Un
certain Paul Darrigrand
« Arrête
avec tes mensonges » fut déjà une surprise, une claque
littéraire et pour le style de Besson
et pour l’impact laissé au corps.
Lorsque j’ai vu que Philippe Besson avait réitéré l’expérience,
celle de se confier, de se livrer et puis surtout, ce qui me touche le plus,
exorciser avec tendresse un passé, un moment vécu passionnément, alors j’ai
foncé.
« Un
certain Paul Darrigrand » est en réalité une sorte
de suite à la vie de jeune homme de Besson,
il nous explique là encore, mais pour notre plus grand plaisir assaisonné de
curiosité, une autre aventure amoureuse, avec un jeune homme tout comme lui.
Sauf que, celui-ci est marié et donc, de fait, n’assume pas son attirance pour
les garçons.
Bien entendu, j’ai
commencé à cerner Besson, je sais qu’il
sème quelques « mensonges » pour troubler, ne pas tout dire tel que
lui l’a vécu et c’est aussi cela, son style. De nouveau, Besson va tomber amoureux, de nouveau d’un jeune homme grand, pâle
de peau, beau… Sans oublier que ce garçon, Paul, est marié. Ce sera pourtant
plus fort que lui, comme une pulsion réprouvée trop longtemps, Paul tombera
dans les bras et dans les draps de Philippe.
Un amour charnel, redondant dès que possible, puis plus tendre, plus amoureux…
C’est aussi à cette
période de sa vie que Besson tombera
gravement malade, à l’époque où le sida s’attrapait comme un rhume, lui va se
voir hospitalisé pour un sérieux problème avec son sang. Tout va s’enchainer
pour Philippe, il sera partagé entre
son amour clandestin avec le beau Paul et sa santé qui va le pousser au bord de
la mort, il s’en fallut de peu. Pourtant, ce qui va mourir, doucement,
cruellement, après des aveux de Paul à son épouse, c’est l’histoire d’amour
entre lui et Paul Darrigrand.
On peut supposer que
Darrigrand s’est défilé, qu’il n’a pas assumé, mais à la lecture de ce roman,
je dirai juste qu’il a « choisi », non sans peine, non sans douleur.
J’ai été très touché par ce Paul « hetero » car il est en lutte
avec la passion, les pulsions et la raison. Tôt ou tard, dans nos vies, nous
devons faire des choix, parfois ceux-ci sont cruels et indélébiles, mais il le
faut, pour avancer… Rien ne se fait sans fracas, sans cicatrice comme celle que
Besson a sur le ventre et qui lui a
permis de survivre alors. Pourtant celle qui le touche le plus, et dans sa
chair et dans son fort intérieur, c’est sans nul doute, d’avoir été obligé « d’oublier »
Paul Darrigrand.
La fin du roman nous
démontre que cette douleur est partagée et ça aussi… C’est beau.
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