jeudi 1 mai 2025

À la ligne de Joseph Ponthus (+) par Vincent Vallée


Voici un livre, dont on m'a parlé en référence à ma condition d'ouvrier, auteur, mais aussi ouvrier.

Donc, j'ai été tenté, curieux, intrigué. Le personnage est intérimaire, ce qui est sensiblement différent d'un véritable ouvrier en usine. La succession de petits jobs, de travail en abattoir essentiellement, ne peut permettre à l'auteur d'avoir une vision réaliste de ce qu'est le monde ouvrier en milieu industriel. Et ça se voit à la lecture.

Aussi, je n'ai pas compris et ne comprends toujours pas ce choix d'écrire sans ponctuation si ce n'est de vouloir rassembler une succession d'idées, réflexions en plein travail, de notes prises sur un coin de papier rapidement, mais ce n'est pas expliqué en ce sens donc, je trouve une excuse à l'auteur et son éditeur.

Sinon, il y a quelques passages que j'ai relevés et qui m'ont parlé, comme ceux qui suivent :


Beaucoup, parmi nos collègues, pensent nous connaître, mais ils sont à mille lieues de savoir qui nous sommes vraiment, nos passions, nos ambitions, ce qui fait battre notre cœur.




Oui, une succession de jours qui sont perdus, qui ne servent à rien si ce n'est changer le chiffre d'un compte en banque... Triste vérité, triste sort, triste choix puisqu'on y reste.


Oui, c'est comme ça. Pourquoi c'est comme ça ? Parce que pas de diplôme, parce que pas de courage ou/et d'audace pour changer, partir, fuir cette monotonie, cette routine puante et illogique, cette hiérarchie qui se regarde tel Narcisse et se trouve parfaite...

Vous l'aurez remarqué, j'ai, j'aurais pas mal de choses à développer sur ce sujet et je le ferai, plus tard, plus tard.

Mais autrement, je ne ferai pas l'erreur de Ponthus de ne pas ponctuer. Car l'auteur aimait les mots, les écrire, ne pas les habiller d'une belle ponctuation et ainsi leur donner une jolie musicalité, c'est les trahir.





Joseph Ponthus, né Baptiste Cornet, est un écrivain français.

Après des études de littérature à Reims et de travail social à Nancy, il a exercé plus de dix ans comme éducateur spécialisé en banlieue parisienne où il a notamment dirigé et publié "Nous... La Cité" .
Il chroniquait également, jusqu’en 2015, le quotidien de sa vie "d’éducateur de rue" dans un journal libertaire.

En 2015, il devient ouvrier intérimaire, principalement dans l'agro-alimentaire. Il se met alors à écrire son premier roman, un livre sans ponctuation qui se lit comme un long poème témoignant du quotidien à l'usine, de la pénibilité du travail et des divagations induites, intitulé "À la ligne" (2019).

Joseph Ponthus remporte le Grand Prix RTL-LIRE 2019 pour "À la ligne".

(Source BABELIO pour la BIO).



mercredi 23 avril 2025

Plus noir que noir de Stephen KING par Vincent Vallée




Un recueil de nouvelles du King : sa dernière sortie littéraire

Je suis un grand fan de Stephen King, vous le savez. Cependant, je dois dire qu'avec ce recueil, il m'a tantôt perdu, tantôt reconquis. Pour être objectif, ce n'est pas son meilleur ouvrage, mais il y a quelques pépites ! Ben quoi, c'est Stephen King, pas Stephen God !

Commençons avec la première nouvelle : un fils découvre comment son père et son oncle sont devenus célèbres après avoir sauvé une extraterrestre. Comment expliquer une soudaine célébrité ?

La seconde nouvelle aborde un homme en réunion chez les AA, qui parle à un inconnu dans le cadre de la 5ème étape du programme. Son défaut ? Il aime tuer.

La troisième nouvelle met en scène Willie, un enfant en retard de développement, attiré par la mort, en particulier celle de son grand-père. Il n'hésitera pas à l'interroger sur ses ressentis à l'approche de la faucheuse.

Dans la quatrième, un homme rêve du meurtre d'une jeune femme. Lorsqu'il constate que son rêve devient réalité, il hésite, mais prévient la police et devient le principal suspect. Selon moi, c'est la meilleure des douze nouvelles.

La cinquième raconte l'histoire d'un homme malchanceux depuis sa naissance, kidnappé par erreur. Un peu pauvre, celle-ci...

La sixième nouvelle : en prenant un raccourci pour rendre visite à une tante mourante, une famille, accompagnée de leur grand-père, est attaquée par deux voyous. Cette histoire prouve que l'âge n'a pas d'importance ! Une sacrément bonne histoire !

La septième : un veuf reçoit de sa sœur un petit chien pour l'aider à faire son deuil. Effectivement, il n'en veut pas, mais elle lui sauvera la vie de bien des façons.

La huitième nouvelle met en scène un homme qui tue sa femme, croyant qu'elle est possédée par un extraterrestre.

La neuvième parle des facilitateurs, qui empêchent les crashs lors de turbulences en avion. Un métier comme un autre, quoi... J'ai beaucoup aimé l'imagination de l'auteur.

Dans la dixième, après la mort de sa femme, un homme part en Floride pour se refaire une santé. Il croise une prétendue folle qui promène, dans un landau, les fantômes de ses enfants morts depuis 40 ans. À sa mort, elle s'attend à ce qu'il prenne la relève. Géniale, celle-ci aussi !

La onzième : un savant fou fait des expériences sur le sommeil. Rien à dire, je n'ai pas accroché du tout.

Enfin, la douzième nouvelle raconte l'histoire d'un homme qui consulte l'homme aux réponses, un personnage qui prédit l'avenir à travers les questions qu'on lui pose. Il le rencontrera trois fois dans sa vie. Savoir son avenir, en partie, a-t-il changé quelque chose ? Il ne pourra pas empêcher le destin. Magnifique histoire, j'ai beaucoup aimé cette dernière nouvelle.

Ce que j'ai le plus déploré, c'est l'obsession de l'auteur pour le COVID, qu'il ramène souvent dans ses histoires. Je crois que le King n'a pas digéré le confinement...

Sinon, il y a des nouvelles moins bonnes, mais dans l'ensemble, c'est un très bon recueil de nouvelles de mon auteur favori !




 

lundi 14 avril 2025

Stupeur et tremblements de Amélie Nothomb par Vincent Vallée




Stupeurs et Tremblements est un livre qui illustre parfaitement l'attitude de déférence à adopter face à l'empereur japonais. C'est cette dynamique que va explorer Amélie lorsqu'elle est engagée par la société japonaise Yumimoto.


Lorsque je m'attaque à un roman volumineux, je préfère toujours lire un ouvrage plus court en parallèle afin d’éviter la sensation de stagner. Amélie Nothomb est idéale pour cela. Ce court récit est riche d’anecdotes sur ce que signifie être embauché dans une entreprise. Je me suis reconnu dans certaines situations, notamment celle de faire face à une hiérarchie infinie où chaque supérieur en a un autre au-dessus de lui.


Amélie San est engagée en tant qu’interprète, mais on lui interdit de parler la langue japonaise. Elle se retrouve alors à jongler avec des chiffres qu'elle ne maîtrise pas, et se voit assignée à la photocopieuse, dont le résultat ne satisfera jamais son supérieur. Cet enchaînement de déconvenues pourrait ébranler même le plus courageux des employés.


C'est alors qu'Amélie se retrouvera, comme elle le dit si bien, « aux chiottes ! » Punie pour son audace, elle est reléguée à l'entretien des toilettes du 43e étage. Sa seule échappatoire se trouve être la fenêtre, où elle s'imagine, non sans ironie, sauter pour s'envoler, observant son corps fuir dans le vide devant ses yeux. Bien que l'écriture soit empreinte d'humour, je ressens un malaise profond, une envie d'évasion face à la dénigration dont Amélie doit faire l'expérience au sein de cette entreprise.


À propos de fenêtres, Amélie livre une belle citation dans ce roman : « Aussi longtemps qu'il existera des fenêtres, le moindre humain sur terre aura sa part de liberté. » Cette phrase résonne en moi, surtout lorsque je me retrouve enfermé au travail, à regarder passer les camions, une routine qui dure depuis 27 ans. Cela témoigne de l'impact que ce roman a eu sur moi.

Finalement, j'ai donc beaucoup aimé découvrir cette expérience de notre chère Amélie Nothomb avant qu'elle ne devienne l'écrivain que l'on connaît. Cela illustre bien que chacun possède en lui sa destinée. Amélie la vit pleinement, sans se compromettre dans une soumission purement alimentaire. L'essentiel n'est-il pas de trouver SA voie, même si cela implique des concessions pécuniaires et de se contenter d’une fenêtre d'où l'on peut voir passer des camions ?


Merci Amélie pour cette réflexion profonde sur la quête de soi et la liberté !


lundi 3 mars 2025

La femme de ménage de Freida McFadden par Vincent Vallée





Ce roman, tout comme les trois autres qui l’accompagnent, a rencontré un franc succès, propulsant son auteure au rang des best-sellers. C’est vraiment impressionnant. Pour ma part, j'ai tendance à éviter les romans trop populaires et ceux qui reçoivent des prix. Cependant, on m’a vraiment conseillé celui-ci, ce qui m’a poussé à l’aborder avec précaution. J’ai lu les premières pages et, à ma grande surprise, j’ai vite accroché. J'ai donc décidé de l'acheter.


L’histoire, sans trop en révéler, suit Millie, une ex-détenue qui vient de sortir de prison. Elle se retrouve sans endroit où aller ni revenus, vivant dans une vieille voiture. Ne pouvant rester dans cette situation, elle se met à chercher un emploi et se tourne vers un quartier chic, une jolie banlieue new-yorkaise. C’est chez les Winchesters qu’elle va postuler et, à sa grande surprise, elle est embauchée, avec gîte et couvert. Cependant, une fois sur place, Millie découvre une réalité bien différente derrière la façade. Madame Winchester est vindicative, bipolaire et quelque peu étrange. Sa chambre, quant à elle, est un grenier banal avec une fenêtre qui ne s’ouvre pas. Pour couronner le tout, la porte se verrouille uniquement de l’extérieur...


À l'opposé, Monsieur Winchester est un homme élégant, séduisant, riche et d’une grande courtoisie. Le parfait gentleman, ou presque ?


Il est vrai qu’il y a quelques clichés qui frôlent le romantisme, et certaines scènes rappellent ces téléfilms de l’après-midi, mais c'est plutôt rare. Ce que j'ai vraiment aimé, c'est le fait que ce soit un thriller, avec une intrigue bien ficelée. Tous les éléments s'imbriquent parfaitement dans les derniers chapitres. J'ai relevé ici ou là quelques répétitions ou maladresses, mais rien de vraiment choquant. En fin de compte, j'ai été agréablement surpris. Ce premier tome mérite son succès et donne envie de découvrir la suite des aventures de Millie ! Après tout, derrière chaque porte, il peut se passer mille choses, et pas toujours de jolies...

mercredi 26 février 2025

Rêve, ris en rimes de philippe Hennuy, par Vincent Vallée


 


Lors du salon DOUR SE LIVRE, que j'organise avec le centre culturel de Dour, j'ai acheté le recueil de poèmes de Philippe Hennuy, un romancier dont j'ai découvert le travail à travers sa biographie. Dans celle-ci, il évoque son enfance et son placement en institution, une expérience qu'il relate avec un regard optimiste, transformant ce qui est souvent un souvenir douloureux pour beaucoup d'enfants "placés" en un souvenir positif.


Dans ce recueil que je vous invite à découvrir, Philippe s'attaque à la poésie, un domaine complexe, en structurant son œuvre autour de quatre thèmes : l'enfance, l'adolescence, les femmes de sa vie, et enfin l'amitié.


Cependant, étant donné ma relation avec Philippe, je tiens à exprimer mon ressenti de manière honnête : je n'ai pas réussi à accrocher à son recueil. La rime est parfois trop accessible, et la nature très intime de ses poèmes fait qu'il est difficile pour le lecteur de s'évader. Je n'en doute pas, l'auteur a pris plaisir à écrire, et c'est tout à son honneur, mais il semble avoir légèrement négligé le lecteur qui n'est pas familiarisé avec son histoire.


Pour ma part, j'ai des centaines de poèmes, de proses et d'essais que je n'ai jamais publiés, car ils sont pour moi des exercices d'introspection, des tentatives et des exutoires. En relisant certains de mes écrits, je suis certain d'y retrouver des similarités avec ce que Philippe propose.


En conclusion, nous pourrions qualifier cette œuvre d'essai. Philippe Hennuy est sans conteste un bon romancier qui explore différents styles littéraires, et cela mérite d'être salué.





mardi 25 février 2025

Tintin au pays des soviets "Les coulisses d'une œuvre" (Hergé) - Philippe Godin - Par Vincent Vallée - Masse critique BABELIO.

 




Ce premier volume de la série "Les coulisses d'une œuvre" se concentre sur la création des albums de Tintin, avec un regard sur « Tintin au Pays des Soviets ». Bien que cet album ne figure pas parmi mes préférés, j'ai trouvé l'analyse qui lui est consacrée particulièrement enrichissante. Une multitude de documents et de dessins, pour la plupart inédits, situent cette aventure dans son contexte historique tout en éclairant la carrière d'Hergé. Ces éléments permettent d'appréhender les influences et les inspirations qui ont joué un rôle significatif dans la conception de l'œuvre.


L'ouvrage, au format original et minutieusement élaboré, se destine tant aux fervents admirateurs d'Hergé qu'aux novices. Les passionnés y découvriront des détails intrigants et des anecdotes surprenantes, tandis que les néophytes auront l'opportunité de s’initier au monde de Tintin sous un angle nouveau. Néanmoins, il est à noter que certaines analyses pourraient sembler un peu trop pointues pour ceux qui recherchent une approche plus accessible.


En somme, ce livre se révèle être une ressource précieuse pour quiconque s'intéresse à l'histoire de la bande dessinée et à l'œuvre d'Hergé. Il offre une immersion fascinante dans les coulisses de la création de Tintin, mettant à jour des facettes méconnues et des trésors cachés de l'univers du célèbre reporter et de son créateur.

samedi 15 février 2025

BRUME de Stephen King par Vincent Vallée

Brume


Je viens de terminer ma lecture, et oui, c'est encore Stephen King. À mes yeux, le maître des mots continue de m’envoûter et de m’emmener loin de chez moi. L’auteur possède ce talent inégalé de rendre crédible l'incroyable, l'impossible.


Avec BRUME, King nous entraîne dans un supermarché... Étrange, n'est-ce pas ? Pourtant, c'est après une tempête violente que le jeune Billy se rend à ce supermarché, laissant sa mère à la maison. La météo, après cette tempête, était atypique : des dégâts étaient bien présents, mais l'atmosphère était lourde et troublante. Au loin, un brouillard épais se profilait à l'horizon...


Ce brouillard allait envahir la ville et les esprits, enfermant une poignée d'habitants, dont le jeune Billy et son père, dans ce supermarché qui allait devenir leur refuge.


À l'intérieur de cet abri, ils allaient supposer être encerclés par des créatures étranges, dissimulées dans la brume, enfouies au cœur du brouillard extérieur et dans la confusion de leurs pensées...


La brume va-t-elle se dissiper ? Qui sont ces créatures qui errent à l'extérieur ? Que s'est-il passé dans cette petite ville bordant Long Lake dans le Maine ?


Il faut savoir qu’aucun autre auteur ne m’a embarqué comme Stephen King depuis que je lis. Chaque fois, cela fonctionne, cela me surprend, et quel style ! Heureusement, King a écrit tant d'œuvres, j'ai encore de quoi passer de longues heures immergé dans ses histoires. Et il n’a pas encore terminé son œuvre...