jeudi 25 janvier 2024

Si ça saigne de Stephen King par Vincent Vallée


Après mes deux premières lectures de janvier, un peu fastidieuse (La chasse et Le prophète) je me suis dit que je devais souffler et chercher à tout prix ce que doit offrir la lecture : L'évasion !
Dans ces cas là, et dans mon cas perso surtout, il n'y a pas 36 solutions : Stephen King.

On me demande souvent pourquoi j'aime tant le King de l'écriture, tout bonnement parce qu'il explore nos plus profonds ressentis tout en les rendant romanesques avec une touche d'improbable ou d'horreur qui sont eux aussi, fort plausible sous sa plume. Mais aussi, les récits se déroulent quasi tout le temps dans le Maine, son état, cette partie du pays qui est boisée et connait un climat proche du nôtre mais avec la touche américaine en plus. Quand je lis Stephen King, je reviens toujours à ce film "Stand by me" (The body) qui est si bien narré. Stephen King est très bon dans l'exercice de la nouvelle. Il m'avait déjà convaincu avec "Différentes saisons" qui comprends "The body" mais cette fois encore avec ce recueil qui est paru en 2019, il fait fort !

Tout d'abord "Le téléphone de Mr Harrigan" (Déjà adapté au cinéma et déjà visionné) on plonge dans l'histoire d'un jeune garçon qui vit avec son père, sa mère étant décédée depuis peu, qui va se lier d'amitié avec un vieil homme d'affaires qui s'est acheté une énorme bâtisse dans le Maine (tiens donc...). Le vieil homme s'ennuie. C'est en entendant le jeune garçon lire des passages bibliques lors de la messe qu'il va avoir l'idée de l'inviter, moyennant rémunération, à lui faire la lecture. Le jeune garçon va accepter et ainsi plonger dans le monde de Mr Harrigan. Mais il va se produire l'inverse aussi. Mr Harrigan, va plonger dans le monde moderne du jeune garçon et se laisser convaincre d'accepter un cadeau de ce dernier : Un IPhone dernier cri. Le vieil homme refuse, mais lorsqu'il comprend qu'il peut suivre les cours de la bourse en direct et y intervenir pour vendre et acheter, son avis va changer et il va céder à cette plaie qu'est la technologie... La suite est encore plus intéressante, et va nous plonger dans un monde où seul Stephen King peut nous plonger ! Mon premier coup de cœur de ce recueil ! Une véritable pépite.

Ensuite vint "La vie de Chuck": Cette deuxième nouvelle m'a laissé perplexe avec un commencement apocalyptique où le monde semble s'écrouler, internet ne fonctionne presque plus, l'électricité est défaillante, même les étoiles s'éteignent... Et partout un écriteau est apposé avec cette phrase : 39 années formidables ! Merci CHUCK!! On va ensuite rejoindre la jeunesse de Chuck, voir le jour où il dansa dans la rue et tout savoir sur le mystère de la chambre sous la coupole. Cette nouvelle m'a donné l'impression de se finir abruptement, sans avoir vraiment compris le rapport entre le côté apocalypse du départ et une partie de la jeunesse de Chuck… Puis en réfléchissant j'ai compris que j'étais face à une métaphore et la nouvelle a alors pris tout son sens. Cependant, je n'ai pas vraiment accroché, ce style est un essai du King mais je ne crois pas qu'il persévère dans ce genre.

Et puis, "Si ça saigne". Cette histoire va rechercher un personnage que le King a utilisé dans "Mr Mercedes" (Que je n'ai pas encore lu). Holly donc, est enquêtrice, et c'est en regardant son émission favorite qu'elle sera parasitée par un flash spécial. Une bombe vient d'exploser dans une école, tout est sans dessus dessous, il y a des morts, des enfants, des instits... Et puis ce journaliste, Ondowsky, qui est sur place et assure un direct, il semble être au cœur de l'action, le premier sur place... Le flash est interrompu, Holly est sous le choc de l'annonce et quand celui-ci reprend, on revoit le même Ondowski, mais cette fois, couvert de poussières et de reste de briques, manifestement il aurait aidé à sortir des victimes, des décombres. Un véritable direct sauf que... Il y a quelque chose qui ne va pas du point de vue de Holly, un détail qu'elle remarque sur le visage de Ondowski, comme une tache au dessus de sa lèvre, un grain de beauté qui n'était pas là lors du premier direct, ou des poils... Comme si on lui avait arraché une fausse moustache... C'est là que l'histoire bascule à la façon de Stephen King et croyez moi, il arrive à nous embarquer. Une très bonne nouvelle qui donne envie de découvrir ses débuts avec Holly dans " Mr Mercedes". Cette avant-dernière nouvelle est un petit roman, c'est la plus conséquente lecture du recueil.

Il termine avec cette nouvelle, ma préférée : RAT. Et comme le fait si bien l'auteur, il m'a embarqué dans tout ce que j'aime, un presque huis clos entre un romancier et son roman sur les hauteurs du Maine dans un chalet isolé qui va être pris dans la tempête... Rien que de relire cette description me donnerait presque envie de la relire !!
Drew Larson est donc, un écrivain moyennement connu qui n'a jamais pu écrire un roman, il s'est toujours vautré, loupé. Un beau jour, comme un flash, une idée de roman lui vint. Sauf qu'il était resté sur sa faim avec ses dernières tentatives et que la peur de ne pas aboutir à nouveau est déjà là... Alors une idée lui vint: S'isoler pour écrire, s'isoler pour n'être qu'avec lui et son roman à écrire. Pour ce faire, il songe de suite au vieux chalet de son défunt père sur les hauteurs de la ville, dans les bois. Il n'y a presque rien dans ce coin retiré si ce n'est une petite supérette avec son tenancier qui le reçoit pour des provisions. Sauf que ce dernier est enrhumé, très enrhumé... et il renifle, se mouche, éternue... il va serrer la main de notre Drew, bien entendu. C'est là, avec cette poignée de main, que Stephen King tient la clé de son histoire. Le rhume, la contagion, la fièvre, le délire... Tant d'ingrédients qui rendent possible le délire dans lequel va plonger Drew... Vous l'avez compris un RAT va s'inviter dans la partie.

Nul besoin d'en dire plus n'est-ce pas ? Excepté la nouvelle "La vie de Chuck" qui m'a décontenancé, j'ai pris un plaisir dingue à lire ce pavé  et j'ai passé du bon temps. Ce qui ne manque jamais avec cet auteur, je crois mon favori jusqu'ici. Si vous hésitiez encore, j'espère que ce n'est plus le cas !




 

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