mardi 8 août 2023

La vie devant soi de Romain Gary (Émile Ajar) par Vincent Vallée

 



Quartier Bellevile à Paris, un immeuble à bas loyer, sixième étage nous y sommes. Derrière la porte les voix de quelques enfants... des enfants de putes. C'est ainsi que nous est décrit cette "pension" tenue par madame Rosa, elle même ancienne prostituée, et juive. Madame Rosa vieillit, vieillit vite ces derniers temps... 

Au beau milieu de ces quelques enfants restants, Momo. Il a dix ans, du moins c'est ce qu'on lui dit. C'est Momo qui nous raconte à la hauteur de ses dix ans présumés, l'histoire de madame Rosa et de sa lente décrépitude. Il y a d'autres intervenants comme le médecin de famille presque aussi âgé que la vieille juive, puis un transexuel sénégalais, qui a gardé sa force d'autrefois et sa gentillesse aussi. 

Les six étages sont devenus insurmontable pour madame Rosa, avec son obésité morbide, ses jambes qui l'abandonnent, elle n'y parvient plus.

Un beau jour pourtant, au milieu de la nuit, Momo va retrouver cette mère adoptive de piètre vertu, au sous sol assise dans un fauteuil, comme pour se ressourcer, reprendre des forces.

C'est dans ce fauteuil que tout se terminera...

Avec son langage châtié, ses expressions enfantines telles que, pour les plus courantes: "Proxinète" pour proxénète et "se faire avorter" pour se faire euthanasier, On comprend le manque d'éducation, mais surtout c'est l'amour qui est mis en avant. 

L'amour d'une vieille pute reconvertie en maman d'adoption pour des prostituées ne sachant pas assumer un enfant d'on ne sait qui... Et l'amour de Momo pour cette mère adoptive énorme, vieille et moche avec 35 cheveux restants... 

Ce roman est un mélange de dramaturgie et d'humour, une belle performance de Romain Gary qui se fait publier sous le pseudo de Émile Ajar, remportant ainsi pour la seconde fois, alors que c'est interdit, le prix Goncourt.

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