samedi 31 décembre 2022

L'arbre de Noël de Michel Bataille par Vincent Vallée

 


Voici la chronique de ma toute dernière lecture de 2022. J'ai, pour cette fin d'année, cherché un roman en rapport avec le contexte : Noël. C'est en y réfléchissant, que ce roman m'est revenu en mémoire. J'avais cependant une appréhension car, j'ai en mémoire, le souvenir du film qui m'avait bouleversé quand j'étais enfant...

Ce roman est basé sur l'amour d'un père pour son fils de 10 ans à peine. Un père aisé, un fils orphelin de sa mère et qui a pour habitude de passer les vacances en Auvergne, dans un château nommé "Tours d'Hérode". Un beau matin, alors que le père et l'enfant se divertissent à bord d'un canot, un avion explose et ils sont, semble-t-il, exposés à des radiations. L'enfant tombera malade, atteint d'une leucémie. Le diagnostic est sans appel : Il est condamné.

C'est alors que commence le périple d'un père pour son fils, un périple pour lui offrir une fin de vie heureuse et douce sans que cela ne soit trop. Un périple pour trouver de la force pour l'accompagner et l'aimer dans cette épreuve.

C'est au château d'"Hérode", que Laurent Ségur, le père, se rendra avec son fils pour y passer, il l' espère, Noël.

Le jeune Pascal va apprendre seul sa maladie et aussi, surprendre une conversation entre son père et un ami prénommé Verdun. Il savait déjà qu'il allait mourir, il l'avait compris à l'hôpital déjà car c'est un garçon perspicace. Il prendra, dès lors, lui même les rennes afin de gérer ses derniers jours. Une des dernières volontés du jeune enfant est de posséder des loups, pour lesquels il voue une passion incompréhensible pour Laurent, son père.

Mais celui-ci, perdu et prêt à tout pour son fils, se fera aider de son fidèle ami Verdun, pour se débrouiller afin de trouver des loups. 

Ce récit est poignant, le lien entre un père et son fils est mis en avant et la douleur de la perte d'un enfant est décrite sobrement.

Le lien du jeune garçon d'avec les loups est très symbolique, beau et profond. Il y a de la dignité, du respect, du silence face à l'adversité et un courage sans pareille. La relation avec cet animal est touchante et inspire un profond respect, de la dignité.

Le film m'avait touché alors que j'étais moi même un enfant. Il n'est pas évident lorsqu'on est petit, de voir un de ses semblables perdre la vie en cette période de Noël. Raison pour laquelle j'ai hésité avant de lire ce roman. Mais, je n'en sors pas déçu, c'est un roman touchant et triste mais très bien écrit, plaisant à lire.

Michel Bataille:

Architecte puis écrivain, il est le neveu de Georges Bataille.

Il est issu d'une famille auvergnate.

Il réalise des études d'architecture à l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts. En 1947, il obtient le Prix Stendhal pour son premier roman Patrick. En 1950, après La Marche du soleil (récit d'un difficile voyage en Afrique rendant compte de nouvelles découvertes en égyptologie), il s'arrête d'écrire. Treize ans plus tard, il abandonne son métier d'architecte et se consacre à l'écriture. Il publie des romans dont une pyramide sur la mer 1965 prix des deux magots, une biographie Gilles de Rais. Il loupe de peu le prix Goncourt et obtient la plume d'or du figaro littéraire avec "L'arbre de Noël" qui sera adapté au cinéma par Terence Young en 1969. En 1970, "Le cri dans le mur" sera récompensé par le prix Jean Cocteau, et en 1974 "Les jours meilleurs" obtiendra le prix Maison de la Presse.

(Source : BABELIO).





jeudi 15 décembre 2022

5.186 jours de Philippe Hennuy par Vincent Vallée

 


Je viens de terminer cette biographie de Philippe Hennuy. Une biographie me direz vous ? Mais il est inconnu du grand public... Eh bien, justement ! Cet ouvrage à le mérite d'exister car il témoigne d'un vécu que beaucoup ont aussi vécu, et que d'autres seront amenés à vivre.

Enfant du juge. En voilà une expression, une formulation froide et si administrative. Derrière le fait d'être "placé" en centre fermé, en institution, est un fait et non un choix, imposé à qui le vit. Philippe est très jeune quand il est arraché à ses parents, faute de bons soins, mais lui ne prend pas conscience réellement de ce qui lui arrive. En effet, il bénéficiera de beaucoup de chance en allant de rencontre en rencontre comme celle d'avec sœur Marie Joseph, une religieuse, qui prendra Philippe sous son aile et lui donnera un amour sans pareil. 
Tout commence par un voyage pour Bredene et continuera des années durant entre rencontres, voyages, éducation scolaire ou Philippe ne déméritera pas.
Lorsque Philippe replonge dans ses souvenirs qu'il a accroché aux murs de sa mémoire, il dit entre autres : D'autres beaux souvenirs comme ceux-là sont toujours enfouis, quelque part dans les tiroirs de ma mémoire. Parfois je les ouvre !

Ce que je retiens de cette biographie, c'est l'optimisme et l'innocence d'un enfant placé, un enfant qui affrontera les faits qui s'imposent à lui en s'accrochant à des rencontres, à des camarades pour certains devenus des amis. 
Philippe voyagera beaucoup grâce à ce placement, vivra des St Nicolas inoubliables, rencontrera des gens exceptionnels, dont sœur Marie Joseph de qui il dit en dédicaces : Pour sœur Marie Joseph, je vous aime pour l'éternité, inconditionnellement.

Le seul bémol, bien qu'évoqué, est que le fait d'être "enfant du juge" est exposé ici de par l'expérience unique de Philippe. J'aurais aimé avoir plus de témoignages d'amis, de camarades de Philippe qui l'ont, plus mal vécu que lui. Car au final, pour Philippe, cette expérience est celle de sa vie, celle qui l'a sauvé, formé, fait de lui ce qu'il est aujourd'hui. Et il ne regrette rien de son expérience, ou presque...
 
Ce fut une belle lecture, enrichissante et constructive.
J'ai pour ma part, rencontré Philippe sur un stand de dédicaces, il était placé à mes côtés et il a vu mon roman, pour lequel il a pris quelques renseignements. Depuis lors, nous avons continué de nous parler à diverses occasions et Philippe s'avère être curieux d'apprendre sans cesse. Il s'intéresse aux autres et dégage une sympathie naturelle.
Merci Philippe pour ton témoignage !

dimanche 20 novembre 2022

Sur le fil tenu de la vie de Nicole Nisol par Vincent Vallée

 


Sur le fil ténu de la vie est un nouveau petit recueil de nouvelles de Nicole Nisol. Nicole à le talent d'avoir une plume légère, tendre et caline.

Nous allons voyager au travers des histoires de mademoiselle Henry, petit Pierrot ou encore mademoiselle Page. De courts récits suffisent parfois, à évoquer une bien belle histoire et Nicole maitrise ce style.

Entre l'histoire d'une jeune femme qui hérite du bien de sa grand-mère qu'elle connaissait à peine mais qui avait une histoire lui révélant la sienne, et celle de Pierrot le jeune garçon timide et fagoté comme l'as de pique, nous voguons entre émotions et moments de tendresse.

J'ai particulièrement aimé l'histoire de Pierre, dit Pierrot ou l'as de pique... Les non-dits, le mal être dissimulé sous des vêtements inappropriés qui contraste avec cette faculté à se démarquer de par le talent d'apprendre malgré tout, malgré la famille qu'on ne choisit pas, malgré l'horreur dissimulée derrière les rideaux. Parfois, en voulant bien faire on fait pire que mieux, mais les concernés, ceux qu'on pense les victimes de notre imprudence sont souvent ceux qui nous rassurent.

Il me reste une question à poser à l'auteure de talent qu'est Nicole: À quand un roman?

J'ai aimé cette phrase au sujet des initiales que l'on grave sur un arbre lorsqu'on est amoureux :

L'arbre avait gardé la cicatrice d'un amour sûrement perdu depuis longtemps.


À la folie de Jean-Philippe Lux par Vincent Vallée


Nous partons à la rencontre de Claude, ancien garde du corps mais surtout papa de deux jeunes enfants, Lucas et Maxence. Claude et ses fils composent leur vie avec Delphine, la compagne de Claude qui semble être la personne permettant à cette famille d'être recomposée. Un beau matin, Claude prend sa douche quand il entend la porte d'entrée claquer. Un doute le saisit, il se sèche descend et constate que ses deux fils, sagement devant la TV un quart d'heure auparavant, ont disparu. Mais Delphine aussi...

C'est une course contre la montre qui démarre, mais aussi un puzzle qui au fil des pages se recompose avec la participation de l'inspectrice, Sora, en charge de l'enquête. Qui a pu enlever les enfants de Claude? Où est passée Delphine ? Pourquoi eux ? Pourquoi Claude va-t-il de désillusions en désillusions dès qu'il rencontre une femme ? À chaque rencontre, il arrive quelque chose à sa nouvelle compagne ! Mais, tout s'expliquera finalement...

J'ai été séduit par la brièveté des chapitres, je ne supporte pas les romans écrits d'un bloc, ou les chapitres trop longs. De plus, un thriller doit être cadencé et haletant. Jean-Philippe Lux a trouvé la clé : les chapitres courts et le mystère bien entretenu à l'issue de ceux-ci. J'ai uniquement tiqué au sujet de la maturité des dialogues entre les deux enfants, les deux frères, qui ont été enlevés et sont les otages de ce récit intriguant.

Quelques flashbacks aident à comprendre, à contextualiser le déroulement de l'enquête mais aussi la vie de Claude. Nous découvrons aussi l'inspectrice Sora et l'être humain qu'elle demeure derrière son insigne de police. Une maman avant tout. Pour conclure cette chronique je dirais que Jean-Philippe m'a à nouveau surpris et je constate qu'il est loin d'être à court d'idées et d'intrigues. Un thriller prenant et que j'ai lu avec beaucoup de plaisir, tout en préparant un salon du livre où l'auteur a effectué ses premiers pas dans le monde de la littérature. Des pas qui étaient les balbutiements d'un long et beau parcours avec les mots, que Jean-Philippe maîtrise de mieux en mieux !

Vous hésitez encore à le lire ? Moi je n'ai qu'un conseil : Cédez à la folie !!






 

samedi 22 octobre 2022

Jean-qui-vole de Françoise Houdart par Vincent Vallée



Jean-qui-vole, un roman court de Françoise Houdart, publié aux éditions Audace. Durant cette lecture, j’ai plongé avec envie au cœur du Borinage d’autrefois avec cette particularité propre aux villages du côté de Thulin, Élouges, Dour : les courettes, les terrils, les prairies.

 

Dans ce roman, Françoise survole une vie et ses acteurs sur quelques années, et le petit Jean dont il est question n’est pas un inconnu pour l’auteure, que du contraire. Du temps où le peintre Regnart vivait à Élouges,  un petit garçon sera confié à sa « matante » comme il l’appelle, car sa maman n’est plus de ce monde et son père et ses grands-parents veulent qu’il soit élevé dans de bonnes conditions. C’est de cette façon que le petit Jean va commencer sa vie. Mais le petit garçon à la larme facile, et c’est à la chapelle de Cocars qu’il est emmené, comme pour conjurer le sort en visitant « Jean-qui-pleure », en vain...

 

Cependant, le petit Jean va grandir, s’affirmer, faire des bêtises, mais surtout tenter de démontrer qu’il n’est pas que l’orphelin qu’on plaint. C’est à 7 ans qu’il répondra avec aplomb à une dame qui le lui demande, qu’il a l’âge de raison. À force de se l’entendre dire il avait raison de le préciser. 

 J’ai été touché par des ressemblances avec mon vécu, mon père et mon grand-père ont par exemple, travaillé aux ANF, comme le père du petit Jean. Mon père et mes grands-parents sont natifs de Thulin également. 

Et puis, cette façon qu’avaient les grands-parents de donner en cachette, une petite dringuaie, je l’ai connue aussi... Sans oublier les voyages en car vers la mer avec un arrêt à Mouscron pour un pipi et un déjeuner... La mort du grand-père et le refus de lui dire au revoir... J’en demeure frustré... Mais encore, cette façon de vous secouer les cheveux avec un « Monnnnnn » qu’il est biau !!! » je détestais ça. 

 

Il y a tant de petites anecdotes et de sensibilité dans ce roman, tant de sentiments et de joie de vivre malgré les malheurs. Françoise nous transmet un extrait de vie, un bout de notre pays, le Borinage. Mais aussi, il y a de l’espièglerie, et une ambiance propre à « chez nous ». Ce récit est touchant et joli à la fois.     

Ce fut un régal de dévorer ce roman, 22 -ème opus de Françoise Houdart et après 40 années d’écriture.

 


vendredi 23 septembre 2022

Le livre des sœurs, de Amélie Nothomb par Vincent Vallée


Ce nouvel opus de Amélie Nothomb est le premier qui me fait rire. Était-ce parce que j'étais dans l'avion et un peu euphorique ? Je ne crois pas. Il y a une belle dose d'humour dans ce conte moderne. Conte, car c'est à cela que je pense chaque fois que je lis un "Nothomb nouveau". Un roman d'Amélie, c'est un peu comme une recette bien connue, s'il manque un ingrédient, la sauce ne prends pas. Ici, tout y est.

L'humour avec ce passage lorsque Bobette, la tante alcoolique, dit avoir voulu un enfant se prénommant Cosette car il lui fallait quelqu'un pour passer le balai... Mais aussi la complexité avec des mots nous poussant à regretter ne pas lire sur la Kindle, afin de cliquer sur la signification du mot que l'on ne comprend pas. Le dialogue riche et sans artifice. Amélie ne prends pas le lecteur pour un imbécile en précisant à vau l'eau qui parle, on le sait parfaitement bien. Mais également le désormais célèbre mot PNEU, que Nothomb aime caser dans chacun de ses écrits. C'est d'ailleurs le seul détail dont nous pouvons être certains concernant ses écrits non publiés, il s'y trouve le mot PNEU. Pour ce dernier "conte", l'auteure s'est d'ailleurs fait plaisir avec une belle overdose de placement du mot "pneu".

C'est en effet le récit de Tristane que nous découvrons, c'est une petite fille solitaire qui a la chance, crois-t-on, d'avoir des parents qui s'aiment, que dis-je, qui s'adorent ! C'est un sacré problème pour elle. Mais quand on s'aime à ce point, il faut s'attendre à ne pas demeurer fille unique; et voilà une petite sœur, Laetitia, qui pointe le bout de son nez. Un nez rock n' roll ! Cette dernière,  reprendra l'idée d'un groupe de rock, créé par sa sœur ainée. Un groupe nommé "Les pneus" ! 

Tristane s'avère dés le début être une petite surdouée, se mettant à écrire quand elle comprends que c'est normal d'écrire. Surprenant ! Mais du pur Amélie Nothomb. Ce roman à eu le don de me faire rire disais-je, mais aussi de me choquer avec le passage du frigo... Je ne dévoilerai rien, je vous laisse découvrir.

Celles et ceux qui critiquent ce dernier roman ne l'ont pas lu, je veux dire, pas exploré, car il y a beaucoup de sens, comme cette comparaison "miroir "en comparant quatre sœurs. La mère de Tristane et Laetitia et Bobette, la tante alcoolique. Deux sœurs aux antipodes des deux petites filles. Mais il y a aussi ce souci de perfection avec le choix des prénoms, Tristane qui signifie la tristesse et Laetitia qui signifie la joie en latin. C'est purement le caractère donné aux deux petites filles. Amélie Nothomb est douée, et il y a énormément de sens et de messages dans ses écrits, il faut les découvrir. C'est un bel hommage à la fratrie qui est là, couché sur le papier. Un bel hommage à sa sœur Juliette, romancière elle aussi. J'ai beaucoup aimé ce dernier roman, qui m'aura presque provoqué un fou rire au dessus de je ne sais quel pays et donc dans les airs, et choqué allongé au bord d'une piscine au Maroc où je l'ai terminé. 

Amélie m'aura envoyé sur la lune car c'est avec un roman de Jules Verne que j'ai enchainé : De la terre à la lune. Il n'y a pas à dire, Amélie est lunaire !

dimanche 4 septembre 2022

La petite maison dans la prairie, tome 8. De Laura Ingalls Wilder par Vincent Vallée

 

Voici la lecture du dernier tome de cette série de romans magnifiques, terminée. Ce tome n’était pas peaufiné par Laura Wilder, pas prêt à être publié. Cependant, il évoque les premières années de mariage du couple de Laura avec Almanzo. La naissance de Rose et leur installation.

Une installation magnifique, une maison impeccable et pensée jusque dans les moindres détails par Almanzo, qui veut le meilleur pour Laura. Il s’avère être un époux fier et dévoué, travailleur. Cependant, la vie de Laura ne se déroule jamais comme on l’imaginerait pour un conte de fée. C’était son lot de fille de pionnière, et il le poursuivra après son mariage.

Feu de prairie, récolte gâchée au moment de la moisson, incendie de leur magnifique demeure, la maladie pour elle et pour son époux, qui fera des complications. Mais jamais, jamais Laura ne baissera les bras. Elle continuera de sourire, d’épauler son mari et d’élever avec enthousiasme la petite Rose, d’aider ses voisins, d’aimer la vie et d’accepter la sienne, qui est nouvelle après son court passage dans l’enseignement.

Je regrette pourtant, de ne plus avoir rien lu au sujet de ses parents, ses sœurs, dont Marie à l’école pour aveugles. Ce dernier tome, imprécis et brouillon, mais publié malgré tout, est une réussite et il nous montre le début d’une longue vie de couple et de parents pionniers, fils et fille de pionniers qui se servent de l’expérience acquise en observant leurs parents.

J’insiste, cette série de tome de la vie de Laura avec ses parents, puis son époux Almanzo, est loin, très loin de la série TV. Ne rechignez pas à lire cette histoire emplie de rêve et d’enseignement au sujet des premiers pionniers et, colonisateurs d’une terre qui est pour moi, toujours Amérindienne. Mais comment en vouloir aux américains d’avoir profité de l’opportunité offerte par l’oncle Sam, de pouvoir s’installer pour une perspective de vie meilleure, emplie d’espoirs de richesses grâce à une concession allouée en échange de quelques conditions. Mais aussi, comment fermer les yeux sur la chasse aux Indiens d’Amérique, leur traque, les crimes commis. Les mêmes crimes qu’aujourd’hui, les américains dénoncent…

Alors pour conclure ces belles lectures avec ce dernier tome, j’ai une seule pensée, une seule émotion, et c’est pour les Indiens d’Amérique.