jeudi 19 juin 2025

Combien de fois par Vincent Vallée





Combien de fois vais-je t’écrire ?

Combien de fois vais-je m’approcher de la croix ?

Là où tu m’as pardonné, tout pardonné…

Et pourtant. Pourtant, je me sens coupable,

coupable d’avoir aimé,

d’avoir fauté en cédant à ce que j’étais déjà.

Tu le sais, car tu me connais.

J’étais enfant quand tu es venu me chercher,

tu savais qui j’étais.

Depuis ce jour de 2005,

tu n’as eu de cesse de m’éprouver,

tu n’as eu de cesse de me punir,

en tous cas, je le ressens comme tel.

Des épreuves, dont une significative,

symbolique dirons-nous…

Des rencontres qui n’ont eu d’effet que de la souffrance gratuite,

tandis que moi, je m’efforce d’être sincère,

tout en étant faible,

car oui, je ne suis pas irréprochable

parce que je trouve ta punition injuste.

Injuste… C’est ce que je ressens vis-à-vis de toi.

Oui, de l’injustice, car je n’ai jamais eu de haine

ou de mépris à ton égard.

Je te vois dans la fleur qui éclot,

la plante qui revit alors qu’on l’avait oubliée.

Je te vois dans la beauté d’un paysage,

je te vois dans un coucher de soleil.

Je te retrouve partout, car tu es partout.

Rien ne t’est caché, ni personne,

alors pourquoi ne me vois-tu plus ?

La punition est injuste, exagérée,

de trop, trop dure, trop longue,

inutile même, car je ne changerai pas.

Tu le sais, puisque tu me connais.

Et par ces mots, je ne te défie pas,

car je te crains.

Je dis juste mon évidence, ma vérité,

et nul besoin de nommer ce dont je te parle,

puisque tu sais.

J’ai admis notre désaccord,

j’ai admis que ton plan pour moi était tout autre,

mais je ne changerai pas.

Je ne changerai pas,

car je ne peux pas dire à un poisson de devenir un requin,

ou l’inverse.

C’est pareil pour moi,

je suis qui je suis,

et je ne peux être quelqu’un d’autre que moi,

moi et moi seul.

Alors, si tu ne m’aimes plus,

ne veux plus de moi,

me détestes,

je te demande juste de cesser ta punition,

qui dure et dure encore,

depuis 20 ans maintenant.


samedi 10 mai 2025

Photo sur demande de Simon Chevrier par Vincent Vallée

C’était une expérience de lecture à la fois inhabituelle, rapide et profondément stimulante. Le titre intrigant, associé à un résumé accrocheur, a immédiatement éveillé ma curiosité et m’a incité à plonger dans les pages de ce livre, impatient de découvrir ce qui se dissimulait sous cette couverture énigmatique.





À travers des paragraphes concis mais évocateurs, l’auteur nous immerge dans l’univers complexe de son personnage principal, un jeune homme dont la vie prend un tournant inattendu et déroutant lorsqu'il aperçoit, suspendu au-dessus d'un lit, le portrait d’un certain Daniel Schook. Ce dernier, bien que paraissant invisible tout au long de l'histoire, devient le catalyseur d’un voyage introspectif et d’une quête personnelle. En cherchant à percer le mystère de cet homme énigmatique, le protagoniste jongle habilement entre son travail d’escort, les préoccupations pressantes liées à la maladie de son père, le sentiment de confinement qui l'étouffe, et les méandres tumultueux de sa propre existence, créant ainsi un portrait riche et nuancé de sa réalité.


Ce style d’écriture, qui m’était jusqu’alors totalement étranger, a suscité en moi une certaine ambivalence. J’ai eu du mal à déterminer si j’ai réellement apprécié ce texte, tant il m’a dérouté par sa singularité. Cependant, je peux affirmer sans hésitation que cette lecture était à la fois déroutante et captivante. L’originalité du récit a réussi à éveiller en moi un intérêt sincère, et le rythme effréné avec lequel j’ai tourné les pages témoigne indéniablement de l’empreinte que l’auteur a su laisser sur moi.


Ce roman résonne profondément avec les préoccupations contemporaines, abordant des thèmes universels tels que les rencontres interpersonnelles, la sexualité, et les bouleversements sociaux de notre époque. Il met en lumière la façon dont le numérique et les plateformes de rencontre transforment nos interactions humaines, tout en interrogeant les liens que nous tissons dans un monde en constante évolution. Cette réflexion sur notre rapport à l’autre et à nous-mêmes fait de cette œuvre un miroir de notre société actuelle.



Simon Chevrier est diplômé d’une licence d’anglais et du Master Création Littéraire au Havre.


En décrochage scolaire à partir de la troisième, il finit ses études secondaires au Lycée expérimental de Saint-Nazaire et au Lycée Autogéré de Paris où il obtient son Baccalauréat. Dans le cadre de son apprentissage de la langue anglaise, il a vécu à Londres en Angleterre, puis à Galway en Irlande, isolément sur deux années.


"Photo sur demande" (2025) est son premier roman. Il s'agit de l'histoire d'un étudiant qui nous raconte par fragments ses rencontres amoureuses, ses mois de prostitution pour affronter la précarité, le décès de son père.


Simon Chevrier a remporté le 6 mai 2025 le prix Goncourt du premier roman avec "Photo sur demande".

(SOURCE BIO: BABELIO).


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jeudi 1 mai 2025

À la ligne de Joseph Ponthus (+) par Vincent Vallée


Voici un livre, dont on m'a parlé en référence à ma condition d'ouvrier, auteur, mais aussi ouvrier.

Donc, j'ai été tenté, curieux, intrigué. Le personnage est intérimaire, ce qui est sensiblement différent d'un véritable ouvrier en usine. La succession de petits jobs, de travail en abattoir essentiellement, ne peut permettre à l'auteur d'avoir une vision réaliste de ce qu'est le monde ouvrier en milieu industriel. Et ça se voit à la lecture.

Aussi, je n'ai pas compris et ne comprends toujours pas ce choix d'écrire sans ponctuation si ce n'est de vouloir rassembler une succession d'idées, réflexions en plein travail, de notes prises sur un coin de papier rapidement, mais ce n'est pas expliqué en ce sens donc, je trouve une excuse à l'auteur et son éditeur.

Sinon, il y a quelques passages que j'ai relevés et qui m'ont parlé, comme ceux qui suivent :


Beaucoup, parmi nos collègues, pensent nous connaître, mais ils sont à mille lieues de savoir qui nous sommes vraiment, nos passions, nos ambitions, ce qui fait battre notre cœur.




Oui, une succession de jours qui sont perdus, qui ne servent à rien si ce n'est changer le chiffre d'un compte en banque... Triste vérité, triste sort, triste choix puisqu'on y reste.


Oui, c'est comme ça. Pourquoi c'est comme ça ? Parce que pas de diplôme, parce que pas de courage ou/et d'audace pour changer, partir, fuir cette monotonie, cette routine puante et illogique, cette hiérarchie qui se regarde tel Narcisse et se trouve parfaite...

Vous l'aurez remarqué, j'ai, j'aurais pas mal de choses à développer sur ce sujet et je le ferai, plus tard, plus tard.

Mais autrement, je ne ferai pas l'erreur de Ponthus de ne pas ponctuer. Car l'auteur aimait les mots, les écrire, ne pas les habiller d'une belle ponctuation et ainsi leur donner une jolie musicalité, c'est les trahir.





Joseph Ponthus, né Baptiste Cornet, est un écrivain français.

Après des études de littérature à Reims et de travail social à Nancy, il a exercé plus de dix ans comme éducateur spécialisé en banlieue parisienne où il a notamment dirigé et publié "Nous... La Cité" .
Il chroniquait également, jusqu’en 2015, le quotidien de sa vie "d’éducateur de rue" dans un journal libertaire.

En 2015, il devient ouvrier intérimaire, principalement dans l'agro-alimentaire. Il se met alors à écrire son premier roman, un livre sans ponctuation qui se lit comme un long poème témoignant du quotidien à l'usine, de la pénibilité du travail et des divagations induites, intitulé "À la ligne" (2019).

Joseph Ponthus remporte le Grand Prix RTL-LIRE 2019 pour "À la ligne".

(Source BABELIO pour la BIO).



mercredi 23 avril 2025

Plus noir que noir de Stephen KING par Vincent Vallée




Un recueil de nouvelles du King : sa dernière sortie littéraire

Je suis un grand fan de Stephen King, vous le savez. Cependant, je dois dire qu'avec ce recueil, il m'a tantôt perdu, tantôt reconquis. Pour être objectif, ce n'est pas son meilleur ouvrage, mais il y a quelques pépites ! Ben quoi, c'est Stephen King, pas Stephen God !

Commençons avec la première nouvelle : un fils découvre comment son père et son oncle sont devenus célèbres après avoir sauvé une extraterrestre. Comment expliquer une soudaine célébrité ?

La seconde nouvelle aborde un homme en réunion chez les AA, qui parle à un inconnu dans le cadre de la 5ème étape du programme. Son défaut ? Il aime tuer.

La troisième nouvelle met en scène Willie, un enfant en retard de développement, attiré par la mort, en particulier celle de son grand-père. Il n'hésitera pas à l'interroger sur ses ressentis à l'approche de la faucheuse.

Dans la quatrième, un homme rêve du meurtre d'une jeune femme. Lorsqu'il constate que son rêve devient réalité, il hésite, mais prévient la police et devient le principal suspect. Selon moi, c'est la meilleure des douze nouvelles.

La cinquième raconte l'histoire d'un homme malchanceux depuis sa naissance, kidnappé par erreur. Un peu pauvre, celle-ci...

La sixième nouvelle : en prenant un raccourci pour rendre visite à une tante mourante, une famille, accompagnée de leur grand-père, est attaquée par deux voyous. Cette histoire prouve que l'âge n'a pas d'importance ! Une sacrément bonne histoire !

La septième : un veuf reçoit de sa sœur un petit chien pour l'aider à faire son deuil. Effectivement, il n'en veut pas, mais elle lui sauvera la vie de bien des façons.

La huitième nouvelle met en scène un homme qui tue sa femme, croyant qu'elle est possédée par un extraterrestre.

La neuvième parle des facilitateurs, qui empêchent les crashs lors de turbulences en avion. Un métier comme un autre, quoi... J'ai beaucoup aimé l'imagination de l'auteur.

Dans la dixième, après la mort de sa femme, un homme part en Floride pour se refaire une santé. Il croise une prétendue folle qui promène, dans un landau, les fantômes de ses enfants morts depuis 40 ans. À sa mort, elle s'attend à ce qu'il prenne la relève. Géniale, celle-ci aussi !

La onzième : un savant fou fait des expériences sur le sommeil. Rien à dire, je n'ai pas accroché du tout.

Enfin, la douzième nouvelle raconte l'histoire d'un homme qui consulte l'homme aux réponses, un personnage qui prédit l'avenir à travers les questions qu'on lui pose. Il le rencontrera trois fois dans sa vie. Savoir son avenir, en partie, a-t-il changé quelque chose ? Il ne pourra pas empêcher le destin. Magnifique histoire, j'ai beaucoup aimé cette dernière nouvelle.

Ce que j'ai le plus déploré, c'est l'obsession de l'auteur pour le COVID, qu'il ramène souvent dans ses histoires. Je crois que le King n'a pas digéré le confinement...

Sinon, il y a des nouvelles moins bonnes, mais dans l'ensemble, c'est un très bon recueil de nouvelles de mon auteur favori !




 

lundi 14 avril 2025

Stupeur et tremblements de Amélie Nothomb par Vincent Vallée




Stupeurs et Tremblements est un livre qui illustre parfaitement l'attitude de déférence à adopter face à l'empereur japonais. C'est cette dynamique que va explorer Amélie lorsqu'elle est engagée par la société japonaise Yumimoto.


Lorsque je m'attaque à un roman volumineux, je préfère toujours lire un ouvrage plus court en parallèle afin d’éviter la sensation de stagner. Amélie Nothomb est idéale pour cela. Ce court récit est riche d’anecdotes sur ce que signifie être embauché dans une entreprise. Je me suis reconnu dans certaines situations, notamment celle de faire face à une hiérarchie infinie où chaque supérieur en a un autre au-dessus de lui.


Amélie San est engagée en tant qu’interprète, mais on lui interdit de parler la langue japonaise. Elle se retrouve alors à jongler avec des chiffres qu'elle ne maîtrise pas, et se voit assignée à la photocopieuse, dont le résultat ne satisfera jamais son supérieur. Cet enchaînement de déconvenues pourrait ébranler même le plus courageux des employés.


C'est alors qu'Amélie se retrouvera, comme elle le dit si bien, « aux chiottes ! » Punie pour son audace, elle est reléguée à l'entretien des toilettes du 43e étage. Sa seule échappatoire se trouve être la fenêtre, où elle s'imagine, non sans ironie, sauter pour s'envoler, observant son corps fuir dans le vide devant ses yeux. Bien que l'écriture soit empreinte d'humour, je ressens un malaise profond, une envie d'évasion face à la dénigration dont Amélie doit faire l'expérience au sein de cette entreprise.


À propos de fenêtres, Amélie livre une belle citation dans ce roman : « Aussi longtemps qu'il existera des fenêtres, le moindre humain sur terre aura sa part de liberté. » Cette phrase résonne en moi, surtout lorsque je me retrouve enfermé au travail, à regarder passer les camions, une routine qui dure depuis 27 ans. Cela témoigne de l'impact que ce roman a eu sur moi.

Finalement, j'ai donc beaucoup aimé découvrir cette expérience de notre chère Amélie Nothomb avant qu'elle ne devienne l'écrivain que l'on connaît. Cela illustre bien que chacun possède en lui sa destinée. Amélie la vit pleinement, sans se compromettre dans une soumission purement alimentaire. L'essentiel n'est-il pas de trouver SA voie, même si cela implique des concessions pécuniaires et de se contenter d’une fenêtre d'où l'on peut voir passer des camions ?


Merci Amélie pour cette réflexion profonde sur la quête de soi et la liberté !


lundi 3 mars 2025

La femme de ménage de Freida McFadden par Vincent Vallée





Ce roman, tout comme les trois autres qui l’accompagnent, a rencontré un franc succès, propulsant son auteure au rang des best-sellers. C’est vraiment impressionnant. Pour ma part, j'ai tendance à éviter les romans trop populaires et ceux qui reçoivent des prix. Cependant, on m’a vraiment conseillé celui-ci, ce qui m’a poussé à l’aborder avec précaution. J’ai lu les premières pages et, à ma grande surprise, j’ai vite accroché. J'ai donc décidé de l'acheter.


L’histoire, sans trop en révéler, suit Millie, une ex-détenue qui vient de sortir de prison. Elle se retrouve sans endroit où aller ni revenus, vivant dans une vieille voiture. Ne pouvant rester dans cette situation, elle se met à chercher un emploi et se tourne vers un quartier chic, une jolie banlieue new-yorkaise. C’est chez les Winchesters qu’elle va postuler et, à sa grande surprise, elle est embauchée, avec gîte et couvert. Cependant, une fois sur place, Millie découvre une réalité bien différente derrière la façade. Madame Winchester est vindicative, bipolaire et quelque peu étrange. Sa chambre, quant à elle, est un grenier banal avec une fenêtre qui ne s’ouvre pas. Pour couronner le tout, la porte se verrouille uniquement de l’extérieur...


À l'opposé, Monsieur Winchester est un homme élégant, séduisant, riche et d’une grande courtoisie. Le parfait gentleman, ou presque ?


Il est vrai qu’il y a quelques clichés qui frôlent le romantisme, et certaines scènes rappellent ces téléfilms de l’après-midi, mais c'est plutôt rare. Ce que j'ai vraiment aimé, c'est le fait que ce soit un thriller, avec une intrigue bien ficelée. Tous les éléments s'imbriquent parfaitement dans les derniers chapitres. J'ai relevé ici ou là quelques répétitions ou maladresses, mais rien de vraiment choquant. En fin de compte, j'ai été agréablement surpris. Ce premier tome mérite son succès et donne envie de découvrir la suite des aventures de Millie ! Après tout, derrière chaque porte, il peut se passer mille choses, et pas toujours de jolies...

mercredi 26 février 2025

Rêve, ris en rimes de philippe Hennuy, par Vincent Vallée


 


Lors du salon DOUR SE LIVRE, que j'organise avec le centre culturel de Dour, j'ai acheté le recueil de poèmes de Philippe Hennuy, un romancier dont j'ai découvert le travail à travers sa biographie. Dans celle-ci, il évoque son enfance et son placement en institution, une expérience qu'il relate avec un regard optimiste, transformant ce qui est souvent un souvenir douloureux pour beaucoup d'enfants "placés" en un souvenir positif.


Dans ce recueil que je vous invite à découvrir, Philippe s'attaque à la poésie, un domaine complexe, en structurant son œuvre autour de quatre thèmes : l'enfance, l'adolescence, les femmes de sa vie, et enfin l'amitié.


Cependant, étant donné ma relation avec Philippe, je tiens à exprimer mon ressenti de manière honnête : je n'ai pas réussi à accrocher à son recueil. La rime est parfois trop accessible, et la nature très intime de ses poèmes fait qu'il est difficile pour le lecteur de s'évader. Je n'en doute pas, l'auteur a pris plaisir à écrire, et c'est tout à son honneur, mais il semble avoir légèrement négligé le lecteur qui n'est pas familiarisé avec son histoire.


Pour ma part, j'ai des centaines de poèmes, de proses et d'essais que je n'ai jamais publiés, car ils sont pour moi des exercices d'introspection, des tentatives et des exutoires. En relisant certains de mes écrits, je suis certain d'y retrouver des similarités avec ce que Philippe propose.


En conclusion, nous pourrions qualifier cette œuvre d'essai. Philippe Hennuy est sans conteste un bon romancier qui explore différents styles littéraires, et cela mérite d'être salué.





mardi 25 février 2025

Tintin au pays des soviets "Les coulisses d'une œuvre" (Hergé) - Philippe Godin - Par Vincent Vallée - Masse critique BABELIO.

 




Ce premier volume de la série "Les coulisses d'une œuvre" se concentre sur la création des albums de Tintin, avec un regard sur « Tintin au Pays des Soviets ». Bien que cet album ne figure pas parmi mes préférés, j'ai trouvé l'analyse qui lui est consacrée particulièrement enrichissante. Une multitude de documents et de dessins, pour la plupart inédits, situent cette aventure dans son contexte historique tout en éclairant la carrière d'Hergé. Ces éléments permettent d'appréhender les influences et les inspirations qui ont joué un rôle significatif dans la conception de l'œuvre.


L'ouvrage, au format original et minutieusement élaboré, se destine tant aux fervents admirateurs d'Hergé qu'aux novices. Les passionnés y découvriront des détails intrigants et des anecdotes surprenantes, tandis que les néophytes auront l'opportunité de s’initier au monde de Tintin sous un angle nouveau. Néanmoins, il est à noter que certaines analyses pourraient sembler un peu trop pointues pour ceux qui recherchent une approche plus accessible.


En somme, ce livre se révèle être une ressource précieuse pour quiconque s'intéresse à l'histoire de la bande dessinée et à l'œuvre d'Hergé. Il offre une immersion fascinante dans les coulisses de la création de Tintin, mettant à jour des facettes méconnues et des trésors cachés de l'univers du célèbre reporter et de son créateur.

samedi 15 février 2025

BRUME de Stephen King par Vincent Vallée

Brume


Je viens de terminer ma lecture, et oui, c'est encore Stephen King. À mes yeux, le maître des mots continue de m’envoûter et de m’emmener loin de chez moi. L’auteur possède ce talent inégalé de rendre crédible l'incroyable, l'impossible.


Avec BRUME, King nous entraîne dans un supermarché... Étrange, n'est-ce pas ? Pourtant, c'est après une tempête violente que le jeune Billy se rend à ce supermarché, laissant sa mère à la maison. La météo, après cette tempête, était atypique : des dégâts étaient bien présents, mais l'atmosphère était lourde et troublante. Au loin, un brouillard épais se profilait à l'horizon...


Ce brouillard allait envahir la ville et les esprits, enfermant une poignée d'habitants, dont le jeune Billy et son père, dans ce supermarché qui allait devenir leur refuge.


À l'intérieur de cet abri, ils allaient supposer être encerclés par des créatures étranges, dissimulées dans la brume, enfouies au cœur du brouillard extérieur et dans la confusion de leurs pensées...


La brume va-t-elle se dissiper ? Qui sont ces créatures qui errent à l'extérieur ? Que s'est-il passé dans cette petite ville bordant Long Lake dans le Maine ?


Il faut savoir qu’aucun autre auteur ne m’a embarqué comme Stephen King depuis que je lis. Chaque fois, cela fonctionne, cela me surprend, et quel style ! Heureusement, King a écrit tant d'œuvres, j'ai encore de quoi passer de longues heures immergé dans ses histoires. Et il n’a pas encore terminé son œuvre...




samedi 1 février 2025

La traversée des temps, tome 2 : La porte du ciel de Eric Emmanuel Schmitt par Vincent Vallée


Une fois encore, Schmitt nous entraîne dans son univers singulier où nous suivons les péripéties de Noam. La qualité de son écriture et de sa narration ne peut être mise en doute. Cependant, je dois avouer que, comme dans le précédent tome, le roman s'étire bien trop en longueur. J'ai éprouvé des difficultés à le terminer, devant souvent me forcer à reprendre ma lecture, il fait 600 pages aussi...


L'intrigue, bien que fascinante, mériterait d'être racontée de manière plus concise. En effet, le récit avance à un rythme languissant, nous égarant dans des détails qui nous éloignent de la trame principale. Cela est d'autant plus regrettable que l'idée de voyager à travers le temps est intrigante, et les rebondissements, bien que parfois prévisibles, pourraient enrichir l'expérience de lecture. L'astuce trouvée pour permettre à Noam de traverser les âges est judicieuse, mais il apparaît souvent niais dans ses élans amoureux, ce qui peut rendre certaines scènes un peu trop sentimentales.


De plus, le choix de s'appuyer sur les saintes écritures pour explorer cette thématique temporelle révèle un parti pris religieux qui semble s'écarter d'une approche scientifique et rationnelle. Ce manque de rigueur cartésienne, à mon sens, nuit à l'ensemble de l'œuvre. Je ne suis donc pas certain d'avoir l'audace de poursuivre l'exploration de cette saga jusqu'à son terme.



vendredi 17 janvier 2025

Vous parler de mon fils de Philippe Besson par Vincent Vallée


Je viens de terminer ce roman et il m'a fallu seulement trois jours pour le dévorer, tant cet ultime ouvrage de Philippe Besson est un véritable choc.

Après avoir récemment parcouru quelques livres plutôt banals et ennuyeux, retrouver la plume et le style inimitables de Besson, avec son sens aigu de la formulation, est un véritable cadeau littéraire.

Cette fois, l'écrivain aborde le thème du harcèlement, une expérience qu'il a lui-même vécue à l'école en tant qu'homosexuel, mais à une époque où, une fois rentré chez soi, l'enfer s'arrêtait. De nos jours, le harcèlement - qu'il s'adresse aux personnes obèses, aux bègues, aux studieux ou aux homosexuels - persiste, ne s'interrompant même pas la nuit. Ce phénomène est largement alimenté par les avancées technologiques, Internet et les réseaux sociaux.

Le récit se concentre sur Hugo, un adolescent de 14 ans, grand et mince, qui commence tout juste à découvrir son attirance pour les garçons. L'école, sensée être un lieu d'apprentissage et de sécurité, s'est transformée pour lui en un véritable enfer. Pourtant, Hugo choisit de se taire.

Cependant, malgré son malheur, Hugo a la chance d'avoir une mère attentive et protectrice qui va rapidement réaliser que son fils aîné souffre. Elle observe son fils se faire chahuter par d'autres élèves à l'entrée de l'école.

Finalement, Hugo ne peut plus rester silencieux. Poussée par son instinct, la mère inquiète le père de Hugo, qui avait jusqu'alors adopté une attitude prudente. ils poussent leur fils à se confier et à raconter tout ce qu'il endure : les bousculades, les insultes, les coups, l'humiliation, les menaces... rien ne lui est épargné.

Le récit est également teinté de la perspective du père, sachant dès le début du roman que Hugo a décidé de mettre fin à ses jours, épuisé et désespéré par une vie si courte.

Après avoir été prudent et raisonné, le père commence enfin à comprendre la détresse de son fils. Avec son épouse, il met tout en œuvre pour soutenir Hugo, le conseiller et le rassurer. Mais face à l'absence de changement et au désespoir que ressent sa femme, il décide d'affronter le directeur de l'école.

Ce moment met en lumière l'échec d'une hiérarchie scolaire, où ils se retrouvent face à un homme pathétique, obtus et inconscient. Comment peut-on rester indifférent face à l'appel à l'aide de deux parents désespérés ?

Ce roman m'a profondément ému, et même déprimé, car en tant que père, comment ne pas se projeter et envisager la douleur de perdre un enfant à cause de la cruauté de quelques individus ?

Tout au long de ma lecture, j'ai ressenti de la frustration envers le père, j'ai trouvé la mère trop oppressante, j'ai eu envie de secouer Hugo, et de la peine pour son petit frère, si proche de lui. Ma colère s'est dirigée vers le système et un profond dégoût envers les harceleurs.

Le point de vue du père est précieux, car il est souvent oublié. Un père, c'est aussi celui qui prépare des biberons, qui se lève la nuit et qui s'inquiète au travail si son enfant ne va pas bien. Besson illustre ici la maladresse de la paternité, car qui possède réellement le manuel du parent parfait ? 
Comment vivre après le suicide de son fils ? Peut-on vraiment pardonner ? Pour ma part, je ne le pense pas...

Merci, Philippe Besson, pour cet éclairage sur cette cause à défendre, pour cette lutte contre la bêtise et la cruauté. Je pense à tous les Hugo...



J'ai retenu quelques phrases : 

"Tu sais, être heureux ce n'est pas une chose compliquée, c'est être tranquille."

"Les disparitions prématurées nous apparaissent toujours comme une injustice. On se dit : il restait tant à vivre, tant de choses à accomplir, tant de territoires à découvrir, tant d'expériences à mener, tant d'erreurs à commettre, tant de rires et de larmes, tant de divertissement et d'ennui, tant de victoires et de défaites, tant d'espoirs et de désillusions, et soudain, plus rien, plus rien du tout."


L'auteur :



mercredi 15 janvier 2025

Le corps de Stephen King par Vincent Vallée


Bon sang que j'aime la plume du King... Et puis cette nouvelle, "Le corps" écrite durant les années 80, est un hymne à l'amitié, à l'enfance, à la complicité entre potes.

J'ai entendu ou lu qu'un homme passe sa vie à chercher l'enfant qui est en lui, mais aussi qu'un homme à accompli tous ses rêves avant 17 ans mais ne le sait pas...

J'y crois, et cette nouvelle du King ne dément pas ces citations. Une nouvelle adaptée au cinéma avec River Phoenix entre autres dans "Stand by me". Avant de vous faire mon compte rendu je précise avoir appris que cette nouvelle est la plus autobiographique du King, Gordon Lachance (Gordie) c'est lui même, Stephen King, et cette histoire ce sont ses souvenirs d'enfance, celle qu'il passe sa vie à chercher...


Gordon Lachance écrit en quelque sorte les mémoires de son enfance ou du moins l'épisode qui le marquera à vie. Gordie est privé de son frère depuis quelques mois à peine, mort dans un accident, quand nous faisons sa connaissance. Il aime traîner avec ce que ses parents appellent des "ratés". Il y a Teddy, le pote un peu déjanté, pas net qui, en réalité, est le fils d'un vétéran qui a laissé ses neurones au champs de bataille. Pour preuve, l'oreille cramée de Teddy sur le poêle brulant dans une des crises de boissons de son paternel. Teddy est bigleux aussi, ça n'arrange rien... Ensuite il y a Vern, le plus couillon des quatre, le moins audacieux dirons nous, Gordie le narrateur, le plus calme, posé qui aime écrire des histoires et les raconter à ses potes qui l'écoutent bouche grande ouverte. Et pour terminer Chris, le plus dur, le meneur qui vit dans un contexte plus lugubre, avec un père ivre la plupart du temps, un frère en prison, un autre pas bien loin d'y aller... Chris est le plus proche de Gordie.

Un beau jour, en cherchant son pot de monnaie sous la véranda, Vern va entendre son frangin parler du cadavre d'un gosse porté disparu depuis quelques jours, il serait dans les bois, ou pas bien loin de la voie ferrée à 50 km de Kastelrock. Vern va vite rejoindre ses trois potes dans la cabane qu'ils ont construites dans un arbre, leur repère, et raconter ce qu'il vient d'apprendre. Aussitôt, les quatre potes vont tomber d'accord et partir à la recherche du corps de Brower, le gamin porté disparu et se mettre en tête de le ramener afin de faire la UNE des journaux !

C'est au travers d'une balade de 50 km que nous allons mieux découvrir la complicité, l'amitié entre les quatre amis. Ils feront la connaissance de Chopper, le chien monstrueux qui garde la casse où ils vont se ravitailler en eau. "Chopper choppe les !"

Ils vont devoir faire face à la folie de Teddy difficile à contrôler parfois. Se retrouver sur une voie ferrée sur un pont enjambant une rivière et fuir un train à leur trousses et tant d'autres aventures avant de retrouver le corps ?

Ce qui est le plus frappant, marquant, c'est la différence sociale qu'on comprends entre Gordie et ses amis, surtout Chris qui est son meilleur ami. On sent que Chris aide Gordie sans le savoir, à surmonter la mort de son frère aîné. Au travers de sa différence sociale comme on dit, Chris est très conscient de ses limites à l'école et de son contexte familial et va souvent être celui qui va conseiller Gordie. Comme l'aurait fait le frère de Gordie... 

Stephen King a écrit là une pépite, ses mémoires d'ado et s'est fait plaisir on le ressent. C'est le Gordie adulte et devenu écrivain qui écrit son histoire et celle d'un week-end à la recherche d'un corps, celui d'un gamin de leur âge, sûrement percuté par un train.

Je ne peux vous quitter sans vous partager quelques passages de cette nouvelle magnifique :


"Mes couilles sont remontées si haut que je croyais qu’elles voulaient rentrer à la maison".


"Les autres enviaient ma façon de battre, et tous ceux que je connaissais m’avaient demandé de le leur montrer… sauf Chris. Je suppose qu’il était le seul à comprendre que c’était comme de distribuer des morceaux de Dennis, et j’en avais si peu que je ne pouvais pas me permettre de les donner."


"Nous nous sommes regardés dans les yeux un instant, y voyant certaines de ces choses qui font les vrais amis."


"Tout était là, autour de nous. Nous savions exactement qui nous étions et où nous allions. C’était génial."


"Me voilà essayant de revoir cette époque à travers un clavier d’IBM, de me rappeler le meilleur et le pire de cet été vert et brun, et je peux presque sentir le garçon maigre, couvert d’éraflures, encore enfoui dans ce corps vieillissant, entendre à nouveau les chansons et les bruits."


"Ouh, merci papa. – Putain, je voudrais bien être ton père ! » Chris était en colère. « Tu ne parlerais pas un peu partout de t’inscrire à ces conneries de cours de commerce si je l’étais ! C’est comme si Dieu t’avait fait un don, toutes ces histoires que tu peux inventer, et qu’il t’avait dit : Voilà ce qu’on a pour toi, môme. Essaye de ne pas le perdre. Mais les mômes perdent n’importe quoi quand il n’y a pas quelqu’un pour veiller sur eux, et si tes parents sont trop baisés pour le faire alors ça devrait peut-être être moi. »


"On écrit des histoires pour une seule raison, pour comprendre son passé et se préparer à une mortalité future."


"Les choses les plus importantes sont les plus difficiles à dire."


 "Il avait pu mourir tout simplement parce qu’il avait trop peur pour continuer à vivre."




jeudi 9 janvier 2025

Le singe suivi du Chenal de Stephen King par Vincent Vallée

 



L'année a débuté sous de bons auspices, avec Stephen King et deux de ses nouvelles à découvrir. J'ai toujours eu un faible pour ses récits courts ! Cette fois-ci, c'est à travers un jouet, un singe, que King parvient à nous plonger dans l'angoisse.


Hal se débarrasse de ce jouet, ce singe qui, une fois ses cymbales frappées, préfigure le désastre... C'est dans le grenier de son enfance qu'il a découvert ce jouet maléfique. De retour dans la maison familiale, le jouet, disparu et apparemment perdu au fond d'un puits, est retrouvé par le fils de Hal. Et la malédiction reprend alors son cours...


En revanche, "Le chenal" m'a moins convaincu. King, dans son ouvrage "Écriture", affirme qu'il ne faut pas sous-estimer le lecteur et conseille de réduire de 10 % les détails superflus d'un texte. Pourtant, dans "Le chenal", il semble faire tout le contraire. Ce récit évoque la fin de vie de Stella, qui, après avoir passé plus de 90 ans d'un côté du chenal, réalise qu'elle n'a jamais exploré l'autre rive. Lorsqu'elle décide enfin de franchir le pas, c'est pour le faire de manière déterminée...


Le récit est long et trop riche en descriptions, donnant l'impression d'entrer dans une histoire au milieu de son développement. C'est ma première déception avec King, il fallait bien qu'elle arrive un jour, n'est-ce pas ?