mercredi 25 août 2021

Premier sang de Amélie Nothomb par Vincent Vallée






Premier sang, je l'ai attendu comme chaque année à la même époque. Et parfois lors de la sortie du dernier roman court de Amélie, je suis déçu pour une simple raison : J'oublie ma lecture et donc l'histoire. L'explication étant que le roman même s'il fut plaisant à lire ne m'a pas interpellé plus que ça.

Cette fois par contre, j'ai aimé lire et je crois que je vais m'en souvenir pour une simple raison : Il y a plus d'intimité couchée sur le papier même si elle n'est pas celle de l'auteure, elle est très intime puisque c'est un au revoir à son père sous forme d'hommage.

Patrick Nothomb était un enfant qui avait besoin de connaître un peu de privation pour savourer la vie. Il voulait être gardien de but ou... chef de gare. Plus tard il voulut être poète ce qui fit éclater la colère de son grand-père maternel. C'est en vain qu'il chercha une figure paternelle, le sien de père, étant parti trop tôt. Et ce n'est pas chez les Nothomb où il se rendait régulièrement en vacances qu'il la trouvât. Bien du contraire ce fut chaque fois une cure, un presque jeûne pour le jeune galopin qu'il était.

Et pourtant, il aimât s'y rendre et encore plus y retourner. Entouré de ses cousins un peu cruels, d'une grand-mère normale mais d'un grand-père égoïste et persuadé d'avoir un talent fou pour la prose et la poésie. Quand vint le moment pour Patrick de présenter sa future épouse il affrontera ce grand-père acariâtre et le découvrira sous son vrai jour.

Plus loin dans le récit c'est la profession de Patrick que nous allons rencontrer, au travers d'un épisode tragique de notre histoire belge. La révolte du peuple congolais et la prise d'otages de centaines de belges sur place dont lui, Patrick.

C'est là qu'il eut droit à une immersion en tant qu'ambassadeur, il ne put connaître meilleure expérience pour les années à venir et c'est en frôlant la mort qu'il l'apprit. Pour ma part cette histoire belgo-congolaise m'a souvent intéressé. L'assassinat de Lumumba est évoqué mais Amélie s'est gardée de prendre position. Mon avis étant celui-ci et il n'engage que moi : Baudouin, comme feu son aïeul, eut du sang congolais sur les mains, car fermer les yeux, avant ou après ce meurtre reste pareil. Passons.

Patrick Nothomb ne fut jamais aussi prêt de la fin que lors de sa presque exécution pour affronter la mort. Il eut ce sentiment étrange que seule sa fille, Amélie peut écrire, qu'on lui vola sa mort...

Je dois noter ces mentions de Rimbaud, le premier poète que lut Patrick étant enfant. L'évocation de ce poème génial : Le bateau ivre et la découverte de la Flache un petit ruisseau que Rimbaud connaissait. Imaginer ce petit garçon triste y déposer un bateau qui s'enfuit comme un papillon de mai c'est juste du génie. Amélie nous le rappelle.

Ce que j'aime chez Amélie Nothomb ? Souvent ses détracteurs me le demandent. C'est simple, elle se fiche de ce qu'on pense d'elle, elle se fiche encore plus de la technologie et s'est ainsi créé SA vie, SA bulle et elle y vit tout en faisant parfois quelques sorties dans ce 21 -ème siècle horrible. Elle écrit par besoin surtout non pour vendre. Elle est connue de son vivant c'est certainement sa seule chance qu'on peut lui envier. On peut ne pas être de ce siècle et y vivre, elle nous le prouve depuis plus de 20 ans. Merci Amélie, pour cette portion de la vie de votre papa, une part de vous qui s'en est allée loin de vous et que vous aviez besoin de retrouver pour pouvoir lui dire au revoir.


Je lui dit à mon tour et en photo, au revoir cher monsieur Nothomb et merci de nous avoir donné la chance de rencontrer deux belles personnes au travers de Amélie et Juliette, vos filles.



 


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