dimanche 29 décembre 2019

Indian Creek de Pete Fromm par Vincent Vallée



Indian Creek. Alors qu'est-ce qui m'a plu avant de lire ce roman ?
Sa couverture m'a attiré, une vue depuis une tente d'un paysage propre et enneigé, ou l'inverse...
Son résumé, bien qu'il aurait pu être plus accrocheur après lecture, me séduisit par cet espèce de huis clos. J'aime ce genre de récit où il y a un monologue entre soi et soi-même.

Indian Creek est donc l'endroit dans l'Idaho où Pete Fromm a réellement passé un hiver entier, seul, en tête à tête avec la nature et ses dangers de tout instant. Entre la tâche à laquelle il était voué, c'est à dire surveiller un banc de saumon et leur habitat durant l'hiver rude de cet endroit, jusque moins 25°...
et la faune environnante, sans oublier les conditions climatiques rudes et surprenantes parfois, il y avait là de quoi me régaler. 
On y découvre les passages les plus intéressants de ce récit avec la vaine tentative de son père et de son frère de le rejoindre dans ces conditions extrêmes et dangereuse si on n'y est pas conditionné. L’abattage d'un élan et la technique de conservation de sa viande pour subsister, bien que tout fut pensé pour ne pas mourir de faim, et enfin, la rencontre avec un vieux puma, surpris par son âge et le poids d'un cerf lors d'une bagarre pour la vie, qui se terminera par la mort des deux au bonheur de Pete qui récoltera ainsi, sans chasser, une jolie peau de puma. 
Mais voilà, je ne fus pas emporté autant que je le pensais par ce roman, il y a une incohérence dans les conditions de survie du jeune Pete, qui est décrit comme un jeune homme sans expérience qui part seul dans les montagnes enneigées de l'Idaho, sans savoir chasser ou même utiliser une arme ? Ou alors il l'était, mais c'est oublié au début du récit...

Il y a aussi cette postface en fin de roman, forcément, qui est superflue et inutile. Pour un roman au contexte glacial, cette postface sent le réchauffé...

Néanmoins, si des lecteurs, lectrices aiment les huis clos comme moi, les ambiances froides et la nature sauvage, je leur conseille de lire ce roman sympathique.
Si je l'ai terminé, c'est qu'à mes yeux il est bon. Certes, ce n'est pas du Jack London, toujours selon-moi.

Pete Fromm:




Pete Fromm est né en 1958 dans le Wisconsin et a d'abord été maître-nageur ou ranger avant de se consacrer à l'écriture.

Il a publié plusieurs romans et recueils de nouvelles qui ont remporté de nombreux prix ( dont le prix de la Pacific Northwest Booksellers Association pour "Chinook", "Comment tout a commencé" ou "Lucy in the sky") et ont été vivement salués par la critique.

"Indian Creek" est son premier livre traduit en français. Il vit à Great Falls dans le Montana.




jeudi 28 novembre 2019

Borins de Constant Malva par Vincent Vallée.


Borins de Constant Malva




Avant-toute chose je dois dire que la première fois que j’ai entendu parler de Malva, c’est lors de la "livraison" si je puis-dire, de la préface généreusement offerte par Daniel Charneux, écrivain à Dour, édité chez Luce Wilquin.
Daniel Charneux citait, entre autres, Malva pour démontrer qu’on peut être un ouvrier et puis, écrire. Cette préface était un joli cadeau pour introduire mon roman : Verlaine avoue Rimbaud.

Alors, Constant Malva, je l’ai encore un peu plus, un peu mieux découvert lors d’un spectacle au sujet de l’identité boraine. En effet, une poignée de Borains, et pas n’importe lesquels, il s’agissait de Françoise Houdart, Annie Préaux, Daniel Charneux, Roland Thibeau, Jean-Claude Derudder, Alain miniot… Tous des acteurs de la culture boraine contemporaine. Malva est un pseudonyme, son vrai nom est Bourlard Alphonse, né en 1903 à Quaregnon, décedé en 1969 à Saint-Josse-ten-Noode. Il fut un mineur parmi tant d’autres. Malva n'aura jamais son diplôme d'école primaire, mais un instituteur lui fit cadeau d'une grammaire qu'il gardera jusqu'à sa mort.
Après l'armistice, en 1919, alors qu'il avait quinze ans, il devint mineur de fond comme son père au charbonnage du Rieu du Cœur à Quaregnon.



Voilà pour Malva, moi ce qui m’intéressait, c’était de le lire ! Quelques jours plus tard, après le spectacle sur l’identité boraine vint Mon’s Livres, salon du livre bien connu en Wallonie. Avant l’affluence je fais un tour, et me dirige vers le stand de L’Oiseau Lire, célèbre librairie d’ouvrages anciens de Mons. Et puis là, plusieurs ouvrages de Malva ! Je discute avec la libraire et lui demande conseil afin de découvrir au mieux la plume, le style de Malva. Tous sont au même prix et c’est « Borins » qu’elle m’indique. Particularité de cet ouvrage datant de 1937, sa première édition, son premier tirage, il est non massicoté. Pour résumer, il faut, au fur et à mesure de votre lecture, découper vous-même les pages. J’adore cette idée ! Déflorer votre lecture… Une pratique, un style d’impression qui s’est presque perdu et c’est bien dommage, cela m’a donné des idées…


De quoi parle ce petit livre ? Ce livre parle des Borins (Borains) et plus particulièrement des mineurs Borains. Dans ce petit livre nous sommes plongés dans l’ambiance, l’atmosphère d’alors… Nous sommes à une époque où l’extraction du charbon est plus « moderne » si je puis m’exprimer ainsi… Les méthodes se sont modernisées et pourtant, toute la difficulté, la crainte du pire et la camaraderie s’y trouve et Malva nous la rapporte à merveille.
Je vous cite quelques extraits qui m’ont interpellé :

[…] Eh bien les traînards, vous avez encore du dimanche dans la peau ? […]
[…] Les hommes se succèdent sans arrêt et toujours la même question se pose :
— C’est hue ?
— C’est hue ?
— C’est hue ?

Et les porions répondent :

— Oui, c’est hue ! […]

C’est hue était l’expression dans le dialecte borain pour dire : On y va, c’est parti ?

[…] Chargés de leurs lampes et de leurs outils, les hommes prennent place dans les compartiments exigus. Ils se serrent avec des grognements. Quand ils sortiront leurs tartines de leur sac de toile, les croutes et la mie ne formeront plus qu’une masse informe. […]

Un peu plus loin nous est relaté la descente selon Malva :

[…] Pendant ce temps, à intervalles réguliers, dans un tintamarre fait de bruit de ferraille et de coups de sonnette, la cage surgit du puits, s’immobilise quelques instants, puis repart avec sa grouillante cargaison.
La recette, peu à peu, se nettoie.
Il ne reste plus que quelques hommes ; bientôt plus personne.
Par son gosier démesuré, la bure les a ingurgités jusqu’au dernier. […]

Ce passage m’a ému, frappé par sa description digne qui cache toute la crainte de ne peut-être pas remonter vivant…

[…] « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front »
D’abord quelques gouttes ont perlé et ont roulé vers les yeux jusque dans leur bouche ; en un rien de temps leur caleçon a été trempé, et leurs pieds se sont mis à nager dans leurs chaussures. La fatigue les a quittés avec les premières gouttes ; maintenant ils sont plus souples, plus agiles, plus forts. Seulement, ils boivent beaucoup et ne cesse de mâcher du tabac. […]

Les semaines étaient longues, on peut essayer d’imaginer les matins, avant qu’ils ne s’encouragent en se demandant si c’est "hue" ? Ils devaient être éreintés, découragés, malheureux. Dans ce passage il est bien décrit qu’après les premières suées, la vigueur, tel un second souffle, revient, et comme des machines ils abattent un travail de titan… Plus loin il est décrit un dialogue qui aujourd’hui n’a pas changé finalement, sauf que parfois, de nos jours on se plaint d’aise en comparaison de cette période minière :

[…] Bah ! ils sont comme nous, bons ou mauvais, c’est le régime qui les rend injustes.
Quand le socialisme sera établi dans le monde, quand les ouvriers ne seront plus des choses mais des hommes, les chefs nous traiteront comme on doit traiter des hommes, et le travail deviendra presqu’un plaisir. […]

Mon Dieu… Rien n’a changé dans le discours… Mais voilà, l’homme est sans cesse en quête de mieux et de toujours plus ? Nos conditions de travail ont évoluées, la sécurité, le confort, les salaires… Mais le contexte ? C’est un large débat, je crois…
À l’époque, après le travail et la remontée, il y avait le cabaret.
« Le cabaret, c'était un sas entre deux enfers : celui, poisseux, de la mine et l'autre, misérable, du foyer » (Victor Regnart, le buveur de bière à la grosse moustache). Voici comment le décrit Malva :

[…] Tu vas sans doute trouver ça drôle, dit-il. Je bois, je bois par chagrin et par plaisir, je bois parce que je suis à la fois heureux et malheureux. Tu ne comprends pas, hein[…]

L’alcool, la bière c’était certainement leur seule évasion mais qui ruinait aussi leur santé… C’est aussi là qu’on se défoulait, qu’on tapait sur les politiciens, les décideurs, mais c’est aussi là qu’on s’épanchait, telle la bière dans leurs gosiers asséchés :

[…] Je vais tout te raconter, c’est bon cela, de raconter, cela soulage. Je ne sais rien garder pour moi, j’ai la langue bien pendue. Quand je souffre, il faut que je clame ma douleur, que je montre mes plaies à tout le monde. Ce n’est pas beau, mais ça fait du bien. […]

Ce petit livre et la découverte de Malva, cet homme qui n’obtint pas son diplôme de primaire (comme moi), m’a touché, impressionné et je suis bien heureux de découvrir cet auteur presqu’oublié, car c’est ainsi qu’on n’oubliera pas, je vais m’atteler, moi, et d’autres comme ceux cités plus haut, à le citer dès que l’occasion se présentera. Je terminerai cette longue chronique, mais cela en valait la peine, par ce passage qui clôt une journée de mineur à l’époque :

[…] Que je suis heureux de revoir ma femme, mes livres, mon intérieur, jusqu’au chat qui s’arrête de dormir pour me regarder.
S’éveiller après un terrible cauchemar, revenir à la vie quand on s’est vu mort, quelle délicieuse chose ! […]

mercredi 27 novembre 2019

La Seine soupire… Par Vincent Vallée





La Seine soupire…

La Seine n’entend pas, ne parle pas, elle est là et respire, emporte tout et s’étire…

Y a deux gamins qui sont assis sur un muret de Paris
Sur le bord de la Seine, là où la ville se noie sans peine
Il est six heures et doucement s’éteint l’astre qui rit
Ils se racontent des histoires, les yeux noyés dans la Seine

La Seine n’entend pas, ne parle pas, elle est là et respire, emporte tout parfois pire…

Et pour toi Félix, la vie dis-moi, c'est quoi dit le cadet
Jouer aux billes, manger des glaces et puis voilà, raisonne le grand
Moi j'aime les glaces mais j’aime pas trop les billes, suis pas doué
Je préfère mille fois le nougat, papa dit que c’est mauvais pour les dents

La Seine n’entend pas, ne parle pas, elle est là et respire, emporte tout et s’enivre…

Doucement coule l’eau devant ces deux petits bouts de vie qui discutent
Une Seine qui les entend roule devant eux et emporte avec elle des secrets enfantins
Noyés dans l’artère fluviale qui emporte tout sans lutte
Se fondent et coule, confessions, rêves, pensées et autres chagrins

La Seine n’entend pas, ne parle pas, elle est là et respire, emporte tout et soupire…                                                                                  ©Vincent Vallée

lundi 14 octobre 2019

Que de temps...






Que de vies futiles sont semées dans nos cimetières…
Que d’ennuis à ne pas vivre durant nos passages…
Pourquoi exister si c’est pour endurer, ne pas rêver…
Pourquoi sourire à un destin qui n’aura jamais d’âge…

Que des mots aurais-je entendu, pas compris…
Que des moments aurais-je encore laissé tomber…
Pourquoi parler dès lors que tout est tracé, dis-moi…
Pourquoi ne pas utiliser ce qui nous est donné, dit, confié, crié, et à notre portée…

Que des gens, des badauds errants une vie durant, oh ! Tellement…
Que de temps passé, perdu, enfui et ensuite… Ensuite…
Pourquoi ne pas se regarder, s’aimer, se détester et tomber dans les bras d’un ami…
Pourquoi laisser courir devant son frère, son confident, notre vie et laisser tout s’écrouler…

Que de temps perdu à ne pas vivre, à endurer, que des vies semées dans ces champs de croix, que des vies semées au gré du temps qui au fond, n’ont pas été vécues… que de vies… que de vies…

lundi 30 septembre 2019

Dans l’ombre des terrils, vivait Jeanine de Albert Sottiaux par Vincent Vallée.


Dans l’ombre des terrils, vivait Jeanine




Un roman bien de chez nous, une vie, des vies, des histoires, des vécus, des non-dits… Mais encore ?

Eh bien, ce roman d’Albert Sottiaux nous emporte, mais où donc ? Dans une vie bien de chez nous, une vie simple mais parfois si compliquée. Les terrils sont immenses certes, mais si petits face aux coups bas et autres déboires que peuvent se faire les mêmes membres d’une famille. Il y a bien des valeurs mises en avant dans cette biographie, le travail, le courage, l’amitié, l’amour maternel, l’adoption de cœur… Et encore tant… Je ne rentrerai pas dans les détails il y en a tant, mais les découvrir vous fera chaud au cœur, vous rappellera des moments personnels.

Le charbonnage chez nous en Belgique fut une solution pour vivre dignement, ce ne fut pas facile tous les jours, ce roman va vous le démontrer mais la dignité des hommes et des femmes d’alors, prenait toujours le pas sur le défaitisme et le découragement. Il fallait travailler, rapporter des sous, c’était indispensable et c’était logique.

C’est l’histoire profonde de Jeanine, la maman de l’auteur que vous allez découvrir, une vie difficile, parfois rude et parfois tendre. Une force de caractère à toute épreuves, tenant bon, passant au-dessus des ennuis même si parfois, ce fut bien difficile. Jeanine a connu l’amour, les joies, les peines, les trahisons mais toujours est demeurée fidèle à sa progéniture, à son fils qui, au travers de ce roman, le lui rends si bien. Oui, c’est une histoire de chez nous, une histoire qui sent bon le café chaud du matin, la tarte du dimanche et les galettes des rois !

Il y a le deuil aussi, qui s’accompagne de dignité, propre aux caractères des filles et femmes de mineurs. Et puis cette relation mère-fils le temps passant, le temps courant… Une complicité hors normes comme ce grand garçon, fils de Jeanine !

« Tu sais Albert, les plus belles années de ma vie, c’est avec toi que je les ai passées… »

Cette phrase, cette confession prononcée par Jeanine à son grand fils est certainement la plus belle façon de résumer une vie à deux, issue d’une vie si riche et si compliquée dans sa simplicité.

Et puis quel que soit l’endroit où l’on va, quel que soit la vie que l’on mène, quel que soit l’âge que l’on a, il n’y a rien de plus rassurant et de plus beau que dire à la personne qui se coupe en quatre pour vous et qui a tant culpabilisé d’avoir du vous confier à des étrangers : 

Je suis bien ici…

Oui, je suis bien ici. Une phrase comme une chaude couverture lors d’un soir de pluie, dans une maison emplie de souvenirs et d’amour. Cette phrase, elle fait tout oublier de ce qui fut douloureux, oui tout. Je suis bien ici !

Ce roman, n’est pas un roman, c’est un bouleversement, une émotion, une leçon de vie. Non, je ne l’oublierais pas.


Merci Albert, merci Moka…





Pour vous procurer ce roman :


Soif de Amélie Nothomb par Vincent Vallée.


Soif de Amélie Nothomb






Ceux qui me connaissent savent que j’aime la plume d’Amélie Nothomb et puis aussi, sa personnalité un peu à part et souvent surprenante. Cette dame est cultivée et pourvue d’une mémoire incroyable, d’une plume étonnante. Elle nous a écrit des romans, toujours courts, chaque année depuis plus de 20 ans qui jamais ne laissent indifférent.

Celui-ci, on ne peut pas dire qu’il laisse indifférent non plus, ce serait même impossible qu’il nous laisse de marbre car soit il va nous glacer, soit nous laisser de marbre, soit nous refroidir….
Il y a une évidence, c’est que bon nombre de ses lecteurs qui sont chrétiens, vont être étonnés de découvrir un Jésus, car il ne s’agit que de lui tout au long de ce roman, un peu trop comment dire… moderne, décalé, sorti de son contexte historique. Employant des expressions tels que pour n’en citer qu’une lorsqu’Amélie évoque le passage des noces de Cana et en parlant de sa mère, Marie : Oui, ma mère était pompette, et ça lui allait bien.

Cette manière de faire parler Jésus, m’a dérangée tout au long du roman… pompette… il y a plus de 2000 ans, ne devait pas être une expression courante, mais si c’était la seule dans le roman qui est hors contexte, inappropriée, je ne serai pas ennuyé… J’aime à penser, moi qui suis pourtant croyant mais non pratiquant, que Jésus était un homme comme bien d’autres de son époque, banal, et certainement pas l'Apollon qu’on représente partout, de type Européen, aux yeux bleus et à la chevelure abondante, il avait un physique quelconque, c’est écrit, c’est décrit.

Amélie explique que le pourquoi de ce roman, c’est l’absurdité de la crucifixion. J’entends bien, et oui elle a raison car il y a des contradictions avec ce que les chrétiens appellent un acte d’amour. Mais cette approche, cette désacralisation de Jésus, cette façon de le décrire, moi, m’a beaucoup dérangé, ennuyé, parfois outré. On peut le présenter autrement, moins divin, moins prophète mais pas le ridiculiser. Car, à certain moment, il est ridiculisé par la façon dont Amélie le fait raisonner, penser, parler…

J’ai beaucoup hésité à écrire une chronique au sujet de ce dernier roman d’Amélie Nothomb, car je l’aime beaucoup, et j’ai lu tant de bons romans de sa plume, que je ne savais pas comment j’allais exprimer ma déception. Car après tout, on peut passer son tour, ne pas aimer un des romans d’un de ses auteurs de prédilection sans pour autant s’entendre dire qu’on n’est pas fidèle, ou qu’on est contradictoire. Car, pour le coup, Ce roman est contradictoire par rapport à l’idée que je me fais d’un personnage tel que Jésus. Et, je laisse de côté mes convictions pour dire ça. Car si je partais de mon point de vue de croyant, de chrétien, sur base de la Bible, je serais beaucoup plus critique envers l’approche d’Amélie. Beaucoup plus… Car écrire : En vérité, je vous le dis, tout clouté que je suis, un verre d’eau me ferait crever de jouissance… Il y a de quoi se poser de nombreuses questions, même en laissant de côté sa religion… Pourquoi avoir abordé Jésus de cette façon ? Voilà le mot qui m’est venu constamment lors de ma lecture : POURQUOI ?

Alors je vais conclure avec cette formule toute faite : À l’année prochaine Amélie.

lundi 2 septembre 2019

La rentrée... Par Vincent Vallée.









Je me souviens de l’odeur des crayons, des cahiers neufs et à recouvrir.
Cette cour immense, où certains étaient à l’aise tandis que d’autres semblaient tétanisés.
J’étais de ces derniers…

Il y avait cette angoisse de l’inconnu, de l’apprentissage, ce manque de confiance, cette insouciance absente, déjà…
Il y avait les instituteurs, froids pour beaucoup, l’air sévère pour d’autres et puis les originaux, mes préférés.

La cloche qui sonne, les rangs absents, car tous perdus lors d’une rentrée, et moi, perdu aussi.
Le chef d’école qui arrive avec ses feuilles et qui commence avec les plus petits en citant le nom de l’instituteur ou de l’institutrice et puis le nom de ses élèves, un premier rang se forme et ainsi de suite.

Alors que j’entrais en troisième année, mon nom fut prononcé parmi les derniers puisque le destin m’a offert ce suspens, inutile à mes yeux. Un instit est désigné, c’est un de ces originaux, il est arrivé le matin avec une « deux-chevaux » criblée d’hérissons blancs sur fond gris. Je suis soulagé, enfin… Mais quand même, j’ai encore peur.
Les rangs sont formés et toute l’année on nous alignera, nous fera prendre nos distances en tendant le bras ce qui valait parfois des blagues du style : j’appuie sur le bouton d’une des attaches de ton cartable… Me voilà bancal, marrant…

Les cours, les « prises de contact », et voilà une année qui commence, encore une, parmi tant d’autres encore à venir. Mes plus beaux souvenirs restent ces lectures silencieuses, parce que j’aime lire, parce que j’adore répondre aux questions traitant du texte, mais surtout parce que l’histoire me vend un voyage de dix minutes hors du temps, dans ce silence d’une classe, là je sais que je vais me débrouiller, avoir de beaux points, il est temps…
Mes pires souvenirs, ils sont nombreux, mais communs à beaucoup d’autres qui avaient comme moi des difficultés, mais les mathématiques… Ce cours m’a dégoûté de l’école, faisant tache d’encre sur le reste que du coup, j’ai aussi bâclé… Je sais aujourd’hui que c’est le caractère et l’éducation à la maison qui font la différence alors.

Aujourd’hui, je vois toutes ces photos d’enfants qui rentrent, sur lesquelles ils sourient ou font la tête et je me souviens, que moi aussi, je faisais la tête parce que, quelle que soit l’année, il y aurait toujours des maths, et que ce serait chaque fois plus difficile. Je manquais de courage et de persévérance, mais excepté mon instituteur, personne ne m’y encourageait…
L’école c’était les copains aussi, certains devenus des amis. L’école c’était les promenades au parc à saules avec un de ces instituteurs originaux, comme j’aimais ces promenades… L’école c’était les récrés, les parties de foot et les courses dans la cour. Mais aussi, les entorses, les chutes, les parties de billes dans les rigoles irrégulières ou les échanges d’autocollants Panini…

Mais surtout, pour moi, ce que je veux retenir de ces premières années, ce sont ces lectures, ces découvertes et puis ce livre, tenu par l’instituteur que j’idéalisais, cet objet précieux dans ses mains, cette couverture encerclée de petits nuages. Cette façon de nous lire un passage me faisait rêver, un livre c’était un voyage à mes yeux, un rêve narré, une aventure qui allait se poursuivre le lendemain. L’école, c’est là que tout se joue finalement, en bien comme en moins bien. L’école, c’est la base de tout ce qui viendra plus tard, c’est certain, car chaque fois nous y reviendrons, réellement ou en pensées, avec ces sentiments de nostalgie ou de regret. Moi je nourris les deux.

Note: Photo de ma troisième année Bis, nous devions être à l'année scolaire: 1986-1987 avec Mr Spinhayer

dimanche 1 septembre 2019

Le retour de Silas Jones de Tom Franklin par Vincent Vallée.






Le retour de Silas Jones

Ce roman est ma dernière lecture, je viens de fermer ce livre et comme pour tous ces livres qu'on aime on fait durer le plaisir, on traîne à tourner les dernières pages.
Il faut avouer que l'auteur a réuni deux thèmes qui me sont chers, à savoir, l'amitié et la ségrégation raciale aux USA. 

Un récit qui se déroule au Mississippi, terre de Tom Sawyer ! On entre dans ce roman par un drame, une intrusion dans la vie d'un homme qui semble solitaire et tourmenté. Étrangement, ce qui lui arrive ne le perturbe pas, cet homme qui lui tire dessus et qui est masqué, il le connait.
Nous allons faire pas mal de flashs-backs dans l'histoire de Larry mais aussi de Silas qui autrefois furent amis, on découvrira qu'ils étaient bien plus que des amis mais ne le savaient pas...

Silas est devenu policier, il est noir et Larry est un mécanicien qui ne reçoit jamais de visite, lui est blanc. Les deux hommes ne se parlent plus et tout porte à croire que Larry a un lourd passé derrière lui que seul Silas comprends alors que toute la ville le nie et le houspille et qu'il en détient même quelques secrets.

Larry est découvert baignant dans son sang, et Silas va tenter de comprendre ce qui est arrivé à celui qu'il nie comme tout le reste du village...
Une fille disparue des années plus tôt, une autre plus récemment, deux faits qui retombent sur les épaules de Larry et puis un jeune homme qui s'intéresse à Larry mais ne lui veut pas que du bien. Larry lui, y reconnait un ami, enfin un depuis toutes ces années.
Un roman très agréable à lire ou pour une fois c'est l'homme blanc qui est en difficulté et incriminé et l'homme noir qui va tenter de le sortir de l'enfer, pourquoi ? Au nom de l'amitié, qui même ancienne demeure vivante.

Je recommande vivement cette lecture qui a des allures d'intrigue à la "Stephen King".  D'ailleurs pour l'anecdote, Larry l'homme esseulé de ce roman, est un grand lecteur et fan de Stephen King.

L'auteur :

Tom Franklin:



mardi 6 août 2019

Aquarium de David Vann par Vincent vallée

Aquarium







Influencé par une émission de télé, j'y ai entendu parler de ce roman comme étant écrit par un des meilleurs écrivains actuels: David Vann.
Voilà donc un roman qui nous raconte l'histoire de Caitlin et de sa mère. Deux américaines, une vie assez routinière et précaire pour la jeune femme, Sheri, qui pour subvenir à leur besoin exécute un travail ingrat, sale, physique et qu'elle n'a pas choisi...
Caitlin doit se lever aux aurores et attendre sa mère chaque soir, tard après l'école et pour combler l'attente, Caitlin passe des heures dans un centre-aquarium où de multiples espèces de poissons évoluent. Caitlin va d'ailleurs tout au long de ce récit faire des comparaisons avec ce qu'elle vit et la vie sous l'eau qu'elle admire tant. Un vieil homme à l'aquarium va devenir son ami et ce vieil homme n'est autre que son grand-père.
Un homme âgé qui se cache pour pouvoir voir sa petite fille à l'insu de sa mère. Sheri est donc la fille de l'homme âgé qui tient compagnie chaque soir à la petite Caitlin. Un homme qui, jadis, à abandonné sa fille à un triste et cruel sort, celui de sa femme mourante d'un cancer. Il a fui, laissant Sheri adolescente, seule avec sa mère mourante et sans le sou.
Quand Sheri va apprendre le retour de son père, sa tentative d'approche via Caitlin et sa résolution à tout faire pour se faire pardonner, tout va basculer.
C'est là que ce roman sombre si je puis-dire. D'une mère aimante, fatiguée certes, Sheri va devenir un monstre. Le passé ayant resurgi par ce retour paternel, l'amour de Caitlin pour ce grand-père retrouvé, va rendre folle Sheri, et c'est alors qu'elle va faire subir à sa fille, qui n'en démords pas, elle aime son papy, tout ce qu'elle a subi autrefois, quand ce bon et gentil papy les a laissées tomber elle, une gamine et sa mère à l'agonie. 
Ce roman est sensible, sur le fil, empreint de douceur et de cruauté. Plusieurs choses m'ont déplus néanmoins.
Je trouve que l'auteur pousse la cruauté de Sheri envers sa fille à l’extrême limite. Alors oui, on comprends que Sheri est à bout et qu'elle a subi l'enfer, mais quelle mère ferait subir ce qu'elle fait subir à son enfant dans ce récit ?
Ensuite il y a Shalini dont je n'ai pas encore parlé, une jeune fille, amie de Caitlin qui est en réalité sa petite amie. Je n'ai pas bien compris pourquoi évoquer l'homosexualité de Caitlin, ces passages légèrement érotiques entre deux gamines, même si à la fin du roman c'est le résultat d'un énième pétage de plombs de Sheri vis-à-vis de sa fille. Je ne comprends pas pourquoi l'auteur à choisi cet angle à son récit, c'est un peu hors sujet, inutile à mon sens. Excepté si c'était tiré d'une histoire vraie ce qui n'est pas le cas.
Ce roman est fort, et remue les tripes, mais un peu extrême, j'en garderai cependant un très bon souvenir de lecture, je crois. Pour conclure je dirai que l'auteur à une très belle plume, trempée dans un soupçon de violence un peu inutile à son talent mais cela n'en fait pas comme je l'ai entendu lors de cette émission de télé, un des auteurs incontournable de notre époque. Mais il est très bon c'est un fait. Chacun jugera.

David Vann:




samedi 13 juillet 2019

"Au fil de soi" de Patricia Duterne par Vincent Vallée





Avec ce roman, nous découvrons une pathologie la "Syllogomanie". Mais enfin, nous faisons surtout connaissance avec Olivia et son monde qu'on ne qualifiera pas de petit tant il est vaste et varié de par sa diversité et sa quantité matérielle.
La Syllogomanie donc, est une maladie qui s'exprime par un attachement démesuré aux objets, à tel point que si une tasse se casse, le malade peut éclater en sanglots ou déprimer des jours durant.

Ce que j'ai aimé dans ce petit roman, ce sont ses courts chapitres et les flashs-back d'Olivia retrouvée en crise sur le bord de la route. On découvre non seulement le monde vaste et compliqué de notre personnage en souffrance mais sa famille, sa fille, ses amis et puis son petit ami.

C'est à la campagne qu'Olivia va déménager pour rassembler et ses objets et ses idées, mais c'est aussi là qu'elle va subir sa pire crise, la plongeant dans une sorte de coma, de tétanie durant trois jours.
Trois jours durant lesquels sa famille va évoquer des solutions pour l'aider, mais aussi ce sera l'occasion pour la mère d'Olivia de parler de ces moments douloureux dû à cette pathologie qui a débuté alors qu'elle était toute petite. Il y a des évocations un peu dure parfois mais fidèles à la réalité de la maladie.
Patricia Duterne évoque avec fluidité et une douce légèreté son récit et nous tournons les pages assez rapidement. Patricia est éditée aux Éditions Acrodacrolivres, une maison simple, sérieuse, familiale et surtout, professionnelle.
La fin de ce roman, que je vous laisse découvrir est comme le titre : Sur le fil...

La maison d'Édition de Patricia Duterne : https://www.acrodacrolivres.com/

Le site pour découvrir l'auteure et son univers :https://www.leslivresdepatriciaduterne.be/


L'auteure :


mercredi 26 juin 2019

La crue de Amy Hassinger par Vincent Vallée




La crue

Je viens de terminer ce roman et je suis tiraillé entre plusieurs sentiments. En fermant le livre, j’avais envie de poursuivre. Pourquoi ?

Quand on tourne les premières pages, on fait connaissance de Rachel, de son mari et de son bébé Deirdre, qui vous le verrez au fil des pages, est très gourmande. On découvre une jeune femme mais aussi une jeune maman, perdue, fatiguée, lasse. Pourtant sollicitée malgré tout, par son père, inquiet pour Maddy la grand-mère de Rachel. Il craint pour sa santé et pour de mauvaises décisions qu’elle pourrait prendre étant en fin de vie et confuse. Peut-être mal entourée ?

Rachel est mise au pied du mur, culpabilisée, elle se sent poussée à rendre visite à sa grand-mère qui habite le Wisconsin, une ferme qui lui appartient depuis des années, une ferme familiale qui est bâtie sur les terres de la tribu amérindienne des Ojibwés. De plus, voilà plus de 8 ans qu’elle n’a pas rendu visite à sa mamy, elle culpabilise énormément, démesurément, mais aussi, elle a laissé là-bas, son premier grand amour : Joe. Le premier… on ne l’oublie jamais.

Ce roman me divise car il est long certes, ça peut paraître de trop, mais finalement tout est nécessaire à la compréhension de cette histoire familiale. Comme le barrage de Old Bend qui est construit depuis la tendre jeunesse de Maddy et qui, malgré les progrès humains, demeure sous surveillance permanente car les fortes pluies finissent toujours par avoir raison de l’homme et de sa machinerie.
En retrouvant Maddy, Rachel va fuir son mariage qui l’ennuie et l’Illinois. Mais aussi se rapprocher de l’homme qui a volé son cœur d’adolescente et qui a préféré la guerre en Irak que la fuite avec sa bien-aimée d’alors. Il reviendra de cette guerre, amoché. Le rejet de Rachel à l’époque aura le croit-il, détruit leur amour, mais en fait il n’était lui aussi, qu’amoché.

Auprès de Maddy, et ce, depuis des années, il y a Diane, mère de Joe, qui est son assistante de vie, sa dame de ménage et son amie. Cette ferme, cet endroit que Rachel redécouvrira après son retour, aimer tendrement, est aussi une partie de Diane puisque construite sur les terres de ses ancêtres. Maddy, confuse et vieille, sera sensible au sort des ancêtres de son amie Diane et trouvera que lui léguer la maison et les terres après sa mort, serait un juste retour des choses.

N’en disons pas plus, je vous invite à lire le roman, cependant, ce serait bien que le roman se poursuive, il y a encore tant de questions qui taraudent le lecteur en fermant ce roman…
Le roman est paru aux Éditions rue de l’échiquier fiction, son auteur est : Amy Hassinger.




vendredi 7 juin 2019

Dîner à Montréal  de Philippe Besson par Vincent Vallée.






Après « Arrête avec tes mensonges », et « Un certain Paul Darrigrand », Philippe Besson clôture une trilogie sentimentale même si, selon moi, c’est bien plus que ça.

En effet, Besson continue de mentir malgré les recommandations de sa mère. Si on connaît un peu l’auteur au travers de ses livres et autres interviews on sait tous que le mensonge c’est un des outils de l’écrivain. Mais tous les écrivains mentent, Besson lui aussi le fait, mais pour donner ce côté romanesque à son histoire ou pour brouiller les pistes, lui sait... Car après tout, c’est son intimité qu’il avait besoin de coucher sur le papier. En tant qu’écrivain, il est normal qu’il nous déforme un peu sa vérité, mais, dans les grandes lignes, dans la sincérité des sentiments, du vécu, rien ne nous est caché.

« Dîner à Montréal » est donc le dernier chapitre, le dernier plongeon dans ses souvenirs de jeunesse. Je lis souvent qu’on se retrouve dans ses récits, car, on a tous vécu des amourettes, qui vont plus loin que ça, plus loin qu’un flirt et qui sont plus sincères que ce que l’on vit depuis un mariage ou une union quelconque. Il ressort de ces amours fugaces, une nostalgie liée à la jeunesse des sentiments, mais aussi un souvenir vif, car le fruit de premiers émois. Et puis, pour beaucoup de lecteurs comme moi, encore plus d’attachement et de similitudes, car je me suis retrouvé chez Philippe, mais aussi chez Thomas et chez Paul…

La découverte de l’autre, l’attachement à une allure, une démarche, une mimique, un charisme. Sans oublier les odeurs, les sensations du toucher, la découverte d’un corps… Et puis, les sentiments si lourds de sens, si intenses, car nouveaux ou incontrôlables. Dans ce dernier roman au sujet de ses amours de jeunesse, il s’agit des retrouvailles avec l’une d’elles. Une sorte de mise au point après s’être retrouvé par hasard ? Lors d’une séance de dédicace. Un repas avec les conjoints respectifs, des regards, des allusions, et puis… Ces quelques moments de retrouvailles seul à seul quand les conjoints partent fumer, délibérément… Il veut savoir, Philippe veut savoir si Paul a souffert de leur rencontre, mais surtout de leur rupture, s’il a oublié tout de suite, s’il l’a réellement aimé aussi…

En lisant cette confrontation voulue, provoquée, d’avec des souvenirs amoureux, passionnels, il y a cette volonté de savoir bien entendu, mais aussi, cette évidence que rien ne pourrait reprendre là où on l’avait laissé. L’eau a coulé sous les ponts, on s’est éloigné, on a vécu, on a changé. Tenter de reprendre une histoire vieille de presque 20 ans serait une erreur et certainement impossible. La remettre sous la lumière pour comprendre certaines zones d’ombre par contre, c’est intéressant. Certes ça fera mal, ça ravivera les souvenirs qui parfois reviennent nous hanter depuis 20 ans et puis… On comprendra que l’un et l’autre on a souffert. Mais que l’un et l’autre on a survécu différemment à la rupture.

Philippe est touchant dans cette discussion autour d’un repas, car il se livre et analyse les réactions, les réponses. Il fait aussi son examen de conscience en quelque sorte. Paul lui, reste distant, mais se livre malgré tout. Il était marié, pour lui c’était encore plus difficile à gérer. Et puis, il a repris sa vie, il aime sa vie, mais… La perspective d’une autre reste une énigme. Philippe veut savoir si Paul a aimé d’autres garçons la réponse reste évasive. Ce qui est certain, c’est qu’il l’a aimé lui, Besson. Le repas se termine, chacun repart dans sa vie, les conjoints presque complices reprennent leurs mari ou amant à la garderie des sentiments enfouis. La table des sentiments déposés est nettoyée, l’analyse se termine.

Et puis, le soir, quand la nuit est tombée sur les amours vaincus, exorcisés le temps d’un repas, un SMS vient éclairer la chambre, Philippe le lit et il reçoit une dernière réponse à ses questions, touchante, inoubliable… que certainement quelques lecteurs aimeraient recevoir aussi.


Philippe Besson et moi à la Foire du livre de Bruxelles.




dimanche 2 juin 2019

Je veux me souvenir par Vincent Vallée





Il était une fois… Voilà comment débutent les belles histoires n’est-ce pas ?
Pour ma part, l’histoire dont je veux me souvenir ce soir, c’est l’histoire de ce jeune garçon qui lisait assis par terre dans une bibliothèque, des BD, des romans…
Je veux aussi me souvenir, même si ce fut dur alors, atroce même, de ce petit qui en l’espace d’une heure perd son unique repère, son pilier, son modèle, son premier spectateur… J’avais 8 ans, il était 16 h 45 et tu étais couché… Une heure avant j’étais sur tes genoux. Je veux me souvenir de ce grand dictionnaire que tu m’as donné Tintin, juste avant de partir là d’où on ne revient pas.

Car si je pouvais une heure seulement, te voir revenir, te tenir la main et te dire… non, te demander comment agir et réagir dans ce monde complètement fou, entendre tes réponses… Il y en a une que je connais déjà : Vincent… Tout ça a passé l’eau… Alors je serais apaisé et je te dirais combien, 34 ans plus tard tu comptes encore pour moi…
Je veux me souvenir de ces difficiles moments à l’école, ces échecs, ces difficultés, mais aussi ces craintes, ces chagrins et appréhensions chaque veille de jour d’école… chaque veille… Me souvenir de ma prof de première primaire qui me laisse seul pendant une récréation, moi plâtré, elle qui devait s’absenter… J’étais si horriblement seul. Ce jour-là, j’ai pris conscience que les adultes mentaient parfois aux enfants.

Je veux songer à mes efforts pour passer au-dessus de mes angoisses, de mes bobos imaginaires, et puis toi à qui j’ai fait tant de mal, tellement peur alors que j’étais en parfaite santé. Alors durant toutes ces années, j’ai loupé l’essentiel : L’école, apprendre, m’amuser…
Mais je veux pourtant me souvenir de ces quelques profs qui m’ont aidé, aimé même. Celui qui m’a pris dans ses bras pour rejoindre la classe chaque jour, car j’étais à nouveau dans le plâtre, chaque midi, chaque soir… C’est ce même prof qui a semé en moi la graine des mots. Mon Dieu comme je lui dois…

Je veux me rappeler de cet autre prof qui m’a annoncé que j’étais le seul à avoir raté mon examen cantonal. Il avait eu cette délicatesse, celle de m’isoler et de me dire que ce n’était pas un échec, mais qu’à partir de là j’allais me battre et surtout, que j’allais gagner. Alors monsieur… Je n’ai pas tout gagné non, mais ça vous le saviez n’est-ce pas, mais j’ai gagné beaucoup de bataille, contre moi, contre ça, contre eux…
Je veux me souvenir de ces histoires que j’écrivais, ces poèmes au marqueur de couleur, ces lettres d’amour que j’écrivais… Cette machine à écrire que j’ai apprivoisée pour « jouer à l’écrivain » je me suis pris au jeu. Je veux me souvenir de ce roman énorme qui me disait de le lire, que je regardais en me disant je ne sais pourquoi que je devais m’y plonger. Je l’ai fait… 3 fois.
Des pages entières, des carnets entiers, des fardes remplies, des mots d’amour, de haine, de chagrin puis des histoires comme « Le château de Cheron, Emeline la poupée oubliée, Mon ami Dicky », et puis dans ces histoires une dernière qui s’intitulait Le grand voyage… Mes petites histoires, mes premières tentatives.

Je veux me souvenir de mes débuts d’auteur, gauche, maladroit, berné par un pseudo éditeur français en 2010, puis un autre en 2012, puis un passage à vide… mais jamais je n’ai lâché ma plume, toujours j’ai travaillé à m’améliorer. Je me rappelle avoir persévéré, repris des cours à distance, et puis j’y ai cru, vraiment cru… Quelle déception ! Alors que je m’étais battu, tellement battu contre moi, je croyais y être arrivé car il me le disait: tu n’es plus ceci, cela, tu es un écrivain édité. Il(s) me le dir(ent)… Cet épisode m’a renvoyé à cette fois où mon institutrice m’a laissé seul dans cette grande classe...
Mais… Je veux me souvenir que je suis en train d’oublier et tant pis pour mes deux poètes… Je les abandonne, mais je me souviendrai que grâce à eux, uniquement eux, j’ai pu oublier une mauvaise rencontre de 2005, car en me reconnaissant en eux, j’ai pu obtenir un petit lectorat, une petite reconnaissance, j’ai un pied dans la porte entrouverte, grâce à eux je m'épanouis en écriture. Alors oui, tant pis je les abandonne réellement mais moi j’avance, parce que j’ai gagné. Mon pire ennemi, c’est moi. Aujourd’hui, et j’ai gagné une bataille contre lui.

« JE est un autre » pas vrai Arthur ?

Je veux me souvenir que tout ça, fait que je suis moi aujourd’hui, que je suis un auteur publié qui se bat chaque jour pour faire aboutir ses rêves, tant pis pour ceux qui se sont en-volés, la route est longue on y laisse parfois une roue, un pare-chocs et alors ? Seul mais fier, seul mais conforté par mon choix, seul mais je peux me regarder en face et comprendre que je fais des erreurs, je me conduis mal parfois, je suis têtu, provocant. Cependant, au-delà de ça, je suis fier de ce que je suis devenu, malgré tout et en dépit de tous ces souvenirs pénibles ou tendres, difficiles ou angoissants.

Aujourd’hui je cherche ce petit garçon assis sur les épaules de son grand-père qui respire l’odeur du fumier de la ferme et qui dit à celui-ci :

— On va s’enfoncer dans la boue, y’en a trop Tintin, on voit plus tes pieds !
— Mais non Vincent, avec moi tu ne crains rien, et puis à deux on est les plus forts !

J’ai souri mais il ne l’a pas vu. Aujourd’hui je souris encore Tintin, parce que tu es là, invisible mais présent et tu veilles sur moi.
J’oublie tout ça et à nouveau je grimpe sur tes épaules pour ne plus m’enfoncer… Oui, à deux on est les plus forts !

lundi 27 mai 2019

L’Hôtel Littéraire Arthur Rimbaud. Par Vincent Vallée.





Après avoir écrit au sujet de Verlaine et Rimbaud, j’ai découvert la naissance d’un hôtel dédié à Arthur Rimbaud, situé dans le dixième arrondissement de Paris : L’Hôtel Littéraire Arthur Rimbaud.



Que dire si ce n’est que, étant donné que j’écris en ce moment au sujet du jeune poète ce fut évident pour moi de me rendre dans cet hôtel pour le découvrir et me plonger dans une ambiance purement rimbaldienne.
Arrivé à Paris, je suis monté dans le métro, un homme jouait de la trompette, j’étais dans l’ambiance parisienne. Arrivé devant la façade de L’Hôtel Littéraire Arthur Rimbaud, j’ai avant toute chose regardé la façade qui ma foi est simple et classe. L’essentiel, on sait qu’on est arrivé à l’hôtel qui lui est consacré.


L’accueil fut agréable, chaleureux et première surprise : Des livres, des recueils, des copies de lettres de l’homme aux semelles de vent. Un hall chaleureux tout comme notre prise en charge.
Petite attention propre à ma réservation, étant donné que je suis belge, on me confie la chambre qui porte le nom : Bruxelles. C’est peu de choses, mais c’est une preuve d’attention et de souci de bien faire.
La chambre est étonnante ! Moderne et chic, un lit bien fait et garni d’un dessus-de-lit au nom d’Arthur Rimbaud. Un petit bureau, une machine à café (c’est important pour moi) une armoire garnie de la célèbre photo prise par Carjat du jeune éphèbe. Mais aussi une salle de bain modeste, mais pratique et moderne, tout y est dont des échantillons aux saveurs de miel, j’adore ça ! 




Il faut noter une anecdote, sur internet je lis, une fois installé sur le lit confortable en plus d’être bien fait, qu’un homme de passage à l’Hôtel littéraire se plaint de la chambre qu’il a eue, car sous les combles. Les poutres et le plafond incliné l’auraient gêné. C’est donc quelqu’un qui ne connaît pas bien le poète, en effet, Arthur Rimbaud, une fois arrivé à Paris pour commencer son aventure avec Paul Verlaine, va régulièrement dormir sous des combles avec vue sur les toits parisiens. Quelle belle immersion selon-moi, j’avais une chambre de ce style et j’ai adoré ce petit point commun. Arthur disait :

 Le rêve maternel, c’est le tiède tapis,
C’est le nid cotonneux où les enfants tapis,
Comme de beaux oiseaux que balancent les branches,
Dorment leur doux sommeil plein de visions blanches ! ...

J’ai pu poursuivre l’écriture de mon tapuscrit au sujet de Rimbaud dans une ambiance où je n’aurais pas pu être distrait ou sorti du contexte et puis j’ai aussi pu me délecter d’un petit-déjeuner parfait, bien préparé, bien garni et géré par une jeune dame souriante et soucieuse du travail bien fait. 


Depuis ma table, une vue sur la jolie bibliothèque Rimbaldienne, sur quelques cadres qui reprennent lettres et autres dessins du poète. Un buffet garni de viennoiseries me rappelle ces quelques vers de Rimbaud :

C’est un large buffet sculpté ; le chêne sombre,
Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens ;
Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre
Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants...

Avant de m’en aller, j’ai pu offrir mon roman au sujet de Verlaine et Rimbaud à la sympathique directrice, ce cadeau me semblait évident.


Pour conclure, si vous désirez une chambre à Paris située à proximité de tous les moyens faciles pour parcourir la capitale, confortable et classe et qui plus est vous plonge dans la littérature et en particulier la poésie, une seule adresse :
L’Hôtel Littéraire Arthur Rimbaud, 6 rue Gustave Goublier
75010 Paris.

samedi 25 mai 2019

Écrire, Éditer = Sincérité, Liberté par Vincent Vallée





Écrire, Éditer = Sincérité, Liberté

Parfois, du haut de ma petite expérience d’auteur autoédité je lis et je vois aussi, des comportements qui m’indignent.
Je veux parler du monde dans lequel j’évolue en tant que petit auteur régional. Avant de décrier certain(es) auteurs/éditeurs je veux dire tout le bien des autres, les mêmes, mais sincères eux.

Citons-les dans l’ordre : les auteurs autoédités et les édités de notre petite Belgique et d’ailleurs. Ceux qui sont plus ou moins connus, mais qui, on s’entend, ne sont pas des Levy, Schmitt et autres (que je ne dénigre pas attention). Ceux dont je veux dire du bien, ce sont ceux qui m’ont motivé, donné envie de poursuivre, guidé pour certains. Ceux-là, ces auteur(es) ont en eux cette soif de partager, de conseiller. Et puis surtout, ce besoin d’écrire. Un vécu, une romance ou encore exploiter un style bien à eux. Que ce soit du Fantasy, du Thriller, de l’historique et autres peu importe, tous m’ont donné beaucoup. Certes ils ne sont pas nombreux, mais ils sont là et ça rassure. Ces auteurs se fichent pas mal de votre talent ou de votre vie, encore plus de ce que vous ferez de leurs conseils, ils donnent, parce que pour eux c’est un juste retour des choses. Ils sont passés par là. Beaucoup ont déchanté… Et fort heureusement, ils ne sont pas nombreux, mais tout de même plus nombreux que ceux qui m’ont déçu fait peur parfois.

Ces auteurs sont comme moi, des « apprentis auteurs » ils s’essaient, ils tâtent le terrain, ils écrivent et parfois de manière gauche et mauvaise. Alors en soi ce n’est pas grave d’écrire de travers, si on l’admet et qu’on se remet en question, car c’est ainsi qu’on avance qu’on se corrige. Comprenez-moi bien car je n’accepte pas les remarques méchantes et autres affronts concernant l’effort d’écrire, ceux qui jouent à ça ne doivent pas être cités ici, ils n’y sont d’ailleurs pas à leur place parce que je suis sérieux avec cet article. J’accepte tout au plus de les croiser aux urinoirs et encore… Pour en revenir à ces auteur(es) qui m’ont déçu, voire fait peur. Ce que je veux dénoncer c’est leur ignorance, leur manque d’humilité, leur prétention à être ce qu’ils ne sont pas. Écrire c’est toute une affaire, et certainement que dans cet article vous trouverez des erreurs, de mauvaises formulations, une ponctuation bancale oui oui ! Mais ce que vous devez savoir, c’est que j’en suis conscient et qu’en plus ça me conforte ! Pourquoi ? Parce que ça prouve une chose : Je ne suis arrivé qu’à un certain stade du chemin, du parcours d’auteur, romancier. J’ai beaucoup à apprendre encore, et j’en suis heureux. Ce qu’il faut savoir encore, et c’est pour moi le plus surprenant, c’est que parmi ces auteurs peu humbles, il y a des journalistes, des professeurs, des auteurs édités, des éditeurs oui oui je vous assure ! Vous allez me répondre que je suis encore bancale comme auteur et que je suis pourtant édité. Mais non, car éditer un auteur c’est quoi ?

C’est là que j’en viens à ces éditeurs rencontrés depuis… 2009 et qui m’ont fait bonne impression ! Là on entre dans un autre domaine : L’édition. Qu’est-ce que c’est un éditeur ? Je me permets de vous confier mon point de vue si vous le voulez bien.
Un éditeur, si petit soit-il dans sa démarche, c’est avant tout un auteur, car selon-moi il faut savoir de quoi on parle quand on se lance dans l’édition, il faut comprendre les auteurs, avoir ressenti ce qu’ils vont ressentir après avoir confié un manuscrit. Il faut aussi, avoir le souci de faire ce job sérieusement et modestement, pas à pas. Pour éditer, il faut avoir le sens de la famille, car un éditeur ce n’est pas le père du roman qu’il édite, ni le frère, ni le porteur, c’est le parrain. Le parrain d’un enfant, dans notre cas, un enfant de papier. L'éditeur c’est celui qui va garantir la pérennité de l'écrit, décharger le père de celui-ci, de toute une foule de choses qui sont fastidieuses, compliquées à gérer, des exemples : La correction orthographique, grammaticale, etc. la mise en page, la construction du livre (impression, mise au format PDF, les démarches administratives comme l’ISBN et autres mention légales) Ensuite, éditer c’est dénicher des séances de dédicaces, envoyer des dossiers presse (que l’auteur peut réaliser lui-même quand même, faut pas exagérer), aux réseaux des médias tels que les journaux, les télés locales, car l’éditeur, quand il se lance, doit s’être constitué un petit carnet d’adresses. Il doit aussi encourager, en mettant un peu la main à la poche en offrant les marque-pages et autres flyers, s’il a un bon imprimeur il peut se les procurer gratuitement, car, une bonne relation de travail apporte des cadeaux qui l’entretienne, CQFD… Voilà pourquoi je considère ne pas être édité, je n'ai encore rien connu de tout ce que je vous explique ci-dessus.

Mais encore, un éditeur, modeste, se doit d’être honnête, il est, n'oublions pas, le parrain, il aide des romans à faire leurs premiers pas, mais, si le père du bébé de papier, l’ouvrage, trouve mieux ailleurs et que celui-ci demande à récupérer ses droits afin d’aller plus loin, et ce dans un respect mutuel, alors il faut lui rendre sa liberté l’ouvrage a trouvé un parrain avec plus d’expérience, plus de moyens peut-être, tout ceci dans le respect des contrats signés, il peut évoluer et c'est tout à l'honneur de son premier éditeur de le laisser voler vers d'autres horizons, de le revendiquer même !Les contrats disions-nous, parlons-en, ils doivent être simples et concrets, lisibles aussi ! Et surtout, pareils pour tous les auteurs de la même maison, excepté quelques détails techniques attenants à l’ouvrage en question. Un éditeur à compte d’auteur ou à compte participatif c’est tout à fait honorable aussi, je tenais à le dire, à condition d’être encore plus respectueux et honnête que celui qui prend tout à sa charge. Demander à ses auteurs d’acheter leurs exemplaires dans un cadre participatif afin d’être viable et d’aider la jeune maison à démarrer c’est tout à fait honorable et compréhensible, si c'est clair dès le départ, avant la signature du contrat. Ce qui l’est moins, c’est par exemple, de faire des contrats différents à ses auteurs, à l’un on octroie 40 % à l’autre parce qu’il vendra plus et qu’on le sait, on n’octroie que 20 % ou 30… et selon les quantités commandées c’est régressif.

En somme, des éditeurs modestes j’en connais bien plus que d’autres, ceux qui font peur, heureusement. Ceux-là, on les connaît à peine, parfois on ne sait même pas qu’ils éditent… Pourquoi ? Parce qu’ils ont compris qu’un éditeur est derrière ses auteurs, occupé à les pousser des deux mains, et des deux pieds, appelant à droite et à gauche tous les moyens (honnêtes) qui passent, afin qu’ils soient mis en lumière. Un éditeur ne se sert JAMAIS de ses auteurs pour prendre de la hauteur ou se faire du pognon, JAMAIS ! J’ai vu des éditeurs en pleurs parce qu’ils avaient mis tant et tant d’heures à concevoir un événement, à se battre pour leur passion, la littérature. Malheureusement les livres ne se vendant pas comme des paquets de frites on ne parvient pas toujours à attirer le public qu’on mérite, qu'on espère. Ces éditeurs ont tout mon respect.

Puisqu’on parle de respect, j’en reviens aux éditeurs véreux, ceux qui sont vénaux, qui pensent « pognon, lumières et projecteurs » sous tous les angles, ceux qui font des contrats bidons qui disent tout et son contraire, ceux qui proposent des contrats où la mention «  l’auteur se doit de… » est bien plus présente que « l’éditeur s’engage à… » ceux qui, comme je le disais plus haut, font des contrats en fonction des chevaux de leur écurie, car des éditeurs qui passent de 8 auteurs disons, à 30 et même plus, en à peine 2 ans voire moins, ce n’est pas sérieux. Éditer c’est un métier, mais avant tout une passion, un don de soi. Certes ils ne sont pas là pour perdre des plumes, alors quand ça débute, il y a le compte participatif honnête qui peut aider, et puis la sagesse d’y aller pas à pas en étant conscient que les auteurs sont avec le capitaine, dans le même bateau. Et là, je veux citer une maison d’édition, ce sera la seule et afin de lui rendre hommage. Cette maison ferme ses portes, les portes d’une maison qui s’est construit brique après brique en 30 ans !

Les éditions Luce Wilquin. Pour résumer ce qu’était cette maison, je cite ce passage pris d’un article[1] qui lui est consacré sur le site « ActuaLitté » :

Luce Wilquin précise que 340 de ces 500 ouvrages sont le fait de 90 auteurs francophones — Belges et autres — « récidivistes » fidélisés par l’enseigne jusqu’à y signer 16 romans comme c’est le cas de Françoise Houdart, Prix triennal Charles Plisnier pour Les profonds chemins.

500 ouvrages en 30 ans ! 90 Auteurs seulement ! Ce qui fait une moyenne de 16 livres par an en MOYENNE ! Quand d’autres en publient 32 ou plus en une grosse année ?… Voilà l’exemple à suivre: Ed. Luce Wilquin, une maison modeste, sérieuse, qui a misé sur ses auteur(es) qui le lui ont bien rendu du fait de leur fidélité.
Et puis, ces éditeurs véreux m’ont fait peur tant par leur agressivité, que par leur ignorance du métier, leur incompétence à… À mettre en page, à corriger, à diffuser, à partager, à faire plaisir, à expliquer, à avouer ses maladresses, à respecter ses auteurs, à se faire petit !

Souvent ces éditeurs sont partout, on n’entend qu’eux, ils vont tout réaliser, créer de nouvelles choses, innover, s’associer à… ouvrir et lancer ceci et cela… Ils vont plus loin encore, ils trouvent des auteurs que j’appelle moi des « petits cochons avec une fente dans le dos ». Ceux-là sont encore plus niais de ne pas se renseigner sur ces beaux parleurs ! Beaucoup de celles et ceux qui lisent cet article se reconnaîtront en tant qu’éditeur honnête ou malhonnête. Ces derniers, les malhonnêtes, ne se l’avoueront jamais certes. Beaucoup se reconnaîtront aussi parmi les auteur(es) imbus, prétentieux et qui prétendent qu’on naît Écrivain, qu’il n’y a pas besoin de travailler. Et puis les autres, trouveront dans ces lignes des points communs avec leur propre expérience, les mauvaises rencontres, les escroqueries, mais qui jamais n’ont entaché leur passion pour l’écriture, le plus dur étant de se relever d’une arnaque doublée d’une trahison !
Je conclurai ce long article en écrivant que le travail d’un auteur, c’est un amusement, c’est le plaisir d’effectuer des recherches, de plonger dans un dictionnaire, de fouiner dans les livres et sur internet pour trouver des infos qui aideront à la construction d’un roman, le leur. Je me suis souvent demandé quelle était la différence entre un auteur et un écrivain… Mon bon vieux prof de l’école primaire m’a donné la réponse :

Un auteur c’est, mettons, un ex-alcoolique qui ressent le besoin de coucher sur le papier son vécu, de le partager, toutes ses autres tentatives d’écriture resteront banales. Un écrivain par contre, c’est quelqu’un qui au bout du compte donne naissance à une œuvre, on trouve un lien, un fil conducteur entre ses ouvrages, une popularité croissante, même si elle demeure modeste. Rimbaud fut-il connu et réputé de son vivant ?

Vive les mots et ceux qui les écrivent avec passion, vive le livre qui existe grâce entre autres, à des éditeurs honnêtes, qui se veulent parrain le temps d’une vie, car comme le disait Verlaine : 

Va mon livre, là où le hasard te mène…

©Vincent Vallée



[1] https://www.actualitte.com/article/monde-edition/fermeture-de-la-maison-d-edition-belge-luce-wilquin/92429