donc prisonnier du Nautilus. Cependant, il laissait une totale liberté à bord aux « prisonniers », il avait de l’estime pour le professeur Aronnax et pour ses études des mers, sa faune et sa flore, mais il avait bien d’autres secrets à lui dévoiler sur les mystères que seul un appareil tel que le Nautilus pouvait découvrir. Après avoir parcouru vingt mille lieues sous les mers durant près de dix mois, le professeur Aronnax résumera son voyage en quelques mots et faits marquants :


« les chasses sous-marines, le détroit de Torrès, les sauvages de la Papouasie, l’échouement, le cimetière de corail, le passage de Suez, l’île de Santorin, le plongeur crétois, la baie de Vigo, l’Atlantide, la banquise, le pôle sud, l’emprisonnement dans les glaces, le combat des poulpes, la tempête du Gulf-Stream, le Vengeur, et cette horrible scène du vaisseau coulé avec son équipage!… »


Il me serait trop compliqué de tout décrire de ce roman, du souvenir et du sentiment qu’il me laisse. Je me suis dit tout au long de cette lecture que tout était là en ce qui concerne la littérature. C’est-à-dire du rêve, de l’instruction, de la découverte, de l’imagination, de l’évasion et puis une envie impossible, celle de ne pas terminer la lecture tant on s’y sent bien… J’ai découvert la plume de Jules Verne avec « Voyage au centre de la terre » ce fut prodigieux, mais là je suis estomaqué. Je vais vous laisser quelques passages que j’ai noté ainsi que quelques citations mais de grâce, vous aimez la nature, l’écologie ? Ne ratez pas la lecture de ce roman qui vous en apprendra tant sur ce qui peut se passer et vivre sous les mers. Je terminerai avec cette réflexion de Ned Land, harponneur et prisonnier avec le professeur Aronnax et son serviteur :


« Je pense que nous voyons ici des choses que Dieu a voulu interdire aux regards de l’homme ! »

 

Quelques passages :

 

« Parmi les poissons que le Nautilus effaroucha à son passage, je citerai le cycloptère d’un mètre, à dos noirâtre, à ventre orange, qui donne à ses congénères un exemple peu suivi de fidélité conjugale, un unernack de grande taille, sorte de murène émeraude, d’un goût excellent, des karraks à gros yeux, dont la tête a quelque ressemblance avec celle du chien, des blennies, ovovivipares comme les serpents, des gobies-boulerots ou goujons noirs de deux décimètres, des macroures à longue queue, brillant d’un éclat argenté, poissons rapides, aventurés loin des mers hyperboréennes. »

 

 

« Les végétations vénéneuses se sont multipliées sous ces mers torrides, et le mal s’est irrésistiblement développé depuis l’embouchure du Rio de la Plata jusqu’aux Florides ! » Et s’il faut en croire Toussenel, ce fléau n’est rien encore auprès de celui qui frappera nos descendants, lorsque les mers seront dépeuplées de baleines et de phoques. Alors, encombrées de poulpes, de méduses, de calmars, elles deviendront de vastes foyers d’infection, puisque leurs flots ne posséderont plus « ces vastes estomacs, que Dieu avait chargés d’écumer la surface des mers.»

 

 

« La chasse dans les forêts de Crespo, l’échouement du détroit de Torrès, le cimetière de corail, les pêcheries deCeylan, le tunnel arabique, les feux de Santorin, les millions de la baie du Vigo, l’Atlantide, le pôle sud ! ».