mercredi 23 janvier 2019

Cœur et âme de Jean-Philippe Lux par Vincent Vallée


Cœur et âme de Jean-Philippe Lux



Comme parfois, au milieu de mes lectures « classiques », j’achète un roman peu connu, un premier roman, d’un collègue auteur tout comme moi. Cette fois il s’agit de Jean-Philippe Lux qui publie Cœur et âme, je dirais qu’il s’agit d’un drame sentimental, et que si je devais lui donner une note parmi mes lectures auto-publiées, il serait aisément sur mon podium.

Ce petit roman est non seulement très bien construit, mais en plus, pour un auto-publié, très bien mis en pages, très élaboré. Oui pour un auteur c’est une des étapes importantes qui fait partie de la naissance de son roman. On découvre un homme, Valentin, célibataire et qui semble redémarrer dans la vie. Il emménage à peine, se lance dans une nouvelle aventure professionnelle et s’est installé dans une nouvelle ville. C’est à son travail qu’il va apercevoir pour la première fois, une jeune femme, bien plus qu’un coup de foudre. C’est sa future raison de vivre, son moteur de chaque prochaine journée qu’il va voir là, furtivement, mais qui ne quittera plus ses pensées.
C’est un peu plus tard qu’il va revoir la jeune femme, lors de son marché dans un endroit atypique : une église réaménagée en marché « commun » une pratique économique et lucrative. 

Valentin va aimer cette façon de faire du commerce et la caissière qui va lui scanner ses courses n’est autre que la jeune femme aperçue plus tôt : Raphaëlle. Le premier sentiment qu’éprouva Valentin va se confirmer, le troubler, lui donner des ailes. En parallèle, dans ce roman nous allons avoir le point de vue de Raphaëlle, qui s’avère expliquer les attitudes et autres manœuvres décrites dans le récit d’où mon admiration sur la construction de ce roman. Nous ferons des bonds dans le temps pour nous mettre l’eau à la bouche et vouloir en savoir plus, comme quoi notre passé influence toujours notre futur.

Valentin et Raphaëlle vont flirter, se découvrir et vivre une passion amoureuse intense, sincère, profonde. L’un comme l’autre vont, petit à petit, apprendre à se connaître, mais aussi à se « découvrir ». Oui, nous avons tous un passé certes, mais Valentin et surtout Raphaëlle ont un passé assez lourd, sensible. Un des deux va ressurgir et redistribuer les cartes du jeu de ce couple si beau, si attachant.

Je n’en dirais pas plus car ce roman se dévore, il est bien ficelé, bien pensé. De plus, il y a cette touche de modernité qui ne gâche rien, au contraire, comme ce marché commun regroupé en un lieu atypique, cette église reconvertie. J’ai bien aimé cette idée. Un roman contemporain, un auteur surprenant et la rencontre d’Ecrimagillu, une maison d’édition qui en est à ses débuts et qui a repéré Jean-Philippe Lux. Ecrimagillu va éditer et publier le roman dont je viens de vous parler. Une belle récompense car ce roman le mérite bien.

JEAN-PHILIPPE LUX



Jean-Philippe Lux est né en 1976 et vit dans la région des Collines. Papa de deux jeunes garçons, il est développeur dans la vie de tous les jours.
La création et l’imagination sont des facultés qu’il emploie quotidiennement dans son travail et il décide de les utiliser pour commencer l’écriture de son premier roman.

samedi 19 janvier 2019

L’ami Georges par Vincent Vallée



L’ami Georges

Un amoureux de l’art, un peintre, un petit peintre se trouvait là, parmi d’autres, assis sur un tabouret. Disposés devant lui, sur des chevalets bancals, des toiles, allant de la plus petite à la plus grande, de la plus médiocre jusqu’à la plus réussie. Les badauds se succédaient, eux aussi multiples dans leur éventail.
Georges les regardait parfois s’ils s’arrêtaient, mais peu étaient intéressés par sa peinture, et pourtant, il y avait mis tant de cœur, tant d’heures de travail, de sommeil, de réflexions. Dire que personne ne s’y intéressait serait faux, très souvent on le flattait, le félicitait, mais peu lui en achetait.

Ce jour-là, vers 15 h, un homme accompagné d’un ami, supposa Georges, arriva près de ses toiles et le sourire affiché, les yeux pétillants, il les admira, admirer est un bien faible mot, en effet, il était en extase. Passons donc les qualificatifs élogieux et autres flatteries du même genre, retenons que Georges les entendit tous. L’homme voulait tout prendre en photo, attention pas de la simple photo, non, des photos haute qualité, car, l’homme accompagné d’un imprimeur, était selon ses dires, en quête de talents afin d’imprimer un catalogue mettant en avant les artistes, les vrais ! Que de beaux mots, que d’éloges reçut notre cher Georges en quelques minutes ! Il permit néanmoins à l’homme de prendre quelques photos. Prise de recul, angles différents, le show était lancé. Georges lui, doutait.

Une fois rentré à la maison, et quelques toiles vendues tout de même, Georges s’installa devant son ordinateur, ouvrit sa boîte mail et là, un mail de l’homme souriant, un peu trop… Georges lui avait laissé son adresse mail, car se retrouver dans un catalogue avec des photos haute qualité de ses toiles, ça pourrait booster ses ventes. Alors soyons clair, Georges s’en fichait un peu de « vendre » ce qui l’intéressait c’était de partager, de susciter de l’intérêt, mais les brocantes, les petits salons artistiques ce n’était pas suffisant, il était loin le temps de Montmartre et de la place du Tertre où tout artiste arrivait à se faire un semblant de nom dans l’art, et puis quelques sous. Alors ma foi, un catalogue pourquoi pas ?

De mail en mail, de propos élogieux en autres flatteries à peine exagérées, voilà que notre ami Georges, peintre modeste mais ambitieux, signe un contrat de publication de ses toiles pour un catalogue haute qualité ! Ah, mais quel homme courageux ce Georges qui se rend à de multiples expositions, salon des arts, même des brocantes ! Tout est bon pour se faire connaître ! L’homme lui lança ces quelques phrases, car pour diffuser ce catalogue il fallait aussi lui en acheter, eh bien oui, ça allait multiplier les chances, bien entendu…

Toujours soucieux, mais conforté par des propos rassurants et toujours autant de flatteries, Georges suivra finalement l’homme, qui depuis quelques mails, se présentait comme un porteur de rêves, un passeur d’art… Ah la jolie formule n’est-ce pas ? Georges était convaincu, car toute la batterie de propos persuasifs était utilisée. L’art, la profondeur de l’art, ce que recèle un peintre, un vrai, les messages qui passent dans une toile. L’homme, s’y connaissait c’était certain ! Un passionné, un vrai quoi !
Georges reçut sa commande de catalogue, il l’ouvrit et là, stupéfaction ! Le catalogue était rédigé en diagonale dans le sens où aucune règle de bases n’étaient respectées, les photos ? N’en parlons pas… Ou plutôt si, floues pour certaines, mal cadrées pour d’autres, retouchées et faussant ainsi la couleur des toiles qui semblaient presque malades… Ah ! Georges l’avait senti, il avait eu dès le départ des doutes concernant l’homme. Le porteur de rêves et passeur d’art était tout bonnement, un escroc. La flatterie ? Il y en avait trop, pour qu’elle soit sincère. Les connaissances en art s’avérèrent être trop répétitives que pour être sincères, plutôt calculées pour le « paraître ».

Georges n’allait pas en rester là, il allait pousser son coup de gueule et dire au porteur de rêve et passeur d’art ce qu’il pensait de lui. Oulah… quelle erreur ! Le monstre allait surgir, bondir, sortir les crocs et les ergots. Comment pouvait-on ainsi dénigrer tout ce qui avait été fait, dit, avancé ! L’homme était furibond et menaçant envers notre Georges.

L’ami Georges fut blessé, touché par tant de haine et de mépris, il dut faire face à l’horreur et se dit que finalement, une toile un peu gauche, avec quelques défauts c’est beau… Car une toile retouchée pour masquer les erreurs, les défauts, c’est tricher et mentir. L’homme, ce porteur de rêves et passeurs d’art n’était finalement, qu’un porteur d’ennuis et un passeur d’objectifs cupides. Georges prit du recul et ferma sa vie à l’homme cupide, et put ainsi respirer sans oppression, faux semblants, et tout ce qu’il y a d’horrible chez l’être humain. Le cauchemar était fini. Georges avait appris une chose durant sa vie : C’est que justement, la vie d’un homme n’appartient à quiconque sauf à lui. Il en détient les clefs, il fait entrer qui il veut et jette dehors qui il veut, il a les clefs.

Morale :

Avant d’entrer dans la vie d’un homme, essuyez-vous les pieds, soyez vous-même, respectez-le, acceptez-le, ne mettez pas de désordre et soyez en toutes circonstances, respectueux de l’accueil qui vous est fait, sinon ? Sortez, et ne revenez surtout jamais plus, vous ne détenez pas les clefs de la vie d’autrui.

mercredi 9 janvier 2019

Wonder de R.J Palacio par Vincent Vallée




Tu es merveilleux. Voilà ce que je retiens de ce roman, Auggie est un jeune garçon qui n’a pas reçu une vie de prime abord, facile, heureuse. Il est effectivement victime d’une grave déformation faciale et après plusieurs opérations ses parents se décident à le scolariser. Auggie est comblé d’amour, celui de ses parents, sa sœur via, mais aussi le reste de la famille. Cependant, il n’a aucun ami.

Alors il va tenter d’aller à l’école, sa sœur lui prodigue de bons conseils, sa mère est inquiète et fait le nécessaire pour le préparer, comme organiser avec le directeur de l’école, monsieur Bocu, un comité d’accueil alors que c’est la fin des vacances. Monsieur Bocu, on s’en rend compte vers la fin du roman est touché par la rencontre avec Auggie, et touchant de par sa réaction à cette expérience : Accueillir un enfant si « différent » c’était un défi à relever.

Mais bien entendu, les enfants entre eux, sont parfois si cruels, peu importe le degré de malheur dont vous êtes affligés, rire et se moquer entraînant ainsi le rire des autres semblent vous mettre en valeur. Auggie n’y échappera pas.

Ce roman est juste… Merveilleux. C’est un premier roman pour R.J Palacio et c’est une sacrée réussite. Oh bien entendu ce n’est pas de la grande littérature, c’est juste un magnifique récit sur l’amitié, la tolérance, la différence, la famille, et bien d’autres valeurs importantes. Wonder c’est aussi quelques préceptes, un système mis en place par un prof d’Auggie. Des règles relatives à des choses importantes, des dictons, des citations et j’adore ça personnellement. Monsieur Brown, l’instituteur va demander à ses élèves, dont Auggie, d’écrire des préceptes, et ce chaque mois. Parmi ceux-ci voilà un éventail des plus profond à mon goût :


« Il ne suffit pas d’être amical. Il faut être un ami. »
« Ne sois pas ami avec des cons. »
« N’essayez pas d’avoir l’air cool. Ça se voit, et ça craint. »
« Sois loyal envers toi-même. »

Et bien sûr celle d’Auggie :

« Tout le monde mérite une ovation au moins une fois dans sa vie, parce que nous triomphons tous du monde. » Auggie.


Je vous invite à lire ce roman qui comporte de très courts chapitres, sa lecture est rapide, facile, agréable, un récit empli de bon sens et de morale, un roman merveilleux. Wonder !





Raquel Jaramillo Palacio, plus connue sous le pseudonyme de R. J. Palacio, est une auteure et graphiste.


Née de parents immigrants colombiens, elle fait ses études à la High School of Art and Design à Manhattan, New York, puis obtient son diplôme en illustration à la Parsons The New School for Design. 

Elle a été, pendant de nombreuses années, directrice artistique et graphiste conceptrice de page de couverture pour les livres. 

( Source de la bio: Babelio.)








dimanche 30 décembre 2018

Le bras si lourd...


Tant d’heures à écrire, ne rien dire... Tant de temps passé à coucher sur ce papier précieux à mes yeux, mes mots.
Chaque auteur sait combien il est important de vider son bras si lourd, ses doigts si "remplis"...
Remplis de moi, de toi, de lui, d’elle, d’eux.
Depuis le temps que je rêve d’écrire... J’ai tellement fait d’efforts, tant travaillé, et pourtant, jamais je ne serai à la hauteur de ces écrivains que j’admire tant, jamais et... C’est très bien.
J’ai le moral au quatrième... dessous. Je suis à terre, mais mes mots sont en moi, à moi.
Je reste debout, mais au-dedans seulement, au-dedans... Trahi, blessé, touché, trompé, manipulé, et j’en passe... Tant de tristesse un soir où j’aurai aimé lire, et puis surtout... écrire. 
Parce que je ne sais faire que ça, sûrement... Paraît que je n’ai pas de talent, à force de me le dire...
Pourtant je reste debout, au-dedans...
La preuve, j’écris... parce que j’ai mal, parce que trahi, j’écris aussi pour partager des joies, des histoires, transmettre.
Mais depuis toujours quand ça n’allait pas je mettais un petit son, et j’écrivais... comme ça. De travers, dans tous les sens, sans but, mais pour vider mon bras lourd, si lourd...
On est toujours seul devant une page blanche. Il faut la remplir et pour ça, il faut se vider, et le cœur et l’esprit... C’est prétentieux de dire que j’écris pour vivre ? C’est normal de ne plus voir ce que j’écris en couchant ces mots ? Dites-moi...
J’écris ce soir parce que j’ai mal, parce qu’on m’a volé, mais j’écris non ? Alors c’est bien, je crois...

lundi 24 décembre 2018

Les prénoms épicènes d'Amélie Nothomb par Vincent Vallée


Les prénoms épicènes




Comme chaque année Amélie Nothomb, la gentille fantasque, mystérieuse, joyeuse écrivaine, nous livre ou plutôt, accouche de son dernier né. Oui, nous savons tous qu’Amélie a quelques enfants cachés certes, mais voilà une histoire bien belge ayant ainsi ce point commun avec notre cher roi Albert 2 !
Trêve de plaisanterie… belge.

Passons à ce joli bébé : Les prénoms épicènes. Que vous dire si ce n’est que comme chacun de ses romans, j’ai dévoré ce petit dernier d’Amélie. Encore un conte et comme c’est édifiant de lire un conte qui ra-conte une histoire sur un thème bien choisi tel que, la jalousie, le mensonge, la beauté, la laideur et ici : La vengeance !
Nous allons faire la connaissance à Paris, de Dominique, une jeune fille effacée, simple qui n’a pas encore rencontré l’amour. On sait tous qu’il arrive toujours quand on ne l’attend pas, oui, mais parfois on est confondu par cet amour s’il est enrobé de machiavélisme…

L’homme qui va débarquer dans la vie de Dominique c’est Claude, voilà deux prénoms bien communs pensez-vous, mais non… Dominique après quelques réticences à cet homme très spécial, mais si élégant, docile et doux, fera remarquer qu’ils ont tous deux des prénoms épicènes. Ces prénoms qui peuvent être portés par les deux sexes. Une histoire d’amour qui prendra vite son envol, trop vite ?

Amélie Nothomb a cette habitude qui rebute parfois quelques-uns, d’aller droit au but, de trancher dans son récit, d’être concise et efficace néanmoins. C’est ainsi qu’après quelques pages nos deux tourtereaux seront enfin parents d’une jolie petite fille tant attendue, provoquant presque l’impatience de Claude. La petite étant enfin là, ils la prénommeront Épicène, en référence à leur particularité à tous les deux.
Une enfant très intelligente aimée de sa maman, mais niée, détestée même, de son père, ce si gentil et doux Claude des débuts. Celui-ci sera de plus en plus distant, froid, indifférent à sa fille. Celle-ci grandira dans cette haine qu’elle partagera vis-à-vis de son père. Ils déménageront de l’autre côté de la Seine, là où la vie est un peu plus huppée, bourgeoise et afin de mieux correspondre au train de vie de Claude très occupé par son entreprise. Pour évoluer et aller encore plus loin dans sa réussite, il demandera l’aide de son épouse, délaissée depuis si longtemps, mais rassérénée par ce nouvel élan amoureux.

Pour lui, Dominique se rapprochera d’une dame bien précise puisque l’épouse d’un homme influent qui pourrait aider Claude à évoluer encore un peu plus. Pour ce faire il doit se faire inviter à ces dîners huppés qui permettent des rencontres, dont celle de cet homme influent. Mais en réalité… Tout cela n’est qu’un stratagème dont Dominique sera la victime… Ce stratagème c’est La Vengeance !

samedi 22 décembre 2018

JE RESTE ICI. De Marco Balzano, par Vincent Vallée


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Je reste ici.


Un roman de Marco Balzano que j’ai découvert après le roman : Le dernier arrivé. J’ai tout de suite apprécié la plume de Marco avec qui j’ai pu discuter un peu à la suite de la découverte de son premier roman édité chez Philippe Rey.

Ce dernier roman : Je reste ici, est une façon de découvrir la Seconde Guerre mondiale vécue par un autre peuple que le Français, le Belge, etc. On parle peu de cette guerre qui divisa aussi les familles des villages proches de la Suisse et de l’Autriche. Marco Balzano va découvrir lors d’une visite à Curon, l’histoire de ce lieu devenu touristique, étrange avec son église qui est immergée dans l’eau. Tout autour, des montagnes, une bien belle nature, mais au pied de cette église, enfoui sous les eaux, un village entier est noyé. Marco trouve là, nécessaire de raconter l’histoire de ce village englouti par la volonté de l’homme de tout urbaniser, tout bétonner.
Ce récit est doublement tragique, car il se déroule durant la Seconde Guerre mondiale, dans une Italie divisée, envahie, trahie par Mussolini. Les familles, comme je l’écrivais au-dessus, sont parfois divisées, écartelées par le choix des leurs, de prendre parti pour le nazisme et/ou, le fascisme qui régnait. Durant ce récit nous allons suivre Trina et son mari Erich, mais bien d’autres encore qui vivront cette guerre au creux de leur beau village campagnard de Curon.

Un roman qui se dévore, une page de l’histoire de la seconde Guerre mondiale, mais pas que. En effet, Marco Balzano nous relate une anecdote si on la place au niveau mondial, mais si essentielle dans la vie des habitants de la campagne italienne. La construction d’un barrage au creux du village. Les habitants redouteront cette construction, mise entre parenthèses durant la guerre, mais qui ressurgira à la fin de celle-ci. Un barrage qui peu à peu divisera épuisera Trina et Erich. Leur village menace de disparaître, d’être enfoui, englouti sous les eaux…

Durant cette lecture j’ai voyagé dans cette belle partie de l’Italie, regrettant, redoutant ce barrage, je vivais l’histoire de Trina Erich et les autres avec l’espoir…

Quelques passages :

"Un jour que je cherchais à lui faire apprendre une poésie, je pensai que si on ne me l’avait pas fait haïr aussi viscéralement, c’était une belle langue, l’italien. À la lire, elle me paraissait chanter."


"Ma' était devenue vieille, elle avait les yeux décolorés et le visage rèche comme une feuille sèche. Et pourtant elle serrait encore les poings, elle luttait encore pour ne pas se faire voler les jours par des pensées trop nombreuses : « Ce sont des tenailles, les pensées, laisse-les tomber » disait-elle quand nous lavions le linge au fleuve ou certains soirs où nous nous mettions à ravauder jusqu’à pas d’heure."


lundi 3 décembre 2018

La vraie vie de Adeline Dieudonné par Vincent Vallée.





On a beaucoup parlé de ce roman, il a été primé plusieurs fois et on le pressent pour le prix Rossel en Belgique, et le Goncourt en France.
Adeline Dieudonné est une jeune femme belge et "La vraie vie" est son tout premier roman. Diable ! Quel roman !
Je retiens cette formule d'un journal français qui dit que c'est un roman "coup de poing" Et bien je suis assez d'accord avec ça. J'ai visionné le passage de Dieudonné à la Grande Librairie et je trouvais étrange qu'elle annonce avoir écouté de la musique métal pour écrire... Mais qu'avait-elle pu écrire pour avoir envie ou besoin d'écouter ce genre de musique. D'ailleurs, est-ce de la musique ?

Et bien en lisant ce roman très populaire et très primé, j'ai compris. C'est violent et puissant. Ce roman est truffé de formules profondes, de pensées et de réflexions qui font s'arrêter le lecteur pour réfléchir.
On découvre avant-tout une jeune fille de 10 ans et son petit frère qui grandissent dans une famille banale mais un peu plus que banale, ou un peu moins, vous jugerez. Un père fan de chasse, une mère amorphe et soumise et puis, il y a le marchand de glace qui a une chantilly qui fait fondre notre petite héroïne... Cette chantilly est vraiment explosive, vous comprendrez aussi en lisant. C'est d'ailleurs le passage qui m'a... glacé.

Il ne faut pas oublier Plume et le champion, un couple voisin de la famille un peu spéciale. Le champion est un jeune homme, père de famille qui éveille des sentiments encore endormis chez notre narratrice. Le marchand de glace et puis l'accident... vont être le point de départ de la quête de la jeune fillette : Retrouver le sourire de son petit frère à tout prix.
Mais aussi, une soif d'apprendre, de chercher à remonter le temps, une passion pour Marie Curie qui se développera avec un vieux prof retraité qui lui donnera des cours particuliers et en cachette du père de la jeune fille.
Ce roman va crescendo dans l'horreur, quelques scènes sont limites mais si bien écrites.
Jamais plus je ne regarderais banalement mon marchand de glace me mettre de la chantilly sur mon dessert, je crois que je reculerais...
C'est assez psychologique comme roman mais on dévore les pages, le roman se lit très vite ou se dévore c'est selon. J'ai aimé ce récit, j'ai adoré la plume de Dieudonné mais il y a ce côté glauque et assez violent qui pourront rebuter certain(es), mais pas moi.

Je ne résiste pas à vous transmettre quelques passages extraordinaires :

"Mais, pour rassurer Gilles, je faisais la grande et je chuchotais : "Les histoires, elles servent à mettre dedans tout ce qui nous fait peur, comme ça, on est sûr que ça n’arrive pas dans la vraie vie."

"Elle a souris un peu, sa tristesse est partie faite un tour dehors."

" Il attendait de moi que je devienne comme ma mère. Une enveloppe vide, dépourvue de désir "