Stupeurs et Tremblements est un livre qui illustre parfaitement l'attitude de déférence à adopter face à l'empereur japonais. C'est cette dynamique que va explorer Amélie lorsqu'elle est engagée par la société japonaise Yumimoto.
Lorsque je m'attaque à un roman volumineux, je préfère toujours lire un ouvrage plus court en parallèle afin d’éviter la sensation de stagner. Amélie Nothomb est idéale pour cela. Ce court récit est riche d’anecdotes sur ce que signifie être embauché dans une entreprise. Je me suis reconnu dans certaines situations, notamment celle de faire face à une hiérarchie infinie où chaque supérieur en a un autre au-dessus de lui.
Amélie San est engagée en tant qu’interprète, mais on lui interdit de parler la langue japonaise. Elle se retrouve alors à jongler avec des chiffres qu'elle ne maîtrise pas, et se voit assignée à la photocopieuse, dont le résultat ne satisfera jamais son supérieur. Cet enchaînement de déconvenues pourrait ébranler même le plus courageux des employés.
C'est alors qu'Amélie se retrouvera, comme elle le dit si bien, « aux chiottes ! » Punie pour son audace, elle est reléguée à l'entretien des toilettes du 43e étage. Sa seule échappatoire se trouve être la fenêtre, où elle s'imagine, non sans ironie, sauter pour s'envoler, observant son corps fuir dans le vide devant ses yeux. Bien que l'écriture soit empreinte d'humour, je ressens un malaise profond, une envie d'évasion face à la dénigration dont Amélie doit faire l'expérience au sein de cette entreprise.
À propos de fenêtres, Amélie livre une belle citation dans ce roman : « Aussi longtemps qu'il existera des fenêtres, le moindre humain sur terre aura sa part de liberté. » Cette phrase résonne en moi, surtout lorsque je me retrouve enfermé au travail, à regarder passer les camions, une routine qui dure depuis 27 ans. Cela témoigne de l'impact que ce roman a eu sur moi.
Finalement, j'ai donc beaucoup aimé découvrir cette expérience de notre chère Amélie Nothomb avant qu'elle ne devienne l'écrivain que l'on connaît. Cela illustre bien que chacun possède en lui sa destinée. Amélie la vit pleinement, sans se compromettre dans une soumission purement alimentaire. L'essentiel n'est-il pas de trouver SA voie, même si cela implique des concessions pécuniaires et de se contenter d’une fenêtre d'où l'on peut voir passer des camions ?
Merci Amélie pour cette réflexion profonde sur la quête de soi et la liberté !