Nos miroirs.
Maman m’a dit de ne pas m’approcher
des miroirs, car il paraîtrait qu’à force de s’y regarder nos oreilles n’entendent
plus et nos yeux ne voient plus qu’autour de nous, la Terre continue de
tourner. Et puis, à trop se contempler, on ne voit plus autrui. Il y a tant à
apprendre des autres et de ce qui nous entoure en général. Le monde et ses
aléas sont tellement durs de nos jours... Si on se regarde trop, si on ne voit
plus rien d’autre que son propre nombril alors, on passe à côté de la vie et de
ses atouts. Des atouts tellement multiples comme le poids de la nature au creux
d’une forêt, le chant des oiseaux au sommet des arbres, le bruit d’une eau qui
chemine sur divers obstacles à sa route, mais qu’elle franchit tout de même...
La beauté d’un lever de soleil, cette naissance quotidienne. La splendeur de l’océan
et ses caresses que sont les vagues... Les nuages qui rivalisent de taille et
de forme laissant ainsi libre cours à notre imagination, tantôt un mouton,
tantôt une girafe ou encore un visage, se dessinera sur l’ardoise bleue azur,
juste au-dessus de nos têtes. Vous avez remarqué comme nous manquons de hauteur ?
Comme nos regards sont figés à la l’horizontale ? Cela étant, sans la voir, l’horizon...
Buté sur ce qui est juste devant nous, n’appréhendant plus ce qui va arriver ou
ce qui s’éloigne. Lever les yeux plus haut, regarder plus loin et ainsi léviter
au-dessus de ce qui nous accable et est si futile en prenant ce recul. Reculer
pour mieux voir, reculer pour mieux apprécier. Regarder vers le ciel ou les
étoiles, se laisser aller à ne plus écouter, ne plus se laisser assourdir par
un quotidien si monotone et tellement anxiogène. Se rendre compte alors, que
prendre de la hauteur, ou regarder plus haut permet de relativiser, de
reprendre à zéro une route sur laquelle on a dévié, poussé par des mauvais
choix ou de mauvais sentiments... Cessons de nous contempler et de ne voir que
nous, oublions notre personne et admirons ce qu’on ne regarde jamais, abruti
par notre entêtement ou le bruit. Et si pour une fois on détournait le regard
de nos quotidiens, pour lever les yeux afin de regarder ailleurs, plus loin,
plus haut et écouter le silence... Le silence...
Texte inspiré de : Les aveuglés - Le palais des murmures de Loïc Nottet.
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