mardi 15 février 2022

L'étranger de Albert Camus par Vincent vallée

 



Je viens de terminer L'étranger de Camus. J'avais commencé cette lecture il y a longtemps mais j'avais abandonné, je ne comprenais pas, je me perdais au travers de l'attitude de Meursault, personnage central de ce roman.

Mais il me manquait certainement quelques heures de lectures, de la réflexion aussi. En effet, ce roman est une forme d'introspection, on plonge au cœur des pensées de Meursault, on les sonde, on s'y reconnait également...

Meursault c'est ce jeune homme discret, taiseux, qui assiste aux funérailles de sa mère qu'il avait placée à l'asile comme on le disait autrefois en Algérie. Meursault semble détaché de ce qui se passe, il ne souhaite pas revoir sa mère une dernière fois, il la veille mais s'endort devant son cercueil, il l'accompagne au cimetière mais s'amuse presque du dernier ami de sa chère maman qui use de ruse pour parvenir à suivre le convoi et finit par s'évanouir.

Meursault semble subir la vie, il flâne, suit les autres, se montre serviable et aimable mais dénué d'enthousiasme, presque de vie. C'est ce qui m'a le plus plu dans ce récit, l'aspect psychologique du for intérieur d'un être, ses méandres, les recoins de ses pensées...

Un jour de soleil assommant, sur une plage où il avait pris part à un règlement de compte d'un ami à lui qu'il s'avérait à peine connaître, il sera l'auteur du pire. Un acte fou mais qui lui semble presque naturel, innocent, normal... Alors que c'est ce qui lui arrivera de pire et sera le début de sa descente aux enfers.

Une descente aux enfers qu'il subira passivement, et c'est l'absurde que Camus veut mettre en avant qui est le fil conducteur de ce superbe ouvrage.

Nul doute que j'ai commandé d'autres ouvrages de Camus !

samedi 12 février 2022

Paris-Briançon de Philippe Besson par Vincent Vallée

 



Paris-Briançon c'est en premier lieu un roman bien construit, court mais efficace. Besson nous régale à nouveau de son style objectif et de ses descriptions utiles.

C'est après avoir fait la connaissance de quelques personnages, tous voyageurs de ce train comme on n'en fait plus, que nous allons embarquer pour un voyage de nuit. Dans un de ces trains anciens disais-je, muni de couchettes pour profiter, si possible, d'un repos modéré ou du charme d'une nuit, allongé sur les rails.

C'est aussi l'occasion de faire des rencontres, de se confier dans la pénombre de la nuit au sujet du déraillement de nos vies ou de nos réussites, nos espoirs... C'est aussi, parfois, des retrouvailles avec nous-même. Des aveux sont, parait-il, toujours plus faciles sous la lune.

Tout du long de ce roman une menace nous est présentée par l'auteur. On sait dès les premières pages qu'il va se passer quelque chose d'horrible, que le train de nuit n'arrivera jamais à Briançon. Je ne "spoile" pas le roman en vous annonçant cela, c'est le sujet de ce huis clos dès le début du récit.

Une mère qui fuit son compagnon violent, un couple âgé qui fuit les soucis de santé, des jeunes qui courent à l'aventure et d'autres encore que je vous laisse le soin de découvrir.

Un seul bémol : Un énième passage sur l'homosexualité. Cela devient, au fil des romans de l'auteur, un peu cliché, ça dénature un peu l'œuvre de Besson à mon sens. À moins que ce ne soit voulu.

Cela étant, le thème de l'homosexualité dans ce roman est bref mais il aide aussi à une fin inattendue, bien à propos. Car, une catastrophe ferroviaire reste sans pitié… Et cela, Besson le décrit très bien.




lundi 31 janvier 2022

Petit pays de Gaël Faye par Vincent Vallée

 




Petit pays, c'est un roman qui touche, qui permet de comprendre, qui offre un voyage cahoteux pour le coup. 

Il s'agit de l'histoire de Gaby, une jeune métis. En effet, sa mère est rwandaise et son père français. L'histoire se déroule en 1992 au Burundi dans un quartier aisé où Gaby, avec ses amis, coule une enfance heureuse et tranquille. 

Il nous est décrit un pays où il fait bon vivre, où les manguiers sont lourds de leurs fruits, un parfum de citronnelle sillonne les rues et les sentiers. Le calme, le silence, les petits bistros improvisés où tout un chacun refait le monde ou sirote une bière, calmement assis sur un casier retourné. Voilà l'ambiance de ce récit. Gaby est heureux jusqu'à ce que les élections arrivent, qu'un président soit élu puis assassiné. Il y a dès lors, des bruits de guerre et de combats civils. Au loin, les tirs se font entendre et Gaby, ainsi que ses amis, semblent à l'écart, comme sous la protection de leur quartier aisé, mais... Le bruit s'approche, fait vaciller les murs et les rêves des gosses et de leurs parents. 

Le Rwanda est saigné, les Hutus et les Tutsis ne s'épargnent pas. La sauvagerie est de mise, la bestialité de la lutte de rigueur, l'heure est à la révolte, la vengeance est sans nom...

C'est au sein de cette guerre, que l'enfance du jeune Gaby et de ses amis est volée, violée. Les proches se transforment en guerrier et parfois en meneur de gangs organisés pour résister. Les amis si jeunes, deviennent des révoltés prêt à tout, et lui Gaby, tente en vain de rester un enfant...

Les livres et donc la lecture sont mis en avant grâce à une voisine grecque chez qui Gaby aime se rendre pour emprunter des livres. C'est réfugié dans la lecture qu'il parvient à relativiser, à rester un peu innocent et à prendre un peu de hauteur.

Ce roman est une petite pépite pour ne pas oublier que parfois, on ne choisit pas de quitter son pays, parfois il faut partir ou mourir. Cela pose la question de réfléchir à bien distinguer les migrants qui fuient la mort de ceux qui cherchent la facilité sans rien devoir faire et sans raisons valables.

Ce roman permet de comprendre et de relativiser.


lundi 17 janvier 2022

La plus secrète mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr par Vincent Vallée

 



Il me faut d’abord dire que j’ai débuté cette lecture le 16 décembre 2021 et que je l’ai terminée ce 16 janvier 2022. Souvent,  c’est à la fin d’une lecture que l’avis est le plus tranché, le plus susceptible d’être le reflet correct de ce qu’on a ressenti. Donc je vais être honnête, je suis mitigé et confus. Laissons tomber le fait que ce roman a été primé par le prix le plus prestigieux de France. L’auteur est déstabilisant dès les premières pages avec l’emploi excessif d’un vocabulaire compliqué, tordu comme pour doper le roman pour je ne sais quelle raison... Avec cette première partie de roman gonflée par le Petit Robert et le Larousse j’avais déjà envie d’abandonner.... Mais j’ai persévéré, j’ai voulu continuer malgré mon ennui et la lenteur de lecture qu’occasionnait cet ennui. Et j’ai bien fait, car cela m’a permis d’y trouver vers le milieu, un semblant d’histoire à lire pour l’évasion et puis surtout me rendre compte que le vocabulaire compliqué et si riche du début avait disparu ou presque... Il fallait peut-être impressionner une certaine élite en vue d’un prix avec les premières pages ? 

Nous allons à la rencontre d’un jeune écrivain sénégalais qui étudie en France et rêve de devenir écrivain. Le jeune écrivain n’évolue qu’au milieu des siens quasiment tout du long du récit, mais parle beaucoup de France et des « Blancs ». Un beau jour il fait la connaissance d’une écrivaine connue, africaine elle aussi. Il est d’abord attiré par elle et, n’y allons pas par 4 chemins, se la tape. L’auteur est bien plus cru que moi n’ayez pas peur. Cette écrivaine détient un livre que le jeune Sénégalais cherche désespérément. Il s’agit du roman « Le labyrinthe de  l’inhumain » écrit par un Africain lui aussi vers 1938. Après sa parution, son édition l’auteur fut proclamé plagieur et très vivement critiquée. D’autre part on le qualifiera de “Rimbaud nègre” tant la lecture de ce récit “plagié” laisse ses lecteurs sans voix et bouleversé. S’en suit une quête incessante et diverses histoires entremêlées pour arriver à tracer, refaire l’itinéraire de l’auteur maudit. Ces histoires entremêlées, recoupées sont aussi sujettes à perdre le lecteur. Dans ce roman j’ai erré en m’accrochant parfois à un semblant d’explication, de fil conducteur, mais avec grande peine...

La fin du roman est triste par la pauvreté de recherche... Je me suis dit » tout ça pour se terminer comme ça ? »  Au final et à la fin de la lecture je me suis dit que l’auteur tenait un très beau sujet, mais qu’il l’a compliqué à outrance. Le vocabulaire tordu et compliqué perd le voyageur que doit être un lecteur. Une lecture est un voyage rien d’autre, c’est mon avis. Le roman est compliqué à suivre de par ses recoupements d’époque, de personnages qui changent sans précisions. J’en étais à me demander qui narrait. Et puis, nous sommes demeurés dans une ambiance africaine qui n’est pas pour me déplaire, mais pour un prix littéraire français si prestigieux ? Et je dis ceci pour en arriver à mon opinion sur le fait que c’est pour cette raison que ce roman est choisi pour le Goncourt. Il fallait marquer un grand coup avec la situation politique en France et la prochaine élection présidentielle. Lepen et Zemmour tenant les rênes des débats.

Donc au final je sors de cette lecture mitigé car l’histoire aurait pu être intéressante, me faire voyager, rêver, mais elle m’a ennuyé et perdu bien souvent. L’emploi de dialecte africain, la multiplication de patronymes africains est aussi confondant, compliqué pour un lecteur blanc. Je n’ai pas eu la sensation d’être le public visé par ce roman somme toute. Mais voilà il est primé et encensé par les critiques, mais ça ne fait que me conforter dans mon ressenti.  Conclusion : Je ne dois plus lire ces prix prestigieux, je dois rechercher des livres qui m’offrent du voyage, de l’évasion et du rêve. Rien d’autre.


jeudi 16 décembre 2021

Tout pour être heureux de Raymond Choquet par Vincent Vallée

 





Avec ce recueil intitulé « Tout pour être heureux » je suis en admiration de l’histoire qui en découle en premier lieu. Quand j’ai appris que Stefan Thibeau, féru de lettres, entre autres, avait découvert ce recueil je fus de suite intrigué. C’est avec une générosité naturelle que ce dernier m’a envoyé le PDF de sa trouvaille mise en forme et éditée par AUDACE.

Il faut savoir que le poète Raymond Choquet fut un ami du grand Marcel Moreau. Et Moreau avait pour lui une grande affection et une admiration pour ses écrits. Il dit de lui : « Jadis j’avais un ami de la race des Rimbaud, vivant comme Van Gogh ». Pour celles et ceux qui me connaissent je fus happé par cette citation. Plus loin il écrit : « Ne supportait pas ce monde cupide et cynique »… 

Marcel Moreau décrira les mots de Choquet comme étant brulants, révoltés, prophétiques… Rien que ça. À l’heure où j’écris ces mots j’ai des questions qui demeurent sans réponses concernant Choquet. Son parcours scolaire, ses ambitions, ses maîtres littéraires, ce qui le rebutait pour que Moreau décrive sa vision du monde comme cupide et cynique… 

Depuis toujours je suis fasciné par ce qu’écrit un écorché vif, un jeune auteur empli, et de testostérone et de fougue littéraire, avec cette envie maladroite d’écrire ce qui ne l’a pas encore été… Le résultat est souvent fascinant. Choquet mettra fin à ses jours en 1966 à Bruxelles dans un appartement qu’il venait d’emménager grâce à ses parents qui voulaient prouver par-là, que leur fils avait « Tout pour être heureux »…

C’est à Moreau que les parents du jeune suicidé confieront des textes et autres papiers ayant appartenu à leur fils. Moreau était de Boussu et Choquet… de Dour. Il y a des parallèles qui parfois donnent le vertige… J’ai aussi aimé la comparaison avec ce que disait et pensait Céline au sujet d’un auteur. Entre autres qu’il fallait payer, coucher sa peau sur la table. Ci-gît l’auteur…

Écrire n’est pas anodin, écrire avec ses tripes, avec cœur ce qu’on pense être la vérité demande de savoir s’oublier, de ne rien cacher. C’est pour cette raison que Moreau a des mots, des formulations parfois si dure, la plume incisive. Choquet était de sa trempe. 

La découverte qui en réalité était celle de Marcel Moreau, enfin révélée par le biais de Stefan Thibeau, ami des dernières années de Moreau est une bénédiction pour nous. Le petit recueil est bien construit, mis en éclairage par Daniel Charneux, auteur de Dour lui aussi et préfacé par Stefan qui sera le pont entre Choquet, Moreau et nous.

J’ai bien entendu relevé quelques passages :

 

Je t’aime comme l’aile de l’aigle

Aime l’air qui le porte à travers les surfaces

Le bec cinglant les gouffres, en sa fierté dément

Sa gloire lui tient lieu.

 

Ceci me parle particulièrement :

Je suis malade en permanence

Quand crient toutes ces fibres déchirées


 

Mais ceci est génial :

 

J’irai voir les filles le lundi

J’irai jouer le mardi

Je dormirai le mercredi

Je rêverai le jeudi

Je chanterai le vendredi

J’aimerai le samedi

Leur répondit-il simplement

Jugeant que cet horaire suffisait amplement

Mais que feras-tu le dimanche ?

Il n’y avait pas pensé

 

En résumé cette découverte et l’histoire qui y est rattachée est très intéressante et ce recueil mérite d’exister. Non seulement pour rester fidèle à la mémoire de Raymond Choquet mais aussi pour poursuivre ce que désirait plus que tout Marcel Moreau l’ami de Choquet.

Le recueil est disponible aux Éditions Audace et c’est très réussi. Vous pouvez le commander chez eux en cliquant ici :  http://www.editions-audace.be/





dimanche 5 décembre 2021

L'eau de là de Nicole Nisol par Vincent Vallée

 



Je viens de terminer ce recueil de nouvelles au titre bien trouvé, évocateur. Le thème ou plutôt, le fil conducteur est l'eau, sa présence, sa proximité, son influence...

L'auteure, Nicole Nisol, nous emmène au fil de l'eau tel un bateau de papier posé sur le courant. La cocote de papier va tantôt voguer paisiblement, tantôt sera embourbée dans les marais, puis valdinguera dans les flots houleux, puissants. Trois nouvelles à l'image de ce petit bateau de papier et une mise en danger de l'auteure puisqu'elle sort de son thème de prédilection qu'est le roman narrant les histoires de familles, les destins tragiques et humant la Provence.

Là, nous partons vers d'autres destinées, plus sombres, plus tragiques, plus machiavéliques parfois mais c'est un plaisir de naviguer sur ces thèmes nouveaux, ce style inhabituel de l'auteure. Il y a toujours autant de passage empreints de sensibilité, de douceur et d'honnêteté au fil des pages. Et c'est comme au fil de l'eau, nous avançons dans le recueil afin  d'en savoir d'avantage, pour apercevoir l'horizon et la fin du voyage.

Le ruissèlement d'un ruisseau aura un dénouement inattendu, les marécages seront fidèles à leur réputation et l'océan aura trouvé une histoire à la hauteur de son immensité. Trois thèmes, un seul fil conducteur, une belle plume et un recueil de nouvelles que l'on referme, satisfait.

Je vous invite à faire comme moi et à commander celui-ci en cliquant sur ce lien :


Le recueil de nouvelles : L'eau de là

Les Willoughby de Lois Lowry par Vincent Vallée

 


Je ne lis pas souvent de romans jeunesse, mais j'essaie de le faire quelque fois sur l'année. Enfant, je lisais beaucoup de BD, peu de romans, donc je tente de rattraper le temps.

Mais, force est de constater que là aussi il y a des navets comme au cinéma. Forcément, j'ai évolué, je n'ai plus l'état d'esprit de la personne qui aurait dû lire ce petit roman. L'histoire en elle-même est cependant intéressante.

Cette famille digne de la famille Adams, qui espère se débarrasser de l'autre, ces parents qui vont fuir leurs responsabilités et voyager, abandonnant ainsi leurs enfants à une nounou, la seule personne normale de cette histoire par ailleurs. Mais les enfants, tout aussi cruels que leurs parents qui espèrent sans cesse qu'il arrive malheur à ceux-ci, ne sont pas en reste...

Étrange histoire, petite satire, mais là où je suis agacé, outre la niaiserie de l'histoire qui n'est due qu'à mon âge peu adapté à ce genre de lectures, je suis énervé par la façon dont le livre est vendu. 
L'éditeur vise les amateurs de beaux livres, tels qu'on les concevaient autrefois et avec en plus, une couverture attirante, à l'ancienne. C'est une duperie.

Mais voilà, le récit est adapté au plus de 10 ans je dirais jusque maximum 16-17 ans et je suis généreux.