Voilà
un bouquin très agréable à lire, Stoner ce petit gamin fils de paysans qui
deviendra, au grand désarroi de ses parents, un étudiant qui poussera ses études
plus loin que lui-même ne l'aurait imaginé. A son époque d'avant-guerre, il a
eu pourtant une certaine chance et des parents aimants, qui veulent le meilleur
pour leur fils.
Oui,
bon, les études c'était aussi pour mieux gérer l'exploitation agricole qui
finira par les tuer, mais ils ne pouvaient pas savoir que leur fils serait
passionné par la littérature. Il se débrouillera pour continuer ses études,
tombera amoureux, malheureusement pas de la bonne personne - qui lui donnera
quand même une fille. Son épouse est une personne frustrée, voire méchante, qui
passera tout son temps à lui pourrir l'existence.
Il
connaîtra l'amour, le vrai, l'intense, une relation extra-conjugale et en même
temps la jalousie de certains collègues. Il accepte son destin en courbant
souvent le dos, se demandant pourtant si sa vie est digne d'être vécue. Cet
homme avance, quoiqu'il arrive et pour cela il accepte chaque situation. Il ne
s'est jamais rebellé, comprend même l'alcoolisme de sa fille malheureuse. Sa
fin de vie sera à l'image de sa personnalité, toujours dans l'acceptation. Une
belle leçon de presque bonheur de la vie ordinaire d'un homme extraordinaire.
William
Stoner est à l'image de ces capitaines qui voguent à la découverte de nouveaux
territoires, motivent leur équipage à coup de passion, de dévouement, d'idéal,
et qui essuient mille tempêtes sans jamais ciller. Rien ne peut lui faire
abandonner son navire, et rien ne peut lui faire rebrousser chemin. On trouve à
ses côtés un vrai système de valeur et de morale.
Et
pourtant, ceci n'est pas un récit d'aventure, c'est une histoire comme tant
d'autres, au goût presque insipide relevé par l'amour de la culture, l'amour
coûte que coûte. Tout part à vau l'eau régulièrement, et on se demande
rapidement ce qu'il va rester de la motivation de cet homme. Il y a beaucoup de
dureté là-dedans, mais une vraie passion pour les livres, la langue, les mots,
le partage, l'apprentissage, à une époque où les études sont encore une valeur
précieuse pour avancer, évoluer, se faire valoir, pour acquérir une force de
pensée.
On y
voit toutes les ficelles de la manipulation, poussée par un ennui mortel de la
vie, provoquée par un manque de sens à l'existence, que lui a pourtant trouvé.
On assiste à deux guerres, vidant l'université de ses jeunes têtes, malgré
lesquelles on tente quand même de continuer à prôner l'intelligence plutôt que
la violence. On y voit des personnages martelés par la dureté du labeur, des
riches familles dépouillées par le manque d'amour, des professeurs aveuglés par
la rivalité, montrant ainsi tout un panel de gens pour qui la vie n'est qu'un
mauvais moment à passer, et si elle est pimentée de temps en temps, ce n'est
que pour mieux donner par la suite beaucoup d'aigreurs d'estomac.
C'est
selon moi, un livre-hommage à la vocation d'enseigner, de se consacrer corps et
âme à une activité et un domaine qui vous passionne, dans le cas présent, la
Littérature.
Aussi
ce récit m'a fait penser au " Cercle des poètes disparus " et j'ai
tout au long du récit imaginé Robin Williams dans son rôle et il lui aurait été
à merveille. Les mots sont encore ici un refuge, un exutoire et j'adore cela
car c'est aussi un peu mon cas, ça m'aide à avancer dans une vie, certes pas
parfaite, mais où je me sens bien malgré tout, comme Stoner...
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