Un coup de cœur, c'est l'expression qui me vient à l'esprit après avoir lu ce court roman mais si prenant.
Le thème m'a interpellé quand j'ai vu ce livre en librairie. De nos jours, on voit tellement de SDF qui font la manche ou désemparé dans la rue. Et nous, on se comporte souvent avec une seule attitude : L'indifférence.
Pourtant, ces gens qui n'ont plus rien, qui se comportent parfois mal en rue, qui sont désœuvrés, ont aussi eu une enfance, une famille, une vie... C'est le cas de Mathieu.
Mathieu est SDF et il va nous raconter, pour commencer, sa survie avec Sam, son chien. Mais Sam, va le laisser tomber... Elle va disparaitre. Commence alors une course folle contre la mort, celle de Mathieu, car sans Sam il n'est plus rien. Il ne dort plus, n'a plus personne à qui se confier et puis surtout, on va l'apprendre, il a perdu le seul lien avec celle qui lui manque tant...
Mathieu était un enfant surprotégé, sa mère me fait un peu penser à la mienne. Elle pense pour lui, dirige son enfance en le surprotégeant, en choisissant pour lui. Son père, il l'aime mais ne lui dit pas, et c'est réciproque. Les attitudes de son père disent toutes : Je t'aime. Mais il ne le comprendra que tard... On est parfois maladroit quand on est parent.
L'amour il va le connaître, et de cet amour, une autre vie pour Mathieu. Mais nous, c'est dans la rue que nous allons l'accompagner, à la recherche de Sam. Je ne peux en dire plus, sinon je divulgache tout et, bien que court, ce roman vaut le coup.
Mon bémol n'en est pas vraiment un car je suis un peu dubitatif. Quand j'ai lu quelques répétitions, quelques maladresses dans le texte, je ne savais pas si je devais les mettre sur le compte du style ou d'un manque de travail éditorial. Car il y a de petits soucis de mise en page comme lorsqu'un chapitre commence au dos d'un autre chapitre et donc sur la page de gauche. L'auteure utilise un langage un peu châtié, le langage de la rue donc, celui-ci peut expliquer les répétitions etc.
Mais ce récit est tellement prenant, que ces "lacunes" ont vite été effacées. Je vous laisse quelques passages car, il y a plein de philosophie et donc, de leçons de vie, dans ce roman.
" …les itinérants, tu peux leur donner de l’argent, tu peux leur faire un sourire, ou même leur demander comment ça va, mais tu peux jamais, jamais, jamais les toucher. Parce que t’as beaucoup trop peur que notre misère s’attrape."
" Je sors une épaule de mon sleep juste pour être content de la remettre au chaud à l’intérieur. La joie dure une seconde. Ces matins-là, on est presque bien, et j’ai presque envie d’en profiter un peu."
" Sam est pas nulle part. Tout autour, l’air devient épais, presque solide. Je suis sous l’eau. C’est sourd et ça bouge moins vite."
" Tu nettoies pas, t'essayes d'effacer les traces de vie."
"Par moments, Montréal, c’est vraiment petit. Comme quand tu croises des gens que t’as pas envie de croiser. Des gens d’une autre vie, qui te rappellent comme t’as déjà été heureux et à quel point t’as tout perdu. Quand tu marches et que tu prends un détour pas prévu, que tu te retrouves à un endroit où t’as vécu des choses et que ça te retourne le cœur. Quand t’entends un rire qui ressemble au sien et que t’as beau faire n’importe quoi, t’as beau aller n’importe où, t’es incapable de te le sortir de la tête, il est tatoué dans ton crâne comme dans ta peau. La ville est petite quand les souvenirs t’agressent, mais aujourd’hui, Montréal, je la trouve infinie."
Sophie Bienvenu, née en Belgique, est une écrivaine franco-québécoise.
Après une formation en communication visuelle à Paris, Sophie Bienvenu exerce divers métiers.
Elle s’établit au Québec en 2001 et s’affirme rapidement comme une blogueuse à succès.
En 2006, elle publie "Lucie le chien", des chroniques de l’immigration (Septentrion), et en 2009, une série feuilleton, "(k)" (La courte échelle).