dimanche 8 décembre 2024

Un vertige...

 




Un vertige… Oui, tu es un vertige, ce genre de flèche qui transperce l’instant, trop tôt pour toi, trop tard pour moi.
J’ai basculé, emprunté le saut dans l’inconnu, et dans ce tumulte, je revois tes lèvres. Tes mots résonnent encore en moi, comme une raison troublée par une mélodie insaisissable.
Tu m’as été offert, tendu tel un piège délicat… J’ai goûté à l’inaccessible, effleuré ta peau fine et sensible, inhalant l’essence de l’amour et du désir. Tu m’as donné de toi, soufflant dans mes cheveux comme des vents contraires, ces souffles de vie qui éveillent l’âme.
Oh tentation, je t’ai goûtée, je t’ai dévoré mon démon envoûtant.
Tu as fait de même, pénétrant ce qui devait demeurer secret...
Je ne t’ai pas choisi, je ne t’ai pas cherché ; ta présence est rare parmi les nôtres, et pourtant, j'ai eu le privilège de te vivre. J'ai touché ton secret, ton âme, et puis ton cœur.
Et toi, tu as touché le mien.
Le temps a filé, ne laissant que le souvenir, et c’est peut-être mieux ainsi.

Non… C’est mieux ainsi.

C’est ainsi…


Vincent Vallée

mardi 26 novembre 2024

Jacaranda de Gaël Faye par Vincent Vallée

 



Le Jacaranda est un arbre tropical aux fleurs bleues, refuge d'une petite fille prénommée Stella. Dans le roman de Gaël Faye, Stella partage l'histoire de ses ancêtres.

Milan, un jeune métisse français, va explorer le passé de sa mère grâce à l'arrivée de Claude, un garçon blessé à la tête et traumatisé, qui ne parle plus et se renferme sur lui-même. Milan, ayant toujours rêvé d'avoir un frère, voit son souhait se réaliser, mais...

Claude est lié à l'histoire de la mère de Milan. Petit à petit, ce passé se dévoilera à lui. Le Rwanda, qui sort d’un génocide interne, panse ses blessures. La mère de Milan a toujours gardé le silence sur son passé, mais l'arrivée de Claude éveillera sa curiosité.

Claude ne sera qu'une étape dans la vie de Milan, mais il reviendra plus tard pour ne plus en sortir. De même, le Rwanda imprégnera chaque moment de la vie de Milan, qui découvrira seul, sans sa mère restée réservée, un pays meurtri, une grand-mère digne et fière, des amis, et puis Claude, qui, après un départ, reviendra avec son histoire. Une histoire en lien avec celle de Milan, sans qu'il le sache.

Ce roman est beau et se lit rapidement, tant il est captivant. Il traite des conséquences du génocide et présente le Rwanda d'après-guerre.

En lisant, j'ai appris qu'il avait reçu le prix Renaudot. J'ai souvent mentionné dans mes chroniques que ces distinctions reflètent l'opinion d'un petit groupe de lecteurs, alors qu'un livre est lu par des milliers de personnes. À mes yeux, ce sont ces lecteurs qui devraient juger. Bien que j'aie aimé ce roman, je ne lui attribuerais pas de prix. Pour moi, ce sera une chronique positive et un sentiment de gratitude envers l'auteur, qui m'a offert un moment d'évasion et d'apprentissage sur ce magnifique pays qu'est le Rwanda.





mercredi 30 octobre 2024

L'invention d'un visage de Mathieu Laca par Vincent Vallée

 



Dans son premier roman captivant, "L'invention d'un visage", Mathieu Laca nous invite à explorer les méandres de l'identité et de la perception à travers les yeux d'Antoine, un jeune homme dont la vie bascule à la suite d’un accident de voiture. Cette tragédie le laisse avec un étrange héritage : la prosopagnosie, un trouble neurologique qui l’empêche de reconnaître les visages. Ce défi le propulse dans une quête artistique et introspective, marquée par la nécessité de reconstruire des liens avec le monde qui l’entoure.


Antoine, étudiant en arts visuels, se tourne vers la création de portraits dans l’espoir de surmonter son handicap. Ce projet devient alors un moyen de redécouvrir non seulement les autres, mais également lui-même. À mesure qu’il peint, il commence à tisser des récits de vie, cherchant à capturer l’essence de ceux qu’il ne peut reconnaître. Laca réussit à donner vie à cette démarche à travers une prose riche et évocatrice, qui souligne la profondeur émotionnelle de chaque rencontre.


L'auteur, déjà reconnu pour son talent pictural, ne se limite pas à une simple narration réaliste. Il infuse son récit d’éléments historiques, fantastiques, romantiques et même érotiques, qui viennent étoffer le parcours d’Antoine sans jamais altérer la force de son message. Ces envolées, loin d’être des distractions, enrichissent le texte en offrant des perspectives nouvelles sur l’art et son pouvoir de transformation. La peinture se révèle ainsi être un langage universel qui transcende les maux et les incompréhensions.


L’écriture de Laca est parsemée de symboles puissants et d’images frappantes, créant un univers où chaque mot résonne avec une intensité particulière. Les échos et les mises en abyme qu’il évoque nous rappellent que l'identité humaine est complexe et mouvante, tout comme l’art, qui sert de miroir à nos profondeurs. En explorant le thème de la reconnaissance, le roman soulève des questions essentielles sur l’acceptation de soi et des autres.


En définitive, "L'invention d'un visage" est bien plus qu’un simple récit sur un jeune homme en quête de sens. C’est un hommage poignant à la résilience de l’esprit humain et à la capacité de l’art à guérir les blessures invisibles. Mathieu Laca, avec sa plume lyrique et fertile, nous rappelle que même dans les moments les plus sombres, l’art peut être une lumière salvatrice.


Une œuvre incontournable pour quiconque s’interroge sur le lien profond entre la création artistique et notre humanité, "L'invention d'un visage" se révèle être une lecture touchante et mémorable, laissant une empreinte durable dans l’esprit du lecteur.


Pour vous procurer le roman :


L'invention d'un visage

lundi 2 septembre 2024

La traversée des temps - Paradis perdus de Eric - Emmanuel Schmitt par Vincent Vallée


J'aime la littérature de Eric-Emmanuel Schmitt, je l'avais découvert au travers de "Odette tout le monde" puis "Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran", "La rêveuse d'Ostende"... J'ai pu découvrir un grand écrivain. 
Depuis quelques temps maintenant, j'entend parler d'une grande saga, un défi, une œuvre titanesque qui se construit dans l'esprit de l'écrivain depuis des décennies. 
Il s'agit de raconter l'histoire de l'Humanité sous forme d'un roman.

Quand j'ai vu les premiers tomes arriver je me suis dit : OUF! Forcément c'est de la brique. Mais je me suis laissé tenter malgré tout car je n'ai jamais été déçu par Schmitt.

Le premier tome "Paradis perdus" nous plonge dans l'ère préhistorique. On fait connaissance de Noam qui grandit dans un village lacustre, encerclé d'une faune et d'une flore qui frise le paradisiaque. Plongés 8000 ans en arrière, cette ère néolithique nous est narrée avec moults détails par l'auteur au travers de Noam
Noam est un personnage attachant, captivant. Il est le fils de Panoam, le chef du village qui se trouve  au bord du lac. Schmitt a une faculté prodigieuse dans ce premier tome: Il rend chaque personnage attachant, on les imagine très bien, on les distingue, on les reconnait et ils nous sont rapidement familier.

Le village nous est décrit mais les us et coutumes de l'époque mêlés au récit, font de cette histoire une épopée qui, ne faisant que commencer, donne envie d'aller plus loin.

J'ai lu que certains l'avaient lu en 4 jours tant ils étaient happés par l'histoire au travers de l'Histoire. C'est là toute la magie de l'œuvre imaginée par Schmitt, nous raconter l'Histoire au travers d'un récit, d'un roman avec pour personnage central Noam, qui s'avèrera être Noé, le Noé biblique qui sauvera l'espèce humaine, selon la Bible, lors d'un déluge.

Ce déluge nous est raconté dans le roman bien entendu. Je dois avouer que j'ai particulièrement aimé cette lecture car, j'ai eu la sensation de lire un roman de Jules Verne, rien que ça... 
C'est imaginatif, anticipatif mais à rebours contrairement à Verne. C'est imagé, bien raconté et les personnages sont attachants, inoubliables. Panoam, le chef du village mais aussi la mère de Noam qui prendra de plus en plus de place quand Noam découvrira le robuste Barak, son oncle tant aimé. Il y aura aussi Noura, le grand amour de Noam, mais aussi Tita, sans oublier Mina.
Mina qui sera bien plus que de passage dans la vie de Noam. Un moineau le lui rappellera, ce petit moineau qui remplace la fameuse colombe de la Bible. Vous verrez (lirez)...

Je me suis déjà plongé dans le tome deux bien entendu, et allez savoir pourquoi, je n'ai eu aucun mal à entamer la lecture tant c'est prenant, tant nous avons la sensation de revenir au creux des vies, aux côtés de Noam.
Noam ce jeune homme, cet homme, ce vieillard qui en réalité, ne vieillit jamais, et c'est là l'aspect "fantastique" du roman, l'imaginaire de Schmitt est si bon, si fort que l'on ne sombre pas dans le "fantasy" ou l'irrationnel. Non, on demeure les pieds sur terre et les pages se dévorent les unes après les autres.
J'ai hâte de vous chroniquer le second tome. 



vendredi 30 août 2024

L'impossible retour de Amélie Nothomb par Vincent Vallée

 



"Tout départ est une aberration,. Je pense être placée pour le savoir, j'ai passé ma vie à partir.... J'ai contracté une allergie aux départs".

Voici les quelques premiers mots de ce dernier roman d'Amélie Nothomb. Roman que j'ai emmené avec moi au Portugal. J'aime partir, mais j'ai toujours du mal à le faire et m'y préparer m'angoisse. Donc ces premiers mots, sentiments de l'auteure, ont raisonnés chez moi.

Je me souviens du reportage au sujet d'Amélie lors d'un retour au Japon et de ses souvenirs qui revenaient au fur et à mesure. Amélie ne parlait plus beaucoup la langue. Dans ce dernier roman, elle écrit : Le japonais est ma langue fantôme.

Cette fois, il s'agit également d'un retour au Japon qu'Amélie nous raconte. Un retour avec une de ses meilleurs amies, Pep, photographe qui a gagné un voyage vers la terre bénie de notre auteure. Mais pour s'y rendre, Pep, demande à Amélie de l'accompagner. Le départ est appréhendé par Amélie, et si elle n'arrivait pas à guider Pep, elle sait son amie exigeante. Nous lirons plus loin que c'est peu dire et, que c'est pire que ça...

Lors de ma lecture j'ai apprécié le voyage au travers des yeux d'Amélie, son respect des traditions, son émerveillement, ses dégustations comme lorsqu'elle écrit "Il y a tant de plats que nous ne savons où donner de la baguette".

Tandis que notre apprentie guide retrouve le pays de son cœur, Pep de son côté est agaçante, exigeante, paranoïaque concernant les acariens dans le pays au monde le plus à cheval sur l'hygiène, ignorante donc, et souvent impolie. Je ne sais pas quel sera votre avis au sujet de l'amie d'Amélie (certes asthmatique) mais moi, elle m'a insupporté tout du long.

Amélie revient beaucoup sur ce que son défunt père lui a apporté au Japon, comme lorsqu'elle se souvient, non sans une pointe d'humour typique de sa plume : La dernière fois que j'ai arpenté le chemin de la Philosophie, c'était en août 1989, avec mon père. La chaleur nous avait tant écrasés que nous avions plus transpiré que philosophé.

Il y a d'autres phrases pépites comme celles-ci : Je renverse la tête et je goûte un morceau de ciel. Goûter un morceau de ciel...

La littérature me paraît l'unique domaine où j'ai pied...

Ce dernier roman est particulièrement intéressant, divertissant et j'ai souvent ri. L'impossible retour c'est ce sentiment de nostalgie qui habite Amélie Nothomb, cette nostalgie de l'enfance, cette époque insouciante, c'est la langue qu'elle aimait tant et qui était SA langue mais qu'elle a presque perdu. Il lui est devenu évident qu'il lui était impossible de revenir au Japon quand bien même elle s'y rend, car le Japon d'Amélie c'est celui qu'elle a dans son cœur. Impossible pour elle de s'y rendre comme autrefois, comme la première fois...

Ce roman de mon auteure française favorite est de loin le meilleur pour moi.




mardi 27 août 2024

Au bord de l'estran de Nicole Nisol par Vincent Vallée

 


Dès que Nicole Nisol, lauréate du prix DOUR SE LIVRE 2023, sort un recueil ou un court roman, je me le procure.
Nicole à ce don de transporter avec des mots "doux, tendres" et nous apporte une petite brise de bonheur dans notre quotidien.

Cette fois, c'est une brise de mer, celle de la côte d'Opale, qui vient souffler sur notre routine. Au travers de six nouvelles et dans un style un peu différent, mystérieux et qui, je trouve, tient le lecteur en haleine l'auteure nous embarque.

Nicole nous emmène sur les flots de ses mots à Audinghen, au gré de ballades et des rencontres avec les phoques. Les Tamaris nous offrent de l'ombre, quelques notes de piano nous bercent du coté de Wissant. Les falaises de craies, les galets du Cap Blanc Nez du côté de Escalles font partie du voyage.

Mers-les-Bains, non loin de la Normandie, sans oublier les jolies maisons aux volets battants au gré du vent, ou encore Malo-les-Bains qui sont tant d'endroits qui font de la côte d'Opale ce qu'elle est. Naturelle, sauvage, enchantante.

C'est au travers de six nouvelles que Nicole nous promène avec six aventures, six fragments de vies, plusieurs vécus, plusieurs souvenirs, plusieurs personnages. Chacun étant lié, amoureux de la Perle du Nord de la France.

Vous cherchez de quoi lire une fois sur le sable, ou avant de voyager quelques jours par là-bas? Vous avez trouvé votre bonheur avec ce recueil de nouvelles !

Pour vous le procurer :


Une bonne adresse sur la côte d'Opale pour y séjourner ?


Nicole Nisol:

Nicole écrit depuis longtemps et ose enfin essayer de partager sa passion.
L'écriture est son moyen d'évasion.

J'écris pour vous offrir quelques moments de douceur et d'émotions.






jeudi 8 août 2024

Moi si j’étais le bon Dieu... de Vincent Vallée

 


Moi si j’étais le bon Dieu, je m’enverrais valser,

J’éteindrais ma colère ou ma rancune envers moi.

Moi si j’étais le Bon Dieu je me dirais vas donc, puisque tu le veux,

T’as choisi, ce n’est pas la bonne route, mais vis là donc, vis le ton ciel bleu, sois morveux.

Moi si j’étais le Bon Dieu, je serais bien mieux pour toi qu’une croix, je serais comme un ami,

Depuis 2005 je te conseille, te guide et tu ne m’écoutes pas, mais va donc alors… Va donc! Et tant pis pour NOUS…

Moi si j’étais le Bon Dieu je ne te punirais pas ta vie durant, je te laisserais tranquille et voilà,

Ta santé, tes amours, tes pensées ce serait à toi, je m’en ficherais bien que tu n’écoutes pas, n’écoutes rien!

Moi si j’étais le Bon Dieu, je t’oublierais comme mes amis m’oublient, je les aimes pourtant,

À quoi bon persister, est-ce ta route celle que je te montre si tu n’y va pas? Non je ne pense pas.

Moi si j’étais le Bon Dieu, je ne te ferais et ne te voudrais aucun mal, fais donc ta vie, reste sur cette route alors que je te désigne l’autre !

Je sais que quelque part dans ton cœur et malgré tout, y compris toi, je serais toujours là, mais nous ne serons jamais d’accord pas vrai ?

Moi si j’étais le Bon Dieu je te saluerais alors depuis mon trottoir en te souhaitant belle et longue route,

Je ne m’acharnerai pas, je n’insisterais plus, je sais que tu comprends tous les signes envoyés, mais aucun, aucun tu n’écoutes…

Moi si j’étais le Bon Dieu, je t’aimerais même si nous sommes loin l’un de l’autre, mais pas fâchés pour autant n’est-ce pas ?

Sois donc heureux sur ta voie, je suis Dieu, tu n’es qu’un homme, je te laisse tranquille mon ami, vis, sois heureux durant ton temps… Le mien c’est l’éternité, le tien c’est ma pitié.

Moi, je suis le Bon Dieu

Toi tu n’es qu’un homme, sois en paix malgré tout.