mardi 30 janvier 2024

Un soir d'été de Philippe Besson



Un soir d'été... Ces quelques mots nous emportent déjà loin, bien loin dans notre propre nostalgie.
Et ce choix de couverture est le reflet de cette nostalgie, une nostalgie que l'on retrouve dans le récit et qui nous embarque loin aux large de notre mémoire. 
Ce n'est pas un secret, Besson est un de mes auteurs français favori. Favori, car il écrit simplement et souvent à partir de lui. Et je dois dire que c'est lorsqu'il parle de son vécu, même s'il est romancé, que c'est le plus réussi.

On retrouve donc Philippe, mais le Philippe encore meurtri de son histoire d'amour avec thomas que l'on a rencontré dans "Arrête avec tes mensonges". L'île de Ré, un ami, et des copains durant les années 80, le décor est planté. L'ambiance d'alors, l'insouciance, pas de téléphone portable, pas de PC, à peine la TV mais la plage, les sorties, le laisser aller, la nonchalance des vacances au soleil, loin du tumulte du lycée et de la vie parisienne, de la Province.

Philippe rejoint son ami François qui travaille avec son père en boucherie, François est le playboy de la bande d'amis, Philippe plutôt le bon chic bon genre mais qui aime aussi déconner. Et au milieu de cette bande de copains d'un été, un prénommé Nicolas; un garçon longiligne, blond à la peau mâte. Un petit air de Thomas ? Si peu... Et ce n'est pas pour déplaire au lecteur que je suis. J'ai été renvoyé à mes propres souvenirs, encore...

La bande de copains va flâner donc, et s'éprendre d'une belle et jolie fille. Une de celles que l'on ne rencontre que lors de telles vacances. Avec elle, Marc, le frère de cette dernière, le beau gosse style surfeur qui ne va pas laisser Philippe indifférent.
Il n'y a que Nicolas, qui a été présenté à Philippe par François lors de son arrivée, qui n'est pas, visiblement, intéressé par la belle jeune fille qui les chamboule (presque) tous. 

Et c'est lors d'une fête d'anniversaire, un soir d'été, que la bande de copains va perdre son insouciance, retomber les pieds sur terre et devoir faire face à la réalité... 

Il arrive parfois de ces évènements lorsqu'on est ados, que l'on transporte toute sa vie avec soi. Un souvenir de jeunesse, un amour de passage, une rupture, ou pire...
Ce roman est juste magnifique car, en plus d'être bien écrit, il nous transporte dans nos propres souvenirs via cette ambiance des années 80 qui manque à tant des miens... Il rappelle bien des fondamentaux que l'on a occultés, étouffés par notre dépendance aux écrans, sans oublier cette vie qui passe si vite...

Quelques passages que j'ai relevés :

"La vérité, si vous voulez que je vous dise, c’est que je ne suis jamais parvenu à me débarrasser de cette histoire,
elle ne m’a jamais quitté, elle est là, quelque part, coincée dans les recoins de ma mémoire et resurgit de temps à autre".

"Vous savez, vous, pourquoi il faut que les belles histoires finissent mal ?"

"...on n’écoute pas la même musique qu’eux, d’ailleurs ils n’en écoutent plus vraiment, de la musique, pour nous tous les gens qui ont passé quarante ans sont des vieillards, sûrement qu’on n’aura jamais quarante ans, on sera morts avant."

"On est en 1985, il n’y a pas de téléphones portables. On n’est pas rivés à nos écrans pendant des heures, à lire nos messages et nos mails, à recevoir des alertes en tous genres, à télécharger des applications, à jouer à Pokémon GO ou Angry Birds, à mater des vidéos, à enquiller les hits du moment, on n’est pas dans l’isolement numérique. On est tous les trois ensemble, désœuvrés mais ensemble."

"...quand je restais sans voix face aux questions alambiquées et aux airs dédaigneux de professeurs dont l’objectif premier était de nous faire renoncer, de nous montrer le chemin de la sortie puisque, à l’évidence, nous n’étions pas taillés pour les grandes écoles,
Quand j’y songe, c’était merveilleux de ne pas avoir quelque chose à faire, d’être improductif, de se tenir dans la mollesse, l’inertie, de n’être dérangé par rien, rattrapé par rien ni personne."


Et ce passage que je n'oublierai jamais :

"J’étais persuadé qu’on aurait été heureux ensemble toute notre vie, j’ai pas supporté, j’ai trouvé ça injuste. C’est con, pas vrai ? » Il dit : « Non, c’est pas con, c’est beau. »"

 

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