mardi 2 décembre 2025

Le magicien d'Oz de Lyman Frank Baum par Vincent Vallée




Un conte...

Mais alors, autant lire un classique !

Pour le coup, c’est à l’occasion de l’anniversaire de mon fils que j’ai été amené à me procurer ce conte pour lui.
Je me suis dit : « Pourquoi pas en acheter deux ? »

Voilà qui est fait.

Le Magicien d’Oz, c’est l’histoire surréaliste — oui, c’est un conte — de Dorothy et Toto, son fidèle chien, qui vont se voir emportés par une tempête alors qu’ils vivaient au Kansas, chez Tante Em, et se retrouver au pays d’Oz.

C’est alors que Dorothy va chercher comment rentrer au Kansas et marcher pour trouver la cité d’Émeraude.

Une longue marche qui va les amener à rencontrer un épouvantail qui aspire à devenir intelligent, un bûcheron en fer-blanc qui veut un cœur capable d’aimer, et un lion timide qui rêve d’être un héros.

Une histoire gentille : on y trouve les personnages loufoques dignes d’un conte surréaliste, et on ne s’ennuie pas, malgré les répétitions parfois un peu lourdes.

Bon, j’avoue également que je m’attendais à beaucoup mieux, même si j’ai aimé.
Mais on nous explique que c’est une des histoires les plus lues et populaires aux U.S.A., donc j’avais de grands espoirs.

Cependant, je me répète : l’histoire est sympa, le conte fonctionne bien et, bien entendu, le public visé est plutôt jeune.

Petit plus : cette collection est de qualité, un bel ouvrage pour faire un cadeau de Noël !

vendredi 14 novembre 2025

L'homme qui lisait des livres de Rachid Benzine par Vincent Vallée


L’homme qui lisait des livres est précisément ce qu’il faut faire, à mon sens, pour comprendre l’Histoire : lire des livres pour pallier les médias en quête de buzz ou politisés. De fait, bridés !

Dernièrement, j’écoutais un grand journaliste, évité par les télés car il ose dire des vérités : Michel Collon, expliquer que l’on ne s’en sortira que par les livres. Je crois que ce court roman de Benzine en est la preuve.

Nous partons à la rencontre d’un reporter photographe en 2014, chargé de trouver le cliché choc pour le revendre aux médias.
C’est à l’occasion d’une de ses déambulations qu’il fait la connaissance de Nabil, vieil homme qui tient une petite librairie, envers et contre tout.

Le libraire voit le photographe se préparer à le prendre en photo et l’interpelle alors, en lui disant avec justesse et sagesse que prendre une photo, c’est certes intéressant, mais qu’il faut comprendre l’histoire qui se cache derrière…

C’est ainsi qu’en peu de pages, Nabil va raconter sa vie :

L’exil de sa famille après la création de l’État d’Israël en 1948, l’errance d’un camp de réfugiés à un autre, ses études au Caire, son retour à Gaza, ses amours, ses drames et ses joies, et les livres qui l’ont marqué et accompagné à différentes étapes de sa vie. Sa famille décimée et sa survie, envers et contre tout. Quand tout un chacun laisserait tomber, le peuple palestinien continue de se battre en résistant, en reconstruisant, en balayant la poussière avec un balai cassé et usé à force de ne servir à rien. Peu importe, ils tiennent !

Dans ce petit roman est relatée la vie des Palestiniens d’avant 2023, au travers de la vie de la famille de Nabil, la vie de la génération de mes parents et grands-parents.

Alors que le roman se termine, notre photographe revient sur aujourd’hui et raconte ce qui est arrivé à Gaza, à la Palestine en général. Il revient brièvement sur le Hamas et cherche le libraire. Il faudra peu de phrases pour comprendre…

Le génocide récent est, je crois, un condensé de plus de soixante-dix années d’acharnement, condensé en deux petites années…
Raconter au travers de l’histoire de Nabil, c’est raconter l’histoire du peuple palestinien. C’est précisément ce qu’il faut faire. Il faut lire pour découvrir, pour comprendre, pour avoir une opinion tranquille et sage, posée.

Oui, ce n’est que par les livres que l’on s’en sortira. N’y aurait-il pas de librairies en Israël ? Le gouvernement de l’assassin au pouvoir là-bas ne sait-il pas lire ?
On est en droit de s’interroger, après lecture…



Rachid Benzine est un intellectuel franco-marocain né le 5 janvier 1971 à Kénitra au Maroc. Spécialiste de l'islam, politologue et enseignant, il s'est également illustré comme écrivain à travers ses romans et ses pièces de théâtre. Il représente une voix majeure de l'islam libéral dans l'espace francophone.

Source biographie : wikipedia



lundi 3 novembre 2025

Respire, c'est de l'iode ! De Anny Duperey par Vincent Vallée

 




Cet ouvrage n’est pas un roman, bien que la vie de la célèbre et si pétillante actrice Anny Duperey soit franchement romanesque !

C’est un peu comme si je m’étais baladé dans le village de Montmartre, déambulant dans ses rues illustres et emplies de poésie, de couleurs, d’histoires... Et puis, au détour d’une ruelle étroite, j’aperçois la grande Anny, assise à la terrasse d’un des nombreux bistrots sympathiques et on ne peut plus vivant.

Je m’approche, salue Madame Duperey discrètement, m’assieds plus loin et l’écoute raconter à ses ami(e)s des anecdotes. Mais pas n’importe lesquelles : 
les siennes, celles de sa vie, allant de son enfance entachée par la perte de ses deux parents, son éducation assurée par d’autres, un deuil qui ne se fait pas... Jusqu'à la découverte d’un don pour la peinture, son amour des couleurs, de la couture, la confection de tenues colorées et vivantes, virevoltantes même ! Tout comme elle.

Et puis la scène, le théâtre, le cinéma, les rencontres avec des acteurs légendaires, comme Marielle, Rochefort.

Imaginez la sympathique Anny Duperey, avec ses grands gestes et son éloquence qui font du bien, chassant les nuages de la vie, et qui raconte, raconte encore... Les amies, les potes, les amours, ses enfants...

Tout au long de ma lecture, c’est sa voix que j’ai entendue. Pour l’avoir suivie dans la magnifique série Une famille formidable, je peux dire que je n’ai pas eu de mal à imaginer la scène. 
Volubile, éloquente — je le disais — haute en couleurs, c’est le cas de le dire... Et vous pouvez vous attendre à passer un moment plus que sympathique avec une grande dame qu’on aimerait avoir pour amie, pour grande sœur, pour mère, et enfin pour mamy, puisqu’elle assume parfaitement son « grand » âge, comme elle le dit. 
Madame Duperey offre de la détente, des anecdotes, des rencontres comme cette dame qui trimballait derrière elle un chariot, errant dans Paris et qu'elle voudra aider en lui offrant des chaussures. S'adressant finalement à elle, comme à une étrangère, mais qui s'avèrera parler magnifiquement français. 
Jamais Anny n'oubliera cette femme digne et étrange. 
Elle évoquera ses amours, son époux Bernard Giraudeau, père de ses enfants, son approche de l'éducation parentale avec son incompréhension face à des parents un tantinet gaga de leurs enfants, regrettant qu'ils grandissent. Tandis qu'Anny elle,  trouvera les siens de plus en plus intéressants en grandissant. Sa vie quoi... 
Mais elle précise qu’il faut, avant toute chose, aimer la vie, rire, travailler avec passion, échouer, recommencer, aimer...

J’ai toujours aimé cette dame, cette grande actrice du cinéma et du théâtre français. Je la découvre comme auteure, et quel ravissement !

Courez vous procurer une papote avec Anny Duperey : elle vous contera des anecdotes de sa vie plus que croustillantes !

Je profite de cette chronique pour remercier mon cher ami écrivain, Manuel Verlange, de m’avoir obtenu une dédicace.










samedi 25 octobre 2025

Astérix en Lusitanie de Fabcaro et Didier Conrad par Vincent Vallée



Revoici nos amis Gaulois ! 

Je me délecte à chaque sortie d'un nouvel album de Astérix, J'ai toute la collection et entre chaque sortie, entre autres BD, je lis un album plus ancien.
Cette fois nous partons au PORTUGAL ! Par Toutatis, ils ont déjà beaucoup voyagé nos Gaulois, et c'est un bonheur que de les voir voguer vers ce magnifique pays que j'ai pu découvrir aussi lors d'un voyage.




Entre autres, les dessins sont très colorés, c'est un choix du dessinateur Didier Conrad, il explique avoir choisi de colorer un maximum pour offrir au lecteurs, du soleil comme au Portugal. On ne se plaindra pas avec cette météo maussade...





 


Mais parmi les surprises et les habituelles bagarres, nos amis vont vivre une transformation pour le moins déroutantes... Ils devront se fondre parmi les Portugais pour arriver à libérer un captif. 

On ne s'ennuie pas une minute et si on laisse l'histoire de côté, on a hâte d'y revenir et de replonger dans cette nouvelle aventure Gauloise. 

Si vous êtes déjà allé au Portugal, vous reconnaitrez les côtes typiques de ce magnifique pays !!

Le scénario est magnifiquement écrit par Fabcaro, une foule de blagues et de jeux de mots, à nouveau, et des noms Romains et un dialogue "Portugais" qui défrisent !

J'ai adoré, du début à la fin !!



Pour l'acheter en ligne c'est ici !

 

jeudi 23 octobre 2025

Quand on dansait sur les toits de Tristan Koëgel par Vincent Vallée


J’ai choisi de poster une grande reproduction de la couverture du roman que je vous présente, car elle est magnifique et parfaitement représentative de l’histoire qu’elle illustre.

De prime abord, on pourrait se dire que ce sera un récit triste ou déprimant, puisqu’il raconte l’histoire de Mayssane, atteinte d’un cancer.
Mais la maladie n’est jamais nommée — et c’est très bien ainsi, car pour Mayssane et Pablo, son ami, ce ne sont que des “bestioles” à combattre.

Pablo et Mayssane, c’est ce que je retiens avant tout de ce magnifique roman jeunesse.
C’est une belle histoire d’amitié, qui se transforme peu à peu en histoire d’amour, à travers l’épreuve, la maladie, le combat.

Roman jeunesse, disais-je… mais pour moi, c’est un roman pour tous les âges.
Il me parle énormément, car j’ai moi-même traversé la case cancer en 2015.
Les “bestioles”, c’est l’inconnu : on ne sait pas les combattre de front, il faut être aussi rusé, aussi tenace qu’elles.
Et pour y parvenir, il faut parfois perdre ses cheveux, se confier aux médecins, accepter l’impuissance. Rien de tout cela n’est facile…

Ce roman est une ode à l’amitié, à la complicité, à la ténacité.
Pablo ne baisse jamais les bras.
Il se coupe en mille pour combattre aux côtés de son amie, et il n’est pas seul : il y a aussi leurs amis, les “Pirates”, qui partent avec eux à l’abordage de la maladie.
Des rituels se mettent en place pour aider Mayssane à tenir, à sourire envers et contre tout.
Mais le plus touchant, c’est lorsque Pablo grimpe sur le toit pour aller frapper à sa fenêtre et lui redonner de la force.
Ou quand ils marchent ensemble sur les toits, défiant la vie, lui criant qu’ils l’aiment malgré tout.

C’est un roman poétique d’un bout à l’autre — rassurant, édifiant, et qui donne de la force.

J’ai déjà lu Tristan Koëgel, avec Bluebird, Les sandales de Rama et Le Grillon
Récemment, je me suis dit que cela faisait un moment que je n’avais pas lu de roman jeunesse.
Et, allez savoir pourquoi, j’ai tout de suite pensé à Tristan Koëgel
La réponse à ce “pourquoi”, je crois qu’elle se trouve dans les liens que je vous ai laissés ci-dessus.

Pour revenir au roman, je pourrais vous citer de nombreux passages — il y a tant de perles narratives que je n’aurais sans doute pas assez de place ici !
Mais en voici tout de même quelques-unes :

"La vie ne s'économise pas. Elle n'a pas peur de perdre. Elle donne sans compter, sans penser à l'avance à ses chances de succès. Comme toi, Pablo. Tu n'es pas économe, et tant mieux. Je n'aime pas les économes. Ceux qui calculent. ceux qui prévoient. Ceux qui se regardent marcher quand il marchent en se félicitant de n'avoir pas couru. Ceux chez qui la vie résonne encore. Je préfère ceux qui tentent sans être sûrs de réussir. Ceux qui vivent sans se demander s'ils seront un jour un arbre assez grand. Ceux chez qui la vie résonne encore. Il n'y a qu'eux qui sont capables d'accomplir des miracles."


"Quand la mer a mangé le soleil et que le ciel devient noir, si on navigue assez longtemps, jusqu'à l'endroit où ils se rejoignent, on s'envole vers les étoiles.

-Tu crois ?

-J'en suis sûr. Mais je suis pas certain qu'on puisse en revenir par contre."



 

mercredi 22 octobre 2025

Va où la rivière te porte de Shelley Read par Vincent Vallée




Quel roman !! Et pour cause, l'auteure y a mis du cœur, du ressenti, du vécu. Il y a une forme de naïveté dans la conception du récit mais surtout il y a de la poésie, de l'amour, de la haine, du drame.

Car oui, il s'agit d'une histoire d'amour bien trop éphémère qui pourtant va poursuivre, transformer le destin de la jeune Victoria Nash.

L'auteure met en avant l'ambiance d'une famille de paysans américains typique. Victoria rencontre l'amour unique, car on n'aime en général qu'une seule fois, ou du moins un de ces amours ne s'oublie jamais.

Bien entendu, on peut aimer encore, aimer sincèrement mais, l'amour passionnel, l'amour rêvé, qui souvent est furtif, marque une fois, il ne passe qu'une fois. Victoria va le rencontrer, le suivre sans savoir pourquoi, et puis c'est cet amour qui va la suivre, la poursuivre sa vie durant...

Victoria ne vit que pour son père, pas son frère ni son oncle qui sont très bien décrit: Un frangin nommé Seth qui est fainéant, alcoolisé la plupart du temps. L'oncle est un rescapé de la guerre avec tout ce que ça comporte, veuf depuis un drame familial qui a raboté la famille qui se verra privée de la mère de Victoria et sa tante. 

Le père est donc un jeune veuf perdu de par la mort de son épouse. La famille est à la tête d'un verger réputé dans la région, elle cultive les pêches depuis des générations, la façon dont elles sont décrites donne envie d'en manger... On les imagine belle, bien rondes et juteuses.

Victoria elle, est tombée de l'arbre de l'enfance et de l'insouciance en voyant Will la première fois, sale et mal vêtu mais si beau, splendide aux yeux de Victoria. La vie de la jeune fille va changer, basculer et ce sera une fuite vers l'amour, la passion, la folie ? 

Will est basané, pas comme les "Bons américains" doté d'un calme apaisant, une forme de don de sagesse, il provoque chez Victoria l'apaisement... 

Will sera victime de sa peau, de son apparence, de sa passion naissante chez lui aussi, pour la belle Victoria. 

Et puis, l'horreur survient une fois encore dans la vie de Victoria. Après avoir survécu à la mort de sa mère elle devra survivre tout simplement... Elle partira vivre 5 mois au loin dans la forêt avec des provisions, elle va se cacher dans la cabane qui servait d'abri à Will alors qu'il était traqué par le frère de Victoria et ses amis.

Will avait laissé à manger, Victoria loin de la ferme qu'elle a fui va survivre avec des légumes, quelques provisions et la pêche. Will vit en elle, en son sein, il na l'a pas quittée, elle le porte durant 9 mois encore, et le portera 20 ans ensuite...

Victoria va commettre une erreur ou avoir un geste de survie, chacun jugera. Un geste qui va la plonger dans une vie de nostalgie, faite de souvenirs. Jamais plus après Will, elle ne va aimer. Fidèle à son amour, au cadeau de la vie que lui aura laissé Will. Cadeau qui va pourtant lui manquer. Elle recommencera sa vie, une autre vie, ailleurs, plus loin, sa vie précédente ayant été noyée... Vous comprendrez.

Et puis un beau jour, lors d'un rituel du souvenir que seule une femme comme Victoria, rêveuse, poète dans son comportement, peut accomplir; elle trouvera le récit des 20 dernières années. 

20 années où elle aura vécu dans le souvenir et le regret; se demandant chaque jour à quoi il peut ressembler, à qui, à lui ? A Will ?

Mon Dieu quelle belle histoire, quel magnifique roman... Un léger regret sur la conclusion, une fin qui aurait pu être mieux élaborée, pensée. Mais voilà, c'est la fin que l'auteure a choisie et elle ne gâche rien au roman.

Courez vous le procurer ! Vous me remercierez !!

mardi 21 octobre 2025

Nicolas Sarkozy, condamné. Coupable ?

 

Nicolas Sarkozy, condamné. Coupable ?

 

Billet d’humeur du romancier Vincent Vallée

 


Une condamnation qui interroge

 

Nicolas Sarkozy a été condamné à cinq ans de prison, dont une partie ferme, pour association de malfaiteurs dans l’affaire du financement libyen.

Décidément, la Libye reste pour lui une épine dans le pied.

 

En 2011, il avait contribué à faire tomber un régime, comme les Américains l’avaient fait en Irak : au nom de la démocratie, mais au prix du chaos.

Aujourd’hui, c’est peut-être ce passé-là qui le rattrape.

 

Guerre, argent, influence, pouvoir ; autant de mots qui s’entremêlent dans ce dossier où tout semble flou, sauf les conséquences : un pays détruit, une population livrée à elle-même, des enfants qui paient encore les erreurs des adultes.

 

Et si, au fond, Sarkozy payait symboliquement le prix de cette chute, celle de Kadhafi d’abord, puis la sienne ?

Après de multiples convocations, comparutions et recours, puis la pose d’un bracelet électronique, la sentence est tombée : prison ferme pour un ancien président de la République.

 

Et la justice de mettre sous les verrous – certes dorés – celui qui fut chef de l’État.

Bien entendu, la justice est indépendante.

Mais dans ce cas précis, peut-on réellement parler d’impartialité lorsque la présidente du tribunal, Nathalie Gavarino, avait, dix ans plus tôt, manifesté contre la politique du prévenu ?

Un article d’Europe1 rappelait qu’en 2011, alors représentante du syndicat Union Syndicale des Magistrats à Nice, elle avait pris part à une manifestation dénonçant la politique sécuritaire du président Sarkozy.

Des soupçons sans preuve

 

Il lui est reproché d’avoir reçu du régime libyen jusqu’à 50 millions d’euros, alors qu’une campagne présidentielle dite « classique » nécessite environ 20 millions pour être correctement financée.

Cependant, le tribunal a reconnu qu’aucune preuve directe n’établissait que Sarkozy ou ses collaborateurs aient reçu cet argent.

Aucun virement. Aucune valise. Rien.

 

Et pourtant, la condamnation tombe : cinq ans de prison.

Sur la base de quoi ? De présomptions ? De soupçons ?

Un tribunal peut-il enfermer un homme, fût-il ex-président, sur la seule foi de probabilités ?

La justice ne devrait-elle pas relaxer lorsqu’elle ne peut prouver ?

 

Chacun restera libre de croire en la culpabilité de Nicolas Sarkozy.

Surtout celles et ceux qui voient un lien de cause à effet entre sa chute et celle du dictateur Kadhafi, il n’y a pas de fumée sans feu, dit-on. Et, depuis quelque temps, ça fume beaucoup autour de l’ancien président français…

 

Il faut s’interroger, et je m’interroge moi-même, quand bien même j’admire l’orateur, la bête politique qu’il fut, et sa force de persuasion.

Serait-ce justement cette force, cette capacité à convaincre et à séduire, qui pousse certains à douter de sa sincérité ? Ou bien, au contraire, est-ce ce charisme qui nourrit l’acharnement judiciaire dont il ferait l’objet ?

 

Mais, factuellement, il reste difficile d’ignorer que le dossier demeure fragile, et que le principe de présomption d’innocence en sort sérieusement ébranlé.

 


Témoins contradictoires et rumeurs persistantes


En 2016, Ziad Takieddine, homme d’affaires franco-libanais, avait déclaré avoir « remis jusqu’à cinq millions d’euros en espèces depuis Tripoli à Sarkozy et à son chef de cabinet ».

Pourtant, en 2020, il est revenu sur ses propos, parlant d’une erreur et retirant ses accusations.

Un revirement spectaculaire, qui aurait dû fragiliser le dossier.

Pourquoi, dès lors, continuer à s’appuyer sur les déclarations d’un témoin aussi contradictoire et instable ?

 

La presse, la justice et la vérité

 

En 2012, le site Mediapart publiait un document présenté comme émanant des services libyens, affirmant que Kadhafi avait accepté de financer la campagne de Sarkozy à hauteur de 50 millions d’euros.

Sarkozy a crié au faux.

Des expertises ont suivi.

Résultat : le document présentait « les caractéristiques d’un écrit officiel », mais aucune preuve du versement des fonds n’a jamais été apportée.

 

« Ce n’était pas un faux, mais ce n’était pas non plus une preuve. »

Entre ces deux vérités, l’opinion se perd.

 

L’homme derrière le procès

 

Sarkozy reste une figure forte, charismatique, clivante sans doute, mais indéniablement capable.

Il affirme, avec ce ton qui n’appartient qu’à lui, qu’il n’avouera jamais ce dont il n’est pas coupable.

Amoureux des mots et des livres, il emporte avec lui deux volumes symboliques : une biographie de Jésus et Le Comte de Monte-Cristo – deux figures de condamnés injustement accusés, et qui finissent par revenir plus forts.

 

Dans une émission littéraire, il confiait son admiration pour Céline, et notamment pour Voyage au bout de la nuit, que je vous invite à lire ou relire.

Son ouvrage Promenades, que j’ai particulièrement apprécié, partage cette même passion pour la culture, librement, sans arrogance.

Orateur redoutable, esprit vif, il reste l’un des rares politiques français capables de captiver, de provoquer, d’émouvoir même.

 

Et maintenant ?

 

Un homme, fût-il ancien président, ne reste-t-il pas un justiciable comme un autre ?

Faute de preuve, devait-il être condamné ?

La justice, avec si peu d’éléments tangibles – un témoin contradictoire, un document contesté, aucun fonds retrouvé, n’aurait-elle pas dû prononcer un non-lieu ?

A-t-elle voulu aller trop loin pour préserver son image ?

Ou bien la presse, à force d’enquête, a-t-elle fini par influencer la balance ?

 

Et si, un jour, une autre vérité éclatait ?

 




©Vincent Vallée

https://vincentvallee.blogspot.com

lundi 20 octobre 2025

Aux portes d'embarquements de Vincent Vallée

 


AUX PORTES D’EMBARQUEMENT

 

Aux portes d’embarquement, on peut les observer : les futurs voyageurs, les touristes.

C’est intéressant de les éplucher du regard, de tenter de les comprendre.

 

Il y a là une dame seule, la quarantaine.

Elle semble pompeuse, vêtue de manière classique pourtant, un visage de maman au tempérament d’institutrice, peut-être l’est-elle...

 

Seule. Fuit-elle quelque chose ? Quelqu’un ?

Plus de 4000 km, c’est loin pour voyager seule...

 

Un peu plus loin, un couple âgé.

Le mari se fait conduire en chaise roulante par son épouse.

Elle semble encore en forme, mais un peu lasse, aucun regard pour son vieux compagnon.

 

Ils ont pourtant beaucoup cheminé ensemble, je crois.

Elle porte un lourd fardeau qu’est l’impotence de son double, mais elle est pourtant là, lasse, mais là.

 

Lui, il est éteint, garé au bout de la rangée de sièges d’attente pour l’embarquement.

Il est tourné vers des inconnus qui arrivent, le regard angoissé de trouver le bon vol, fatigué d’avoir couru pour rien, car ils sont en avance, beaucoup trop.

 

Comme lui.

Mais lui, il avait de bonnes raisons. Cependant, il passe désormais sa vie à attendre les autres, il aimerait arriver en retard mais à pied…

Il était inconcevable de laisser passer une seule minute à gagner pour ne pas stresser et fatiguer son épouse plus que de raison.

 

Mais il est là pour elle.

Lui, il s’en fiche, il est fatigué d’être fatigué.

Il est las aussi d’être devenu le fardeau de jadis sa bien-aimée, celle avec qui il a virevolté sur les pistes de danse, celle qu’il a enlacée, aimée tendrement, passionnément.

 

Aujourd’hui, il sent qu’elle le supporte, qu’elle fait avec, et ça le mine.

Son fardeau lui vole son sourire et son bonheur.

Mais il est là, pour elle, que pour elle.

 

Aussi, ce couple musulman.

Elle est voilée, croyante et fidèle à sa foi, jolie sous son foulard, avec son foulard.

Le regard craintif, les joues rondes, elle avance avec son compagnon.

Ils sont jeunes et semblent s’empresser, comme s’ils fuyaient.

 

Lui, il a le regard affable, gentil, attentionné.

Il lui tient la main d’une manière protectrice, c’est frappant.

Frappant d’amour partagé.

 

Ils ont la foi, c’est d’ailleurs le guide de leur vie.

Mais parfois, cela leur pèse : le regard des autres, surtout là, dans un aéroport.

 

Comme s’ils portaient tous une ceinture macabre autour de la taille, un projet fou et meurtrier dans la tête ou dans les pensées.

 

Ces préjugés les poussent à être eux-mêmes racistes ou tentent de les convertir à ce sentiment malsain.

Ils en savent quelque chose.

 

Alors, sous les regards inquiets ou accablants, ils cheminent en silence, amoureusement, pour eux aussi profiter de quelques jours loin de tout, et au soleil.

 

Car en guise de ceinture, le jeune homme subit les lumbagos à répétition à force de ramasser les déchets des autres pour son travail à la ville.

 

Tandis qu’elle, c’est son ventre qui est ceint d’une vie à venir.

Elle est au début d’une grossesse, leur avenir, le fruit de leur amour.

 

Méritent-ils tous ces regards inquiets ?

Ils ne veulent pas le comprendre.

Ils avancent rapidement.

samedi 18 octobre 2025

Les lieux s'ensoleillent... Par Vincent Vallée

 



Il est des endroits où l’on n’aime guère se rendre,

De ces lieux pour « aller mieux », se soigner,

Et de se les imaginer tristes, moroses, déprimants.

Découvrir envers et contre tout que pourtant,

Ils s’éclairent par une magie inexpliquée,

S’ensoleillent à chaque venue, et le remarquer,

Se dire alors que malgré nous, malgré le sort,

Un rayon de soleil perce tous les murs 

Ceux des malheurs, ceux de l’obscur, ceux d’un hôpital.

Réfléchir au sens de cette coïncidence ?

Se dire qu’elle n’en est pas une, mais…

Se raisonner en laissant dehors la réflexion du romancier,

Oublier la raison qui donne mal à l’esprit,

Écouter son cœur et réaliser qu’il a raison,

Il a raison, le romancier…

La lumière s’invite pour nous éclairer sur les chemins de l’absurde.


dimanche 5 octobre 2025

La petite grenouille verte du jardin par Vincent Vallée

 


La petite grenouille verte du jardin

 

Petite grenouille verte,

Gentille gargouille inerte…

 

De là-haut, immobile sur ton piquet,

Tu les as, toute subtile, admirés…

 

Tout comme moi depuis plus de 20 ans,

Tu es demeurée jour et nuit, prudemment…

 

Toi comme moi, avons vieillis, jamais flanchés,

Peu importe où et quand, nous gardons le nid prêt à les abriter…

 

Alors oui, un coup de pinceau, un brin de toilette s’impose parfois,

Mais qui fait sa toilette si le travail sans pause reste notre foi... ?

 

Petite grenouille verte, témoin de tant de joie, de larmes, d’aventures,

As-tu cru en mon ingratitude tandis que toi sans armes subissait la pourriture… ?

 

C’eut été bien ingrat de ma part que d’oublier tout ce que tu symbolise à mes yeux,

Tu es témoin de nos départs, sans flancher sous la bise, je te soignerai comme je le fais pour eux

samedi 20 septembre 2025

Parce qu’ils sont moi.


 



L’impression de perdre pied,

La certitude de m’être trompé,

M’écrire pour me relever et ne pas y parvenir.


Vingt années à endurer un choix,

Vingt années à regretter ce choix ?


Oh non, pas vraiment, sinon à quoi bon ?


La vie est-elle une somme d’erreurs

Parmi lesquelles on tente de faire quelques additions ?


Une renonciation, un mariage — donc deux cadeaux du ciel…

Une acceptation, une séparation — donc une punition…


Et puis, la suite est une succession de punitions,

Si ce n’est quelques consolations…


Renvoyer une image qui ne nous correspond pas,

Finalement, c’est le lot de chacun, je crois.


Pourquoi la mienne est-elle si agressive

Alors qu’en réalité… ?


Qui peut se vanter de connaître autrui ?


Mais je me demande : Qui peut oublier,

Pour ne pas s’oublier ?

Comment font-ils ?


Oublier, c’est bien de cela qu’il s’agit.

Mais il y a des choses que l’on n’oublie pas,

Que je ne peux ni ne veux oublier moi,

Et laisser glisser sur un mur d’indifférence ?


Non, je ne suis pas parfait,

Jamais je ne le serai d’ailleurs, et c'est heureux.

Tout ce que je sais,

C’est que j’essaie de faire de mon mieux.


Alors j’écris,

Tandis que d’autres pleurent, peignent, chantent…

Moi, je n’ai que les maux…


Il me manque si cruellement.

Ils me manquent sans cesse, tout le temps…


Parce qu’ils sont moi,

Je suis eux.


D’abord une annonce,

Puis un cri, des pleurs,

Des rires, des bonheurs,

Des craintes, des efforts,

Des erreurs, des chutes,

Des victoires, des oublis,

Des larmes, des sourires.


Plus de vingt gâteaux x 2 à souffler en même temps qu'eux mais jamais ils ne l'ont vu,

Et moi, je ne crois pas avoir changé.

En tout cas, ce qu’ils ne voient pas est demeuré intacte,

Ce que je et vous cachez toutes et tous.


Non, ça ne change jamais…


Mais personne ne le sait jamais vraiment,

Personne si ce n’est soi-même…

Et c’est certainement cela qui fait souffrir. Je crois...


Oui, c’est ce que nous sommes,

Qui nous sommes.


Mais alors, eux…

Qui sont-ils vraiment ?

Je veux dire, là… dans leur cœur ?


Qui le sait ?


Nous sommes tous des menteurs,

Et la vie est un mensonge qui respire.

©Vincent Vallée


samedi 13 septembre 2025

TANT MIEUX de Amélie Nothomb par Vincent vallée


 


TANT MIEUX !

C'est ce que s'est répété Adrienne des années durant pour surmonter les horreurs commises par sa mère et face à la froideur de sa grand-mère.

Ce récit est un conte, comme aime nous livrer Amélie Nothomb. Comme toujours elle est concise et son texte regorge de mots nouveau pour moi... Vous les découvrirez à votre tour.

Son habitude d'insérer le mot "PNEU" est bel et bien au rendez-vous. Mais ce qui frappe le lecteur c'est cette faculté qu'a Amélie, de raconter un vécu ou celui d'un de ses proches, en l'occurrence sa mère ici, avec flegme et recul. Ce conte n'est pas dénué de bon sens ni d'humour. Mais on y retrouve surtout un hommage à sa mère, qu'elle admire pour avoir surmonté les épreuves d'une enfance particulière avec une mère serial Killeuse de.... Chats. Oui, c'est du pur Nothomb !

Qui plus est, nous sommes en Belgique, entre Gand, Bruxelles et Bruges.

C'est un conte certes mais biographique en l'honneur d'une mère que Amélie qualifie de folle et ayant "raté" sa mort au contraire de son père qui est parti avec toutes ses facultés.

Chose étonnante par contre, Amélie Nothomb se livre à la fin du roman en écrivant à la première personne du singulier. 

Vous l'aurez compris, ce fut vite lu comme de coutume mais ce fut surtout agréable et fluide, marrant et piquant. Un bon cru à nouveau de mon auteure favorite en France !

mardi 2 septembre 2025

Le blé en herbe de Colette par Vincent Vallée


 


Qui ne se souvient pas de ses premiers émois ? Cette sensation étrange, cette chaleur, ce trouble interne et cérébral. Soudain, nos jeux d'enfants semblent dérisoires et futiles. On ne sait pas ce qui nous arrive, on tourne le dos à nos jeux et à nos amis, et plus rien d’autre que ce trouble ne nous intéresse.


Vinca et Phil sont deux amis. Ils partagent chaque année des vacances avec leurs parents respectifs, nommés ici "les ombres" — une preuve de la confusion décrite par Colette quant à cette adolescence perturbante.


Autrefois amis et complices de jeux, de baignade et de pêche, c’est un amour qui va venir troubler tous les deux. Colette décrit très bien les changements physiques et les attitudes nonchalantes des préadolescents, qui, subitement, se comportent comme des adultes avec des corps d’enfants...


Mais ici, c’est Phil qui va tomber sous le charme de ce qui semble une vieille dame pour l’enfant, mais à laquelle je donnerais la quarantaine tout au plus. Et alors, nous nous surprenons à penser à la chanson de Dalida, qui évoque le roman : "Il venait d’avoir dix-huit ans"...


On bascule alors vers cet autre trouble ressenti par les adultes face aux jeunes hommes ou jeunes filles découvrant que leur corps est un outil de désir charnel, qui devient parfois, chez certains adultes entre deux âges, un objet de désir, avec une pointe de nostalgie quant à leur propre jeunesse...


Le mystère de l’amour naissant, le trouble d’un corps que l’on ne maîtrise plus car il se révèle, les ambiances chaudes et humides, l’esprit troublé sur lequel souffle une brise de vacances sentant bon le sable chaud et l’iode... Voilà quelques ingrédients de Colette pour ce petit chef-d'œuvre.