samedi 20 septembre 2025

Parce qu’ils sont moi.


 



L’impression de perdre pied,

La certitude de m’être trompé,

M’écrire pour me relever et ne pas y parvenir.


Vingt années à endurer un choix,

Vingt années à regretter ce choix ?


Oh non, pas vraiment, sinon à quoi bon ?


La vie est-elle une somme d’erreurs

Parmi lesquelles on tente de faire quelques additions ?


Une renonciation, un mariage — donc deux cadeaux du ciel…

Une acceptation, une séparation — donc une punition…


Et puis, la suite est une succession de punitions,

Si ce n’est quelques consolations…


Renvoyer une image qui ne nous correspond pas,

Finalement, c’est le lot de chacun, je crois.


Pourquoi la mienne est-elle si agressive

Alors qu’en réalité… ?


Qui peut se vanter de connaître autrui ?


Mais je me demande : Qui peut oublier,

Pour ne pas s’oublier ?

Comment font-ils ?


Oublier, c’est bien de cela qu’il s’agit.

Mais il y a des choses que l’on n’oublie pas,

Que je ne peux ni ne veux oublier moi,

Et laisser glisser sur un mur d’indifférence ?


Non, je ne suis pas parfait,

Jamais je ne le serai d’ailleurs, et c'est heureux.

Tout ce que je sais,

C’est que j’essaie de faire de mon mieux.


Alors j’écris,

Tandis que d’autres pleurent, peignent, chantent…

Moi, je n’ai que les maux…


Il me manque si cruellement.

Ils me manquent sans cesse, tout le temps…


Parce qu’ils sont moi,

Je suis eux.


D’abord une annonce,

Puis un cri, des pleurs,

Des rires, des bonheurs,

Des craintes, des efforts,

Des erreurs, des chutes,

Des victoires, des oublis,

Des larmes, des sourires.


Plus de vingt gâteaux x 2 à souffler en même temps qu'eux mais jamais ils ne l'ont vu,

Et moi, je ne crois pas avoir changé.

En tout cas, ce qu’ils ne voient pas est demeuré intacte,

Ce que je et vous cachez toutes et tous.


Non, ça ne change jamais…


Mais personne ne le sait jamais vraiment,

Personne si ce n’est soi-même…

Et c’est certainement cela qui fait souffrir. Je crois...


Oui, c’est ce que nous sommes,

Qui nous sommes.


Mais alors, eux…

Qui sont-ils vraiment ?

Je veux dire, là… dans leur cœur ?


Qui le sait ?


Nous sommes tous des menteurs,

Et la vie est un mensonge qui respire.

©Vincent Vallée


samedi 13 septembre 2025

TANT MIEUX de Amélie Nothomb par Vincent vallée


 


TANT MIEUX !

C'est ce que s'est répété Adrienne des années durant pour surmonter les horreurs commises par sa mère et face à la froideur de sa grand-mère.

Ce récit est un conte, comme aime nous livrer Amélie Nothomb. Comme toujours elle est concise et son texte regorge de mots nouveau pour moi... Vous les découvrirez à votre tour.

Son habitude d'insérer le mot "PNEU" est bel et bien au rendez-vous. Mais ce qui frappe le lecteur c'est cette faculté qu'a Amélie, de raconter un vécu ou celui d'un de ses proches, en l'occurrence sa mère ici, avec flegme et recul. Ce conte n'est pas dénué de bon sens ni d'humour. Mais on y retrouve surtout un hommage à sa mère, qu'elle admire pour avoir surmonté les épreuves d'une enfance particulière avec une mère serial Killeuse de.... Chats. Oui, c'est du pur Nothomb !

Qui plus est, nous sommes en Belgique, entre Gand, Bruxelles et Bruges.

C'est un conte certes mais biographique en l'honneur d'une mère que Amélie qualifie de folle et ayant "raté" sa mort au contraire de son père qui est parti avec toutes ses facultés.

Chose étonnante par contre, Amélie Nothomb se livre à la fin du roman en écrivant à la première personne du singulier. 

Vous l'aurez compris, ce fut vite lu comme de coutume mais ce fut surtout agréable et fluide, marrant et piquant. Un bon cru à nouveau de mon auteure favorite en France !

mardi 2 septembre 2025

Le blé en herbe de Colette par Vincent Vallée


 


Qui ne se souvient pas de ses premiers émois ? Cette sensation étrange, cette chaleur, ce trouble interne et cérébral. Soudain, nos jeux d'enfants semblent dérisoires et futiles. On ne sait pas ce qui nous arrive, on tourne le dos à nos jeux et à nos amis, et plus rien d’autre que ce trouble ne nous intéresse.


Vinca et Phil sont deux amis. Ils partagent chaque année des vacances avec leurs parents respectifs, nommés ici "les ombres" — une preuve de la confusion décrite par Colette quant à cette adolescence perturbante.


Autrefois amis et complices de jeux, de baignade et de pêche, c’est un amour qui va venir troubler tous les deux. Colette décrit très bien les changements physiques et les attitudes nonchalantes des préadolescents, qui, subitement, se comportent comme des adultes avec des corps d’enfants...


Mais ici, c’est Phil qui va tomber sous le charme de ce qui semble une vieille dame pour l’enfant, mais à laquelle je donnerais la quarantaine tout au plus. Et alors, nous nous surprenons à penser à la chanson de Dalida, qui évoque le roman : "Il venait d’avoir dix-huit ans"...


On bascule alors vers cet autre trouble ressenti par les adultes face aux jeunes hommes ou jeunes filles découvrant que leur corps est un outil de désir charnel, qui devient parfois, chez certains adultes entre deux âges, un objet de désir, avec une pointe de nostalgie quant à leur propre jeunesse...


Le mystère de l’amour naissant, le trouble d’un corps que l’on ne maîtrise plus car il se révèle, les ambiances chaudes et humides, l’esprit troublé sur lequel souffle une brise de vacances sentant bon le sable chaud et l’iode... Voilà quelques ingrédients de Colette pour ce petit chef-d'œuvre.

lundi 25 août 2025

La très catastrophique visite du zoo de Joël Dicker par Vincent Vallée


La très catastrophique visite du zoo et peut-être catastrophique critique ? NON. La critique est facile, l'art est difficile...

Je ne trouve pas ce roman raté, au contraire de ce que j'ai pu lire ailleurs. Certes, j'ai quelques bémols à émettre, mais qui peut empêcher un auteur, à succès ou pas, de vouloir changer de registre ?

Joël Dicker ose, il s'aventure dans un roman jeunesse. Le premier bémol est qu'il semble presque s'excuser de cet essai, mais il a tort. Un romancier est libre, entièrement libre à mes yeux. Que cette histoire s'adresse à tous les âges est une vérité qui semble déranger et pourquoi ? J'ai souvent replongé dans des romans de mon enfance, comme Tom Sawyer, La Petite Maison dans la Prairie, L'île au Trésor, et bien d'autres. Jamais je ne m'en lasse. Ne sommes-nous pas en quête perpétuelle de l'enfant que nous étions ? Ne regrettons nous pas cette magnifique époque ? Lire ce genre de roman c'est y replonger.

Ce roman est une enquête qui nous est contée à travers les yeux d'une petite fille. Ce fut audacieux de la part de Dicker de ne pas choisir la facilité avec un petit garçon. Il s'agit de l'histoire d'une école pour enfants "spéciaux" qui va se retrouver inondée et les élèves se verront contraints de poursuivre les cours dans une école pour enfants "classiques". Seulement, quelques enfants de l'école inondée ne vont pas trouver cette inondation accidentelle. Pour preuve, les suspicions de la police qui baisseront vite les bras pourtant. Mais pas les enfants !

Une enquête se poursuivra donc à travers le raisonnement d'une bande de copains qui vont, petit à petit, recouper les faits, les indices et remonter à un potentiel criminel...

Le tout est raconté avec des mots simples mais parfois improbables (bémol) dans la bouche d'enfants. Le sujet est pourtant maîtrisé par Dicker et il nous offre là une bien belle histoire pour tout âge et toute sensibilité.

Cependant, l'histoire est aussi un peu "simpliste", ou plutôt facile. Avec des personnages moins développés, une mise en page moins aérée, cela tiendrait en un petit roman. Il n'y a aucune honte à publier un roman court (bémol). Peut-être est-ce une décision éditoriale.

Avec ce roman, Joël Dicker a fait le tour des plateaux TV, des stations de radio, son leitmotiv était "La lecture", son importance, ce qu'elle représente à ses yeux, son rôle dans la vie, comment lire sans se lasser. S'il a attiré des "non lecteurs", alors tant mieux, mais était-ce le sujet du roman, son but ? Dicker joue un peu les moralisateurs, je trouve que ce n'était pas utile. Parler du souci du tout digital, certes, de l'abandon de la lecture, ok, bien que j'en doute... Mais ce n'était pas le sujet du livre (bémol).

Je reviens de Gran Canaria, où j'ai emporté des romans avec moi, et j'ai lu car cela fait partie intégrante de mes vacances. J'ai observé autour de la piscine une quantité incroyable de lecteurs et lectrices, et qui lisaient le roman de Dicker de surcroît ! Je ne crois pas que les lecteurs se fassent rares, les temps changent, internet prend de la place, mais l'humain fait toujours deux pas en arrière après en avoir fait un en avant. Et donc, il revient invariablement à la lecture. C'est mon avis.

Ce roman est donc facile à lire car simple, voire simpliste, je l'écris plus haut. Mais l'auteur a osé et ça j'admire. Je recommande cette lecture pour une détente, des vacances en ce qui concerne les adultes. Pour les enfants à l'école, entre 9 et 15 ans.

Car oui, on peut lire des romans jeunesse à tout âge, je dirai même que c'est essentiel !


jeudi 21 août 2025

Conversation avec Amélie Nothomb de "Autrement" par Vincent Vallée

 



Conversation avec Amélie Nothomb est un moment de lecture sympathique, court, vite lu et je crois, c'est le principe.
Amélie revient surtout sur son rapport avec la France, son autre pays adoptif après le Japon et la Belgique. Elle évoque ce qui l'a séduite chez nos amis français, ce qui lui déplait un peu plus comme cette culture de la victoire, de "l'écrasement" de l'adversaire. Ce qui l'a toujours mise mal à l'aise mais s'en accommode.
Amélie parle de lectures, d'écriture, cite ses parents, sa sœur. Sans oublier son amour du champagne, des truffes, du caviar...
Amélie n'oublie pas ses lecteurs, et la correspondance qu'elle entretient avec eux depuis parfois quinze années !

Un parallèle qui, parfois, ressemble plus a un gouffre qu'autre chose, entre la France et la Belgique son pays natal; c'est le fil conducteur de cet entretien. 
On n'apprend pas énormément de choses sur qui est Amélie Nothomb, et pour ses lecteurs c'est un peu du réchauffé mais on ne s'en lasse jamais. Amélie on pourrait autant l'écouter que la lire des heures durant !

mercredi 20 août 2025

Les garçons de la rue Pál de Ferenc Molnár par Vincent Vallée

 



Ce qui m'a en premier lieu attiré pour acheter ce roman, c'est sa couverture. Un roman qui parle d'une bande de copains, directement ça me parle et on lit la joie de vivre au travers de la simplicité de l'enfance sur leur visage.


Les garçons de la rue Pál, c'est ce genre de roman dont on décroche difficilement, tant durant la lecture qu'après.


Ce roman est le plus lu en Hongrie et est paru en 1907. L'histoire paraît simple et pourtant, le sujet abordé est sensible, surtout de nos jours : la conquête de territoires.


Il est question d'une bande de copains qui jouent, dirait-on, mais eux sont sérieux, très sérieux. Ils ont des grades, des procédures, et un code d'honneur. Leur terre ? Un terrain vague, qui est pour eux :


"... un petit bout de terre pestois, stérile et inégal, cette lande miniature coincée entre deux immeubles qui, dans leurs âmes enfantines, signifiait l'infini, la liberté; qui le matin figurait les prairies américaines; l'après-midi la Grande plaine; sous la pluie, la mer; en hiver, le pôle Nord; bref, qui était leur alliée et se transformait en ce qu'ils désiraient, juste pour les divertir..."


"Les garçons de la rue Pál" sont ceux que l'on va découvrir, apprendre à connaître, et face à eux "les chemises pourpres" qui convoitent le terrain vague car ils ne savent plus jouer là où ils ont l'habitude de se retrouver. C'est donc après espionnage, contre-espionnage, et déclaration de guerre que va se mettre en place le jour de la grande bataille !


Lors de la lecture, on va attendre ce fameux jour avec espoir et crainte. L'un des garçons de la rue Pál, Nemecsek de son nom est le plus chétif, le moins chanceux de tous, il finit souvent dans l'eau au point de se demander s'il est une grenouille... Cependant, sous des airs de légèreté, ce roman est bien plus lourd de sens, profond, grave.


La bravoure des enfants, leur sérieux à défendre leur bien, leur drapeau est touchant, émouvant. Mais par-dessus tout, leur amitié m'a fait frissonner. La bande adverse, les "chemises pourpres" sont à première vue les méchants de l'histoire, mais on ressent de l'empathie pour eux, de l'indulgence, voire de la peine.


Il y a deux chefs, Boka pour "Les garçons de la rue Pál", et Feri Ats pour "les chemises pourpres"; ils se conduisent en véritables héros à la tête de leur petite armée, ils sont fiers et respectés et pourtant, au travers du drame de ce roman, ce ne seront pas les héros de la fin... L'issue du roman m'a laissé triste, ému et sans voix...


Ce roman était un coup de cœur !



Ferenc Molnár, de son vrai nom Ferenc Neumann, est un écrivain hongrois du XXe siècle. En France, ses écrits ont parfois paru sous le nom francisé François Molnar.

Ferenc Molnár est issu d'une famille juive aisée de Budapest. Son père est médecin. Il débute dans le journalisme avant de poursuivre des études de droit à Budapest puis à Genève. Il prend alors le pseudonyme de Molnár (« meunier » en hongrois), en référence à un personnage d'une de ses premières pièces.

BIO: (Source Wikipédia)

jeudi 14 août 2025

Ah, Coxyde... Par Vincent Vallée


Ah Coxyde, ou Koksijde ce sera comme bon vous semblera. 
Moi, je me souviens du Coxyde des années 80-90... Ce temps où les commerces nous faisaient de l'œil. 
les gaufres de chez Zizi... à côté du Malouin, Maddy et Lolypop... la glace moka de chez Verdonck près du célèbre feu rouge qui était bien trop long face à notre impatience de soit rejoindre la plage, soit de nous ruer chez le glacier. 

Sans oublier l’Amiraute et le Barbu, ou encore les fameux cuistax de Marcel (place des Zouaves)… avec lesquels on filait à toute allure à coup de sonnettes parmi les mollets des touristes sur la digue. 
Et puis la plage et son horloge qui était le point de ralliement, le repère pour les enfants, le coin pipi aussi... 
Une plage vaste et jaune de sable avec ça et là de petits arbustes qui servaient de "coupe vent". Des talus de sable s'y formaient sur cette belle plage, bien pratiques pour s'appuyer quand on s'y installait.




 


Je me souviens en particulier de l'odeur chaude de la crème solaire mélangée à l'odeur marine qui nous caressait le visage. 
Du cri des mouettes qu'on surveillait si on mangeait un sandwich... Et ce fameux cri: "Friiiisssskooooooo" sur la plage, parmi les ballons de volley, foot, les volants, les cerfs volants, les parties de boules colorées et en plastique avec papy, papa ou le tonton... 




Avec impatience, on attendait la marée basse en espérant que des mares se forment et que l'on puisse y patauger, ou encore s'exercer avec notre canot pneumatique avant de s'essayer à entrer dans la mer.

On devait bien souvent attendre d'avoir digéré pour aller dans l'eau, c'était la règle. Impossible d'y déroger... On avait très souvent mangé un beau morceau de poisson du poissonnier situé dans la grand rue, accompagné d'une casserole qu'on demandait au friturier d'emplir pour l'accompagner.


Parfois, on se faisait juste quelques tartines pour les manger sur la sable à l'abri d'un coupe vent qu'on avait dressé avec peine et un marteau en bois. 

On avait également une glacière avec des boissons fraîches et quelques biscuits. Mais l'odeur des gaufres au sucre ou de Liège nous appelait au détriment des biscuits devenus insignifiants. 

Les ballons gonflés à la bouche roulait bien trop vite à cause du vent, et les enfants se perdaient bien souvent en courant derrière eux. Mais les maîtres nageurs étaient là pour veiller et nous offraient un son mémorable avec leur "corne" d'alerte. Drapeau rouge, jaune, vert pour signaler les baignades autorisées ou non...
Coxyde et ses dunes où mon grand-père aimait aller se perdre, les mains dans le dos, près du magnifique moulin de bois.


Cependant, il y avait bien d'autres endroits à Coxyde que la plage, il y avait la grand rue avec son petit carrousel à son début, les restaurants et les bistrots comme "Le chalet des bains" et tant d'autres tout du long de la rue principale. 

L'odeur du poulet grillé, les poissonniers qui nous concoctaient de petits plats préparés exposés en vitrine et sur lesquelles on louchait... 
La librairie où l'on s'achetait le journal de notre région le matin, après avoir acheté du pain frais, des croissants, des pains au chocolat frais et fumants...

Le restaurant "La mouscronnoise" tenu et géré par deux frangins avec sa multitude d'assiettes aux murs et ses délicieuses moules à toutes les sauces.

Le marchand de légumes qui vendait des fraises énormes, le terrain de tennis et sa cendrée rouge où les cris des joueurs remontait vers la rue avec ses coups de raquettes.

Ah Coxyde... L'appartement loué ou la villa, comme celle appelée "Le Kitoko", près du mini golf, et ses parcours compliqués pour les plus jeunes... 

Les promenades le soir au sein du village, parcourant ainsi les rues avec ses trottoirs où le sable empiétait un peu. 
Et ensuite, rentrer à l'appartement en longeant la digue pour admirer le coucher de soleil digne des plus belles cartes postales... Rentrer, se doucher, mettre son pyjama et lire un "Bob et Bobette" sur le balcon ou face à la fenêtre qui donnait sur la mer ou la ligne du tram qui sillonnait la côte d'un bout à l'autre.

Coxyde de mon enfance, Coxyde de mon adolescence avec ses amours non avoués, fantasmés... 
Il est loin ce temps là, il est loin ce Coxyde là, et il est loin l'enfant que j'étais...

©Vincent Vallée 2025.