vendredi 4 août 2017

Je m'souviens... Mé...






  Le coron tu ne l'as quitté que parce que tu ne pouvais plus y rester. Il m'a bercé, m'a accueilli avec toi qui venait m'ouvrir la porte quand j'arrivais.
Comment pourrais-je oublier ton sourire quand tu voyais que c'était moi et mon vélo...
Tu marchais un peu en te dandinant pour venir m'ouvrir la porte, j'adorais alors te voir si radieuse, si belle, si heureuse...
  Quand Tintin nous a laissés seuls, tu fus au plus bas, tu n'as pas connu pire je crois, et pourtant... Tu as tenu bon ma foi, pour nous... Seule dans cette maison emplie de souvenirs et  de bonnes odeurs, de cris de joie, de rires, de pleurs, de bruits de couverts à n'en plus finir...

  Chez toi on a fait les plus beaux repas tous ensemble, on a passé les plus beaux après-midi... Chez toi j'ai fais monter des cerfs-volants, joué à courir dans la prairie juste à coté. J'ai accompagné Tintin jusqu'à la ferme, assis sur ses épaules car on s’enfonçait dans la boue, j'avais si peur d'être englouti...     Mais il était là me tenant aussi la main.

  Chez toi, j'ai dormi, si peu... je le regrette des fois. Avec toi Mé, j'ai conversé tant et tant de fois, je t'ai confié tellement de choses... Tu m'as parfois raconté tes moments forts avec Tintin, c'était si beau, si profond, une vraie osmose. Tu finissais émue, tes épaules se secouaient parce que tu ne ne savais cacher qu'il te manquait. Alors on parlait d'autre chose et je revoyais ton sourire, malgré tes yeux rougis, embués...

  Je me souviens chez toi, il y avait toujours la radio qui chantait, une vieille station qui passait des airs d'autrefois ceux qui te faisaient fredonner tout bas... Écouter un air d'accordéon aujourd'hui te ramène, là... À coté de moi. Tout comme ta citronnelle que tu aimais tant, tu m'en avais donné une bouture et je l'ai encore, elle me rappelle ton jardin, l'été, une des ces multiples odeurs de chez toi, ces odeurs que je n'oublierais pas...

  Je me rappelle de ce tiroir où tu rangeais tes mouchoirs qui sentait si bon, tellement bon...
Tu avais aussi cette tonne de photos que j'aimais tant regarder et toi tu m'expliquais qui était qui, les temps étaient si bons... Chez toi j'ai mis en pratique ce que j'apprenais à l'école pour rafistoler ceci ou cela, c'était maladroit mais tu aimais me regarder faire, chaque fois tu me disais que je te rappelais Tintin, que j'avais ses manières, sa façon de faire... Tu me faisais plaisir tu sais...

  Et puis, comment oublier ces moments douloureux où tu étais hospitalisée, je ne pouvais pas te laisser seule, je devais venir te voir, en vélo encore tu te souviens ? Tu grondais les infirmières qui voulaient te mettre ta pommade en leur disant que c'était ton petit-fils qui allait arriver, qui le ferait...     Tu aimais me le raconter, j'aimais l'entendre tu sais...

  Comme j'aimerais venir nettoyer ta maison encore une fois, te voir m'ouvrir la porte en te dandinant le sourire si sincère, la bouche serrée... Comme j'aimerais sentir encore la douceur de ta joue quand tu m'embrassais pour me dire : " Bonjour em' biau..."
  Oui c'est ainsi que tu m'appelais... Mais toi Mé, t'étais ma mémée, ma deuxième maman. Douce, gentille, à l'écoute...  Aujourd'hui je ne te laisse pas seule, je suis là pour toi encore, comme toi tu l'es aussi n'est-ce pas...

  Ton sourire, ta gentillesse, tes histoires ne m'ont pas quittés. Tu es chez moi et dans mes pensées, mais surtout... Tu es dans mon cœur, là on ne t'arracheras pas à moi, là tu continues de m'ouvrir la porte en te dandinant avec ce si joli sourire...



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