
Le vieil homme
triste…
Les années ont passé, son visage s’est ridé. Les genoux
blessés, les mains gonflées et criblées de taches rousses, son pas est
désormais lourd et ralenti…
Le col relevé, le chapeau bien vissé, l’homme avance, mains
dans le dos, et songe au passé. Le voilà bien seul, i le sait, en réalité la
solitude est son lot.
Qui autour de lui, pourrait comprendre ses pensées, ses
souvenirs marqués par cette période sombre de son existence qui le mine depuis
si longtemps ?
Continuant son chemin, repensant à ces visages d’antan, une
énième larme se fraye un chemin aisé dans une ride déjà si creusée par les
années. Non, même l’oubli n’a pas eu raison de cette cicatrice qui, bien que
vieille, reste apparente. Elle se creuse, se fraye un chemin sur son visage, un
peu comme ses rides.
Elles marquent, elles font de son visage le reflet de ce
qu'il est... Il lui arrive, comme ressenti — même redouté à l’époque —, qu’elle
saigne encore, oui, mais d’autres aussi. Le résumé de sa vie est un échec…
L’espoir d’un renouveau, d’une renaissance tant désirée,
jamais venue, malgré les efforts consentis, pèsent sur sa conscience. Certes,
la sagesse a eu raison de sa désillusion, de son mal-être, mais comment se
fait-il que la vie n’ait pas pris le dessus ?
Ces spectres, responsables de son tourment et de son
mal-être, l’auraient-ils oublié ?
Le voici bien vieux au-dedans de son pauvre cœur. Son âme
pleure à nouveau, son corps, lui, le meurtrit encore. Tant et plus... Le
regard, troublé par des larmes qui s’amorcent doucement aux relents des
souvenirs lancinants, sa peine, ses regrets.
Oh ! tant de mal s’est épanché autour de sa personne.
À l’horizon, une ombre se dessine, l’appelle, l’attire...
La mort le guette, et lui l’attend là, debout, mains dans le
dos, se murmurant que cet Éden infernal ne mène nulle part, persuadé d’avoir
trop vécu pour souffrir encore, il n'avance plus.
Son regard patient s’attarde sur elle : celle-ci l’attend.
Elle, c’est la mort…
L’attente, les cris, les pleurs, sa haine et son désarroi
arrivés au comble du supportable. C’est sa sagesse et sa déraison unies qui le
font avancer un pas de plus vers le néant qui patiente.
Ces fantômes l’ont trop souvent hanté.
Il tombe... Les genoux au sol, résigné à se réveiller chaque
matin, la peur au ventre, l’esprit torturé, et puis cette plaie qui lui fait
mal, si mal… Encore un effort, quelques pas et le voilà arrivé au terme de son
enfer.
Levant les yeux plus haut que de coutume, jetant un ultime
regard aux cieux qui sont restés fermés à ses prières, à défaut de monter vers
lui, le vieil homme est résigné à descendre là où ses fantômes l’ont conduit :
en enfer… Les cieux sont pour les autres manifestement...
Au souvenir de sa vie, une dernière fois, sa pensée se
trouble. Baissant la tête, yeux clos, il fait un ultime pas en avant qui ne le
mènera cette fois nulle part. Un dernier pas, élan de courage qui le fait
sombrer, s’engouffrer dans les airs. Les larmes giclent cette fois de ses yeux
meurtris.
Ses doigts, si endoloris d’habitude, s’écarquillent dans les
airs…
Il ouvrit la bouche et hurla une dernière fois ; sa pensée
va à deux visages d’anges. Ensuite, plus rien…
Le vieil homme a sombré, sa sagesse ou sa déraison l’ont
jeté du haut de son malheur par cette nuit froide.
Gisant ainsi là où il a toujours été : plus bas que rien…
Allongé dans le sang de sa souffrance, avec lui, son malheur
et sa peine ont expiré…
Il est en paix ?
plus c'est triste et plus j'aime bien
RépondreSupprimerMerci ! :)
RépondreSupprimer