Je pense, je suis
persuadé qu’on aime, oui on aime qu’une fois. Je veux dire vraiment, avec son cœur,
celui qui n’existe pas physiquement, appelez ça l’âme les tripes, on s’en fiche.
Cet amour est plus qu’un ressenti alors, c’est comme trouver son alter égo, non
je dis n’importe quoi c’est bien mieux, c’est se trouver sur un chemin de
hasard, un chemin d’errance parfois…
Je lui avais tout donné…
tout. Oh, rien de matériel vous ne me comprenez pas. Je lui ai donné mon âme, ça ne se donne qu’une fois une âme, et puis mes tripes aussi,
mes ressentis, mes larmes ! Oui… Mes larmes. Et encore tellement de
petites gouttes qui elles, sont tombées sur le papier ou ont mouillé mon
oreiller dans un demi-sommeil. Mais pourquoi je narre, je vais m’adresser à toi
non ? Allons-y… Je t’ai dit tant de choses que je pensais, mais oui, que
je pensais malgré ce qu’on me disait et à raison d’ailleurs car tu étais bel et
bien un salaud. Mais tu étais celui qui…
Celui qui a fait sauter
mon cœur, vibrer mes artères, qui a levé mes frissons les plus raides. Tu as animé une foule de fourmis trépidantes dans mon ventre. Tu as dit tant de
choses, alors que tu les aies pensées ou pas, que tu y aies cru ou non mais
comme je m’en fiche. Je me sentais si important, enfin j’avais de l’importance
dans un regard, de l’importance. Non pas pour mon égo, ma grandeur, mais pour
mon bonheur. C’est dans tes bras que je me suis senti le plus apaisé, c’est
dans tes mots que je me suis le plus reconnu, parfois… C’est sur et sous ton
corps que je me suis laissé fondre. Et puis tu t’es révélé… rideau ! Une
révélation sale et médiocre mais je te le répète, je m’en moque, j’ose le dire,
j’en ai l’audace oui… Oui je m’en fiche car je ne peux pas croire que cette
histoire n’ait servi à rien ni à personne. Pas à toi ? Mais à moi oui, et
je t’emmerde.
Mais oui, un jour je
passerai à autre chose, mais quand tu étais ici autrefois je ne pouvais pas
te regarder dans les yeux*… oui tu vois je n’oublie pas ce cri, au-delà d’un
chant, d’un son, c’est une vibration chez moi… Une vibration tu entends ?
Je n’ai pas prémédité ce que j’écris en ce moment, ça coule tout seul, oui ça s’épanche
comme ça parce que c’est là, en moi, là et maintenant. Certainement que c’est
en moi depuis longtemps, c’est un cri que je retiens, une voix qui veut hurler, me mettre là au bord d’un précipice de papier et hurler de toute ma voix, hurler que oui,
un jour j’ai aimé, bordel oui aimé ! Mais je suis un pauvre type un
taré qu’est-ce que je fous ici, ma place n’est pas ici ! *
Alors tu vois, ces mots
fusent et s’en vont, me quittent, jaillissent et c’est de plus en plus vite que
je les étale parce que ça tu vois, le don, le talent, l’envie, la prétention, les
gribouillages que je ponds là ? Ça part d’un coup, il ne faut pas les retenir,
il faut que ça s’en aille parce que ça fait mal si je les retiens, comme tu m’as
fait mal, ça saigne. Comme tu m' as saigné…
De plus en plus vite sans
ne plus séparer mes mots, je dois le coucher ce putain de texte parce que c’est
un exorcisme, un besoin, c’est vital tu entends ?? Vital ! Ah mais
non tu n’entends pas, tu ne lis pas ? Tu grattes, tu fumes du rêve, tu
fumes de l’illusion ! Mais la réalité et ceux qui t’aiment tu les jettes
par les fenêtres et c’est un autre qui ramasse, pas vrai ? ! Oui il
faut ramasser derrière toi, ramasser… et pour moi il aura fallu la louche !
Alors ce soir il est vrai, c’est une cuillère à thé certes, mais elle ramasse
encore tu sais ?
Alors tu vois ? Je
suis un pauvre type qui écrit, je ne sais faire que ça putain mais bordel comme
je le fais bien…. Et tu sais pourquoi je le fais bien ? Parce que je n’écris
pas avec un dico ou un Bescherelle, non j’ai mieux : j’écris avec mon cœur,
celui que tu n’as pas vu.
*Creep (Radiohead).
©Vincent Vallée