dimanche 24 décembre 2023

Gustave Meremans dit Mermane, traiteur, helléniste et romancier dourois de Daniel Charneux par Vincent Vallée

 


Lorsque j'ai vu qu'une présentation allait être donnée par Daniel Charneux au sujet de ce petit ouvrage, j'ai de suite été interpellé. Malheureusement je travaillais le lendemain et je me lève tôt, je n'ai donc pu m'y rendre. Mais j'ai acheté et lu cet hommage à Gustave Meremans.
Si je met l'accent sur le fait que mon job m'a empêché de participer à une présentation qui, j'en suis certain, allait me passionner, c'est en raison des quelques similitudes découvertes lors de ma lecture entre "Mermane" et moi-même. 

Parmi ces similitudes il y avait page 40, cette mise en lumière de la correspondance entre André Malraux et "Mermane" dont cet échange après un refus d'édition : 
Il révèle alors qu'il n'est qu'un "modeste traiteur de province, [...] Un homme qui considère sa vie professionnelle comme un moyen de vivre, et non comme le but de l'existence".
Le traiteur dourois a pour seul bagage, des études de latin-Grec mais comme le rappelle sa fille " en ce temps là, on faisait les choses sérieusement". Et d'ajouter ce qui me concerne : "Il a approfondi par lui-même".

"Mermane" était de la même génération que l'illustre Camus et avait en commun les références grecques, ils étaient tous deux, comme l'écrit Charneux, nourri par la pensée grecque.
Le roman qui est "épluché" par Daniel Charneux, "Le rendez-vous de Nuremberg" est en réalité une autofiction, comme le font beaucoup de jeunes auteurs. Les écrits de "Mermane" furent donc en partie alimentés de ses expériences personnelles et l'auteur dourois fera tout son possible pour se faire remarquer, il dira au travers de ses attitudes: j'existe, j'aime écrire, je veux le partager avec vous, remarquez moi !

Et voilà un autre aspect du parcours littéraire de Meremans que je partage avec lui : Ses démêlés avec son éditeur De Méyère. L'éditeur porte peu d'intérêts aux ouvrages proposés par le traiteur dourois et celui-ci le lui fait remarquer dans un courrier. De Méyère ne réponds pas, et l'impatient Mermane réclame alors ses droits d'auteur. Le lien de confiance est rompu, la menace de mettre des avocats sur l'affaire est brandie. J'ai vécu presque exactement la même chose... Ce fut suffisamment interpellant pour que je le note dans cette chronique. Mais cela ne s'arrête pas là...

Il y a aussi l'amitié/collaboration entre "Mermane" et Marc Gillis, peintre montois. Les deux amis vont collaborer afin d'illustrer un roman, sa couverture. Pour "Verlaine avoue Rimbaud" et d'autres ouvrages par la suite, je me suis lié d'amitié avec un jeune artiste de Charleville qui a illustré quelques-uns de mes ouvrages.

L'auteur dourois parlera de sa terre adoptive, Dour, lors d'autres écrits et montrera ainsi son amour pour sa ville et sa région comme lorsqu'il évoque le caillou-qui-Bique et Verhaeren.
Comme évoqué plus haut, Meremans correspond avec Malraux, j'ai de suite pensé à ma correspondance avec Nothomb, Besson, Baronian... 

Mais la dernière similitude avec moi, petit auteur de Boussu, ce sera cette demande à Malraux de lire un essai sur la "mort d'un chat bien-aimé..." Charneux écrit :

Cette mort, confesse l'auteur, est pour lui l'épreuve la plus lourde de sens de ces vingt dernières années. Pour Meremans l'animal de compagnie était un grand seigneur fier et digne. Plus loin, il est relaté que le félin de compagnie sera euthanasié pour soulager ses douleurs, et caressé jusqu'à ce que la vie ait déserté le petit corps... Voilà trois mois, à quelques jours près, j'ai perdu ma chatte Lili, elle avait 15 ans et elle a été euthanasiée pour les mêmes raisons, c'est sous nos caresses et nos mots d'apaisements qu'elle s'en est allée. Et tout comme il est décrit dans l'hommage à Meremans, une tombe lui a été aménagée dans le jardin... Que de points communs.

Il faut noter que sans Daniel Charneux et son ami Claude Duray nous n'aurions peut-être jamais appris la "double vie" du bien connu traiteur de Dour. Et je ne sortirais pas de cette lecture/découverte, encouragé et rassuré. Le monde littéraire doit, avant-tout, être un moyen de s'émanciper. Tous les auteurs écrivent dans un même but, ou plutôt deux: se libérer d'une passion en la vivant d'une façon ou d'une autre et être lu.

Aujourd'hui "Mermane" n'est plus seulement un traiteur dourois, il est aussi un acteur littéraire, amoureux des mots de notre belle région du Borinage et en particulier de Dour. J'aime à croire que de là-haut, "Mermane" envoie un clin d'œil amical à Daniel Charneux.

L'ouvrage est disponible à la libraire NEOPOLIS de Dour, chez les éditions pyramides noires.





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