Rubiel e (s) t Moi
Je
viens de terminer ce roman, et quel roman !
C’est
simple, pour savoir si j’aime une lecture il faut regarder si j’ai corné des
pages, s’il y en a beaucoup c’est que j’adore.
Ce
roman je l’ai découvert comme l’a été son auteur, Vincent Lahouze, sur les
réseaux sociaux. Oui, Vincent Lahouze écrit souvent sur ce nouveau canal de
discussion, d’informations, il couche là ses pensées, réflexions et autres
billets d’humeur. De plus en plus, son lectorat s’est agrandi jusqu’à être repéré
et donc, édité.
Il
faut avouer que son histoire n’est pas banale tout en étant commune dans son
pays natal, la Colombie. Vincent c’est Rubiel, un enfant adopté alors qu’il
avait 4 ans et qu’il vivait dans les murs gris de l’orphelinat de Bienestar de Medellín.
Rubiel va embrasser une nouvelle vie et naître de nouveau… L’auteur va nous emmener
dans le récit de cette vie que mènent parfois tant d’enfant comme le petit Rubiel,
une vie qui peut basculer à tout instant, soit vers le bonheur et donc l’adoption,
soit l’envie de liberté, la fuite, et donc la survie dans les rues de Medellín,
ce coupe-gorge pour tant d’enfants errants…
En
parallèle de ce récit, de cette course contre la mort d’un enfant de 4 ans dans
les rues de Colombie, de ces nouveaux amis d’infortune à peine plus âgés que
lui, mais aussi de l’amour adolescent, de la découverte de la littérature ou d’un
vieil homme qui prend Rubiel sous sa protection. En parallèle donc, Rubiel va
nous raconter son adoption et c’est Vincent que nous allons alors découvrir,
cette rencontre avec la France, ce déchirement à Bienestar, la rencontre avec
un autre monde, une autre culture, une autre langue. Il y aura aussi les
échecs, la débauche qu’on peut parfois connaître à l’adolescence, les ruptures
amoureuses qui font si mal. D’autant plus pour Vincent qui n’arrive pas à
avancer tant son passé le frustre. Je l’ai ressenti comme ça en tous cas.
Vincent cherche, tente de comprendre ce qu’aurait été la vie de Rubiel s’il
était demeuré là-bas chez lui, en Colombie. Que serait devenu Rubiel ?
L’auteur,
comme un exorcisme littéraire, tente de le comprendre, de l’imaginer, de faire
le voyage retour, et il nous emmène avec lui. Nous sommes nous lecteurs, un peu
comme ce petit lapin que Rubiel trimballe partout avec lui, cadeau de son frère
de chambre à l’orphelinat. Comme ce petit lapin, nous le suivons partout et
comme ce petit lapin nous ressentons les blessures, la peur, l’injustice, les
pleurs de Rubiel, il nous les confie…
Un
exorcisme, Vincent Lahouze réussit cet exercice pour ce premier roman, il est
difficile de parler de soi, mais si en plus l’écriture est une forme de
thérapie c’est d’autant plus complexe. Par un jeu d’écriture face au miroir,
Vincent m’a touché, en plein cœur… Cette vie, au final, après avoir fermé ce
roman, est le moteur de sa vie. Je crois, que peu importe sa route, il y
reviendra toujours, à ce petit Rubiel. Parce que, comme on grave parfois des
initiales sur un arbre, Vincent Lahouze pourrait graver lui aussi quelques
lettres : Rubiel et Vincent ou plutôt : Rubiel EST Vincent.
Faut-il
vous encourager à lire ce livre ? Non vous allez y aller, vous allez le lire, j’en
suis certain.
Quelques
passages que j’ai aimé :
Je ne pense pas à Rubiel, à ce petit
garçon qui court sûrement dans les ruelles de ma mémoire.
"Oui, les mots étaient les armes les
plus puissantes au monde. Capables de faire couler les larmes au lieu du sang."
"Cette nuit-là une feuille blanche m’a
sauvé la vie. Depuis, je continue d’écrire…"
"Une fois encore, la vie lui arrachait
des bouts de cœur qu’il tentait tant bien que mal, patiemment, de recoller morceau
après morceau."
"Je comprends brusquement qu’il n’y a
pas de hasard dans la vie, il n’y a que des rendez-vous…"
"Parfois il collait son oreille contre
le ventre gonflé et il entendait le bruit de la mère… (cette citation est ma préférée…)."
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