lundi 3 février 2020

L'anagramme de Nicole Nisol par Vincent Vallée.


L’anagramme de Nicole Nisol





En ce début d’année j’enchaine les déceptions au niveau lecture. C’était sans compter sur la lecture que j’avais programmée de Nicole Nisol et son Anagramme !
J’ai attendu de voir Nicole à un salon du livre et je me suis procuré cette nouvelle que j’ai lue aussitôt. J’avais déjà lu les autres nouvelles de Nicole, toutes m’avaient séduit, emporté. J’ai d’ailleurs eu l’honneur d’être le préfacier de sa nouvelle : « comme un télégramme ». Mais là… J’ai été emporté, alors que j’étais dans un environnement bruyant et fut souvent interrompu. Je ne vais pas faire un long résumé de cette nouvelle car il faut absolument la lire !

C’est l’histoire d’une vie, la vie de Marie. Cette d’abord jeune fille dans le récit, est la grand-mère de Nicole. C’est sur base de ses souvenirs et de l’imagination de Nicole qu’on va découvrir que fut la vie de cette jeune fille qui vivait à la campagne dans un coin un peu méconnu, un village qui se nomme Wihéries, non loin de la frontière française. Marie ne sait ni lire ni écrire mais est très dégourdie et volontaire. Elle a une très bonne amie, ses parents mais elle va partir pour Bruxelles, au service d’une famille aisée et juive : les Goldstein. Là-bas, elle va non seulement rencontrer la famille sympathique et chaleureuse mais aussi Simon, un jeune homme qui aime la littérature et qui va apprendre à Marie, à lire et à écrire, avant d’ensuite tomber en amour de la nouvelle jeune bonne.

Plusieurs fois Marie va devoir rentrer chez elle, chaque fois les Goldstein vont la laisser y retourner car très compréhensifs. Marie rentrera pour des évènements heureux mais malheureux aussi, comme la mort de sa sœur mariée à un imbécile…
Lors d’un de ses retours chez les Goldstein, Marie va découvrir que Simon n’est plus là, la famille ayant pensé bien faire en les éloignant car ce n’est pas sain selon eux qu’ils s’aiment… Le cœur de Marie va dès lors se briser et garder Simon dans un coin de celui-ci, tel une bougie qu’on maintient en vie pour éclairer sa vie…
En effet, Marie va devoir quitter le service des Goldstein pour non seulement éduquer les enfants de sa sœur mais en plus, se marier avec le veuf et imbécile de mari de sa sœur tout juste décédée… Marie va se défendre de cette idée saugrenue et pourtant…
La guerre va éclater, les juifs vont connaitre le sort qu’on connait… Les hommes qui font le mal autour d’eux sont parfois, punis par la vie, et cette même vie, récompense parfois les malheureuses… Une flamme maintenue en vie dans le cœur de Marie, va peut-être se raviver pour un instant… La vie va peut-être la récompenser de tant de sacrifices, de dévouement…

On découvre là, avec cette nouvelle, tout le sens du titre : L’anagramme. Celui de Marie, qui est Aimer. Car c’est une jeune fille, puis une jeune dame débordante d’amour qu’on découvre au travers de la plume si belle, si envoutante de Nicole qui n’est autre que la petite fille de Marie. Il y a des gens qui font partie de vos vies, qui vous éduque, qu’on n’oubliera jamais, même au travers de leur discrétion, leur pudeur, leur non-dits. Ce fut le cas de Nicole pour sa grand-mère, c’est les yeux humides, encore aujourd’hui, qu’elle nous en parle, ce sont des frissons qui m’ont parcouru durant cette lecture que je ne suis pas près d’oublier. Voilà ce que j’aime chez les auteurs comme Nicole. Il n’y a chez elle que l’envie et le besoin d’écrire, de transmettre. Et en plus, Nicole possède ce style emportant qui vous oblige à prendre des notes tant les formules sont belles et je ne peux m’empêcher de vous en citer quelques-unes :

En parlant du repas qui mijote au rez-de-chaussée 

« … envoyant d’agréables effluves qui réveillaient les nez endormis. ».

« Elle avait le regard triste de celles qui n’ont pas eu d’enfants et qui ont perdu l’amour ».

« C’était une voix douce, chevrotante, hésitante, comme celle des gens qui ne parlent plus depuis longtemps. Une voix qu’on a laissé mourir… »

« Le temps passe et repasse, il déplisse les jupes des petites filles et plisse le bord des yeux des femmes. »

dimanche 29 décembre 2019

Indian Creek de Pete Fromm par Vincent Vallée



Indian Creek. Alors qu'est-ce qui m'a plu avant de lire ce roman ?
Sa couverture m'a attiré, une vue depuis une tente d'un paysage propre et enneigé, ou l'inverse...
Son résumé, bien qu'il aurait pu être plus accrocheur après lecture, me séduisit par cet espèce de huis clos. J'aime ce genre de récit où il y a un monologue entre soi et soi-même.

Indian Creek est donc l'endroit dans l'Idaho où Pete Fromm a réellement passé un hiver entier, seul, en tête à tête avec la nature et ses dangers de tout instant. Entre la tâche à laquelle il était voué, c'est à dire surveiller un banc de saumon et leur habitat durant l'hiver rude de cet endroit, jusque moins 25°...
et la faune environnante, sans oublier les conditions climatiques rudes et surprenantes parfois, il y avait là de quoi me régaler. 
On y découvre les passages les plus intéressants de ce récit avec la vaine tentative de son père et de son frère de le rejoindre dans ces conditions extrêmes et dangereuse si on n'y est pas conditionné. L’abattage d'un élan et la technique de conservation de sa viande pour subsister, bien que tout fut pensé pour ne pas mourir de faim, et enfin, la rencontre avec un vieux puma, surpris par son âge et le poids d'un cerf lors d'une bagarre pour la vie, qui se terminera par la mort des deux au bonheur de Pete qui récoltera ainsi, sans chasser, une jolie peau de puma. 
Mais voilà, je ne fus pas emporté autant que je le pensais par ce roman, il y a une incohérence dans les conditions de survie du jeune Pete, qui est décrit comme un jeune homme sans expérience qui part seul dans les montagnes enneigées de l'Idaho, sans savoir chasser ou même utiliser une arme ? Ou alors il l'était, mais c'est oublié au début du récit...

Il y a aussi cette postface en fin de roman, forcément, qui est superflue et inutile. Pour un roman au contexte glacial, cette postface sent le réchauffé...

Néanmoins, si des lecteurs, lectrices aiment les huis clos comme moi, les ambiances froides et la nature sauvage, je leur conseille de lire ce roman sympathique.
Si je l'ai terminé, c'est qu'à mes yeux il est bon. Certes, ce n'est pas du Jack London, toujours selon-moi.

Pete Fromm:




Pete Fromm est né en 1958 dans le Wisconsin et a d'abord été maître-nageur ou ranger avant de se consacrer à l'écriture.

Il a publié plusieurs romans et recueils de nouvelles qui ont remporté de nombreux prix ( dont le prix de la Pacific Northwest Booksellers Association pour "Chinook", "Comment tout a commencé" ou "Lucy in the sky") et ont été vivement salués par la critique.

"Indian Creek" est son premier livre traduit en français. Il vit à Great Falls dans le Montana.




jeudi 28 novembre 2019

Borins de Constant Malva par Vincent Vallée.


Borins de Constant Malva




Avant-toute chose je dois dire que la première fois que j’ai entendu parler de Malva, c’est lors de la "livraison" si je puis-dire, de la préface généreusement offerte par Daniel Charneux, écrivain à Dour, édité chez Luce Wilquin.
Daniel Charneux citait, entre autres, Malva pour démontrer qu’on peut être un ouvrier et puis, écrire. Cette préface était un joli cadeau pour introduire mon roman : Verlaine avoue Rimbaud.

Alors, Constant Malva, je l’ai encore un peu plus, un peu mieux découvert lors d’un spectacle au sujet de l’identité boraine. En effet, une poignée de Borains, et pas n’importe lesquels, il s’agissait de Françoise Houdart, Annie Préaux, Daniel Charneux, Roland Thibeau, Jean-Claude Derudder, Alain miniot… Tous des acteurs de la culture boraine contemporaine. Malva est un pseudonyme, son vrai nom est Bourlard Alphonse, né en 1903 à Quaregnon, décedé en 1969 à Saint-Josse-ten-Noode. Il fut un mineur parmi tant d’autres. Malva n'aura jamais son diplôme d'école primaire, mais un instituteur lui fit cadeau d'une grammaire qu'il gardera jusqu'à sa mort.
Après l'armistice, en 1919, alors qu'il avait quinze ans, il devint mineur de fond comme son père au charbonnage du Rieu du Cœur à Quaregnon.



Voilà pour Malva, moi ce qui m’intéressait, c’était de le lire ! Quelques jours plus tard, après le spectacle sur l’identité boraine vint Mon’s Livres, salon du livre bien connu en Wallonie. Avant l’affluence je fais un tour, et me dirige vers le stand de L’Oiseau Lire, célèbre librairie d’ouvrages anciens de Mons. Et puis là, plusieurs ouvrages de Malva ! Je discute avec la libraire et lui demande conseil afin de découvrir au mieux la plume, le style de Malva. Tous sont au même prix et c’est « Borins » qu’elle m’indique. Particularité de cet ouvrage datant de 1937, sa première édition, son premier tirage, il est non massicoté. Pour résumer, il faut, au fur et à mesure de votre lecture, découper vous-même les pages. J’adore cette idée ! Déflorer votre lecture… Une pratique, un style d’impression qui s’est presque perdu et c’est bien dommage, cela m’a donné des idées…


De quoi parle ce petit livre ? Ce livre parle des Borins (Borains) et plus particulièrement des mineurs Borains. Dans ce petit livre nous sommes plongés dans l’ambiance, l’atmosphère d’alors… Nous sommes à une époque où l’extraction du charbon est plus « moderne » si je puis m’exprimer ainsi… Les méthodes se sont modernisées et pourtant, toute la difficulté, la crainte du pire et la camaraderie s’y trouve et Malva nous la rapporte à merveille.
Je vous cite quelques extraits qui m’ont interpellé :

[…] Eh bien les traînards, vous avez encore du dimanche dans la peau ? […]
[…] Les hommes se succèdent sans arrêt et toujours la même question se pose :
— C’est hue ?
— C’est hue ?
— C’est hue ?

Et les porions répondent :

— Oui, c’est hue ! […]

C’est hue était l’expression dans le dialecte borain pour dire : On y va, c’est parti ?

[…] Chargés de leurs lampes et de leurs outils, les hommes prennent place dans les compartiments exigus. Ils se serrent avec des grognements. Quand ils sortiront leurs tartines de leur sac de toile, les croutes et la mie ne formeront plus qu’une masse informe. […]

Un peu plus loin nous est relaté la descente selon Malva :

[…] Pendant ce temps, à intervalles réguliers, dans un tintamarre fait de bruit de ferraille et de coups de sonnette, la cage surgit du puits, s’immobilise quelques instants, puis repart avec sa grouillante cargaison.
La recette, peu à peu, se nettoie.
Il ne reste plus que quelques hommes ; bientôt plus personne.
Par son gosier démesuré, la bure les a ingurgités jusqu’au dernier. […]

Ce passage m’a ému, frappé par sa description digne qui cache toute la crainte de ne peut-être pas remonter vivant…

[…] « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front »
D’abord quelques gouttes ont perlé et ont roulé vers les yeux jusque dans leur bouche ; en un rien de temps leur caleçon a été trempé, et leurs pieds se sont mis à nager dans leurs chaussures. La fatigue les a quittés avec les premières gouttes ; maintenant ils sont plus souples, plus agiles, plus forts. Seulement, ils boivent beaucoup et ne cesse de mâcher du tabac. […]

Les semaines étaient longues, on peut essayer d’imaginer les matins, avant qu’ils ne s’encouragent en se demandant si c’est "hue" ? Ils devaient être éreintés, découragés, malheureux. Dans ce passage il est bien décrit qu’après les premières suées, la vigueur, tel un second souffle, revient, et comme des machines ils abattent un travail de titan… Plus loin il est décrit un dialogue qui aujourd’hui n’a pas changé finalement, sauf que parfois, de nos jours on se plaint d’aise en comparaison de cette période minière :

[…] Bah ! ils sont comme nous, bons ou mauvais, c’est le régime qui les rend injustes.
Quand le socialisme sera établi dans le monde, quand les ouvriers ne seront plus des choses mais des hommes, les chefs nous traiteront comme on doit traiter des hommes, et le travail deviendra presqu’un plaisir. […]

Mon Dieu… Rien n’a changé dans le discours… Mais voilà, l’homme est sans cesse en quête de mieux et de toujours plus ? Nos conditions de travail ont évoluées, la sécurité, le confort, les salaires… Mais le contexte ? C’est un large débat, je crois…
À l’époque, après le travail et la remontée, il y avait le cabaret.
« Le cabaret, c'était un sas entre deux enfers : celui, poisseux, de la mine et l'autre, misérable, du foyer » (Victor Regnart, le buveur de bière à la grosse moustache). Voici comment le décrit Malva :

[…] Tu vas sans doute trouver ça drôle, dit-il. Je bois, je bois par chagrin et par plaisir, je bois parce que je suis à la fois heureux et malheureux. Tu ne comprends pas, hein[…]

L’alcool, la bière c’était certainement leur seule évasion mais qui ruinait aussi leur santé… C’est aussi là qu’on se défoulait, qu’on tapait sur les politiciens, les décideurs, mais c’est aussi là qu’on s’épanchait, telle la bière dans leurs gosiers asséchés :

[…] Je vais tout te raconter, c’est bon cela, de raconter, cela soulage. Je ne sais rien garder pour moi, j’ai la langue bien pendue. Quand je souffre, il faut que je clame ma douleur, que je montre mes plaies à tout le monde. Ce n’est pas beau, mais ça fait du bien. […]

Ce petit livre et la découverte de Malva, cet homme qui n’obtint pas son diplôme de primaire (comme moi), m’a touché, impressionné et je suis bien heureux de découvrir cet auteur presqu’oublié, car c’est ainsi qu’on n’oubliera pas, je vais m’atteler, moi, et d’autres comme ceux cités plus haut, à le citer dès que l’occasion se présentera. Je terminerai cette longue chronique, mais cela en valait la peine, par ce passage qui clôt une journée de mineur à l’époque :

[…] Que je suis heureux de revoir ma femme, mes livres, mon intérieur, jusqu’au chat qui s’arrête de dormir pour me regarder.
S’éveiller après un terrible cauchemar, revenir à la vie quand on s’est vu mort, quelle délicieuse chose ! […]

mercredi 27 novembre 2019

La Seine soupire… Par Vincent Vallée





La Seine soupire…

La Seine n’entend pas, ne parle pas, elle est là et respire, emporte tout et s’étire…

Y a deux gamins qui sont assis sur un muret de Paris
Sur le bord de la Seine, là où la ville se noie sans peine
Il est six heures et doucement s’éteint l’astre qui rit
Ils se racontent des histoires, les yeux noyés dans la Seine

La Seine n’entend pas, ne parle pas, elle est là et respire, emporte tout parfois pire…

Et pour toi Félix, la vie dis-moi, c'est quoi dit le cadet
Jouer aux billes, manger des glaces et puis voilà, raisonne le grand
Moi j'aime les glaces mais j’aime pas trop les billes, suis pas doué
Je préfère mille fois le nougat, papa dit que c’est mauvais pour les dents

La Seine n’entend pas, ne parle pas, elle est là et respire, emporte tout et s’enivre…

Doucement coule l’eau devant ces deux petits bouts de vie qui discutent
Une Seine qui les entend roule devant eux et emporte avec elle des secrets enfantins
Noyés dans l’artère fluviale qui emporte tout sans lutte
Se fondent et coule, confessions, rêves, pensées et autres chagrins

La Seine n’entend pas, ne parle pas, elle est là et respire, emporte tout et soupire…                                                                                  ©Vincent Vallée

lundi 14 octobre 2019

Que de temps...






Que de vies futiles sont semées dans nos cimetières…
Que d’ennuis à ne pas vivre durant nos passages…
Pourquoi exister si c’est pour endurer, ne pas rêver…
Pourquoi sourire à un destin qui n’aura jamais d’âge…

Que des mots aurais-je entendu, pas compris…
Que des moments aurais-je encore laissé tomber…
Pourquoi parler dès lors que tout est tracé, dis-moi…
Pourquoi ne pas utiliser ce qui nous est donné, dit, confié, crié, et à notre portée…

Que des gens, des badauds errants une vie durant, oh ! Tellement…
Que de temps passé, perdu, enfui et ensuite… Ensuite…
Pourquoi ne pas se regarder, s’aimer, se détester et tomber dans les bras d’un ami…
Pourquoi laisser courir devant son frère, son confident, notre vie et laisser tout s’écrouler…

Que de temps perdu à ne pas vivre, à endurer, que des vies semées dans ces champs de croix, que des vies semées au gré du temps qui au fond, n’ont pas été vécues… que de vies… que de vies…

lundi 30 septembre 2019

Dans l’ombre des terrils, vivait Jeanine de Albert Sottiaux par Vincent Vallée.


Dans l’ombre des terrils, vivait Jeanine




Un roman bien de chez nous, une vie, des vies, des histoires, des vécus, des non-dits… Mais encore ?

Eh bien, ce roman d’Albert Sottiaux nous emporte, mais où donc ? Dans une vie bien de chez nous, une vie simple mais parfois si compliquée. Les terrils sont immenses certes, mais si petits face aux coups bas et autres déboires que peuvent se faire les mêmes membres d’une famille. Il y a bien des valeurs mises en avant dans cette biographie, le travail, le courage, l’amitié, l’amour maternel, l’adoption de cœur… Et encore tant… Je ne rentrerai pas dans les détails il y en a tant, mais les découvrir vous fera chaud au cœur, vous rappellera des moments personnels.

Le charbonnage chez nous en Belgique fut une solution pour vivre dignement, ce ne fut pas facile tous les jours, ce roman va vous le démontrer mais la dignité des hommes et des femmes d’alors, prenait toujours le pas sur le défaitisme et le découragement. Il fallait travailler, rapporter des sous, c’était indispensable et c’était logique.

C’est l’histoire profonde de Jeanine, la maman de l’auteur que vous allez découvrir, une vie difficile, parfois rude et parfois tendre. Une force de caractère à toute épreuves, tenant bon, passant au-dessus des ennuis même si parfois, ce fut bien difficile. Jeanine a connu l’amour, les joies, les peines, les trahisons mais toujours est demeurée fidèle à sa progéniture, à son fils qui, au travers de ce roman, le lui rends si bien. Oui, c’est une histoire de chez nous, une histoire qui sent bon le café chaud du matin, la tarte du dimanche et les galettes des rois !

Il y a le deuil aussi, qui s’accompagne de dignité, propre aux caractères des filles et femmes de mineurs. Et puis cette relation mère-fils le temps passant, le temps courant… Une complicité hors normes comme ce grand garçon, fils de Jeanine !

« Tu sais Albert, les plus belles années de ma vie, c’est avec toi que je les ai passées… »

Cette phrase, cette confession prononcée par Jeanine à son grand fils est certainement la plus belle façon de résumer une vie à deux, issue d’une vie si riche et si compliquée dans sa simplicité.

Et puis quel que soit l’endroit où l’on va, quel que soit la vie que l’on mène, quel que soit l’âge que l’on a, il n’y a rien de plus rassurant et de plus beau que dire à la personne qui se coupe en quatre pour vous et qui a tant culpabilisé d’avoir du vous confier à des étrangers : 

Je suis bien ici…

Oui, je suis bien ici. Une phrase comme une chaude couverture lors d’un soir de pluie, dans une maison emplie de souvenirs et d’amour. Cette phrase, elle fait tout oublier de ce qui fut douloureux, oui tout. Je suis bien ici !

Ce roman, n’est pas un roman, c’est un bouleversement, une émotion, une leçon de vie. Non, je ne l’oublierais pas.


Merci Albert, merci Moka…





Pour vous procurer ce roman :


Soif de Amélie Nothomb par Vincent Vallée.


Soif de Amélie Nothomb






Ceux qui me connaissent savent que j’aime la plume d’Amélie Nothomb et puis aussi, sa personnalité un peu à part et souvent surprenante. Cette dame est cultivée et pourvue d’une mémoire incroyable, d’une plume étonnante. Elle nous a écrit des romans, toujours courts, chaque année depuis plus de 20 ans qui jamais ne laissent indifférent.

Celui-ci, on ne peut pas dire qu’il laisse indifférent non plus, ce serait même impossible qu’il nous laisse de marbre car soit il va nous glacer, soit nous laisser de marbre, soit nous refroidir….
Il y a une évidence, c’est que bon nombre de ses lecteurs qui sont chrétiens, vont être étonnés de découvrir un Jésus, car il ne s’agit que de lui tout au long de ce roman, un peu trop comment dire… moderne, décalé, sorti de son contexte historique. Employant des expressions tels que pour n’en citer qu’une lorsqu’Amélie évoque le passage des noces de Cana et en parlant de sa mère, Marie : Oui, ma mère était pompette, et ça lui allait bien.

Cette manière de faire parler Jésus, m’a dérangée tout au long du roman… pompette… il y a plus de 2000 ans, ne devait pas être une expression courante, mais si c’était la seule dans le roman qui est hors contexte, inappropriée, je ne serai pas ennuyé… J’aime à penser, moi qui suis pourtant croyant mais non pratiquant, que Jésus était un homme comme bien d’autres de son époque, banal, et certainement pas l'Apollon qu’on représente partout, de type Européen, aux yeux bleus et à la chevelure abondante, il avait un physique quelconque, c’est écrit, c’est décrit.

Amélie explique que le pourquoi de ce roman, c’est l’absurdité de la crucifixion. J’entends bien, et oui elle a raison car il y a des contradictions avec ce que les chrétiens appellent un acte d’amour. Mais cette approche, cette désacralisation de Jésus, cette façon de le décrire, moi, m’a beaucoup dérangé, ennuyé, parfois outré. On peut le présenter autrement, moins divin, moins prophète mais pas le ridiculiser. Car, à certain moment, il est ridiculisé par la façon dont Amélie le fait raisonner, penser, parler…

J’ai beaucoup hésité à écrire une chronique au sujet de ce dernier roman d’Amélie Nothomb, car je l’aime beaucoup, et j’ai lu tant de bons romans de sa plume, que je ne savais pas comment j’allais exprimer ma déception. Car après tout, on peut passer son tour, ne pas aimer un des romans d’un de ses auteurs de prédilection sans pour autant s’entendre dire qu’on n’est pas fidèle, ou qu’on est contradictoire. Car, pour le coup, Ce roman est contradictoire par rapport à l’idée que je me fais d’un personnage tel que Jésus. Et, je laisse de côté mes convictions pour dire ça. Car si je partais de mon point de vue de croyant, de chrétien, sur base de la Bible, je serais beaucoup plus critique envers l’approche d’Amélie. Beaucoup plus… Car écrire : En vérité, je vous le dis, tout clouté que je suis, un verre d’eau me ferait crever de jouissance… Il y a de quoi se poser de nombreuses questions, même en laissant de côté sa religion… Pourquoi avoir abordé Jésus de cette façon ? Voilà le mot qui m’est venu constamment lors de ma lecture : POURQUOI ?

Alors je vais conclure avec cette formule toute faite : À l’année prochaine Amélie.