lundi 31 janvier 2022

Petit pays de Gaël Faye par Vincent Vallée

 



Petit pays, c'est un roman qui touche, qui permet de comprendre, qui offre un voyage cahoteux pour le coup. 

Il s'agit de l'histoire de Gaby, une jeune métis. En effet, sa mère est rwandaise et son père français. L'histoire se déroule en 1992 au Burundi dans un quartier aisé où Gaby, avec ses amis, coule une enfance heureuse et tranquille. 

Il nous est décrit un pays où il fait bon vivre, où les manguiers sont lourds de leurs fruits, un parfum de citronnelle sillonne les rues et les sentiers. Le calme, le silence, les petits bistros improvisés où tout un chacun refait le monde ou sirote une bière, calmement assis sur un casier retourné. Voilà l'ambiance de ce récit. Gaby est heureux jusqu'à ce que les élections arrivent, qu'un président soit élu puis assassiné. Il y a dès lors, des bruits de guerre et de combats civils. Au loin, les tirs se font entendre et Gaby, ainsi que ses amis, semblent à l'écart, comme sous la protection de leur quartier aisé, mais... Le bruit s'approche, fait vaciller les murs et les rêves des gosses et de leurs parents. 

Le Rwanda est saigné, les Hutus et les Tutsis ne s'épargnent pas. La sauvagerie est de mise, la bestialité de la lutte de rigueur, l'heure est à la révolte, la vengeance est sans nom...

C'est au sein de cette guerre, que l'enfance du jeune Gaby et de ses amis est volée, violée. Les proches se transforment en guerrier et parfois en meneur de gangs organisés pour résister. Les amis si jeunes, deviennent des révoltés prêt à tout, et lui Gaby, tente en vain de rester un enfant...

Les livres et donc la lecture sont mis en avant grâce à une voisine grecque chez qui Gaby aime se rendre pour emprunter des livres. C'est réfugié dans la lecture qu'il parvient à relativiser, à rester un peu innocent et à prendre un peu de hauteur.

Ce roman est une petite pépite pour ne pas oublier que parfois, on ne choisit pas de quitter son pays, parfois il faut partir ou mourir. Cela pose la question de réfléchir à bien distinguer les migrants qui fuient la mort de ceux qui cherchent la facilité sans rien devoir faire et sans raisons valables.

Ce roman permet de comprendre et de relativiser.

lundi 17 janvier 2022

La plus secrète mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr par Vincent Vallée

 



Il me faut d’abord dire que j’ai débuté cette lecture le 16 décembre 2021 et que je l’ai terminée ce 16 janvier 2022. Souvent,  c’est à la fin d’une lecture que l’avis est le plus tranché, le plus susceptible d’être le reflet correct de ce qu’on a ressenti. Donc je vais être honnête, je suis mitigé et confus. Laissons tomber le fait que ce roman a été primé par le prix le plus prestigieux de France. L’auteur est déstabilisant dès les premières pages avec l’emploi excessif d’un vocabulaire compliqué, tordu comme pour doper le roman pour je ne sais quelle raison... Avec cette première partie de roman gonflée par le Petit Robert et le Larousse j’avais déjà envie d’abandonner.... Mais j’ai persévéré, j’ai voulu continuer malgré mon ennui et la lenteur de lecture qu’occasionnait cet ennui. Et j’ai bien fait, car cela m’a permis d’y trouver vers le milieu, un semblant d’histoire à lire pour l’évasion et puis surtout me rendre compte que le vocabulaire compliqué et si riche du début avait disparu ou presque... Il fallait peut-être impressionner une certaine élite en vue d’un prix avec les premières pages ? 

Nous allons à la rencontre d’un jeune écrivain sénégalais qui étudie en France et rêve de devenir écrivain. Le jeune écrivain n’évolue qu’au milieu des siens quasiment tout du long du récit, mais parle beaucoup de France et des « Blancs ». Un beau jour il fait la connaissance d’une écrivaine connue, africaine elle aussi. Il est d’abord attiré par elle et, n’y allons pas par 4 chemins, se la tape. L’auteur est bien plus cru que moi n’ayez pas peur. Cette écrivaine détient un livre que le jeune Sénégalais cherche désespérément. Il s’agit du roman « Le labyrinthe de  l’inhumain » écrit par un Africain lui aussi vers 1938. Après sa parution, son édition l’auteur fut proclamé plagieur et très vivement critiquée. D’autre part on le qualifiera de “Rimbaud nègre” tant la lecture de ce récit “plagié” laisse ses lecteurs sans voix et bouleversé. S’en suit une quête incessante et diverses histoires entremêlées pour arriver à tracer, refaire l’itinéraire de l’auteur maudit. Ces histoires entremêlées, recoupées sont aussi sujettes à perdre le lecteur. Dans ce roman j’ai erré en m’accrochant parfois à un semblant d’explication, de fil conducteur, mais avec grande peine...

La fin du roman est triste par la pauvreté de recherche... Je me suis dit » tout ça pour se terminer comme ça ? »  Au final et à la fin de la lecture je me suis dit que l’auteur tenait un très beau sujet, mais qu’il l’a compliqué à outrance. Le vocabulaire tordu et compliqué perd le voyageur que doit être un lecteur. Une lecture est un voyage rien d’autre, c’est mon avis. Le roman est compliqué à suivre de par ses recoupements d’époque, de personnages qui changent sans précisions. J’en étais à me demander qui narrait. Et puis, nous sommes demeurés dans une ambiance africaine qui n’est pas pour me déplaire, mais pour un prix littéraire français si prestigieux ? Et je dis ceci pour en arriver à mon opinion sur le fait que c’est pour cette raison que ce roman est choisi pour le Goncourt. Il fallait marquer un grand coup avec la situation politique en France et la prochaine élection présidentielle. Lepen et Zemmour tenant les rênes des débats.

Donc au final je sors de cette lecture mitigé car l’histoire aurait pu être intéressante, me faire voyager, rêver, mais elle m’a ennuyé et perdu bien souvent. L’emploi de dialecte africain, la multiplication de patronymes africains est aussi confondant, compliqué pour un lecteur blanc. Je n’ai pas eu la sensation d’être le public visé par ce roman somme toute. Mais voilà il est primé et encensé par les critiques, mais ça ne fait que me conforter dans mon ressenti.  Conclusion : Je ne dois plus lire ces prix prestigieux, je dois rechercher des livres qui m’offrent du voyage, de l’évasion et du rêve. Rien d’autre.