mardi 24 novembre 2015

Céline: voyage au bout de la nuit.

J'avais ce bouquin dans ma bibliothèque car on m'avait dit de lire Voyage au bout de la nuit, que c'était un incontournable, un grand classique, mais je n'ai jamais su, pu ? m'y mettre.

Cet auteur avant tout, Céline, Louis-Ferdinand Céline, mais aussi le docteur Destouches, car avant d'être un auteur à succès et controversé - j'y reviendrai ensuite - il fut un médecin, c'était sa grande passion la médecine, il avait une seule bibliothèque chez lui à Meudon ou il vivait presque reclus, cette bibliothèque n'était garnie que de livres de médecine : il ne lisait rien d'autre.





Une mère confectionneuse de dentelle riche et un père lettré, correspondancier très épris des mots, Céline a vécu dans une ambiance monotone et rigide. Il dit que chaque soir sa mère faisait des nouilles car les nouilles ne sentent pas et pour la dentelle, l'odeur est une obsession, donc pas de poisson ni viande, juste des nouilles...

Il lui est reproché à Céline ses prises de position envers les juifs, c'est un antisémite chevronné et il l'a affirmé, écrit et prouvé, en cela je ne le rejoins pas bien entendu, cela lui valut d'ailleurs d'être descendu en flèche par les littéraires de l'époque.









Soldat engagé, prisonnier de guerre, et prisonnier au Danemark on peut dire qu'il en a vu des horizons mais il a pourtant fini sa vie comme un ermite à Meudon dans une maison modeste avec un grand jardin pour ses chiens disait-il, là il écrivait toute la journée et une partie de la nuit. Il mangeait peu, dormait peu, il travaillait sur son "établi" comme il disait ; sur des feuillets qu'il assemblait, reliait avec des pinces à linge...

C'était un génie le terme est juste, il avait senti venir la guerre de 40-45, il avait même dit comment il allait mourir, il ne s'est pas trompé, et puis il avait un style.


Son oeuvre la plus lue et éditée encore aujourd'hui car le reste se vend pour la plupart sous le manteau tant c'est critiqué et critiquable de part les idées qu'il y véhiculait, c'est donc Voyage au bout de la nuit que je viens de finir et j'en ressors changé, interloqué, par sa manière d'écrire et son style : il écrit comme les gens d'en-bas parleraient, banalement mais si bien et si profondément.







Voyage au bout de la nuit est le récit de Bardamu qui s'engage sur un coup de tête pour une guerre sombre, violente et noire, c'est ainsi que Céline la décrit avec justesse, il dépeint les hommes sombrement et les décrit avec ce qu'ils ont de plus sale et noir en eux.
Le roman se divise en deux grandes parties. De façon très simpliste, la première relate les errances et les égarements de Bardamu, le narrateur, à travers le monde et la seconde son retour à Paris et sa carrière de médecin. Céline utilise sans retenue les données de son expérience de soldat et de médecin pour doter sa prose d'un style particulier, qui fera de Voyage un tel chef-d'œuvre. A la simple lecture de l'incipit du roman, on plonge déjà dans l'univers et la langue de Céline.

Je ne peux m’empêcher de vous citer des extraits :

« Avec les mots on ne se méfie jamais suffisamment. »

« Ne croyez donc jamais d'emblée au malheur des hommes. Demandez-leur seulement s'ils peuvent dormir encore ? ... Si oui, tout va bien. Ca suffit. »

« Il n'y a de terrible en nous que ce qui n'a pas encore été dit.»







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