Les mots ricochent
Blog du romancier : Vincent Vallée
lundi 2 septembre 2024
La traversée des temps - Paradis perdus de Eric - Emmanuel Schmitt par Vincent Vallée
vendredi 30 août 2024
L'impossible retour de Amélie Nothomb par Vincent Vallée
"Tout départ est une aberration,. Je pense être placée pour le savoir, j'ai passé ma vie à partir.... J'ai contracté une allergie aux départs".
Voici les quelques premiers mots de ce dernier roman d'Amélie Nothomb. Roman que j'ai emmené avec moi au Portugal. J'aime partir, mais j'ai toujours du mal à le faire et m'y préparer m'angoisse. Donc ces premiers mots, sentiments de l'auteure, ont raisonnés chez moi.
Je me souviens du reportage au sujet d'Amélie lors d'un retour au Japon et de ses souvenirs qui revenaient au fur et à mesure. Amélie ne parlait plus beaucoup la langue. Dans ce dernier roman, elle écrit : Le japonais est ma langue fantôme.
Cette fois, il s'agit également d'un retour au Japon qu'Amélie nous raconte. Un retour avec une de ses meilleurs amies, Pep, photographe qui a gagné un voyage vers la terre bénie de notre auteure. Mais pour s'y rendre, Pep, demande à Amélie de l'accompagner. Le départ est appréhendé par Amélie, et si elle n'arrivait pas à guider Pep, elle sait son amie exigeante. Nous lirons plus loin que c'est peu dire et, que c'est pire que ça...
Lors de ma lecture j'ai apprécié le voyage au travers des yeux d'Amélie, son respect des traditions, son émerveillement, ses dégustations comme lorsqu'elle écrit "Il y a tant de plats que nous ne savons où donner de la baguette".
Tandis que notre apprentie guide retrouve le pays de son cœur, Pep de son côté est agaçante, exigeante, paranoïaque concernant les acariens dans le pays au monde le plus à cheval sur l'hygiène, ignorante donc, et souvent impolie. Je ne sais pas quel sera votre avis au sujet de l'amie d'Amélie (certes asthmatique) mais moi, elle m'a insupporté tout du long.
Amélie revient beaucoup sur ce que son défunt père lui a apporté au Japon, comme lorsqu'elle se souvient, non sans une pointe d'humour typique de sa plume : La dernière fois que j'ai arpenté le chemin de la Philosophie, c'était en août 1989, avec mon père. La chaleur nous avait tant écrasés que nous avions plus transpiré que philosophé.
Il y a d'autres phrases pépites comme celles-ci : Je renverse la tête et je goûte un morceau de ciel. Goûter un morceau de ciel...
La littérature me paraît l'unique domaine où j'ai pied...
Ce dernier roman est particulièrement intéressant, divertissant et j'ai souvent ri. L'impossible retour c'est ce sentiment de nostalgie qui habite Amélie Nothomb, cette nostalgie de l'enfance, cette époque insouciante, c'est la langue qu'elle aimait tant et qui était SA langue mais qu'elle a presque perdu. Il lui est devenu évident qu'il lui était impossible de revenir au Japon quand bien même elle s'y rend, car le Japon d'Amélie c'est celui qu'elle a dans son cœur. Impossible pour elle de s'y rendre comme autrefois, comme la première fois...
Ce roman de mon auteure française favorite est de loin le meilleur pour moi.
mardi 27 août 2024
Au bord de l'estran de Nicole Nisol par Vincent Vallée
jeudi 8 août 2024
Moi si j’étais le bon Dieu... de Vincent Vallée
Moi si j’étais
le bon Dieu, je m’enverrais valser,
J’éteindrais
ma colère ou ma rancune envers moi.
Moi si j’étais
le Bon Dieu je me dirais vas donc, puisque tu le veux,
T’as
choisi, ce n’est pas la bonne route, mais vis là donc, vis le ton ciel bleu, sois morveux.
Moi si j’étais
le Bon Dieu, je serais bien mieux pour toi qu’une croix, je serais comme un ami,
Depuis
2005 je te conseille, te guide et tu ne m’écoutes pas, mais va donc alors… Va
donc ! Et
tant pis pour NOUS…
Moi si j’étais
le Bon Dieu je ne te punirais pas ta vie durant, je te laisserais tranquille et
voilà,
Ta
santé, tes amours, tes pensées ce serait à toi, je m’en ficherais bien que tu n’écoutes
pas, n’écoutes rien !
Moi si j’étais
le Bon Dieu, je t’oublierais comme mes amis m’oublient, je les aimes pourtant,
À quoi
bon persister, est-ce ta route celle que je te montre si tu n’y va pas ? Non je
ne pense pas.
Moi si j’étais
le Bon Dieu, je ne te ferais et ne te voudrais aucun mal, fais donc ta vie,
reste sur cette route alors que je te désigne l’autre !
Je sais
que quelque part dans ton cœur et malgré tout, y compris toi, je serais
toujours là, mais nous ne serons jamais d’accord pas vrai ?
Moi si j’étais
le Bon Dieu je te saluerais alors depuis mon trottoir en te souhaitant belle et
longue route,
Je ne m’acharnerai
pas, je n’insisterais plus, je sais que tu comprends tous les signes envoyés,
mais aucun, aucun tu n’écoutes…
Moi si j’étais
le Bon Dieu, je t’aimerais même si nous sommes loin l’un de l’autre, mais pas
fâchés pour autant n’est-ce pas ?
Sois
donc heureux sur ta voie, je suis Dieu, tu n’es qu’un homme, je te laisse
tranquille mon ami, vis, sois heureux durant ton temps… Le mien c’est l’éternité,
le tien c’est ma pitié.
Moi, je
suis le Bon Dieu
Toi tu n’es
qu’un homme, sois en paix malgré tout.
lundi 22 juillet 2024
Son frère de Philippe Besson par Vincent Vallée
Je suis un inconditionnel de Besson depuis "Arrête avec tes mensonges" et j'aime savoir que je n'ai pas encore tout lu de l'auteur. Les romans de Besson sont mes remèdes aux pannes de lectures francophones comme l'est Stephen King avec la littérature anglo-saxonne.
Cette dernière lecture est particulière en ce qui me concerne car, elle est arrivée dans un contexte sensible pour moi qui vient de perdre mon frère en mars dernier...
Comme Thomas et Lucas, nous nous étions éloignés, comme eux nous nous étions ensuite rapprochés avec les années. La pirouette, si je puis dire, de Besson est de traiter un sujet grave et complexe qu'est la mort d'un être si proche avec autant de délicatesse. Les mots justes sont employés, l'amour de l'un et l'autre est là avec pudeur et retenue. Un regard, un geste sont suffisants pour se comprendre. Thomas est malade et veut y croire puis, il va se résigner, comprendre, accepter, attendre.
Tandis que Lucas lui, est spectateur impuissant, il doit en plus, gérer ses parents maladroits et victimes collatérales. Lucas ne peut qu'être là, auprès de son frère et au détriment de son couple, au détriment de sa vie au quotidien. Il veut être là pour Thomas car il ne sait faire que ça, et il le suivra dans tous ses raisonnements sans le contredire car il sait, comme Thomas il sait l'issue fatale, il la sent.
Ce roman est poignant et fort d'optimisme malgré le sujet, son auteur n'y est pas pour rien, Philippe Besson sait traiter ce genre de sujets avec les mots justes, les tournures parfaites. Je retiens ce passage qui dit tout:
vendredi 12 juillet 2024
Les reines du bal de Corinne Hoex par Vincent Vallée
Le sujet est bien tenu et assez cocasse, parfois sarcastique. Les reines du bal qui se prénomment Madame Prunier, Madame Spinette, Madame Pincemin, Madame Simonart, sont les actrices qui donne le ton de ce court ouvrage. Il est peu de dire qu'elles n'ont pas leur langue dans leur poche, certains de leurs comportements nous renvoient à ceux de nos parents âgés.
J'ai forcément eu une pensée pour mes grands-parents, ils avaient parfois ce recul sur leur situation de "personnes placées" qui faisait réfléchir, songer. On appelle ces maisons péjorativement des "mouroirs" mais ici, on semble plutôt démontrer qu'au travers de bonnes réactions on pourrait s'y amuser aussi. Il suffit d'aborder cette situation par le bon bout, y avoir un regard positif et c'est ce que s'est évertuée à faire l'auteure.
mercredi 10 juillet 2024
En l'absence des hommes de Philippe Besson par Vincent Vallée
Je butais sur un roman écrit par un autre français, j'avais un mal de fou à rentrer dans le récit alors j'ai laissé tomber et comme avec Stephen King pour la littérature anglo-saxonne, quand je bute sur la littérature française, je me tourne vers Besson. Sans comparaison aucune rassurez vous.
Besson livre là son premier roman, le ton était donné. J'y retrouve le style de l'auteur qui depuis a beaucoup mûri. On y parle d'un certain Marcel, puis d'un prénommé Vincent. L'un a la quarantaine, l'autre est jeune, il vient d'avoir seize ans. C'est la guerre dans le monde, nous sommes au cœur de la première guerre mondiale et Vincent va rencontrer celui qui se décrit déjà comme un vieil écrivain.
Une amitié forte va se nouer entre eux, un attrait un peu dérangeant entre l'homme et le jeune homme, qui se dissipera vite quand Vincent tombera follement amoureux du fils de la bonne, Arthur. Le jeune homme de 21 ans est parfois en permission mais il passe celles-ci dans les bras et dans le lit du jeune Vincent. Ils sont éperdument amoureux...
Ce qui m'a séduit dans cette histoire c'est la puissance de l'amour qu'il y a entre les deux jeunes hommes dans ce contexte de guerre sans pardon que fut 14-18, la prudence relative à la relation entre les deux jeunes garçons, restituée au travers de Marcel, qui n'est autre que Proust, l'écrivain, et les échanges épistolaires entre eux trois.
Besson est, et reste le plus à même de raconter cet amour entre les hommes, celui qui ne se commande pas, celui qui ne réclame rien si ce n'est de pouvoir aimer.
Quelques passages qui m'ont marqué :
"C'est l'inacceptable pour une mère, de devoir envisager la perte de son fils. C'est la plus grand perte. Elle n'y survivrait pas. Les mères ne survivent jamais à la disparition de leur enfant."
"Ecrit-on autrement que pour conserver des instants?"
"J'y croyais dur comme fer de ces croyances que , seul les enfants parfois, peuvent avoir. Devenir adulte, est-ce cela? Abandonner ces croyances qui nous tiennent, nous rassurent?"