mardi 26 novembre 2024
Jacaranda de Gaël Faye par Vincent Vallée
mercredi 30 octobre 2024
L'invention d'un visage de Mathieu Laca par Vincent Vallée
Dans son premier roman captivant, "L'invention d'un visage", Mathieu Laca nous invite à explorer les méandres de l'identité et de la perception à travers les yeux d'Antoine, un jeune homme dont la vie bascule à la suite d’un accident de voiture. Cette tragédie le laisse avec un étrange héritage : la prosopagnosie, un trouble neurologique qui l’empêche de reconnaître les visages. Ce défi le propulse dans une quête artistique et introspective, marquée par la nécessité de reconstruire des liens avec le monde qui l’entoure.
Antoine, étudiant en arts visuels, se tourne vers la création de portraits dans l’espoir de surmonter son handicap. Ce projet devient alors un moyen de redécouvrir non seulement les autres, mais également lui-même. À mesure qu’il peint, il commence à tisser des récits de vie, cherchant à capturer l’essence de ceux qu’il ne peut reconnaître. Laca réussit à donner vie à cette démarche à travers une prose riche et évocatrice, qui souligne la profondeur émotionnelle de chaque rencontre.
L'auteur, déjà reconnu pour son talent pictural, ne se limite pas à une simple narration réaliste. Il infuse son récit d’éléments historiques, fantastiques, romantiques et même érotiques, qui viennent étoffer le parcours d’Antoine sans jamais altérer la force de son message. Ces envolées, loin d’être des distractions, enrichissent le texte en offrant des perspectives nouvelles sur l’art et son pouvoir de transformation. La peinture se révèle ainsi être un langage universel qui transcende les maux et les incompréhensions.
L’écriture de Laca est parsemée de symboles puissants et d’images frappantes, créant un univers où chaque mot résonne avec une intensité particulière. Les échos et les mises en abyme qu’il évoque nous rappellent que l'identité humaine est complexe et mouvante, tout comme l’art, qui sert de miroir à nos profondeurs. En explorant le thème de la reconnaissance, le roman soulève des questions essentielles sur l’acceptation de soi et des autres.
En définitive, "L'invention d'un visage" est bien plus qu’un simple récit sur un jeune homme en quête de sens. C’est un hommage poignant à la résilience de l’esprit humain et à la capacité de l’art à guérir les blessures invisibles. Mathieu Laca, avec sa plume lyrique et fertile, nous rappelle que même dans les moments les plus sombres, l’art peut être une lumière salvatrice.
Une œuvre incontournable pour quiconque s’interroge sur le lien profond entre la création artistique et notre humanité, "L'invention d'un visage" se révèle être une lecture touchante et mémorable, laissant une empreinte durable dans l’esprit du lecteur.
Pour vous procurer le roman :
lundi 2 septembre 2024
La traversée des temps - Paradis perdus de Eric - Emmanuel Schmitt par Vincent Vallée
vendredi 30 août 2024
L'impossible retour de Amélie Nothomb par Vincent Vallée
"Tout départ est une aberration,. Je pense être placée pour le savoir, j'ai passé ma vie à partir.... J'ai contracté une allergie aux départs".
Voici les quelques premiers mots de ce dernier roman d'Amélie Nothomb. Roman que j'ai emmené avec moi au Portugal. J'aime partir, mais j'ai toujours du mal à le faire et m'y préparer m'angoisse. Donc ces premiers mots, sentiments de l'auteure, ont raisonnés chez moi.
Je me souviens du reportage au sujet d'Amélie lors d'un retour au Japon et de ses souvenirs qui revenaient au fur et à mesure. Amélie ne parlait plus beaucoup la langue. Dans ce dernier roman, elle écrit : Le japonais est ma langue fantôme.
Cette fois, il s'agit également d'un retour au Japon qu'Amélie nous raconte. Un retour avec une de ses meilleurs amies, Pep, photographe qui a gagné un voyage vers la terre bénie de notre auteure. Mais pour s'y rendre, Pep, demande à Amélie de l'accompagner. Le départ est appréhendé par Amélie, et si elle n'arrivait pas à guider Pep, elle sait son amie exigeante. Nous lirons plus loin que c'est peu dire et, que c'est pire que ça...
Lors de ma lecture j'ai apprécié le voyage au travers des yeux d'Amélie, son respect des traditions, son émerveillement, ses dégustations comme lorsqu'elle écrit "Il y a tant de plats que nous ne savons où donner de la baguette".
Tandis que notre apprentie guide retrouve le pays de son cœur, Pep de son côté est agaçante, exigeante, paranoïaque concernant les acariens dans le pays au monde le plus à cheval sur l'hygiène, ignorante donc, et souvent impolie. Je ne sais pas quel sera votre avis au sujet de l'amie d'Amélie (certes asthmatique) mais moi, elle m'a insupporté tout du long.
Amélie revient beaucoup sur ce que son défunt père lui a apporté au Japon, comme lorsqu'elle se souvient, non sans une pointe d'humour typique de sa plume : La dernière fois que j'ai arpenté le chemin de la Philosophie, c'était en août 1989, avec mon père. La chaleur nous avait tant écrasés que nous avions plus transpiré que philosophé.
Il y a d'autres phrases pépites comme celles-ci : Je renverse la tête et je goûte un morceau de ciel. Goûter un morceau de ciel...
La littérature me paraît l'unique domaine où j'ai pied...
Ce dernier roman est particulièrement intéressant, divertissant et j'ai souvent ri. L'impossible retour c'est ce sentiment de nostalgie qui habite Amélie Nothomb, cette nostalgie de l'enfance, cette époque insouciante, c'est la langue qu'elle aimait tant et qui était SA langue mais qu'elle a presque perdu. Il lui est devenu évident qu'il lui était impossible de revenir au Japon quand bien même elle s'y rend, car le Japon d'Amélie c'est celui qu'elle a dans son cœur. Impossible pour elle de s'y rendre comme autrefois, comme la première fois...
Ce roman de mon auteure française favorite est de loin le meilleur pour moi.
mardi 27 août 2024
Au bord de l'estran de Nicole Nisol par Vincent Vallée
jeudi 8 août 2024
Moi si j’étais le bon Dieu... de Vincent Vallée
Moi si j’étais
le bon Dieu, je m’enverrais valser,
J’éteindrais
ma colère ou ma rancune envers moi.
Moi si j’étais
le Bon Dieu je me dirais vas donc, puisque tu le veux,
T’as
choisi, ce n’est pas la bonne route, mais vis là donc, vis le ton ciel bleu, sois morveux.
Moi si j’étais
le Bon Dieu, je serais bien mieux pour toi qu’une croix, je serais comme un ami,
Depuis
2005 je te conseille, te guide et tu ne m’écoutes pas, mais va donc alors… Va
donc ! Et
tant pis pour NOUS…
Moi si j’étais
le Bon Dieu je ne te punirais pas ta vie durant, je te laisserais tranquille et
voilà,
Ta
santé, tes amours, tes pensées ce serait à toi, je m’en ficherais bien que tu n’écoutes
pas, n’écoutes rien !
Moi si j’étais
le Bon Dieu, je t’oublierais comme mes amis m’oublient, je les aimes pourtant,
À quoi
bon persister, est-ce ta route celle que je te montre si tu n’y va pas ? Non je
ne pense pas.
Moi si j’étais
le Bon Dieu, je ne te ferais et ne te voudrais aucun mal, fais donc ta vie,
reste sur cette route alors que je te désigne l’autre !
Je sais
que quelque part dans ton cœur et malgré tout, y compris toi, je serais
toujours là, mais nous ne serons jamais d’accord pas vrai ?
Moi si j’étais
le Bon Dieu je te saluerais alors depuis mon trottoir en te souhaitant belle et
longue route,
Je ne m’acharnerai
pas, je n’insisterais plus, je sais que tu comprends tous les signes envoyés,
mais aucun, aucun tu n’écoutes…
Moi si j’étais
le Bon Dieu, je t’aimerais même si nous sommes loin l’un de l’autre, mais pas
fâchés pour autant n’est-ce pas ?
Sois
donc heureux sur ta voie, je suis Dieu, tu n’es qu’un homme, je te laisse
tranquille mon ami, vis, sois heureux durant ton temps… Le mien c’est l’éternité,
le tien c’est ma pitié.
Moi, je
suis le Bon Dieu
Toi tu n’es
qu’un homme, sois en paix malgré tout.
lundi 22 juillet 2024
Son frère de Philippe Besson par Vincent Vallée
Je suis un inconditionnel de Besson depuis "Arrête avec tes mensonges" et j'aime savoir que je n'ai pas encore tout lu de l'auteur. Les romans de Besson sont mes remèdes aux pannes de lectures francophones comme l'est Stephen King avec la littérature anglo-saxonne.
Cette dernière lecture est particulière en ce qui me concerne car, elle est arrivée dans un contexte sensible pour moi qui vient de perdre mon frère en mars dernier...
Comme Thomas et Lucas, nous nous étions éloignés, comme eux nous nous étions ensuite rapprochés avec les années. La pirouette, si je puis dire, de Besson est de traiter un sujet grave et complexe qu'est la mort d'un être si proche avec autant de délicatesse. Les mots justes sont employés, l'amour de l'un et l'autre est là avec pudeur et retenue. Un regard, un geste sont suffisants pour se comprendre. Thomas est malade et veut y croire puis, il va se résigner, comprendre, accepter, attendre.
Tandis que Lucas lui, est spectateur impuissant, il doit en plus, gérer ses parents maladroits et victimes collatérales. Lucas ne peut qu'être là, auprès de son frère et au détriment de son couple, au détriment de sa vie au quotidien. Il veut être là pour Thomas car il ne sait faire que ça, et il le suivra dans tous ses raisonnements sans le contredire car il sait, comme Thomas il sait l'issue fatale, il la sent.
Ce roman est poignant et fort d'optimisme malgré le sujet, son auteur n'y est pas pour rien, Philippe Besson sait traiter ce genre de sujets avec les mots justes, les tournures parfaites. Je retiens ce passage qui dit tout:








