samedi 16 septembre 2023

Psychopompe de Amélie Nothomb par Vincent Vallée


Quel auteur aurait pensé à conjuguer l'ornithologie et le verbe, les mots, la littérature ?
Qui donc ? La réponse est sous vos yeux. 
Amélie Nothomb réussit encore une fois à nous conter une histoire que l'on qualifierait de "À dormir debout" alors qu'en tournant les pages on constate que l'auteure bien connue, nous raconte sa fascination des oiseaux qu'elle compare à elle, ou l'inverse c'est selon...

Amélie me fait découvrir par la même occasion, ce qu'est un psychopompe, le principe qui est d'accompagner un mort, parvenir à le comprendre, l'entendre. Et de nouveau Nothomb nous raconte quelques passages de sa vie, notamment de son enfance et de son entrée en écriture.
Une enfance poignardée par un viol au sein de l'océan, un groupe d'hommes qui s'empare d'elle et ces quelques mots de sa mère: "Pauvre petite" qui la sauveront...

Une descente aux enfers au travers d'une période anorexique et une résurrection. Amélie peut nous parler de la mort au travers de cet ouvrage car elle l'a côtoyée de près...
C'est aussi pour nous l'occasion de lire quelques mots au sujet de sa grand-mère, une vieille dame toute vêtue de noir, elle faisait peur... On imagine bien.

Et c'est en psychopompe avertie que notre auteure va entrer en contact avec Patrick Nothomb, son père, et avec qui elle va avoir un dialogue inédit, sans filtre et sans la pudeur qui caractérisait leur relation de vivants.

Écrire c'est voler, c'est Amélie qui nous le dit, et l'on connait son rituel d'écriture; son litre de thé, l'heure nocturne de son lever pour chercher l'envol en écriture. Parfois, nous dit-elle, elle s'en approche de cet envol. L'essentiel alors, toujours selon l'auteure à succès, est de ne pas tomber, chuter et s'écraser.

Amélie nous dit également ce que j'ai lu de la plume de Stephen King dans "Écriture" au sujet de l'acte d'écrire, c'est à dire se débarrasser du surplus de bagages, de l'excédent. King dit qu'il retire au moins 10 % de ce qu'il écrit lors de la relecture. Il faut chercher à écrire sans détour, sans fioritures, et pour le coup Amélie ne nous assomme jamais avec des pavés, c'est le moins que l'on puisse dire.

Bref, son amour des oiseaux transpire dans ces pages, cependant je me demande pourquoi en parler, écrire à ce sujet maintenant ? C'est ma question après lecture.
Et si j'avais un bémol à citer, c'est cette obsession de placer le mot pneu dans chacun de ses écrits. Car pour le coup il n'est pas, selon moi, bien placé... En effet, j'ai rarement croisé un pneu dans une buanderie...
Vous l'aurez compris, j'ai aimé l'approche de l'auteure envers le monde aviaire, la conjugaison avec l'écriture et ses rituels, son sens, mais cet opus n'est pas, à mon avis, le meilleur de ma chère Amélie Nothomb.


 

samedi 2 septembre 2023

Des cicatrices on en a tous pas vrai ?


 

J'ai parfois ce besoin d'écrire pour cesser de penser, ou plutôt pour chasser ce qui sort d'un des tiroirs de ma mémoire. Ca me soulage l'esprit, ça apaise mes songes, mes souvenirs. Je veux les jaunir ces photos, je veux les garder mais les vieillir.

Des cicatrices on en a tous pas vrai ? Certaines nous rendent fiers, d'autres sont compliquées à regarder. Elles nous renvoient à des trucs dont on n'est pas fiers, des trucs qu'on regrette mais quoi ? Avec du recul, on aurait fait autre chose? Pris d'autres décisions ? Non. Je crois que c'est ainsi c'est tout. A tout jamais, parce que c'était écrit quelque part, ça fera partie de notre vie.

Une étreinte, un baiser, des regards échangés... Ces quelques phrases ou promesses qui ont fait tant de bien, ces moments de folies, ces cris... On les regrette et on est heureux de ne plus les vivre, on s'en souvient avec un sourire peut-être, en se disant qu'on était cons et puérils. Une décision ferme et définitive et c'était fini, tout s'arrêtait. Mais le moment ne se choisit pas, pas vrai?

Ca s'arrête de la même façon que ça commence, sans crier gare, sans le vouloir... C'est ainsi.

Tu étais déjà là avant que je ne te connaisse, dans mes espoirs, mes fantasmes, et bordel tu resteras dans mes souvenirs, même s'ils sont jaunis. Comme ces vieilles photos, celles d'autrefois. Et toi, tu t'y connais en photo pas vrai?


Vincent.



" La flèche a traversé ma peau

C'est une douleur qui se garde

Qui fait plus de bien que de mal

Mais je connais l'histoire, il est déjà trop tard

Dans son regard, on peut apercevoir qu'elle se prépare

Au long voyage"... (Kyo- Une dernière danse)


jeudi 31 août 2023

Journal d'un amour perdu de Eric-Emmanuel Schmitt par Vincent Vallée


 

La relation que l'on peut avoir avec sa mère est très importante. On dit souvent que c'est et sera l'unique femme de la vie d'un homme. Certes il peut y avoir des exceptions...

Eric-Emmanuel Schmitt explique ici la mort de sa mère, rien de très joyeux si l'on veut lire un roman pour se distraire je le concède mais, tôt ou tard nous serons confronté à ce que relate l'auteur et force est de constater qu'on pourra y puiser du réconfort dans les similitudes couchées par un écrivain de haut niveau.

Eric-Emmanuel Schmitt raconte son incompréhension, il n'a rien ressenti quand sa mère est partie vers d'autres cieux et il s'en veut... On l'a retrouvée morte au sol, chez elle, et après avoir remonté le temps, l'auteur va se remémorer ce qu'il faisait au moment où sa mère le quittait pour toujours. Il comprendra alors que leur filiation était bel et bien réelle.

Mais ce qui taraude Schmitt ce sont les carnets que sa maman rédigeait lors de chacun de leurs voyages en commun, car oui Eric-Emmanuel Schmitt emmenait sa mère en voyage dès que l'occasion se présentait. Il explique qu'il lui devait tellement... Comme l'amour du théâtre, c'est elle qui l'y avait déposé un beau jour alors qu'il était enfant, son amour des planches ne l'a jamais quitté depuis.

Dans les carnets que sa mère rédigeait en cachette mais devant Eric, l'auteur désormais orphelin, espère trouver une réponse à ce qui le taraude depuis tant d'années... Il veut savoir s'il est bel et bien le fils de celui qui fut son père et avec qui il a eu une relation compliquée. Ils étaient si différents, son père parfois hostile ou désintéressé... Schmitt espère retrouver une explication à sa naissance dans ces carnets.

Mais au delà de la mort de sa mère, il y a le poids du chagrin, ses étapes, et les obligations professionnelle. Eric-Emmanuel Schmitt va parfois craquer, se laisser aller et même sombrer, en envisageant le suicide. Il est au plus bas, sa mère lui manque, il n'a plus de repères ou si peu, elle était tout pour lui. C'est donc au travers de ce (presque) journal intime que l'auteur va expliquer avoir pensé au suicide, pensé que c'était l'unique solution.

Ce presque journal intime regorge de réflexion, de pensées fortes, philosophiques, profondes et je me suis retrouvé dans certaines comme celle-ci :

Nous partagions maman et moi, cette conviction : L'amour est une fleur précieuse qu'on préserve par un silence sacré, de peur qu'elle porte la cicatrice des termes inadéquats.

Mais il y a aussi celle-ci au sujet des cimetières et le fait que j'aime m'y rendre, j'aime aller m'y recueillir :

Les tombes constituent les étiquettes que laissent sur terre les disparus. Pour éviter que ces étiquettes ne s’envolent, on les fabrique en pierre. Et les cimetières sont des champs d’étiquettes. Une étiquette cesse d’assurer sa fonction si personne ne la lit. Je me recueillerai sur ta tombe pour témoigner de ta présence.

Schmitt ne sombre pas dans le mélodrame, au contraire il rend hommage à sa mère et à toutes les mères qui sont parties ou partiront. Chacun de nous pourra y trouver de l'aide dans les similitudes, du réconfort dans le chemin de deuil de l'auteur et ainsi, comme lui, continuer d'avancer non plus avec le poids de la mort d'un être cher, mais avec son souvenir posé sur son épaule...


mercredi 23 août 2023

Fils à papa(s) de Christophe Beaugrand par Vincent Vallée


 

Je viens de fermer ma Kindle, et j'ai envie de dire ma première impression après la lecture de cet ouvrage de Christophe Beaugrand.

Que de ténacité et ensuite que d'amour !! Ce témoignage est instructif, poignant et éclairant sur ce qu'est une GPA (Gestation pour autrui). J'ai d'abord aimé me reconnaitre dans une foule de moments de vie de Christophe Beaugrand, comme sa jeunesse et ses références. Ses premiers émois pour les garçons comme l'acteur de "Ricky la belle vie", cette série américaine des années 80. Moi aussi j'avais craqué pour l'acteur Ricky Schroder, mais je l'avais oublié... Ce témoignage me l'a rappelé.

Quand Christophe rencontre Ghislain, il a déjà du vécu, il a déjà partagé sa vie avec un homme, il est déjà le journaliste/présentateur que nous connaissons. Son envie de devenir un jour père est heureusement partagée par son nouvel amour, Ghislain, plus jeune que lui et qui aurait pu ne pas le suivre dans cette aventure. Car oui, il faut être deux et se battre de front car la GPA est un acte complexe, c'est un acte d'amour et par amour, on déplace les montagnes. C'est ce que vont faire nos deux papas ! Outre les explications éclairantes de Christophe sur les tenants et les aboutissants d'une GPA, nous sommes plongés au cœur de leur combat pour devenir pères. Cette GPA c'est Ninja Warrior ! Il faut passer les épreuves, tempérer, se reprendre, souffler, avancer et se battre pour "buzzer" ! 

J'ai ainsi appris et je vais le décrire en très résumé, qu' une GPA c'est l'affaire de quatre personnes : Les deux parents, la donneuse d'ovocytes et la mère porteuse. Une fois ces quatre personnes impliquées et le brouhaha administratif du pays dans lequel cette GPA a lieu (USA) est passé (ou presque), il faut croiser les doigts pour que dame nature veuille bien que cet enfant grandisse et vienne au monde. Rien n'est jamais gagné, le doute et les craintes sont multipliées par 10 pour les couples homoparentaux. Quel parcours du combattant ! Et puis, il nous est expliqué également le coût, c'est sans détour que Christophe Beaugrand nous explique que c'est aussi un business et qu'il existe des dérives. Il faut être armé psychologiquement et financièrement pour trouver le bon chemin. Celui que vont choisir nos deux papas médiatiques, est le chemin américain avec sont lot de hauts et de bas. Il y a la jurisprudence qui est liée a une telle démarche, l'administratif qui est complexe et casse tête, mais aussi l'aspect médical et juridique qui est là pour que tout se passe bien. Certes, cela peut sembler lourd mais c'est rassurant.

Ce que je viens de dévelloper, c'est l'aspect didactique de cet ouvrage, moi j'ai surtout retenu l'amour qu'il y a autour de cette GPA. L'amour de deux hommes qui se marient après des années de vie commune, l'amour de leurs familles respectives, de leurs amis. Mais il ne faut pas oublier le lien d'amitié qui s'est lié avec la mère porteuse, Whitney, et sa famille. C'est une véritable amitié qui s'est développée durant les 9 mois de grossesse. Car oui, devenir mère porteuse est un choix, un don de soi, un acte d'amour. Whitney, qui a porté le petite Valentin, est maman de trois filles et mariée avec un homme sensationnel qui l'a accompagnée dans cette aventure. Cette famille fait désormais partie de la vie des deux nouveaux papas.

Cet ouvrage m'a touché énormément, je me suis reconnu dans bien des aspects décrits par Beaugrand, j'ai compris une foule de choses au sujet de la GPA, j'ai été sensibilisé aux aspects techniques d'une telle démarche. Mais je le redis encore une fois, j'ai surtout été touché par l'amour de ces deux papas, et ensuite par cette aventure humaine avec une famille américaine qui a débouché sur un cadeau du ciel : Le petit Valentin qui, aujourd'hui, a trois ans et s'épanouit avec ses deux papas. Un vrai petit fils à papa(s) !




samedi 19 août 2023

Je lui dirai les mots bleus... 12/08/2023

 



Je lui dirai les mots bleus,

Parce que ce sont les seuls qui écrivent notre histoire,

Je t'ai dit ma renaissance, tous mes vœux pour nous deux,

Ce soir là, les yeux dans les yeux tu m'as récité toutes les paroles, chacun de tes espoirs,

14 années se sont écoulées et tu as gagné, tu n'es plus seul, nous sommes deux,

 Nos passés nous ont façonnés, rien ne pourra nous briser, chacune de nos différences sont si dérisoires,

Nous avons appris chacun de l'autre, nous avons bâti un foyer avec nos craintes, les défis, gommé nos bleus,

Tu m'as prouvé que j'étais bien plus qu'un coup de vent qui tourne une page, avec toi j'ai écrit une histoire,

Au travers des épreuves, de la maladie tu étais là, j'étais brisé; tu n'as rien dit, tu étais juste à mes côtés, ce crabe est vite devenu malheureux,

C'est au travers de nos failles, de nos différences, que l'on avance main dans la main, côte à côte, vers une même trajectoire,

Oui, je te dirai les mots bleus, ceux qu'on a écrit à deux, ceux que l'on écrira à l'encre de nos cœurs, à la lumière de nos yeux...



mercredi 9 août 2023

Le normal et le pathologique à l'école aujourd'hui (Masse critique BABELIO) par Vincent Vallée


 

Je ne suis pas un grand fan des ouvrages sociologiques mais celui-ci attirait mon attention car il y est sujet de nos enfants. Je suis, dans la vie, assez partagé sur les nouvelles méthodes d'éducation parce que attaché à des principes que l'on peut trouver "anciens".

Je suis de ceux qui pensent que la génération des parents d'aujourd'hui sont des enfants d'hier bercé par l'arrivée des nouvelles technologies. Les années 90 sont le berceau de ce qui a quelque peu tronqué la vision de la vie de nos jeunes, c'est mon avis.

Cet ouvrage permet de faire une comparaison, de modérer mon avis assez tranché et m'a permis de comprendre qu'il faut, et ce par la force des choses, adapter l'éducation des enfants, des jeunes face à ces technologies de plus en plus envahissantes. En effet, plus nous avancerons plus nous risquons d'être qualifié de troglodytes avec nos valeurs des années 80, 90, 2000...

Par contre, en tant qu'auteur de romans, l'inclusion à ses limites je crois. Essayez donc de rédiger une fable de La Fontaine en écriture inclusive ? Je crois que nous tomberons d'accord... Il ne faut pas exagérer. L'inclusion oui, et il faut remarquer les efforts du corps enseignant et des parents pour le faire, mais il ne faudrait pas, au nom d'une lutte pour celle-ci, sombrer dans l'extrême opposé.

Aussi, et cet ouvrage m'a ouvert les yeux sur ce point, l'école doit demeurer un lieu d'apprentissage, d'éducation également, mais en ce qui me concerne j'ai toujours trouvé que le cours de religion n'avait rien à y faire... De quel droit imposons nous à nos enfants UNE religion ? C'est tronquer leur esprit. Alors leur enseigner LES religions, leur histoires, leurs coutumes OUI, mais il faut laisser un enfant se faire sa propre opinion et choisir ou pas, une religion. Toute la vie et son apprentissage ne se joue pas à l'école. L'école de la vie est aussi importante.

Somme toute cet ouvrage ouvre les yeux, ouvre les débats, fait réfléchir sur ces thèmes, et bien d'autres.

Car l'éducation d'aujourd'hui et d'hier feront la société de demain. Merci Babelio et les Presses Universitaires de Vincennes pour la découverte et les remises en question apportées!

 

mardi 8 août 2023

La vie devant soi de Romain Gary (Émile Ajar) par Vincent Vallée

 



Quartier Bellevile à Paris, un immeuble à bas loyer, sixième étage nous y sommes. Derrière la porte les voix de quelques enfants... des enfants de putes. C'est ainsi que nous est décrit cette "pension" tenue par madame Rosa, elle même ancienne prostituée, et juive. Madame Rosa vieillit, vieillit vite ces derniers temps... 

Au beau milieu de ces quelques enfants restants, Momo. Il a dix ans, du moins c'est ce qu'on lui dit. C'est Momo qui nous raconte à la hauteur de ses dix ans présumés, l'histoire de madame Rosa et de sa lente décrépitude. Il y a d'autres intervenants comme le médecin de famille presque aussi âgé que la vieille juive, puis un transexuel sénégalais, qui a gardé sa force d'autrefois et sa gentillesse aussi. 

Les six étages sont devenus insurmontable pour madame Rosa, avec son obésité morbide, ses jambes qui l'abandonnent, elle n'y parvient plus.

Un beau jour pourtant, au milieu de la nuit, Momo va retrouver cette mère adoptive de piètre vertu, au sous sol assise dans un fauteuil, comme pour se ressourcer, reprendre des forces.

C'est dans ce fauteuil que tout se terminera...

Avec son langage châtié, ses expressions enfantines telles que, pour les plus courantes: "Proxinète" pour proxénète et "se faire avorter" pour se faire euthanasier, On comprend le manque d'éducation, mais surtout c'est l'amour qui est mis en avant. 

L'amour d'une vieille pute reconvertie en maman d'adoption pour des prostituées ne sachant pas assumer un enfant d'on ne sait qui... Et l'amour de Momo pour cette mère adoptive énorme, vieille et moche avec 35 cheveux restants... 

Ce roman est un mélange de dramaturgie et d'humour, une belle performance de Romain Gary qui se fait publier sous le pseudo de Émile Ajar, remportant ainsi pour la seconde fois, alors que c'est interdit, le prix Goncourt.